[1409] Si jeunesse pouvait

Sur cette photo, elle est entièrement nue, les pieds sur les rochers, à la limite de l’eau. Elle fait face à la mer, ses cheveux laissent deviner un vent léger qui les gonfle, vent tiède qui caresse son corps libre.
Elle fait face à la mer et tourne donc le dos à l’objectif ; on voit donc ses omoplates et ses creux poplités, et entre les deux évidemment sa paire de fesses, dans une posture qui pourrait évoquer une Myriam qui a enlevé le bas.

Betty à la p(l)age
Betty P(l)age – Photo bien évidemment non contractuelle

Elle est belle, et que je la désire, ou que je me remémore avec délice cette fois où les fesses que je contemple me furent offertes, ce n’est pas ce qui me saisit en découvrant cette photo qu’elle m’a envoyée.
Cette photo me renvoie loin en arrière, à mes vingt ans, à une époque où je pouvais encore, assez facilement, pratiquer le nudisme1 pendant mes vacances. Dans le même mouvement, elle me renvoie brutalement aux conséquences de mon choix de vie, ou, disons pour resserrer le sujet, de mon engagement amoureux auprès d’une femme dont la sexualité est si éloignée de la mienne, verre que j’ai tendance à voir plutôt au deux tiers rempli, car je suis heureux de mon équilibre de vie, mais qui me semble à l’instant vide d’un grand tiers qui me manque soudainement avec âpreté, tandis que mon cœur bat d’une sourde mélancolie.
C’est une sorte de rituel , chaque été, à l’époque de ces vacances que je prends, en famille, avec ma conjointe pudique et mes filles qui ne seraient pas à l’aise de voir leur père nu s’ébattre dans la mer (parce qu’elles n’auront pas été éduquées avec ce rapport au corps qui permet à la nudité d’avoir cette composante « naturelle » qui vient contrebalancer l’intime : être nu en communion avec un grand tout), de me sentir envahi par cette idée que j’ai choisi de ne pas vivre des vacances ayant la même liberté que ma vie urbaine. J’aimerais me baigner nu, planter ma tente dans un sous-bois au milieu de nulle part, rire avec toi et te baiser, sous la tente, sur ce rocher, ou même plongé dans la Méditerranée.
Ce rêve uchronique est bien un regret de ce qui ne sera pas advenu, et non pas de ce qui fut et ne sera plus. Car à vingt ans, je promenais avec mon corps nu, mes cheveux noirs bouclés par l’air marin et mon corps encore svelte ma timidité maladive et la solitude qui allait avec, et qui fit que jamais je ne connus d’amour de vacances.


  1. Qui n’est pas tout à fait le naturisme – je vous laisse rechercher ce qui les distingue, si vous ne le savez pas.

Un gazouillis sur “Si jeunesse pouvait”  

  1. #1
     
    gravatar
    Sorcière a gazouillé  :

    Oh, Bichette…
    (Je m’excuse de ce diminutif dévirilisant au possible et complètement hors de propos. J’ai du mal à m’en empêcher, je prends généralement sur moi pour le faire sauf qu’en été, je n’y arrive plus, faut que j’extériorise tout ce que j’ai contenu dans l’année… et je contiens tellement !)

    Pour éviter de t’assommer avec ma prose et aller à l’essentiel :
    https://www.youtube.com/watch?v=5-sfG8BV8wU

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