(ouais mon titre est tiré par les cheveux mais so what? ce n’est ni le premier, ni le dernier !)
Le gros buzz
Je n’étais pas spécialement attiré par ce film. Avec l’âge, j’ai appris à me méfier des grosses machines américaines, ne les fuyant pas mais les consommant avec parcimonie, comme les fraises Tagada1 au goût terriblement chimique mais goûtant terriblement l’enfance. La grosse campagne de publicité avait donc glissé sur moi comme la brise, je n’avais pas vu la bande annonce, et même, je ne savais pas trop de quoi il était question.
Quand le film est sorti en salle, je n’ai même pas lu de critiques, juste entendu quelques bribes qu’on m’en rapportait : « histoire un peu simpliste », voilà tout ce que j’en retenais.
Aller le voir était dans le champ des possibles, surtout à la faveur d’un programme ciné peu exaltant.
Le déclic
Pendant qu’après Noël, j’allais faire un peu de ski2, ma femme va le voir avec son frangin et sa nièce. Verdict : certes, scénario pas très surprenant, personnages un peu manichéens, mais visuellement, ça valait le coup et je pouvais y emmener, selon elle, ma progéniture. Je profite donc de l’oisiveté des vacances de Noël pour embarquer mes deux filles, la paire de lunettes polarisantes achetée par ma femme (car oui, désormais, pour les films 3D, il faut acheter les lunettes) et direction le cinéma le plus proche de chez moi qui joue le film en 3D et en v.f. (v.o. sacrifiée sur l’autel de la paternitude).
Le spectacle
Avatar est un film à grand spectacle qui ne vole pas cette appellation. Évidemment, la 3D a elle seule est un dispositif suffisamment étonnant (et pas encore galvaudé, même si les films qui sortent dans ce format ont tendance à se multiplier depuis quelques mois) pour vous en mettre plein les mirettes. (Certes, le film est également visible dans une majorité de salle en « 2D » mais pour ceux qui ont la possibilité, quitte à payer quelques euros de plus, de visionner ce film en 3D, je ne peux que chaudement le conseiller.) Et ce pendant pas loin de 3 heures. On sort donc de la salle les yeux et l’esprit emplis des images de l’univers créé par James Cameron dans son film.

À mi-chemin entre le film classique et le film d’animation (désormais, la qualité des images de synthèse est telle qu’on ne fait plus facilement la différence entre ce qui est capturé et ce qui est calculé), Avatar rend terriblement réelle la planète Pandora et toutes les créatures qui la peuplent. Pandora ressemble d’ailleurs plus à une Terre-bis qu’à une planète vraiment nouvelle. De son apparence depuis l’espace (c’est une autre planète bleue) à sa faune (le peuple Na’vi ressemble drôlement aux hommes, en un peu plus élancé et … bleu, et tous les autres bestiaux ressemblent à des cocktails d’animaux connus. On devinera donc rapidement que le machin noir entre panthère noir et chien-loup n’est pas très gentil, de même que le rhinocéros-requin-marteau, alors que le cheval-hippocampe sera la première conquête de l’homme du Na’vi, et le ptérodactyle-dragon la seconde) comme sa flore (avec une prédilection marquée pour la végétation phosphorescente). Sans doute le spectateur lambda doit-il ne pas trop perdre ses repères. De même l’absence d’ambiguïté chez les personnages (on sait tout de suite qui est bon, qui est méchant, et on devine très vite de quel côté basculera l’ambivalence affichée du personnage principal), la structure très classique hollywoodienne de la narration (avec le message écolo new-age limite « mythe du bon sauvage ») font que ce n’est pas vraiment le suspens qui nous accrochera à nos sièges comme un thriller implacable, mais le talent indéniable de cette mise en image.
Le verdict, les influences
Avatar réussit l’exploit de ne ressembler à aucun autre film … tout en faisant penser à beaucoup d’autres films. J’ai lu par ci par là différentes critiques faisant le lien avec des films comme Danse avec les loups, Pocahontas, Lawrence d’Arabie, Dune, et d’autres encore3. Mais celle qui m’a sauté aux yeux avec la plus grande évidence, c’est l’influence de Princesse Mononoké d’Hayao Miyazaki : même forêt mystique et lumineuse (les kodamas — ou sylvains – de Mononoké pouvant avoir inspiré les graines de l’arbre des âmes, mi fleurs, mi méduses d’Avatar – nos illustrations ci-dessus et ci-dessous) que l’homme veut détruire/conquérir pour en extraire un minerai précieux, au mépris des dieux/créatures qui le peuplent.

Une grosse différence étant que là où Miyazaki propose des personnages complexes et ambigus et une fin plutôt sombre (mais, elle même, ambigüe), Cameron, lui, reste dans un manichéisme avec happy end très hollywoodien dont j’ai déjà parlé plus haut. Pour autant, le fait que ce film s’inspire de nombreuses œuvres précédentes n’en fait pas pour autant un film sans intérêt. Après tout, on trouve aussi dans de nombreux contes pour enfants des trames semblables (les parents pauvres qui abandonnent les enfants, la méchante marâtre, la rencontre avec un prince charmant, etc.) sans qu’aucun annule l’autre. Il faut tout de même du talent pour ne pas faire de ces influences une immonde bouillie4
Pour finir
Une petite mention pour l’acteur Sam Worthington que j’ai trouvé vraiment charmant, et un lien vers une critique lue sur le site Krinein magazine avec laquelle je me sens particulièrement en phase.
Enfin, je vous signale que ce film est, à ce jour, le plus cher jamais produit (300 M$ pour le film + 200 M$ pour la pub, le tout déjà amorti bien évidemment) et que les acteurs ont signé pour une … trilogie ! Ouh la !
- c’est pas comme certaine qui continue de consommer ces bonbons déraisonnablement à son âge !↩
- à peine deux jours : trop court ! mais si bon !↩
- Wikipédia dresse une liste assez riche mais incomplète des influences du film tant sur l’aspect du scénario que des éléments visuels↩
- Je pense très fort à Luc Besson et sa grosse daube de cinquième élément, espèce de globi-boulga pitoyable de Blade Runner, Star Wars, Alien, Stargate, Métal Hurlant… Mais je crois vous avoir déjà dit tout le bien que je pensais de Besson (Luc, mais il faudra que je m’occupe du cas Éric).↩
Alors bon si maintenant les blogs libertins s’y mettent, on va ptêtre tenter de le trouver en 3D dans le coin ;-) !
Et puis, finalement, je me suis laissée tentée.
Et j’ai adoré. La 3D, la créativité, le côté écolo, happy end… tout.
J’ai tellement aimé que je l’ai vu une deuxième fois.
Par contre j’espère qu’il n’y aura pas de suite. Ce serait fort dommage – le film se suffit à lui-même, mais certains mégalos voudront sans doute renouveler le puits de $
Je trouve que Cameron utilise toujours bien les effets spéciaux dans le sens ou ils servent le film, et pas le contraire comme bien souvent.
Bref … je crois que c’est 3h de pure délice d’enfant et d’adulte.
Je l’ai trouvé en rupture avec ce que se faisait avant, comme l’avait été Star wars à sa sortie.
PS: Je l’ai vu au Canada ou l’on donne les lunettes ;D
au moins honores-tu le titre de ton blog pour une fois!
pour les titres tirés par les cheveux, le site Bakchich c’est pas mal non plus :- )
au fait, bonne année 2010, que je te souhaite pleine de b****
Mel’Ody » Mon burp n’est pas (seulement) un burp libertin, comme le rappelle columbine !
En tout cas, c’est étonnant que tu n’en aies pas entendu parler compte tenu du faramineux budget promotion.
nell » Ben lors de mes précédents ciné 3D, en effet, il fallait les rendre. Mais désormais, elles sont bel et bien en vente (2 €) et tu les gardes (en tout cas dans certaines salles).
T’en as pensé quoi ?
Anouchka » Le côté ecolo new-age m’a un peu gavé, mais pour le plaisir, ou pour la v.o., j’y serais bien retourné, oui.
Par contre, je crains qu’on n’échappe pas à une suite, même si ce film se suffit à lui-même.
X-Addict » Je connais assez peu Cameron, en fait. J’ai échappé à Titanic, je n’ai pas vu Abyss même si j’en ai entendu le plus grand bien. Et, oui, Cameron ne met pas de l’effet spécial pour l’effet spécial, mais bien pour créer quelque chose. Je me souviens du terminator en métal liquide dans T2 et c’était un vrai choc visuel, déjà.
Flow » Ah, ouais, c’est rigolo parce que ma sœur me disait ce soir-même au téléphone que ma nièce l’avait vu à Québec (sans détail sur les lunettes). Mais bon, pas sûr que l’argument permette d’amortir le voyage (sans parler de l’empreinte carbone déplorable).
columbine » Je trouve que mon burp perdait un peu de vue sa vocation généraliste, ces derniers mois (d’où le commentaire de Mél’Ody). Peut-être à l’image de ma vie, certes. En attendant, j’aurais bien aimé que tu nourrisses le débat en portant la contradiction.
J’ai trouvé que ce film était uniquement une production « grand spectable », uniquement fait pour en mettre plein les yeux et pas particulièrement réussi par rapport à ce que l’on peut voir à coté.
Le scénario est extremement bateau, passons.
Les personnage sont mal réussi, à moitier désarticulé, à la plastique hazardeuse, même l’univers du jeu-video fait mieux, pour des budget plusieurs centaines de fois moins important !
Les effets ont uniquement un but de spectable et beaucoup ne sont pas jutifié, ou exagéré, pour la 3D probablement.
La 3D, par contre, est relativement bien faite, pas parfaite, mais pas mal (pour info la 3D est ouverte au grand publique depuis quelques années déjà sur pc, voir le kit « Nvidia 3D vision », pour 99e), on (je) aurait préféré un peu plus de modération en faveur du réalisme des volumes.
Encore j’avais trouvé le tapage médiatique autours des « Ch’ti » un peu exagéré, encore pour Avatar je suis outré devant l’explosion de réaction que ce film sucite.
Pire encore, je reste sans voix, entre colère et stupéfaction, en constatant que ce film est le mieux noté sur allociné, devant tous les classiques et devant tant de film incommensurablement mieux que cette « chose » (oeuvre m’écorcherai presque les doigts,enfin s’en est une, pas de langue de bois, mais largement surestimée).
D’accord le grand publique découvre la 3D (univer) et la 3D (vision), mais cela n’explique (n’excuse) pas tout..
*cinéphile en colère ^^*
Je n’avais pas non plus été touché par le Buzz, un commentaire sur FaceBook et l’opportunité de la fin d’année de pouvoir sortir le soir en semaine et en couple ont suffit (ajouté au manque d’exaltation partagé sur les autres choix).
Oui, le scénario est prévisible…
Bien que je ne l’ai vu qu’en 2D le choc visuel a été saisissant, et se suffit presque à lui même.
Et pourtant j’avais une autre beauté à mes cotés bien en 3D celle là, et sans culotte sous sa jupe qui plus est…
Et pour ne pas oublier la pointe de cul, j’ajouterai « contrairement à un clitoris ».
Quoi ?! Je colle à la thématique non ?
Ça me rappelle un vieil Hentai super gore….
PS : a propos des happy end téléphonés je viens de visionner Panique à Holywood, film, petite promenade sympathique dans les affres d’un producteur.
Il y a « pire » : des histoires de queues avec des animaux…
Pas beaucoup mieux! mais bon ;D
Ou sinon, bon film ! ;D Surtout dû à l’univers assez impressionnant qu’à su créer Cameron…
Moi je dis bravo Cameron ! :)
Togno » Bienvenu ici !
Cher cinéphile (et apparemment, gamer convaincu aussi), tu ne devrais plus t’étonner que le « grand public » ne soit pas forcément aussi avisé qu’un critique et y en a toujours qui grincent des dents quand un film qui a eu un succès monstre au box office fait ensuite un bide aux Césars. Faut donc pas te mettre en colère contre un public qui aime un film qui t’a déplu, mais plutôt râler contre Cameron de ne pas avoir fait un film pour toi. Bien heureusement, il sort une quantité de film chaque année et j’espère que, dans le lot, tu en trouveras à ton goût.
Goormand » Jusqu’où va se nicher la cinéphilie ;-)))
(Le coup du spirographe est signalé sur Wikipédia en effet.)
Cali Rise » J’ai effectivement pointé cette frontière de plus en plus fine entre la réalité et la fiction « visuelle ». La 3D n’est pas forcément là pour donner des images vertigineuses, seulement les rendre un peu plus réelles encore, presque tangibles !
rollmops » Non, y a pas de cul, pas la moindre quéquette en 3D (mais plein de queues, en revanche).
FLOW » J’en reste à mon titre qui a au moins le mérite de faire un clin d’œil à quelques précédents billets.
La paresseuse » À ce qu’il paraît en effet, il y a une frange de spectateurs qui supportent mal les lunettes 3D, dommage ! (Je les ai ôtées aussi à quelques reprises, pour rassurer ma cadette un peu paniquée par les scènes de guerre, et c’est vrai que ça détendait.)
Gicerilla » Oui, je crois que ce film est exactement ça : une sorte de Grand Bleu 2009.
*ivv* » Bah, les lunettes, j’en fais le pari, tu les achèteras un jour ou l’autre. Je crois qu’il y a une dizaine ou une vingtaine de film 3D annoncés sur 2010.
Sinon, désolée de ne pas commenter plus ton billet mais je n’ai pas vu le film et je ne suis pas attirée, trop manichéen pour moi d’après ce que j’ai pu en voir (peut-être si j’en ai l’occasion ms je ne vais pas souvent au ciné, malheureusement), je m’impatiente plus de la sortie de Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton.
Biz
Athena » Uniquement pour des détails ?!
Bisous
:D
RIRES
(Ça y est, je rougis … SOURIRE)
Goormand » Je vous laisse négocier tous les deux, hein !
Goormand » Moi je manque terriblement d’imagination !!!
Laquelle est de Sofy ?
Pour Avatar, jamais j’aurais eu l’idée toute seule d’aller voir ce genre de truc. Mais je n’ai vraiment pas regretté !!!
mais je ne sais pas quel genre de film vous « aimez » donc comment savoir si vous auriez aimé celui-là ?
Avatar, je ne l’ai vu qu’une fois. Il est très très bien classé dans mon filmoparade ;-)
Hier soir, je suis allé au cinéma, et à notre retour, j’ai jeté un œil distrait à Titanic que regardaient mes filles à la télé. C’est du réalisateur d’Avatar, mais c’est (à la fin), plein de mini « choix de Sophie » ; ou comment Hollywood met en scène les différentes réactions face au péril de mort. La bravoure, la couardise, l’inconscience, l’égoïsme, le sacrifice, la peur, la résignation…
Pour savoir un peu ce que j’aime (ou pas), vous cliquez sur la catégorie Comme 24 images par seconde de ce billet et vous aurez toutes mes critiques ciné, ça vous donnera un aperçu. Je peux tenter un résumé expresse, mais on risque de passer à côté de certaines nuances. Mes deux films préférés en 2012 façon Le Masque et la Plume :
– film français : De rouille et d’os
– film étranger : Moonrise Kingdom