[142] Sarracénia – Deuxième épisode apocryphe

medium_pitcherplant.jpgNon, non, vous ne rêvez pas, il s’agit bel et bien d’un urinoir.

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[141] En voir, prendre le sien

Quand j’étais petit, je supposais que l’accès à l’âge adulte me permettrait d’assouvir mes envies.
Dans une assez large mesure, je n’avais pas forcément tort.
Par exemple, lorsque je déclarais, vers 7 ans : « Quand je serai grand, je m’achèterai plein de saucisses que je mangerai avec de la moutarde », je mettais l’accession au bonheur (simple) à un niveau très raisonnable. À ce jour, le hot-dog (moutarde, évidemment, tu ne penses tout de même pas, ami lecteur, que je suis du genre à y mettre de la mayonnaise ou du ketchup. Pouah !) est un de mes plats sur le pouce favoris (encore que le croque-madame fasse également mon bonheur accompagné d’un demi pression, mais il nécessite des couverts).

Quand j’étais tout petit (c’est un de mes rares souvenirs précis de l’âge de la maternelle), se montrer pieds nus était du même niveau d’indécence que se montrer tout nu. Le grand standard pied = sexe était ancré en moi et ce (chez moi, léger) fétichisme du pied n’allait plus me quitter.

medium_microfeet.jpgQuand j’étais moins petit, j’espérais qu’une fois adulte, lorsque je partirai en vacances avec mon amoureuse, elle poserait ses pieds nus sur le rebord de la fenêtre, tandis que nous roulerions sur l’autoroute du Sud.
Figure-toi, ami lecteur, que ce fantasme qui me semblait simple d’accès ne fut assouvi en tout et pour tout (à ce jour) qu’une seule fois. Évidemment, cela ne suffit pas à faire de moi un homme malheureux. J’ai eu le droit à quelques reprises à des footjobs (je ne sais pas si on dit comme ça) et j’ai même dans ma boîte à souvenir un de ces épisodes filmés (je comprends que tu sois déçu, ami lecteur, que j’illustre ma note avec une photo même pas libre de droits volée sur Internet, plutôt que par cette vidéo dont je jouis pleinement du copyright, mais c’est comme ça, la frustration se partage). Mais ce petit moment simple, d’une femme à mes côtés qui se déchausse et pose ses pieds sur le tableau de bord, sans autre intention érotique que ce petit bonheur que ce geste fera naître dans ma tête, celui-là, il me manque…

[140] Roi du monde

J’ai écrit je ne sais plus où (un billet ? un courriel ? un commentaire ?) que lorsque je faisais l’amour avec une nouvelle partenaire, il y avait un moment qui me faisait toujours beaucoup d’effet, c’est l’instant de la toute première pénétration. Physiologiquement, celle-là n’a rien de particulièrement différente de celles qui lui succèderont. C’est donc dans la tête que ça se passe. Certes, c’est le moment où l’on découvre d’une certaine manière l’anatomie intime de la femme à qui l’on fait l’amour (ce que l’on peut résumer outrancièrement à : chatte étroite ou large ?), mais je ne crois pas que c’est ce qui fait le côté magique du moment. C’est le moment M où tout ce qui a précédé n’étaient que des préliminaires, des trucs à la portée de n’importe quel adolescent (je dis ça pour frimer, adolescent je ne vivais rien de comparable) et où tout ce qui suit appartient résolument au monde des adultes. C’est le moment où la connaissance devient biblique. Le scellement de l’union.

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Mais en réalité, ce moment que je pensais si fort, s’il reste un des points d’orgue d’une première nuit, il ne me fait désormais plus autant d’effet que de par le passé. Est-ce triste à dire ? Serais-je devenu blasé ? Je ne crois pas, mais ce n’est plus cet instant qui me paraît le plus intense. Sans vouloir paraître fleur bleue, le premier baiser me paraît aujourd’hui un moment plus fort.

Si cette sensation a perdu pour moi de son éclat, de sa magie initiale, il est en revanche un moment d’euphorie qui ne se répète à chaque fois, un petit océan renouvelé de bonheur et de plénitude : lorsque je sors de chez ma nouvelle partenaire, après lui avoir pour la première fait l’amour, y avoir vécu des moments souvent inoubliables, où mon corps exulte, où un large sourire se fixe sur mon visage. J’ai l’impression d’être le roi du monde, j’ai l’impression de sentir le sexe à plein nez. Je regarde chaque passant qui me croise et c’est comme si je lui hurlais : je viens de baiser ! je viens de baiser !
Je m’étonne de ne pas être regardé avec envie, concupiscence. Je ne comprends pas pourquoi les femmes ne se précipitent pas sur moi en hurlant : et moi ? et moi ? Je reste surpris que ça ne soit pas contagieux.

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Dans le film Killing Zoe, il y a une scène (dont je me souviens obscurément — pas réussi à en trouver la retranscription précise) où un des personnages (je pense qu’il s’agit de Jean-Hugues Anglade) sort dans Paris après avoir fait l’amour, sans s’être lavé. Son acolyte, Américain, se dit surpris, et le Français de répondre que Paris est une seule ville où l’on peut être fier de sentir le sexe (NB : ami lecteur, si tu es capable de me proposer une retranscription de cette scène plus fidèle, n’hésite pas une seconde). C’est quasiment tout ce dont je me souviens de ce film, mais ce souvenir m’accompagne souvent dans ces déambulations.

Ce moment-là est un moment dont je ne me lasse pas. C’est encore mieux dans Paris by night, quand l’air est encore tiède.
Je suis heureux de ne pas être blasé.

[139] Fraîcheur de vivre

Je suis allé aujourd’hui chez le dentiste pour ma visite de routine annuelle. J’ai un excellent dentiste, auquel je reste fidèle après plusieurs déménagement. Un gars très sympathique, avec un côté grand timide, une sorte de Buster Keaton de la roulette ; probablement un des rares dentistes de gauche de Paris.

Bon, là n’est pas mon propos. Donc, visite de routine et détartrage. Le détartrage est une opération pas particulièrement agréable (enfin, moi, j’ai passé tellement de temps chez les dentistes hélas que ce genre de moment ne me font plus peur) mais après laquelle on se passe la langue entre les dents avec bonheur. On a l’impression qu’elles respirent à nouveau. J’adore la sensation dans ma bouche après un détartrage.

Voilà, c’est tout.

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[138] La science des rêves

medium_science_des_reves.jpgJe suis allé cette après-midi (j’aime écrire après-midi au féminin même si le masculin est aussi possible et même plus fréquent) voir au cinéma La science des rêves, le dernier film de Michel Gondry dont le précédent film au titre imbuvable, Eternal Sunshine of the spotless Mind était vraiment plaisant.

Cela faisait quelques semaines que je n’étais pas allé au cinéma, absorbé que j’avais été par des occupations bassement matérialistes gravitant autour de ces trois mots lourds de conséquences : déménagement – emménagement – travaux.

Le film a tôt fait de démarrer, nous replongeant à nouveau dans un univers décalé réjouissant, si bien que je me suis vu penser, au bout d’un quart d’heure, combien me manquait cette sensation d’être transporté ailleurs, de décrocher deux heures durant du réel pour entrer dans une histoire

Je n’ai pas tellement envie de vous pondre ici une critique de ce film, d’y détailler ce qui m’a plu et ce qui m’a déplu ; de vous raconter comment une scène de rêve a été interrompue par un arrêt de la bobine et que ça appuyait l’effet de manière inattendue mais réussie ; je voudrais juste indiquer que, pour ce qui est du décrochage du réel, ce film-là était particulièrement bien indiqué, et que je vous le recommande (et qu’Emma de Caunes est vraiment mignonne). 

[137] Crever tôt

Crever tôt,
Pour vite me faire bouffer par les asticots.
Me faire sauter le ciboulot ? Éclater ma 106 contre un poteau ? Patienter jusqu’à ce qu’un cancer ait ma peau ?
Ne pas attendre de n’avoir plus que des chicots. Partir avant d’être en lambeaux.

Je me suis toujours dit que je ne voulais pas mourir vieux. J’étais persuadé, il y a 10-15 ans (ce n’est pas une idée récente, te dis-je, ami lecteur), que je mourrai d’une mort violente. Probablement un accident de voiture. C’est tellement facile de se faire écrabouiller par deux camions, ou de s’endormir et de perdre le contrôle de son véhicule. Finir en mille-feuilles dans un amas de tôle froisée. J’ai lu Crash de Balard (et puis j’ai vu le film assez fidèle qu’en a fait Cronenberg) et ça ne fait pas du tout partie de mon univers fantasmatique. Je ne me réjouis pas d’une mort de ce genre (probablement assez douloureuse, d’ailleurs). Je préfèrerais une mort rapide, couic, un vaisseau qui pète pendant mon sommeil. Je m’endors heureux. Je pars en plein rêve.

Crever tôt.
Comme Fabián Bielinsky, le réalisateur argentin de Neuf Reines et d’El Aura ?
Paf ! En pleine gloire montante, fauché à 47 ans par un infarctus.
47 ans, ça m’aurait paru bien il y a quelques années, comme âge, pour mourir.
Maintenant que je m’approche lentement mais sûrement de la quarantaine, je me dis que ça peut attendre encore un peu. 

Crever tôt, c’est bien beau…
Mais c’est pas sympa pour ceux qui regardent partir le bateau. Pour mes filles qui espèrent encore quelques années me sauter au paletot.
Pour ma femme pour qui je ne suis pas encore un fardeau.
Pour mes amis qui tiennent encore à leur poteau.
Et pour moi qui m’amuse encore pas mal dans le marigot.

 

Crever tôt, moi je dis Go ! mais tout de même : pas trop tôt.