[1275] Éroffsphère

Est-ce que j’ai une gueule d’Érosphère ?

La question n’est pas si triviale ! Toujours est-il que, pour la troisième année consécutive, je me rendais au Off du festival Érosphère, un événement très bien résumé par la triple thématique de cette année : douceur, soufre (avec un seul « f », mais libre à vous d’en rajouter un deuxième) et métamorphose. Variations autour de l’érotisme : ludiques, exploratoires, dangereuses, libres, jouissives… On pourrait sans doute compléter par de nombreux autres adjectifs encore.

Le fait est que, si le festival in me fait de l’œil depuis le premier jour (je ne me remets toujours pas d’avoir raté l’immersion oléique de la première édition), je ne participe qu’au off pour deux raisons. La première est que le festival a lieu le week-end et que le week-end est, en principe, réservé à ma vie de famille. La seconde est que le festival tient place comme chaque année en même temps que Rock-en-Seine et en même temps que l’Université d’été du Parti Socialiste. Et que comme chacun sait, chaque année, mon devoir de militant prend le dessus et je vais donc regarder les filles se battre dans la boue de la pelouse de Saint-Cloud. (suite…)

[1274] Love, et c’est raté

Affiche du film de Gaspar Noé « Love » indiquant « En France, l'amour est maintenant interdit aux moins de 18 ans »
Un slogan d’une démagogie écœurante

Je suis donc allé voir, en 3D s’il vous plaît, Love de Gaspar Noé avec, je dois l’avouer, un a priori négatif, qui s’est malheureusement transformé en a posteriori négatif.

Sur le comment et le pourquoi, je vous invite de lire mon avis en commentaire chez une Gaspard beaucoup plus aimable, ma blogueuse aux seins pâles préférée. Ce sera l’occasion de lire également sa critique à elle, puis de vous égarer dans ses chants de Bilitis…

[1273] Carte postale de la canicule (6)

Paisiblement allongé sur la petite plage de Balos (un endroit magnifique, en Crète), j’achève Némésis de Philip Roth.

Je tombe, dans l’épilogue, sur cet extrait :

Il n'avait pas beaucoup d'humour, sachant s'exprimer mais ne se montrant jamais spirituel ; c'était quelqu'un qui n'avait jamais de sa vie tenu de propos caustiques ou ironiques, à qui il n'arrivait que rarement de faire une plaisanterie ou de dire quelque chose pour rire (...)

Nous nous approchons de 17 heures au moment où je lis ce passage, pas spécialement révélateur de la force douloureuse de ce livre, mais (puisque nous parlions récemment avec Brigit d’identification aux personnages) je me fais la réflexion que, sur ce point (et bien d’autres en réalité), je différais beaucoup de Bucky.

Je me remémore la séquence qui s’est déroulée quelques heures plus tôt : il est un peu moins de 14 heures alors, nous venons d’accoster sur la petite île de Gramvousa, au Nord de Kissamos, au Nord-Ouest de la Crète. Le flot de passagers du bateau que nous avons pris pour cette excursion d’une journée s’est déversé sur l’embarcadère. La majorité va immédiatement s’installer sur la petite plage de sable bordée par une eau turquoise, quelques courageux s’attaquent à l’ascension du relief de l’île pour atteindre les restes d’un fort vénitien du XVIe siècle. J’en fais partie tandis que mes trois femmes restent au niveau de la mer. J’atteins d’ailleurs le sommet en premier, visite rapidement les quelques pierres restées en place (ce qui prend moins de temps que la montée jusqu’à la forteresse). Il n’y évidemment pas le moindre guide pour expliquer quoi que ce soit, pas même une plaque explicative.

Nous sommes aux heures chaudes et même si de rares nuages traînent aujourd’hui dans le ciel crétois, la grimpette m’a donné chaud et j’ai maintenant hâte de piquer une tête pour me rafraîchir dans cette eau exceptionnellement limpide.
J’ai marché une vingtaine de mètres après avoir quitté le fort quand je croise un jeune couple qui termine l’ascension. Je leur lance en globish (même si j’ai cru reconnaître de l’allemand dans leurs propos), d’une tonalité neutre :
— It’s closed in one minute!
Mon vis-à-vis écarquille les yeux…
— One minute ?!
Il n’y a évidemment pas la moindre personne sur le site qui pourrait ni ouvrir ni fermer la moindre grille…
Je souris alors et je les rassure :
— Just joking!
— It’s not funny!— Doch, doch !

Je poursuis ma descente et me demande si je vais réutiliser la même vanne avec les prochains touristes que je croise, mais décide de goûter le plaisir de l’unicité.

[1272] Carte postale de la canicule (5)

J’ai lu ce texte chez la trop rare Lux Lisbon et comme souvent, quand je lis un texte érotique (mais à vrai dire le fonctionnement est le même pour la lecture de quasiment tout texte de fiction), je me projette sur un des personnages. Pour moi, un texte fonctionne d’autant mieux que le processus d’identification est facile, ou plutôt que l’on arrive à croire à la véracité des caractères et des situations.

Avec ce texte, mon cinéma intérieur fonctionne bien ; j’accroche au récit même si j’ai du mal à m’identifier au personnage masculin (j’aurais pu, en second recours, essayé de m’identifier au personnage féminin mais ça ne fonctionne pas non plus). Alors je m’accroche à quelques branches… Ces deux amants qui ne se sont pas vus depuis longtemps mais qui répondent instantanément à l’appel du désir (même si dans le texte, c’est l’homme qui sonne la nana et elle qui accoure ventre à terre), ça me rappelle des choses…

Et puis il y a eu cette scène qui m’a cueilli par surprise :

Il vient m’embrasser (…) et me prit la main pour que je le suive à la salle de bains. Je connaissais le rituel ; je crois que c’est peut-être ce que je préférais. Je m’installai accroupie dans la douche, et il s’installa face à moi. Tout doucement, il commença à uriner et je sentis le liquide chaud sur ma peau, mes seins, mon visage, dans mes cheveux (…).

Et depuis cette lecture, cette vision me hante à chaque fois que je prends une douche. Compte tenu de la chaleur ici, c’est minimum une douche le matin pour se laver mon corps, maltraité par les 29°C en dessous duquel la température de notre maison crétoise ne baisse pas, de la sueur de la nuit et une douche le soir, pour me débarrasser du sel et du sable restés collés sur ma peau puisque nous finissons invariablement nos journées par quelques heures de paresse sur une des magnifiques plages de l’île. Matin et soir, douche ; matin et soir, je pisse dans ma douche ; matin et soir, je voudrais que tu sois là pour recevoir mon jet à peine plus chaud que l’eau qui coule le long de mon corps ; et l’instant d’après où nous inverserions les rôles. Le moment où – je ne sais plus si c’est un souvenir ou un rêve – vibre la corolle dessinée par tes lèvres quand gicle enfin ta pisse.

J’ai lu ce texte et mon cerveau y trouve le moyen d’insinuer dans les moindres replis de mon quotidien, comme le sable rose d’Elafonissi fouetté par le vent qui soufflait si fort aujourd’hui s’incruste dans les plis de ma peau, le manque de toi.

Marlo Broekmans - just a pulp

[1270] Carte postale de la canicule (4)

La canicule n’a pas le même effet sur tout le monde ; à certains, cela coupe les élans libidineux, à d’autres, cela les booste. Et évidemment, si les deux partenaires ne sont pas synchrones, quelques frustrations sont à prévoir…

Je me suis donc réveillé au milieu de la nuit excité et je me suis masturbé en pensant à toi ; il faut excuser la pauvreté de mes fantasmes masturbatoires, ils tournent bien souvent autour de la sodomie, parfois aussi il est question de sodomie, et des fois même d’enculage.

Un homme lit, nu sur une chaise, le sexe solidement dresséJ’ai repris comme point de départ cette image flash qui m’avait ébloui la veille en journée, alors que je pensais à toi, celle où j’étais nu sur une chaise avec une assise en osier tressé. Toi, tu étais debout, dos tourné, et tu venais t’empaler sur moi. Pas par le cul – enfin, pas tout de suite. J’ai ajouté un détail : tu es entièrement nue, toi aussi, bien sûr, mais tu portais à la cheville ton lourd bracelet aux perles bleues – le genre de petit détail qui fait la différence. Ah oui, et tu portes aussi, enfoncé en ton fondement, ton nouveau plug en verre (le plus gros de toute ta collection, qui m’ouvre si bien ton cul). D’ailleurs, tandis que je coulisse dans ta chatte, je le sens très nettement, presque trop, presser contre ma verge et je me prends à penser au moment où ce sera une queue plus souple que je sentirai contre la mienne… Mais pour l’heure, nous ne sommes que tous les deux.
Je ne tarde pas à retirer ce plug : j’en saisi la base que je fais délicatement pivoter dans un sens puis dans l’autre tout en effectuant un doux mouvement de traction ; je sens tes alternances de contraction et relaxe qui accompagne la sortie du plug qui élargit progressivement ton œillet, jusqu’à la libération. Je te demande maintenant de baiser ma queue avec ton cul. Je bouge à peine, et toi, en extension sur tes jambes, tu te saisis de ma queue, tu plaques son gland contre ton anus déjà prêt à l’accueillir et tu fléchis sur les jambes pour m’engloutir progressivement. Je veux que chacun de tes mouvements recherche mon plaisir, je veux que ton cul me gobe, me masse, me régurgite, me presse, me lèche, me serre, m’aspire, me branle, me suce, me malaxe… Tandis que je maintiens tes hanches, tu replies tes jambes jusqu’à poser tes pieds sur mes cuisses et tu reprends dans cette position les mouvements de montée et de descente, tandis que ta main est descendue entre tes cuisses et va branler ton sexe qui dégouline littéralement de ta mouille en filets gluants. Comme c’est un rêve éveillé, tu atteins ainsi l’orgasme qui entraîne une seconde plus tard mon éjaculation, tout au fond de ton cul.

Ensuite, je me suis rendormi comme un bébé.

[1269] Se voiler la face

J’aime bien les filles de La Quête de la Sainte Culotte, j’en ai d’ailleurs déjà parlé ici, et en particulier leur vision d’un féminisme « pro-sexe » (vision partagée à des degrés divers – tant il est vrai qu’il y a presque autant de féminismes que de féministes – par nombre de mes amantes, ce qui montre une certaine cohérence dans mes choix électifs) ; on avait même un projet d’article à quatre (ou six) mains, hélas resté à l’état de projet dans un carton recouvert de poussière et de toile d’araignée.

Il y a aussi chez elles des points d’intérêt qu’elles développent et qui ne me passionnent pas, moi ; par exemple la « culture porn » (même si j’en participe moi-même avec ce burp).

Et puis parfois, on n’est pas d’accord.

Après un débat sur Twitter où chacun campait sur ses positions, j’ai souhaité développer mes arguments dans une note en espérant, au mieux, ouvrir une brèche dans les convictions de mon opposante (je pense que c’est Sophie mais ça pourrait être Louise !), au pire, éviter de tenir des propos trop lapidaires ou caricaturaux comme Twitter nous y encourage avec son format court.

Aux chiottes le micro-blogging, vive le macro !

(suite…)