En 1994, une comète qui traversa le ciel pop-rock bien trop vite nous offrait, dans un album dont le titre Grace n’était pas volé, une reprise du standard de Leonard Cohen, Hallelujah, une reprise tellement puissante, vibrante, émouvante, qu’elle est devenue pour moi le standard du standard, et quand j’entends à la radio la version de Leonard Cohen, je dois faire un effort pour ne pas penser que c’est une reprise du hit de Jeff Buckley.
Je transporte sur mon disque dur la version rippée de l’album Grace et je l’ai choisie hier pour accompagner mon trajet en TGV. Dans l’état de fatigue dans lequel j’étais, les mélodies de sa guitare, sa voix caressante me semblaient idéales pour accompagner mes rêveries sur mes partenaires passées, présentes, à venir ou uniquement fantasmées. J’écoutais l’album au casque, pas trop fort pour ne pas déranger mes voisins mais avec un volume suffisant pour être enveloppé par la musique et qu’elle ne soit pas seulement un fond sonore qui m’accompagnerait pendant que je lirais un chapitre de mon bouquin ou une page chargée dans mon navigateur en provision du voyage, ou bien que moi-même j’écrirais un texte pour mon burp ou un compte rendu de comité de pilotage (deux tâches d’écriture assez différentes, vous en conviendrez).
Et puis est arrivée la sixième plage, Hallelujah justement. Et là, j’entends quelque chose que je n’avais pas remarqué jusqu’à présent, ou que j’avais oublié. Je rembobine, pour vérifier que ce n’était pas une hallucination auditive. Ce n’en était pas une. Sur ce morceau, la première note de musique n’arrive qu’après la troisième seconde. Avant, c’est le silence, et avant ce silence, c’est un soupir. Il ne m’a pas fallu longtemps pour retrouver dans mon âme (oui, désolé d’employer ce terme un peu grandiloquent, mais cerveau était trop terre à terre et cœur pas aussi juste) ce que ce soupir évoquer. Non Jeff, tu n’es pas L***, mais ton soupir sonnait comme celui qui fut le premier son prononcée par L*** quand elle s’approcha de moi dans cette chambre d’hôtel et ouvrit, le 2 octobre 2006 une parenthèse que je me refuse toujours de refermer.
Alléluïa – Louée soit elle !