[1272] Carte postale de la canicule (5)

J’ai lu ce texte chez la trop rare Lux Lisbon et comme souvent, quand je lis un texte érotique (mais à vrai dire le fonctionnement est le même pour la lecture de quasiment tout texte de fiction), je me projette sur un des personnages. Pour moi, un texte fonctionne d’autant mieux que le processus d’identification est facile, ou plutôt que l’on arrive à croire à la véracité des caractères et des situations.

Avec ce texte, mon cinéma intérieur fonctionne bien ; j’accroche au récit même si j’ai du mal à m’identifier au personnage masculin (j’aurais pu, en second recours, essayé de m’identifier au personnage féminin mais ça ne fonctionne pas non plus). Alors je m’accroche à quelques branches… Ces deux amants qui ne se sont pas vus depuis longtemps mais qui répondent instantanément à l’appel du désir (même si dans le texte, c’est l’homme qui sonne la nana et elle qui accoure ventre à terre), ça me rappelle des choses…

Et puis il y a eu cette scène qui m’a cueilli par surprise :

Il vient m’embrasser (…) et me prit la main pour que je le suive à la salle de bains. Je connaissais le rituel ; je crois que c’est peut-être ce que je préférais. Je m’installai accroupie dans la douche, et il s’installa face à moi. Tout doucement, il commença à uriner et je sentis le liquide chaud sur ma peau, mes seins, mon visage, dans mes cheveux (…).

Et depuis cette lecture, cette vision me hante à chaque fois que je prends une douche. Compte tenu de la chaleur ici, c’est minimum une douche le matin pour se laver mon corps, maltraité par les 29°C en dessous duquel la température de notre maison crétoise ne baisse pas, de la sueur de la nuit et une douche le soir, pour me débarrasser du sel et du sable restés collés sur ma peau puisque nous finissons invariablement nos journées par quelques heures de paresse sur une des magnifiques plages de l’île. Matin et soir, douche ; matin et soir, je pisse dans ma douche ; matin et soir, je voudrais que tu sois là pour recevoir mon jet à peine plus chaud que l’eau qui coule le long de mon corps ; et l’instant d’après où nous inverserions les rôles. Le moment où – je ne sais plus si c’est un souvenir ou un rêve – vibre la corolle dessinée par tes lèvres quand gicle enfin ta pisse.

J’ai lu ce texte et mon cerveau y trouve le moyen d’insinuer dans les moindres replis de mon quotidien, comme le sable rose d’Elafonissi fouetté par le vent qui soufflait si fort aujourd’hui s’incruste dans les plis de ma peau, le manque de toi.

Marlo Broekmans - just a pulp

9 Responses sur “Carte postale de la canicule (5)”  

  1. #1
     
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    Brigit a gazouillé  :

    CUI, vous êtes un grand pêcheur ! ou rêveur !
    enfin, les deux… avec un côté hardcore précieux, voire japonisant.

    en tout cas, vous (d)écrivez bien cet instant de vertige sensuel, qu’entraîne dans un moment des plus quotidiens, la réminiscence d’un moment d’exception.

    pour la lecture, je ne vous suis pas sur le terrain de l’identification, j’ai un peu de mal avec ça. il me faut souvent une certaine distance pour trouver l’empathie. en tout cas certainement en matière d’érotisme. peut-être parce que je suis une voyeuse ?

  2. #2
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @brigit Que voulez-vous, j’ai un faible qui ne se dément pas pour les femmes poulpeuses !
    (Mon penchant à l’identification viendrait-il du fait que je me sens voyeur et exhibitionniste ?!)

  3. #3
     
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    R. a gazouillé  :

    Sympathiques, certaines de tes cartes postales caniculaires… Bien que celle-ci me laisse à nouveau penser (craindre ?) que plus loin on s’aventure, plus loin encore on souhaite aller.
    :)
    Bonne fin de vacances.

  4. #4
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @r S’aventurer en zone inconnue n’est forcément une recherche effrénée de la surenchère !

  5. #5
     
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    R. a gazouillé  :

    Ça n’est pas ce que j’ai dit ! D’abord je ne juge pas, ensuite je parle juste de cette crainte que j’ai déjà exprimée par chez moi : une fois qu’on a été loin, arrive-t-on à se contenter de peu ou a-t-on besoin de monter d’un cran pour retrouver de la sensation ? Paix, amour, joie et fleur. :)

  6. #6
     
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    Freyjalulla a gazouillé  :

    Joli texte, joli hommage, jolie idée – en tout cas qui me parle, et ô combien. Fantasme ou réminiscence, à vrai dire ? Je suis curieuse car figure-toi que je nourris peu ou prou le même depuis un certain temps. Mais ce n’est resté qu’à l’état de fantasme, mon amant du moment n’y ayant adhéré que mollement (et je m’aperçois à l’instant du piètre à-propos de l’expression, mais tant pis).
    Pour ce qui est de vouloir aller plus loin quand on est allé loin… eh bien oui, sans doute. J’adore ces moments où on est fou du corps de l’autre, en totale connivence et prêts à explorer sans limite, ensemble.

  7. #7
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @r Se contenter d’amour, ça n’est pas se contenter de peu ;-)
    @freyjalulla Pour l’avoir expérimenté, la meilleure façon d’avancer sur cette voie « particulière » est d’y aller très très progressivement. Moi-même, je n’en suis qu’au tout début de ce chemin !
    J’en profite pour signaler cette petite bédé sur le sujet (en anglais), récemment portée à ma connaissance.

  8. #8
     
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    luxlisbon a gazouillé  :

    J’apprécie l’hommage…
    Et je ne crois pas qu’il faille avoir peur d’aller au bout de ses fantasmes ; on en trouve toujours d’autres ou bien on les renouvelle… ou on les épice avec de nouvelles personnes, ou bien on découvre de la tendresse là où il semblait ne pas y en avoir.
    Cela m’a frappée, de découvrir à quel point cette pratique qui paraît sale et extrême pouvait être tendre, touchante. Un acte d’amour réciproque, un engagement peut-être à s’aimer étrangement, différemment mais réellement.

  9. #9
     
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    Comme une image a gazouillé  :

    @luxlisbon Merci pour ce commentaire, qui permet de réaliser aussi qu’entre ta réalité et ta fiction, il n’y a pas un grand écart !

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