Quand C*** m’a proposé de profiter avec elle de son passage parisien, nous avons immédiatement convergé sur l’envie de nous retrouver ensemble au Moon City. Mon emploi du temps ne me permettait pas une escapade en soirée, ce fut donc une demi-RTT qui me libéra du joug de mon employeur et vers 13h30, je me pointais, le sourire aux lèvres, place Pigalle, où j’entrai dans un bistro afin d’attendre C*** qui allait arriver avec un couple d’amis, eux aussi impatients de découvrir cet endroit dont C*** leur avait fait l’article.
Ce qui est fait n’est plus à faire ; je commandais pour ma part un hot-dog afin de m’avaler deux saucisses, avec un verre de vin (un Côte du Rhône décevant) pour le faire descendre et réchauffer mon âme, et cette collation prise, je trépignai d’impatience que chacun finît qui sa galette, qui son café, afin de repasser à nouveau le seuil de cet endroit prometteur de mille voluptés. À l’entrée, un homme qui devait frôler la soixantaine, coiffé d’une chéchia noire, nous enjoignit de le prendre sous notre aile afin qu’il puisse entrer mais nous n’en avions guère l’envie et, de toute façon, quand la porte nous fut ouverte, notre hôtesse lui refusa clairement l’entrée. Elle nous confia par la suite que ça faisait un petit moment qu’il se tenait là et tentait de s’incruster. Je souhaitais mauvaise chance à ce Pervers Pépère dont la tête ne me revenait pas, tout en me disant qu’un jour (encore lointain, j’espère) ce sera mon tour, vieux et décati, d’être persona non grata dans les paradis libertins.
En attendant, moi, j’étais rentré et je m’en trouvais fort aise. C*** et moi, qui connaissions donc les lieux, jouâmes les guides pour nos accompagnateurs. On commence par le strip tease de rigueur aux vestiaires, suivi par un tour immédiat et complet du club, des espaces aqueux détendus aux espaces à queues tendues.
La visite terminée, le jacuzzi remporta l’ensemble de nos suffrages. Plouf !
Je crois qu’une des choses qui me plaît particulièrement, au Moon City, c’est cet espace qui est donné au désir pour se développer au rythme souhaité. À grande vitesse si on s’approche des grottes lubriques, où l’on peut voir et/ou entendre, parfois toucher, les corps entremêlés qui prennent du plaisir. À vitesse plus modérée dans le jacuzzi, le sauna ou le hammam, où l’on joue du regard, où les corps flottent avec volupté, se frôlent, se touchent. Un côté sexuel qui côtoie un côté sensuel, dans un ensemble où chacun joue sa gamme pour passer de l’un à l’autre.
C’est ainsi qu’après que nos mains aient palpés nos culs respectifs, que nos lèvres se soient moult fois mangées, que mon sexe se soit frotté contre les chairs de C***, que son sexe à elle se soit plaqué contre ma cuisse glissée entre ses jambes, et malgré une conversation badine, elle finit par dire (à moins que ce ne fusse moi ?) :
– Bon, on va s’envoyer en l’air ?
Ainsi fut-il. Nous nous enfermâmes dans une petite pièce aux allures de cachot (les fers en moins) qui eut sa prédilection où nous fîmes joyeusement l’amour. C*** débordait d’un enthousiasme vocal qui attira quelques spectateurs à la fenêtre que nous avions laissée ouverte. À force d’insistance, un jeune black plutôt charmant (mais au bagou un peu banal) et doté d’un léger cheveu sur la langue (irrémédiablement chopé suite à un cunnilingus marathon, sans doute) finit par convaincre C*** de lui offrir ses charmes. Il lui fit l’amour avec application, commençant, justement, par un long cunnilingus apprécié, puis la besognant avec une certaine rudesse à laquelle je ne me sens pas totalement étranger, tandis que de mon côté, j’observais la scène, assez fasciné par le magnifique contraste entre leurs peaux, parfois caressant et embrassant C***, parfois me laissant sucer avec vigueur, son indéniable talent pour la pipe (nous y reviendrons un peu plus bas dans ce récit) m’ayant fait voler à deux doigts1 de l’orgasme. Suite à ce long épisode voluptueux, nous sommes allés nous désaltérer au bar, constatant au passage que nos accompagnateurs s’étaient enfermés tous les deux dans la pièce du fond, la plus agréable de celles disposant de miroirs, nous sommes allés au bar nous désaltérer. Discussions avec nos voisins, promenades au jacuzzi, au sauna, etc. Ainsi s’écoulèrent les heures heureuses au Moon City2…
Passées 16 heures, j’attendais avec impatience l’arrivée de A*** qui devait nous rejoindre dans ces eaux-là. J’allais périodiquement à l’accueil demander si elle s’était présentée (j’avais payé à l’avance son entrée, à cette pauvre étudiante fauchée ;-), je passais au vestiaire vérifier sur mon portable si elle m’avait laissé un message ou essayer de prendre des nouvelles de sa position. Je finis par la joindre et elle me dit : « je suis tout juste au pied du Moon City, j’arrive ! » Oui, j’étais impatient. De baiser avec elle. De lui montrer un ou deux mecs que j’avais repérés et dont je me disais qu’il pourrait lui plaire (c’était un jour où les hommes seuls – pourvu qu’ils ne soient pas sexagénaires avec un couvre-chef en laine noire3 – pouvaient entrer, en proportion raisonnable, dans le club).
L’un des beaux gosses que j’avais repéré pour A*** n’était plus là (ou alors, quelque part, enfermé avec Dieu sait qui). C***, de son côté, s’était enfermée avec un jeune homme qui, nous l’apprîmes plus tard, lui fit l’amour avec une infinie douceur qui lui tira des larmes de plaisir, et notre couple d’amis avait « sympathisé » avec un autre couple dans une pièce close.
Nous trouvâmes le second au hammam où il était paisiblement allongé. Je lui demandais l’autorisation de le déranger qu’il nous accorda fort volontiers. Nous étions donc, lui et moi, à nous occuper de notre charmante compagne, vite rejoint par un troisième opportuniste, puis un quatrième… Pour endiguer le flot, nous nous réfugiâmes dans une alcôve, d’abord à trois, puis, après avoir sondé A*** sur ses intentions, avec un quatrième à qui j’offrais, cerbère, le sésame pour un peu de bonheur partagé. Fellations, cunnilingus, caresses diverses se conjuguaient et se succédaient. C*** nous rejoint un peu après (elle avait terminé avec son amant de passage) et après avoir partagé avec nous le plaisir pris, elle se mêla à nos ébats. Il faut notablement préciser que pendant toute cette scène, j’échangeais avec l’un de mes compagnons des caresses (les frôlements initiaux n’étaient en effet pas des contacts accidentelles). Même si je m’étais déjà fait sucé par un homme au Moon City, c’est la première fois que je ressentais le vrai plaisir d’un échange bisexuel, fut-il superficiel (ça n’est pas allé très loin, j’ai juste pris sa queue dans ma bouche !). Encore un bon point pour ce club décidément à part4
Vint un moment où, la queue un peu molle, comme celle de mes compagnons d’arme, pour qui la journée ne venait pas de débuter, je réclamais une gâterie aux lèvres d’A***. « C’est que, me répondit-elle, j’ai envie d’autre chose ! » Ben oui. Pour elle, la journée commençait. Je voulais me faire un plaisir d’honorer une telle demande, mais encore fallait-il que je le pusse5. « Apparemment, Mademoiselle A*** a envie d’une queue en elle », répondit-je élégamment. Puis, me tournant vers C*** : « Est-ce que tu accepterais de me sucer pour me faire bander, toi ? »
C*** accéda gracieusement à ma demande et s’en acquitta avec dextérité. En peu de temps, le sang pulsait dans ma queue raidie entre ses lèvres qu’elle quitta néanmoins pour se fourrer, dûment capuchonnée, dans le con impatient de A***. Je l’ai pris assez vigoureusement en levrette tandis qu’elle suçait notre dernier invité et c’était bon, et je jouis. Un peu trop vite à mon goût mais A*** me rassura, diplomatiquement, en disant qu’elle préférait que ça soit court qu’interminable.
L’heure avait tourné et le moment était désormais venu de m’éclipser rejoindre mes pénates. A*** devait filer aussi (je la raccompagnerai chez elle) alors nous prîmes ensemble congé de C*** qui voulait profiter un moment encore de la douceur de l’endroit.
Je reviens dès que je peux, Moon City !
Les illustrations sont de Samaritain, qui sévit sur les Carnets Pornographiques.
- dans le cul ?↩
- Ouais, c’est mon titre, je le trouve musical et malgré son côté un peu cliché, je l’aime d’amour.↩
- Au fait, A*** m’indiqua à son arrivée qu’il ne faisait plus le pied de grue à l’entrée du Moon City quand elle s’y était pointée – dans le cas contraire, il se serait sans doute précipité sur une femme seule !↩
- Sur la clandestinité de la bisexualité masculine en club échangiste, j’ai déjà reçu le témoignage d’un ami qui m’indiquait qu’elle se négociait parfois discrètement dans le secret des alcôves. J’ai l’impression, mais peut-être suis-je trop optimiste dans l’analyse de quelques signes perçus, qu’elle revendique doucement son existence et que si de nombreux hommes restent ancrés dans leurs certitudes hétérosexuelles, la bisexualité est désormais au moins tolérée.↩
- Je commence à en avoir marre de mes récits au passé simple, je préfère quand c’est au présent, et vous ?↩
D’expérience, le passé vient plus naturellement que le présent qui est difficile à tenir et nécessite d’attentives relectures pour débusquer les concordances mal t’à propos. Mis à part cela, oui, le présent est agréable à lire.
Pour le reste, je ne commente pas, mais l’envie et plaisir dégagés par ton billet n’en sont pas moins là !
[EDIT] 12.000e commentaire, Chapeau ![/EDIT]
Dommage que le Moon City soit si loin de chez moi … ;)
Bises
Savoureux récit. J’adore ce ton léger mais néanmois fort bien écrit, en harmonie avec des moments (heures ?) ludiques et sensuels.
Pour le temps du récit, je crois que vous vous amusez tout autant à faire ces accords improbables qu’à raconter l’histoire, non ? Vous auriez pu aisément tourner la difficulté de ce « autant que je le pusse » par une périphrase… D’ailleurs cette note n’est-elle pas un clin d’oeil au lecteur ?
Donc prochain défi : un récit/une histoire/un conte au présent ? Chiche !
B
Ton titre me fait penser à la vie (n’)est (pas) un long fleuve tranquille.
Ça donne envie en tout cas.
Je suis contente, pour mon retour de vacances, de te lire à nouveau, surtout que ton style (et le sujet) m’enchantent !
J’aime particulièrement le passage où A*** va entrer en scène. « Oui, j’étais impatient. De baiser avec elle. De lui montrer un ou deux mecs que j’avais repérés et dont je me disais qu’il pourrait lui plaire. » Ces attentions me toucheraient (flatteraient) beaucoup si j’étais A***.
Sympa le côté, « on y va entre amis », depuis le temps que je fais des rêves érotiques avec mes copines et mes potes, ça serait l’occasion de se retrouver pour de vrai :) Quoi que je suis certainement la seule à partager ce point de vue dans mon entourage…
@ M. Chapeau » J’ai écrit déjà des textes au présent, on en trouve ici, mais ce sont généralement des fictions. Après tout, ce n’est qu’un parti pris à prendre dès le début du récit, tout à fait indépendamment du fait que ça soit fictif ou non (même si dans le cadre de l’histoire relatée, le temps passé vient plus naturellement).
@ Sauvage Libertine » Eh oui ! Paris a encore quelques avantages sur nos belles provinces ;-)
@ petite française » Merci pour ce commentaire, parce que oui, c’est exactement ce que j’ai essayé de faire : un ton léger et une écriture un peu plus élaborée que ce dont j’ai l’habitude dernièrement ;-)
Pour le reste, vous voyez tout aussi juste, et pour le défi, on verra !!
@ Emeline » Ah oui ? Moi ça me ferait plutôt penser à un titre du genre Minuit dans le jardin du bien et du mal… (et pour l’envie, c’est fait pour ;-)
@ Flower » Je crois que ces attentions font partie de l’équilibre tacite de notre relation, entre A*** et moi.
Accessoirement, il s’est avéré que le mec repéré n’était pas tant que ça dans son cœur de cible ! Faut que je m’améliore ;-)
à moi le titre me fait penser à « jours tranquilles à Clichy »
mais « Minuit dans le jardin du bien et du mal » c’est très mignon. vas-y un soir au Moon City, comme cela tu pourras utiliser ce titre pour ta note même si je trouve que « Le jardin des délices terrestres » est plus approprié…
c’est vrai que tu étais plus en forme pour rédiger cette note que la précédente (la précédente sur le MC s’entend…)
Tiens, c’est drôle. Juste au moment où BM et moi réussissons à nous caler une date pour notre fameux verre de Bourgogne… Je te raconterai.
Faut-il voir un rapport entre ces deux saucisses avalées avec impatience au bistro (La Fourmi ?) et la note de bas-de-page n°4 ?
Sympa les après midi Parisiens…
Un peu loin de nous, dommage…sourire
En ce qui concerne le temps employé, cela n’a pas vraiment d’importance pour peu que le recit soit fluide et qu’il embarque le lecteur, ce qui est le cas ici.
Je souris en vous lisant car je viens également de commenter un chaud moment et rien, mais alors rien à voir!
Comme quoi, ceux qui disent que « le cul » c’est tout le temps pareil….sont bien loin d’avoir fait le tour de la question!hahaha
d’autant que là, c’était, la lune en plein jour!
Merci et à bientôt
C’est très bien écrit mais c’est drôle parce que je n’arrive pas à rentrer dedans (ben non pas de jeux de mots ! ;o), c’est exactement ce que j’ai ressenti en vrai. je le retrouve dans ton billet : les scènes sont intéressantes, c’est décadent, sexuel mais pas d’envies.
Bises de papillon
@SecondFlore: si tu savais mon cher, si tu savais :D
ben comme j’en avais marre de « baver » devant tous ceux qui connaissaient l’endroit, j’y vais demain après midi, au Moon. Avec ma maitresse.
Na
;-)
A+
« du font » tu es sûr? ;-)
Ravie de lire que tout va bien pour toi!
Il fait un peu « liaisons dangereuses » ce billet, un blog que je lisais autrefois…
@ MademoiselleH » (Adèle ?) Bienvenue ici.
J’ai corrigé ma coquille, oui, probablement trahi par mon amour de la typographie ;-)
Je le lisais aussi, NOLDA, et je ne désespère pas de voir à nouveau des pages s’y écrire !
Tout pareil que VéroPapillon (dont je découvre le blog grâce à ton lien, et je le trouve vachement bien).
Mais.
Après tout, c’est notre problème, hein.
Mais.
Je ne sais plus si je t’avais déjà fait la remarque ou si je l’avais pensée très fort, remarque qui résonne d’autant plus à l’oreille de ton dernier comm’: j’ai comme l’impression que tu commences à ronronner dans tes clubs… Je me trompe?
@ columbine » J’y suis déjà allé la nuit et j’ai même traîné une fois jusqu’à la fermeture !!
@ secondflore » Et avec la mention « ce qui est fait n’est plus à faire » ? Absolument ;-)
(De mémoire, non, pas La fourmi.)
@ Miss Anis » Bienvenue ici ! Oui, effectivement, il y a des tellement de moments à vivre, à deux sous la couette ou d’une autre manière, l’important étant que ça colle à nos envies…
@ VéroPapillon » Je crois que ça manque un peu de mise en scène pour toi, non ? (simple hypothèse…)
@ Dahlia » Des informations supplémentaires à faire connaître aux jurés ?!
@ Ibid Norio » Alors, c’était comment ???
@ Next » C’est possible, en effet, je vais surveiller ça.