Surtout, ne commencez pas la lecture de cet épisode sans avoir auparavant pris connaissance du premier volet : ça se passe ici.
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Je n’arrive pas à me rappeler dans quel état d’esprit exact j’étais au moment où j’ai ouvert cette porte. Paisible et impatient, voilà ce qui me revient maintenant mais n’étais-je pas nerveux ? inquiet ? excité ?
J’ouvre la porte et tu es là devant moi ; tu entres, tu souris et malgré ton air calme s’échappe de toi un éclair de fièvre. Je vais pour t’embrasser mais tu esquives ma bouche qui n’atteint qu’une joue. Commençons donc tranquillement, me dis-je naïvement.
Je ne sais même plus si tu m’as dit bonjour mais je me souviens bien de ta première phrase : « Je peux me mettre à l’aise ? »
J’ai à peine le temps de bredouiller un « oui » que tu ouvres ton manteau, le fait choir à tes pieds et qu’ainsi tu m’apparais entièrement nue, ne serait-ce tes chaussures rouges à talons et ta paire de bas noirs. À ce moment-là, tu guettes ma réaction et j’imagine que tu as pu voir fugacement mes yeux s’arrondir comme des billes, puis un large sourire se dessiner sur mon visage. Commençons donc le pied au plancher!
Je te prends dans mes bras et mes mains commencent à courir sur tout ton corps nubile tandis que, fébrilement, tu t’essayes à faire tomber mes propres vêtements. Une de mes mains s’est déjà fichée entre tes cuisses quand tu t’escrimes encore sur les boutons de ma chemise. Mes mains rebondissent sur ton cul quand les tiennes se posent sur mon torse enfin accessible. Ma ceinture te donne un peu plus de mal, alors je t’aide car je suis impatient aussi que tu arrives à ma queue. Tu commences par en apprécier l’envergure en la caressant au travers de mon boxer et je peux, quant à moi, palper ton émotion à ce moment-là.
Lorsque je suis entièrement nu, je t’allonge sur la couette blanche et fraîche pour poursuivre nos explorations. Mes mains goûtent à tes seins, mes lèvres mangent ta nuque, ma bouche lèche ton ventre, mes doigts filent sur le nylon de tes jambes, je susurre à ton oreille mon désir obscène, avant de sucer ton lobe, ce qui te fait frissonner de plaisir. Quand, par le plus grand des hasards, mes doigts se posent là où se creuse ton plaisir, pas le moindre doute ne peut planer sur l’état d’excitation dans lequel tu te trouves.
Je savais que viendrait un moment où tu me voudrais la tête calée entre tes cuisses et ma bouche baisant ton sexe. Ce moment est arrivé et quand je t’entends réclamer ma langue dans ton sexe, je bande plus raide que jamais. Je me glisse comme un serpent vers ton sexe tout en posant mes baisers le long de ton ventre jusqu’au pli de l’aine, ce creux si sensible où la peau semble de soie. Je passe chaque bras sous une cuisse et repose les mains sur ta taille ; c’est ainsi, bien arrimé, que je viens laper à ta source. Du bout de la langue, quand je l’insinue entre tes lèvres, je sens la texture particulière de ton sexe vierge. Le relief, peut-être même le goût aussi, ont quelque chose d’unique. Avec la plus grande précaution, à l’écoute de ta respiration et de tes gémissements, j’introduis ensuite dans ton con étroit un doigt explorateur.
Tes gémissements redoublent tandis que, ma langue polissant toujours ton clitoris, je caresse délicatement tes chairs gorgées de cyprine. De la pulpe sensible de mon index, je sens clairement les contours de ton hymen que je dépasse pour aller exciter les capiteuses contrées graffenbergiennes — et d’autres.
Je crois que ton premier orgasme est venu comme ça.
Pendant que je te branlais, tu as voulu que j’explore également ton cul et je m’en serais immensément voulu de te frustrer, je me suis donc empressé de m’exécuter.
Pour t’accorder une respiration, tu m’allonges sur le dos et tu entreprends de me sucer. Tu m’avais dit avant notre rencontre que tu avais déjà un peu d’expérience mais je décide quand même de te donner quelques conseils, car pour moi la science de la fellation (pas plus que celle du cunnilingus) n’a rien d’inné ; cela demande une certaine technique et une bonne écoute du partenaire, car chacun ne réagit pas de la même façon aux mêmes stimuli. Je me dis aussi que c’est une occasion d’exprimer le plaisir avec des mots plutôt que des sons. Je formule donc les instructions pour te guider (« alterner le rapide et le lent », « c’est la couronne du gland qui est la zone la plus sensible », etc.). À la réflexion, je pense que j’aurais mieux fait de me taire et de te laisser faire. Car mes conseils n’étaient pas suffisamment précis ou l’étaient trop1, et je t’ai transformée momentanément en élève appliquée au lieu de profiter de ta spontanéité affolante.
(…)
Plus tard.
Tu es allongée sur le dos et je m’allonge sur toi de tout mon long. Je voudrais que me poussent d’autres mains pour caresser tout ton corps à la fois. Nos deux sexes se frottent et la tension monte. Tu prends mes baisers avec une retenue qui me rappelle A*** qui avait le même âge que toi quand je l’ai connue et qui ne voulait pas qu’on l’embrasse. Toi, tu acceptes mais je sens que ça te gêne alors, sans renoncer pour autant, car pour moi cela fait partie de la fusion à laquelle j’aspire quand je fais l’amour, je me modère et baise le reste de ton visage. Je sens à quel point tes joues sont brûlantes et trahissent l’émotion de ce que tu vis, ce joli cocktail d’appréhension et d’envie, d’impatience, de désir, de frisson. Je ressens tout ça et je me sens fier d’avoir été choisi pour ce moment, fier et très excité. Toujours décidée à donner le tempo, tu me demandes de te prendre. Nous y voici. Close to the edge. Je te montre les drôles de préservatifs que j’ai choisis, ce sont ceux que je préfère aujourd’hui, pour leur extraordinaire finesse et leur capacité à se faire presque oublier, ne serait-ce le bruit de papier froissé qu’ils produisent parfois2. Bien que tu sois très mouillée, tu me demandes de mettre du lubrifiant que je sors de mon sac à malice. J’en badigeonne largement ma queue et l’entrée de ta chatte. Je vais te dépuceler. Je vais te dépuceler !
J’y vais évidemment aussi doucement que possible. Je marque des pauses, je bats en retrait, je repars à l’assaut. Je transpire des efforts faits pour cette lente progression ; je sens mon sexe alternativement se dégonfler ou se regonfler selon le mouvement, les sensations reçues au sein de ton sexe étroit, et les pensées qui me traversent l’esprit. À ce moment-là, nous ne parlons pas. J’entends tes petits cris que j’interprète entre plaisir et douleur face à la progression inexorable de cette queue au creux de ton ventre. Et puis, on y est. Je suis au fond de toi.
(…)
Une pause.
(…)
Plus tard, je m’étonne de l’absence de sang sur les draps, mais mon doigt qui revient te branler constate sans équivoque l’effacement de l’hymen. « C’est fait » me dis-je à ce moment-là. Pour moi aussi, c’est une première fois, tu sais ?
En fait, le sang est bien au rendez-vous, mais il n’apparaît que plus tard, faisant quelques traces sur les draps. J’en sens aussi le goût métallique un peu trop présent quand je reviens te lécher et je passe me rafraîchir à la salle de bain. Ma salive est rouge comme celle d’un boxeur qui aurait pris un méchant coup, mais je me sens parfaitement bien.
À plusieurs reprises, je me surprends à contempler avec une certaine satisfaction nos draps souillés de ton sang virginal. Cela me renvoie à l’animalité de l’acte sexuel ; nos corps ; nos fluides ; ce qui n’a rien de cérébral mais qui ne lui échappe évidemment pas, et que je chéris.
(…)
Notre après-midi ensemble est loin d’être finie. Maintenant que la figure imposée est accomplie, passons aux figures libres. Nos envies conjuguées ne nous laissent pas une seconde pour nous ennuyer. D’abord, je commence par t’administrer une belle fessée. Je ne me serai pas permis un tel geste si tu ne m’en avais pas confié l’envie précédemment, mais là, ton cul était vraiment trop tentant. Ensuite, je te prends, et je te prends encore, et nous baisons, nous baisons, nous baisons (« je suis moulue » me diras-tu le lendemain). Tu veux te faire prendre en levrette. D’un geste ferme je creuse ton dos pour que tu te cambres afin de m’offrir le bon angle de pénétration et je me dis, à ce moment-là, que c’est la seule manifestation patente de ton manque d’expérience : ne pas tendre ta croupe vers la bonne direction pour le bon emboîtement. Pour le reste, j’avais, lors de nos échanges préliminaires à notre rencontre, eu le culot de dire qu’il était possible (j’avais pris des pincettes et fait plein de circonvolutions, comme à mon habitude) que, sur le plan purement sexuel, notre rencontre ne soit pas aussi enthousiasmante qu’avec certaines de mes amantes plus expérimentées ; mais notre première rencontre est un feu d’artifice. J’ai eu l’impression que tu voulais tout essayer, comme si tu avais attendu trop longtemps et qu’il était temps de rattraper tout ce retard.3
Je te tire hors du lit. Je te place debout, les deux mains sur le lit, et je me plante en toi. Dans cette position, tu me lances, plus frondeuse que jamais : « je veux que tu prennes mon cul ». Pas sûr d’avoir compris si tu t’adresses à mon sexe ou à mes doigts, je commence par enfoncer mon pouce dans ton œillet, ce ne sera de toute façon pas en pure perte ! Mais tu précises que c’est bien ma queue dont tu as envie, alors le lubrifiant fait son grand retour et j’y vais avec prudence comme si je m’attaquais à un deuxième pucelage ! Je n’en reviens pas de ton audace. Je n’en reviens pas de cette rencontre incroyable où tu m’offres tout. Plus tard, tu me demanderas même que je jouisse dans ta bouche, et ce sera la seule envie exprimée que je ne comblerai pas, mon orgasme s’étant fait (comme souvent pour mes premières fois !) insaisissable.
Vers 18 h 30, tu dois disparaître pour un repas familial où, j’imagine, ton regard ne brillera pas de la même manière, et je devine ton esprit avoir du mal à se concentrer sur la conversation, centrifuge sur les heures passées dans cette chambre d’hôtel. Moi, je reste encore une petite heure, seul et nu, sur le lit, surtout pas pressé de plier bagage, prolongeant le moment à un autre rythme qui n’est ni celui de l’attente préalable, ni celui de nos ébats, mais qui est dans la continuité de ces deux-là et dans l’attente de notre prochaine rencontre dont je suis déjà impatient.
- En outre, une des difficultés de la fellation, c’est de ne solliciter en permanence les zones les plus sensibles, ce qui peut s’avérer contre-productif, la caresse hyper-sensible pouvant devenir désagréable.↩
- Remercions Goormand pour la critique qu’il avait faite du modèle Unique et qui me fit tenter d’essayer, de réessayer, et désormais de définitivement l’adopter↩
- Je pense ici aux commentaires qui ont fleuri sur la note première ; quelles étaient tes motivations profondes pour me choisir pour ta défloration ? Quel équilibre entre ce que représentaient le moment lui-même et l’accompagnateur ? Et dans ton comportement, qu’est-ce qui m’était adressé spécifiquement et qu’est-ce qui n’était que l’accomplissement de ton propre fantasme sur la façon dont se déroulerait ce moment ? Qu’est-ce qui répondait à ton envie de m’éblouir et qu’est-ce qui n’appartient qu’à ton tempérament impétueux ? Beaucoup de questions, sans doute pas de réponse qui puisse tracer une ligne au cordeau, et chacun libre de se faire son interprétation !↩