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C’est le printemps qui arrive et va clore, du moins je le pressens, un cycle d’environ quatre ans de ma vie. Tous les ingrédients sont là. Il y en a que je reconnais trop bien. Je les vois tourner devant moi, mi inquiet, mi amusé, et me demande à quelle sauce ils vont assaisonner ma vie. Je parle de cycle mais – il me semble l’avoir déjà exprimé ici – je ne crois pas que ces cycles fassent tourner en rond. Devant nous, c’est toujours l’inconnu. La lassitude que j’ai de porter à bout de bras la vie sexuelle de mon couple1 et qui, au moins temporairement, me les fait baisser, j’essaye cette fois de la compenser par un comportement aussi irréprochable que possible quand je suis à la maison2, essayant de soulager le fardeau maternel mais cela ne réveille pas la putain chez la maman. Qu’il ne soit pas dit que j’abdique sur tous les fronts. Cela semble d’ailleurs très bien convenir à ma compagne qui semble plus attachée que jamais. Mais les jours passent et rabotent ma patience vis-à-vis de cette nouvelle « stratégie ». Je place quelques jalons pour les mois à venir. Espérer chichement que l’arrêt de la pilule rebooste sa libido, et puis si elle s’accroche à ne pas laisser parler son corps3, voir quelle suite donner. Reprendre une thérapie quelques années après la passe que la première aura permis de traverser ? Entamer des négociations plus âpres et risquées sur la liberté sexuelle que l’on pourrait s’offrir tous les deux, si jamais son désir était mort mais pas sa mécanique, comme certains couples y arrivent ? Cette voie est tentante mais elle peut s’avérer une impasse si le deal ne lui convient pas, et je me dis aussi parfois qu’en creusant cette piste, je ne cherche qu’égoïstement à élargir ma zone de confort. Et tous les autres possibles que je n’ose même pas énoncer.
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Comme par hasard, c’est au moment où je traverse en bougonnant, la seatbelt pas très bien fastened, cette zone de turbulences que se pointe, deus ex machina, O***, la fleur au fusil, avec qui je vais à l’amour comme je vais à la guerre, en serrant les dents, le ventre noué, espérant ne faire qu’une bouchée de l’ennemi. La victime est si belle et le crime est si gai, qu’y disait. Je l’ai reconnue tout de suite, cette sensation de trouver un corps aimant, celui dont on ne peut se décoller car la force de contact est trop forte, malgré les heures qui défilent, malgré les tentations délicieuses qui passent à portée de baiser autour de nous. Aucune envie de résister. C’est le printemps et je veux sortir de l’hiver ma main dans celle d’O***, et mon sexe bien planté au fond du sien.
Illustration : Feuille de rose – © 2003 Bill Tong
- cf. La nuit courte↩
- Quand je ne suis pas à la maison, évidemment, c’est autre chose et mon comportement est nettement moins irréprochable, tout du moins dans l’acceptation morale commune de ce terme…↩
- Il y a aussi cette hypothèse que ce ne soit pas son désir tout entier qui soit assoupi, seulement son désir pour moi parce que … trop d’années, ou des choses qu’elle ne me pardonnerait pas, ou n’importe quelle autre raison ou somme de raisons. Quelques amies, très ardentes avec moi, m’ont expliqué pourquoi elles ne désiraient plus leur mari. Pourtant je n’arrive pas à croire à cette hypothèse. Elle me désire, parfois, elle me réclame. C’est juste qu’elle ne veut que peu, et rarement.↩