
Les bijoux – Charles Baudelaire
La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !
Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !
Un jour que j’étais à Londres, une arrière petite fille de Victor Hugo rencontrée à une soirée privée m’invita a souper aux chandelles dans l’immense cuisine au sous sol, puis dans sa chambre au deuxième étage de la maison du poète, à Soho, encore dans la famille. Comme dans ces grandes maisons londoniennes, seules les chambres étaient correctement chauffées par un poêle. Et je me souviens des reflets sang des braises sur la peau de cette femme superbe…
Oui, j’ai pris un peu de temps pour la sélectionner, cette illustration :)
Et la candeur unie à la lubricité, c’est tout vous, ça, non ?!
Eh bien ! Quelle vie épatante ! Vous ne vous êtes pas retrouvé en une de l’équivalent british de Voici le lendemain ?! (Je me moque mais c’est pas pure jalousie…)
Authentique.
Les murs de la maison couverts de cadres avec des « encres pliees » vous savez, cette technique qui consiste à faire une tache d’encre, à plier le papier et à rêver sur le résultat avec des interprétation suivies de psychanalyse ; hugo en était féru.
Et, détail extraordinaire, la demoiselle (plus âgée que moi, ce doit être une presque mamie aujourd’hui ) s’appelait ….Adèle.
Je n’ai pas douté une seconde de l’authenticité de vos propos. Mais laissez donc son identité secrète, voyons, ce pourrait être embarrassant !