[Pas de panique, je ne ferme pas mon burp !]
J’ai péché, ami lecteur.
Hier soir, j’ai rallumé ma télévision. Bon, ça n’a duré qu’une dizaine de minutes, mais cela suffit à déclencher mon humeur burpeuse.
Nous étions attablés tous les quatre, en famille. en train de manger les pâtes du dimanche soir en écoutant France Inter (un rituel). Maman les p’tits bateaux s’achevait, les filles étaient dans les starting blocks pour scander Le masque et la plume au plus synchrone avec Jérôme Garcin. Sauf que Jacques Chirac avait décidé de perturber notre cérémonial. Quitte à écouter son intervention historique (faut l’dire vite), autant le voir, me dis-je, allumant alors la télévision. C’est ce qu’on appelle joindre l’image à la parole.
C’était évidemment sans intérêt. Chirac a fait son petit blabla qui se voulait émouvant (à coup de je vous aime même pas avec des trémolos dans la voix, c’était plutôt très molasson, comme Chirac l’est depuis qu’il est Président de la République, comme si le costume continuait, après 12 ans, à le démanger) et évidemment donneur de leçon. Le brave homme, sans rigoler, nous informe qu’après 12 ans de sa présidence qui restera dans les mémoires probablement comme la plus médiocre de l’histoire de la cinquième république, le chemin est tracé. Comment se porte la fracture social, mon gars ? Et merci à TF1 d’avoir fait reculer le sentiment d’insécurité. Chirac m’a surpris, l’espace d’une phrase, quand il a annoncé qu’il aimait la France autant qu’il nous (= les Français) aimait. Je pensais qu’il l’aimait plus que ça.
Après ce discours fade (que les journalistes avaient désamorcé en disant qu’évidemment il allait annoncer qu’il ne se représenterait pas : s’il n’y avait aucun suspens, pourquoi donner de l’importance à ce qui n’en avait de toute évidence pas ? Chirac a tellement déprécié la parole présidentielle qu’il faudrait vraiment qu’il sorte des sentiers battus – ce qu’il ne fait bien sûr pas – pour capter un peu mon attention), les journalistes (pardon, les analystes politiques) meublèrent le vide par 20 minutes de paraphrase molle (pléonasme ?) à grand coup de minutage (« c’est au bout de 3 minutes, il était exactement 20h02, que le Président nous annonça qu’il ne solliciterait pas à nouveau nos suffrages » j’en passe et des pires) et d’intervention téléphonique de Monsieur BVA.
Dans la revue de presse, le lendemain, j’apprenais qu’un corniaud de je-ne-sais-plus-quel journal trouva le moyen d’écrire que Chirac avait prononcé là son plus beau discours. Je suis – hélas – obligé de reconnaître que j’étais d’accord avec Sarkozy (qui se trouvait être l’invité de F.I.) qui annonça que c’était « un peu facile » et que Chirac avait fait deux discours plus grandioses : celui pour la mort de Mitterrand et celui à propos de la rafle du Vél’ d’Hiv’.
Et je suis – hélas – désolé de rappeler à Arnaud Montebourg, qui croyait lire dans les propos de Chirac une idée justifiant l’opposition à Nicolas Sarkozy, que ce n’était pas après avoir pourfendu sans relâche pendant des années les propos chiraquiens qu’il fallait opportunément y trouver aujourd’hui une idée de valeur. Mon cul.
Chirac soutiendra mollement Sarkozy comme Jospin soutient mollement Royal, par sens du devoir politique, et il n’y aura pas lieu de s’en émouvoir.
Comme il n’y a pas lieu de s’émouvoir de la prose engoncée de Mister President hier soir.
Rideau.
P.S. : Ce matin sur France Inter, Caroline Cartier nous a gratifié d’un excellent cru de son Cartier Libre consacré à Jacques Chirac, accolant, notamment, judicieusement son « refus de tous les extrémismes, racisme(s), antisémitisme(s) » d’hier soir à son « le bruit et l’odeur » de triste mémoire. Hélas, pas de podcast disponible pour ce petit bijou que j’aurais aimé vous faire écouter.
Vaguement écouté de loin, j’ai noté que Chirac laisserait essentiellement à mon souvenir cette tendance aux liaisons-z-hasardeuses et zappuyées auxquelles il nous-z-habitua en 40 ans de discours-z-et allocutions.
Sinon, rien. Le poulet pas mal. Mais le Masque et la plume, honteusement châtré de sa moitié de temps d’antenne. Scandale.
hellohlala > [ton commentaire a été corrigé] Il n’y a pas que Chirac qui liaisonne à mort, c’est une tendance assez généralisée et insupportable.
Tiens, à propos de prononciation, j’ai chopé à un moment : « Lors du référendum » et j’ai entendu « l’ordure … ».
pas de pâtes, ni de poulet pour moi : je devais être plongée dans une histoire de martine (« fait du vélo » si je me souviens bien)…
alors, je me suis donc contentée d’écouter sur F.I. ce matin (bon, j’ai zappé sarko, j’vais pas gâcher la semaine) les pleurs des uns (ceux du gouvernement) et le relativisme des autres (journalistes étrangers)…
bref, je ne vois pas pourquoi les journalistes passent tant de temps à nous expliquer qu’il ne se représentera pas… tant de temps pour tant de vide ! ils nous ont fait déjà le coup pour le retour de polnareff !
à croire qu’il ne se passe rien dans le monde…
Y compris pour C. Cartier.
(Et moi aussi, j’ai entendu « l’ordure et férendum » !! là ce n’est plus une liaison, c’est un lapsus ;)
strip > C’était souvent plaisant d’entendre ce qu’en disent les journalistes étrangers, comme s’il n’y avait qu’eux pour prendre suffisamment de recul et poser un point de vue raisonnable sur la situation.
K’ta > Je n’ai que des lecteurs(-trices) trop fort(e)s, qu’est-ce que tu crois, ça sélectionne sévère à l’entrée.
B > C’est l’hôpital qui se moque de la charité !
secondflore > J’ai fait des efforts pathétiques, mais vains, à coup d’installations de logiciel dans tous les sens, pour réussir à fournir une version mp3 audible de la chronique de Caroline Cartier. J’ai échoué. Je vous aime.
NLS > Oh, non, je ne renoncerai jamais ! Un jour, peut-être, la lassitude me gagnera, mes billets se feront plus espacés, je prétexterai, je ne sais pas, que la charge de présidence de la république me prend trop de temps, que mon hébergeur me demande trop d’argent en raison de ma consommation de bande passante et que je refuse de le faire financer par la pub, que sais-je… Mais vous, amis lecteurs, vous l’aurez senti venir, je ne vous prendrai pas par surprise !
Ysé > Les choix musicaux de D.J. Chirac sont assez peu variés, une Marseillaise par ci, un Hymne à la joie par là. Et pour être un peu plus rock’n roll : un peu de Johnny à l’occasion.
Sinon, je veux bien voir ton cul, moi. Il passe quand à la télé ?
Ah oui, je me souviens bien de cette fameuse formule sur le bruit et les odeurs mais je ne me souviens plus quand et dans quel contexte… ça fait partie des petites phrases dont on fait ses choux gras en général. :)
Cali Rise > Oui, Montebourg est sorti du piquet mais il garde encore qlq temps son bonnet d’âne. Quant à mon cul, il ne passe qu’ici (en photo). Pour le live, c’est autre chose.
Roumi > Le contexte : c’était les immeubles où habitaient les Africains. Le bruit (du tam-tam jusqu’à pas d’heure) et l’odeur (des nourritures pas de chez nous, et puis tu sais ils ne se lavent pas souvent et ils sentent fort).
Non, non, t’as bien raison d’avoir oublié le contexte, va ! Amnésie sélective !!!
Moi l’amour, j’ai pas besoin qu’on me le dise, j’ai besoin qu’on me le fasse, et si Chirac a effectivement fait baisser mes impôts, et ben ça ne m’a pas du tout fait bander.