De temps à autres, il m’arrive d’avoir envie d’offrir à mes contacts Twitter des petits poèmes express se faisant passer pour des haïkus. Comme je le confiais à un interlocuteur dans les cuisines, il s’agit d’un exercice à la fois facile et compliqué. Facile, parce que la concision du texte et sa forme déstructurée permet de créer de la poésie (ou l’illusion de poésie) assez facilement ; compliqué parce que j’essaie tout de même de construire mon texte en pensant à son destinataire (que je connais – ou « sens » – parfois très peu) de telle sorte que les graines que je lance au vent aient une chance d’entrer en résonance avec leur lecteur·trice.
Je vous propose à lire la compilation de ma production récente, qui m’a permis un instant de me changer les idées après trois épisodes très pénibles à tenter en pure perte de défendre une vision complexe du monde.
Vrombissement d’ailes
Allongée dans le jardin
Le parfum de chèvrefeuille attend la nuit
Une perle de sang sur tes lèvres
Brindille de la prairie
Une main sur tes seins – tout bouillonne
Toi en moi – moi en toi
Poudre d’étoile
Ensemble nous rions des frontières
Au rouge de ton cul, je fonce
Transe, glisse, luit, gicle
Je vis de raison et de folie
Tes lèvres, des framboises !
Plus loin : des nappes douces et puissantes
J’appuie sur ta détente
Émoi d’un regard
Silence de la nuit
La glaise est plus malléable que le cœur des hommes
Carcan de nos vies – et pourtant exulter !
Mon corps s’enfonce sous l’eau – je respire
Faire souffler un vent de simplicité
@LucieEcrit (oh la la c’est difficile je te connais si peu)
Une porte se referme
Bruit feutré sur le parquet
L’aiguille de la boussole vacille
Soleil ! Soleil ! Soleil !
(¹) Du si beau titre du roman de Patrick Lapeyre
Mains plus bavardes qu’une bouche
La vie est brève et le désir sans fin (¹)
Qu’importe si c’est la douceur de l’automne ou du printemps
Figue mielleuse ou fraise fraîche
Nul doute : sage comme une image !
Tes lèvres posées sur une tige
Au hasard d’un sentier
Liane, tout mon être est végétal
Fenêtre ouverte sur le soleil
Sous les bravos des cigales
Sont-ce vraiment nos corps enlacés ?
Un buisson de lavande
Nappe de dentelle
Dans ton jardin je gourmande
Comme une sirène
Insaisissable cri
Choisir l’ombre ou la lumière
Défrisons les moustaches
Des frissons – les mots taclent
Défi : définissons l’Éros – ta tâche !
En corps et encore
La magie fragile naît
D’un parfum ! D’un mot ! D’une main.
Furtive l’hirondelle
Dans la douceur du soir
Se bâfre de moucherons et danse nue !
Murmure humide à mon oreille
Mots coulant de ton désir
Électricité sur ma peau
Sifflement d’une cocotte
Trente six ans de cuisson
Et c’est prêt ! La paix.
Mains de maîtres
Ô fessée de quart Souquez ferme !
Avis de cyprine de force 69 sur tant d’abricots !
En main, tes souliers de princesse
Chaleur sous mon ventre
Je regarde danser ton pied tendu
Sur un lit de mousse
Yeux clos – bouche de sucre
Mille et un doigts te touchent
Beauté de la liberté
Corps comme une grenade
Combats gagnés dans la douceur
La espuma del mar me acaricia
¿O es el aroma de un olivo?
Mis besos hablan todos los idiomas
Molécules qui s’affolent
Complices qui se frottent
Je rêve d’une simplicité barbare
Au bord du canal – deux notes
Embrasent la jeune nuit
Dansons – mangeons le jour !
Au loin une rivière chante
Tes pas froissent les feuilles mortes
Un bouvreuil a fait son nid
Morsure du cuir
Main ferme dans tes cheveux
Sans valise je t’invite en voyage
Une pomme au pied du mur
Qui implose dans un sourire
Picora – Lève les queues et puis s’en va
Chanvre qui frôle
Ton souffle sur le silence
La cérémonie commence
Un soupir / un espoir
Chagrin / Chatte câline
Homme libre ! Toujours tu chériras l’amer
Lucioles, où est l’été ?
Danse gaie noyée de pleurs
Je fraye mon chemin vers la douceur
Ombre de jais – œil éclatant
Demain – ou quatre – ou huit
Mille cris attendent encore d’être libérés
Rire carmin, regard tendu
Une surprise peut-elle brûler ?
Nuages cyan sur un ciel outremer
Lumière retrouvée
Progression lente
Les deux poings dressés – j’avance !
Si haut, l’aigle glatit
Je frémis – tu souris
Vent semé, tempête récoltée !
Ta peau au goût de sel
Sourire en fusion
Être le soleil d’une de tes nuits
Une rue familière
Un silence plein de vie
Sous les pavés : la rage !
Odeur de bois mouillé
Pierre de suie, léchée par les flammes
C’est ici qu’ils se sont aimés
Soutenir le regard
Puis porter le bandeau
Rien n’est plus beau que le désir qui dit son nom
Alors, c’est lequel, ton préféré (si tu en as un !) ?