[1164] La navette s’amuse

GRAVITYAuréolé d’une rumeur positive et qualifié de spectacle adapté à un public de tout âge (en tout cas, convenant à des enfants de l’âge des miens), nous sommes allés en famille, munis de nos lunettes 3D, voir Gravity. Moi-même, je ne savais pas grand chose du film. Je n’en avais pas vu la bande annonce, j’avais entendu parler d’une sorte de huis-clos dans l’espace entre Clooney et Bullock en péril de mort, j’imaginais un film plutôt contemplatif, une sorte de réflexion sur le sens de la vie genre « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ».

C’est un tout autre film que j’ai pu voir : un film catastrophe (NB : j’ai lu plus tard qu’on appelait ça un survival ; c’est sûr qu’avec un terme anglais ça fait d’un coup beaucoup plus sérieux), une version spatiale de L’aventure du Poséidon avec beaucoup moins d’eau et beaucoup plus de vide. Et beaucoup moins d’acteurs, puisqu’ils ne sont que deux à s’agiter dans leur combinaison devant la caméra (il y a d’autres personnages dans le film mais on n’en entend que la voix).

Par certains aspects, ce film m’a fait penser à Avatar. Principalement : un scénario pas forcément des plus ébouriffants (je ne suis pas bégueule : j’ai bien accroché au suspens alors qu’Avatar enfonçait des tonnes de lieux communs qui m’avaient gâché une partie du spectacle) mais une façon étonnante de nous plonger dans un univers encore jamais vu et de façon bluffante. Au lieu d’un univers de bédé aux jolies fleurs phosphorescentes et aux animaux inquiétants, c’est tout simplement l’espace. Gravity n’est pas un film de science-fiction. Gravity est une fiction des plus contemporaines avec notre planète Terre, nos satellites, nos navettes et stations spatiales.
J’ai su par la suite, parce que j’ai voulu en savoir plus, que la parenté avec Avatar était plus grande que je ne l’imaginais. Apparemment James Cameron fut un des bons parrains du film et il mit notamment à disposition du réalisateur toute la batterie d’ordinateurs qui ont calculés ces images que nous ne savons plus distinguer aujourd’hui de la réalité tant la finesse de l’animation est ahurissante. Le résultat, c’est tout de même que ces hybrides entre dessin animé et film nous proposent des images et des sensations inédites. Le cinéma n’est pas quelque chose de monobloc ; il n’y a pas qu’une seule façon de séduire mon œil cinéphile. Je me réjouis d’un bon scénario, d’un beau jeu d’acteur, d’un suspens haletant, d’images splendides, d’une réflexion inédite, de drôlerie ou d’étrangeté. Gravity est à mes yeux une réussite, pas un chef d’œuvre mais une distraction (une attraction) plus qu’honorable.

Vous m’aurez compris, amis lecteurs : je vous le recommande ! Et en salle, avec vos lunettes 3D. Un mot à ce sujet du réalisateur : « Dès le départ, on voulait tourner ce film en 3D car il nous semblait essentiel que le spectateur se sente immergé dans l’espace, comme dans l’histoire. Pour autant, il ne s’agissait pas d’abuser d’effets jaillissants sous prétexte de tourner en 3D. On a essayé d’être subtil… pour donner le sentiment au spectateur qu’il participe au voyage ».  Objectif (Lune) tenu !

3 gazouillis sur “La navette s’amuse”  

  1. #1
     
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    Vagant a gazouillé  :

    Je suis surpris que tu n’aies noté, mon cher CUI, que l’aspect visuel de ce film, certes impressionnant, en occultant le remarquable premier rôle féminin. Dans ce cadre familial, je suppose que le technophile aura supplanté l’homme à femmes pour ne pas commenter le strip-tease interprété par Sandra Bullock. Je plante rapidement le décor, la brillante ingénieure Ryan Stone parvient à atteindre la station russe où elle s’extirpe de sa combinaison pour apparaitre en sous-vêtements. Point de jarretelle, de bas résille ni dentelle, la lumière froide jeté sur le peu de chair blafarde qu’elle offre au regard ne suscite pour émotion masculine que l’admiration qu’on éprouve pour le héros. « C’est le strip-tease le moins sexy du cinéma », chuchotais-je alors à l’oreille d’A***, qui bien sûr n’était pas d’accord, et nous avons longuement épilogué sur la question après la projection.

    Nous nous sommes accordés sur une conclusion surprenante : C’est un film féministe. Là où on attendait le dur à cuir bourré de testostérone, on ne trouve même pas une james-bond girl sans foi ni loi, mais bien une femme qui se révèle être de l’étoffe des héros. Les cheveux courts et le teint terne, Stone est l’antithèse de la beauté hollywoodienne car ce n’est pas de cet atout là qu’elle doit jouer pour survivre, même si son partenaire surjoue le Clowney charmeur en incarnant l’archétype masculin. Je ne pousserai pas plus loin l’analyse ( comme cela a été déjà remarquablement fait ici : http://lemeilleurblogdumonde.c.....feministe/ et qui m’a convaincu que Gravity, c’est du lourd), pour terminer sur une question plus légère: le désir masculin peut-il se porter sur la femme dénuée des artifices de la féminité ?

  2. #2
     
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    Brigit a gazouillé  :

    @Vagant : voilà une question fort intéressante, et on vous retrouve bien là, vous qui, il me semble, avez écrit sur les fêtes vénitiennes, où sous les dominos anonymes, le désir naissait de l’inconnu et de la licence éphémère.

    @CUI : navrée, malgré votre plaidoyer je déclare forfait pour cause de claustrophobie.

  3. #3
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @ Vagant » Effectivement, je n’ai absolument pas eu une lecture genrée de ce film. Notons que Stone n’est pas la première à se la jouer survivante de première classe dans l’espace. La lieutenant Ellen Ripley avait déjà tracé le chemin. Ce film ne me paraît plus féministe qu’un film dont un homme serait le héros serait machiste. Mais la lecture qu’en fait Eddy Chevalier (sur le lien que tu proposes) se tient.

    Quant au strip-tease en capsule, est-il ou pas sexy ? Ma foi, j’ai trouvé en tout cas l’image intéressante et je me suis posé en mon for intérieur la même question que toi, mais sans apporter une réponse aussi définitive. Ma faiblesse pour les brunes garçonnes, probablement :-)

    @ Brigit » Vraiment, ce film ne chatouille point les penchants claustrophobes. Au contraire, on pourrait s’écrier — Que d’espace ! que d’espace !

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