En club, mon désir est bien plus imprévisible que la marée, et pourtant, flux et reflux, il s’élance par vagues, puis décroît sans que je n’arrive vraiment à le contrôler même si, progressivement, j’arrive à comprendre ce qui l’alimente ou le fait disparaître.
Je discutais paisiblement au Moon, assis sur le rebord d’une table basse, caressant la jambe d’une femme, sur ma gauche, trempant mon doigt humide dans la fente d’une autre, occupée à branler son partenaire sur ma droite, quand je fus emporté par une vague d’équinoxe1.
— J’ai envie de toi ! Tu viens ? que je demande à la femme qui me fait face.
— Oui ! qu’elle me répond sans l’once d’une hésitation.
— Je vais chercher le gel ? que je lance en guise de périphrase pour dissimuler mes intentions sodomites.
Elle acquiesce et attend mon retour des vestiaires. Nous nous faufilons dans le couloir aux alcôves et, par chance, en trouvons une qui se libère juste à notre arrivée. Nous nous y enfermons car elle n’a pas envie de partager ce moment avec d’autres que moi et cela me convient parfaitement. La pièce est assez étroite – c’est une des nouvelles pièces installées dans le club « victime » de son succès – avec un matelas à hauteur de bassin (devinez pourquoi ?) comme dans toutes les autres pièces, encadré par deux murs dans le sens de la longueur, juste avant un petit espace où l’on peut se tenir debout et qui possède à l’angle un petit podium, sans doute prévu pour que s’assoient les guerriers pour leur repos, mais sur lequel je décide de grimper. Parfois les mots sont inutiles et ma partenaire n’a pas non plus besoin d’un dessin pour comprendre que le dialogue à suivre va s’engager entre sa bouche et mon sexe qui lui fait immédiatement face.
Je me laisse ainsi un moment sucer tandis que mes mains caressent sa chevelure, jusqu’à ce qu’elles l’agrippent pour attirer ses lèvres aux miennes pendant que mon sexe raide échappe à ses attentions. À ton tour désormais ! Je la pousse vers le matelas où elle s’allonge. Je saisis ses deux cuisses et, agenouillé, j’attire son sexe contre ma bouche vorace pour un long dialogue muet où les lèvres qui murmurent ne sont pas celles qui s’embrassent.
Mon Viagra, c’est l’orgone : entendre le feulement de ma tigresse valait la meilleure des fellations pour me faire bander, et dans notre cage aveugle, maintenant, je me sens particulièrement sauvage. Mes mains quittent le corps qu’elles caressaient pour se saisir d’un préservatif et le dérouler sur mon sexe tandis que ma bouche est toujours ventousée entre ses cuisses.
Elle s’ouvre pour moi mais je lui demande d’écarter plus encore les jambes et la première pénétration est ainsi lente et profonde. Les suivantes sont moins lentes, mais tout aussi profondes. Je sens mon sexe cogner contre sa matrice, et je râle, je grogne, je souffle, sous l’effort et le plaisir de ce coït violent. À chaque coup de boutoir2, on entend le claquement de nos chairs qui résonne dans la pièce exigüe.
Je la fais reculer pour pouvoir monter sur le matelas et m’allonger sur elle. Nos corps sont ainsi plus étroitement liés, je pèse sur elle, ses mains m’enlacent et nos bouches se dévorent pendant que nos sexes continuent leur guerre. Je l’entends une nouvelle fois embrasée par le plaisir. Nous reprenons notre souffle, pas trop longtemps car j’attrape alors le flacon de gel, en dépose une noisette à l’entrée de ses fesses où j’enfonce mon pouce. Sans la moindre résistance !
— Tu t’ouvres facilement ! lui dis-je.
— Je suis très excitée ! me répond-elle comme pour s’excuser.
Je reprends plus doucement mes va-et-vient dans son sexe, lequel sent mon doigt fouiller son cul de l’autre côté de la paroi, à moins que ça ne soit le contraire. Ma queue sort de son fourreau. Je la saisis et m’enfonce à nouveau en elle.
— Tu t’es trompé de trou, me dit-elle.
C’est curieux, généralement, c’est ce qu’on dit quand on se fait sodomiser et pas lors d’un coït vaginal !
— Impatiente ! Tu auras remarqué que j’ai encore mon doigt dans ton cul ! lui réponds-je.
Je comprends néanmoins qu’il ne faut plus trop la faire languir, et ce serait mentir que de dissimuler l’envie qui, moi aussi, me ronge, de m’enfoncer au plus profond de ses chairs sombres.
Sans changer de position, je prends alors possession de son cul en commençant avec prudence (comprendre douceur) puis perdant progressivement toute réserve en constatant qu’elle m’accompagne sur ce chemin périlleux du plaisir3. Alors que je suis à la recherche de ma jouissance, un petit miracle se produit : c’est elle que j’entends d’abord arriver à l’orgasme. Croyez-moi ou non, je me sens alors son débiteur et il me faut atteindre l’orgasme si je ne veux pas m’estimer ingrat. Accessoirement, j’en ai aussi très envie. Ma queue reprend ses va-et-vient entre ses fesses et j’aperçois enfin le jackpot à décrocher, qui se rapproche. Au moment où j’explose, je me fige pour qu’elle sente aussi bien que moi les spasmes de mon sexe dans son boyau étroit et la petite mort qui me saisit a rarement si bien mérité son nom : pendant de longues secondes, je suis incapable du moindre geste ou de la moindre parole.
Un large sourire ne quitte plus notre visage quand, à la recherche de nos compagnons de ce soir, nous déambulons dans le club, éblouis par ce moment rare que nous venons de partager.
Illustrations (non contractuelles) :
En haut : Margot fume par Art-Fred
En bas : Lovers series par Vlad Gansovsky
- Point de syzygie, donc↩
- Désolé pour ce lieu commun, mais c’était de ça qu’il s’agissait et pas d’autre chose !↩
- Pour ceux de mes lecteurs que ça intéresserait, je précise au passage que je poursuis également, lentement mais sûrement, mes propres expérimentations sans avoir à ce jour découvert toutes les clés de mon plaisir anal.↩
C.
Je te réponds sous peu.
je suis heureuse aujourd’hui de savoir qui l’a prise !
quelle intensité ! que de mots bien choisis pour un moment particulier ! aaahhh, ces femmes anales… elles ont le monde entre leurs mains, oups, pardon, enfin, vous m’avez comprise.
Corto » Ah ! Les histoires qu’on lit ici ou là nous renvoient souvent aux nôtres…
home » Je suppose que tu parles de la première photo ?
Justine » Il n’y aurait que ça que je t’aurais dissimulé ? ;-)
Succuba » Merci pour le compliment sur la phrase choisie en extrait (il est vrai que j’y avais mis du mien !!). Je ne sais pas si les femmes anales régissent le monde, mais elles nous offrent parmi les plus intenses émotions que les rapports sexuels peuvent offrir.
Qui d’entre vous a lu « Ma reddition » de T Bentley? Navré si la question est naïve, je en vous connais pas encore bien toutes et tous.
C.
Ah beh oui ! J’aime beaucoup ce texte… Et j’avoue qu’il m’a frisée la toison… Jusqu’aux neurones… Et au-delà, l’a intérêt à s’appliquer, l’ours. :-)
Corto » Non, pas lu encore. J’ai lu le meilleur et le pire (enfin, pas exactement le pire) sur ce bouquin, donc, je ne me suis pas encore lancé dans sa lecture (et, accessoirement, je n’estime pas que le plaisir anal tienne de la reddition, mais c’est un autre sujet).
pateric » Mes hommages à l’ours et à la frisée ;-)
(Et une belle soirée à vous deux !)
Pour ma reddition, je l’ai terminé il y a peu, ça se laisse lire agréablement (mais bien moins ludique que le point d’orgue, c’est dommage).
Deux. La vidéo est excellentissime.
Trois. Cela donne vraiment vraiment envie de s’y mettre…
Ce serait intéressant d’avoir le point de vue des filles sur le sujet.
: le point d’orgue?
Alice : de quelle vidéo parle-tu ?
mais où avais-je la tête ? sûrement dans la lune à défaut d’autre chose… sourire
Méler élégance et obscénité, humour et tendresse (si, si) du grand art.
Quant au flux et reflux, n’est-ce pas cela le plus émouvant ? se laisser emporter par la vague…
B
Ça, c’est du sexe…sexe…très…cul ?!
On m’a toujours dit que je l’ouvrais très facilement (sur mes bulletins scolaires) comme quoi, dans un autre contexte, ça peut être très positif !
Véropapillon (surnommée aussi parfois « la grande prêtresse de l’orgone » si, si, je jure !)
Sinon, c’est difficile de faire plus ludique que le Point d’Orgue, en restant érotique !
PS : La vidéo dont Alice parle est sans doute le clip « wrong hole » mis en lien dans l’article.
Alice » Je trouve ces deux photos très excitantes mais il est vrai que la main dans les cheveux sur la seconde est un des détails qui a emporté mon choix. Quant à se lancer, … y a qu’à ! ;-)
Corto » Pour moi, la zone anale est une zone érogène, donc le fait qu’elle soit source d’orgasme ne me paraît pas incongru. Mais il est clair que ce n’est pas la même « érogénité » que celle du clitoris (ou du gland pour l’homme). Il y a donc pour moi un « apprentissage » de ces sensations qui flirtent parfois avec la douleur, mais qui ne tiennent pas, pour moi, d’un processus de « reddition ». Maintenant, Tony Bentley l’a sans doute vécu comme ça et chacun son chemin. En outre, que le récit soit une fiction ou une réalité romancée, peu me chaut. Ceci dit, Ma reddition n’a sans doute pas plus à voir avec le Point d’Orgue qu’Emma Bocary avec La Pastorale Américaine.
columbine » Une très belle photo avec vulve sur l’amer.
home » N’atterrissez jamais ;-)
petite française » Vous avez raison, je me relis et je constate que c’est effectivement un joli texte (je vous laisse « du grand art » comme limite à mon orgueil). Espérons que les muses qui se penchent sur mon cas continueront longtemps de m’inspirer !
VéroPapillon » Tout est dans le « presque ».
J’ai cru en effet comprendre que tu étais une « grande prêtresse de l’Orgone », du genre qui a le feu occulte ;-)
moniki » La pipe, c’est mieux.
et une tulipe, t’as déjà fumé une tulipe ?
joe Dallesandro à Jane B. (de dos, derrière le bar) : Hey mec !
Je ne l’ai pas lu entièrement mais assez pour apprécier le style et la façon dont cette femme décrit les mécanismes de l’orgasme via la sodomie.
Tony Bentley dit en substance, qu’il faut avoir une grande confiance en l’autre pour lui accorder « son cul ». Elle ajoute qu’un cul « ça ne trompe pas », à savoir : une femme peut simuler un orgasme vaginal, mais pas un orgasme anal. Déjà, pour pouvoir ce faire, l’homme doit pouvoir « y entrer » et si la femme n’a pas totalement envie, ou suffisamment de désir ou d’excitation, eh bien… De sodomie, il n’en aura que le murmure…
Donc, personnellement, j’ai bien aimé le livre et je le terminerai un jour. En tout cas, je pratique beaucoup et c’est déjà pas si mal ;-)
« Flirter » avec la douleur : là nos perceptions diffèrent. J’ai le sentiment que c’est « lutter contre », « apprivoiser », « contrôler ». L’un des paradoxes est ce constat, fait à de multiples reprises : les plus intenses orgasmes anaux dont ma queue a été l’origine ont toujours été précédés de sentiments de douleur très importants chez la femme ; cela n’a jamais été par une sodomie « en douceur ».
: je crois que la-dessus Bentley a parfaitement raison, et le texte de CUI le décrit bien.
Evidemment chacun sa perception, son expérience.
Je n’avais pas encore regardé la vidéo !
ça vaut le détour !
:D
(faut que la partage celle là :D )
PS : tiens au fait, à quand la mise à jour des googleries ? hm ? :)
Gloire aux pratiquantes !
Nouvelle amazone » Ah, « en amazone », une délicieuse position également pour la sodomie ! Bonne digestion.
Corto » Ah, pour la douleur, je ne sais pas, ça ne correspond pas à ce qu’il me semble avoir vécu mais mes partenaires ne m’ont peut-être pas tout dit !
Émeline » Que la force soit avec toi !
*ivv* » Et sinon, tu t’entraînes ?!
Alors merci du fond pour votre attention, c’est bon de s’en sentir l’objet, je vous embrasse et vous encule très cordialement.
(Mon pauvre niki, tu passes sans arrêt par la case « indésirable » en ce moment !)
(« Analyser » pourrait-être interprété…).
« Nous » aimons la sodomie dans ce qu’elle a d’absolu, voire de communion.
Ravi de lire un si joli récit, le titre m’ayant fait craindre un coup de geule sur les nouveaux tarifs de l’établissement, cependant légitime, mais ici je prefere lire de beaux récits.
Storia X » Ah, y en a qui disent « 3 mois », tu n’es pas forcément mal lotie.
Nymel » Je viens de remarquer, du coup, ladite augmentation tarifaire, assez raisonnable (sauf pour les h seuls, il me semble).
Heureux que le récit semble transmettre le plaisir du moment vécu.