Le voilà (notre illustration, à gauche), le Iron Man de mon enfance, rouge et or, celui dont j’étais fan quand, dans la cour de récré de mon école primaire, je discutais, le dernier Strange (prononcer strange, pas strènje) à la main, avec mes copains de qui était le meilleur des super-héros, et qui nous allions être comme super-héros (oui, parce qu’à cette époque, nous allions être des super-héros1).
Je ne me souviens pas pourquoi Iron Man était mon préféré, mais c’était mon préféré. Était-ce son côté bling-bling, le fait qu’il soit milliardaire le jour (plus cool qu’étudiant fauché, pas vrai l’araignée ?), le fait aussi que ses super-pouvoirs ne soient, en fait, que le fruit de la technologie, ce qui finalement rendait sa carrière accessible (je n’étais pas né sur la planète Krypton et il n’y avait pas de centrale nucléaire à proximité, il me fallait donc une alternative pour laisser à mes rêves l’espoir ténu de devenir réalité, ce qui les rend meilleurs). Strange, et avec lui Spiderman, Daredevil, Iron Man et les Quatre Fantastiques m’ont accompagnés sur la fin des années 70 (avant d’être remplacés en 1981 par L’Ordinateur Individuel quand, la même année, Mitterrand remplaçait VGE). J’ai appris que, par la suite, Iron Man, enfin Tony Stark, avait viré alcoolo et que c’est pour ça que le choix de l’acteur Robert Downey Jr. pour l’incarner au cinéma était particulièrement adapté, selon le buzz marketing indissociable de toute grosse machine holywoodienne, puisque lui-même a connu des problèmes d’alcool et de drogue. Une sorte de doctrine actor studio à la chronologie inversée.
Que le film soit une grosse merde ou une adaptation subtile, peu m’importait. Il fallait de toute façon que je le vois. Je me suis gardé de lire toute critique ciné, personne autour de moi ne l’avait vu, je ne suis même pas sûr d’en avoir vu une bande-annonce ; c’est donc l’esprit assez vierge que j’allais voir ce film un soir, en v.o., à La Défense.
Les adaptations cinématographiques des comics Marvel au cinéma sont très rarement des grandes réussites. Peu de gens se souviennent de la première adaptation de Spiderman, sortie en 1977. L’homme araignée de E.W. Swackhamer, moi je l’ai vu (tu parles ! c’était en plein cœur de ma marvelomania, je n’allais pas rater ça) était pourtant un nanar de belle facture, comme en atteste cette excellente chronique que j’ai fini par dégoter. Quand ce n’est pas médiocre, ça se limite à une machinerie assez efficace à force d’effets spéciaux. Je verse évidemment une larme nostalgique en revoyant les anciens Superman incarnés par Christopher Reeve†, mais z’ont quand même pris un coup de vieux. Superman returns était une daube. Je ne garde aucun souvenir marquant de la première série des Batman tandis que celui de Batman begins est celui, cuisant, d’une pitrerie pathétique. Je serai allé voir tous ceux-là, au moins, mais je ne compte plus les Quatre fantastiques, Daredevil, Electra, … que je n’aurai pas vu pour cause de critiques catastrophique ou de manque d’appétence (j’apprends qu’un poulain de l’écurie Besson prévoit une nouvelle adaptation de Hulk après celle d’Ang Lee, préparons-nous au pire).
Une seule œuvre trouve grâce à mes yeux, c’est l’adaptation de Spiderman par Sam Raimi dont les deux premiers épisodes ont réussi à dépasser le stade d’adaptation pour accéder à celui d’œuvre. Il y a un vrai regard cinématographique d’auteur, Sam Raimi a réussi à donner à ses personnages (enfin, surtout le héros) une profondeur inattendue dans ces blockbusters américains fortement contraints par leurs objectifs commerciaux.
Iron Man allait-il appartenir à cette espèce rare, ou au contraire rejoindrait-il la longue liste des navets à millions de dollars et de spectateurs ?
Bon, je dois vous avouer que j’avais peu d’espoir pour la première option et que je redoutais la deuxième. La vérité est entre les deux : le film est « de bonne facture » mais manque cruellement d’originalité. On voit tout arriver à trois kilomètres, tout est très convenu, jusqu’au combat final entre le méchant et le gentil, et le gentil va perdre mais à la dernière seconde, pouf, tout bascule.
Le seul truc qui m’ait vraiment, mais alors vraiment surpris, c’est de voir au générique de fin Jeff Bridges et de m’apercevoir que — ah mais oui ! — c’était lui le méchant. Le pauvre est de plus en plus bouffi. Dire que ce gars-là jouait les jeunes premiers à l’époque de Tron (j’apprends d’ailleurs en rédigeant cette note qu’il va y avoir un Tron 2, miséricorde !). En parlant du générique de fin, je le regardais jusqu’au bout, comme à mon habitude, et je me suis fait cette remarque souterraine en mon for intérieur, ce genre de remarques préconscientes, qui ne se développent que lorsqu’un événement les remontent à la surface, je me suis donc fait la remarque que pas mal de gens restaient comme moi à regarder le générique jusqu’au bout alors que généralement, je ne suis qu’en compagnie de l’ouvreur qui vient ramasser les sacs de pop-corn éventrés. De facto, il y avait une petite séquence post-générique qui nous promet un deuxième épisode. Après une mise en place un peu poussive des personnages dans ce premier avatar, espérons que le niveau remonte un peu pour le suivant. J’irai !

Dernière petite remarque. Mais pourquoi lui ont-il fait une tête aussi méchante ?
PS : Petit aparté pour mon nouveau lecteur Florent V. Cet article est bourré de lien vers des histoires de canard. Mais j’utilise la balise title
, c’est déjà ça ;-) Je crois que le but du jeu, c’est de titiller la curiosité du lecteur. Si j’avais vraiment envie qu’il clique, je serais plus incitatif. C’est un peu comme les gens qui ne lisent jamais les commentaires sur les burps, alors que parfois le contenu y est plus riche que dans le corps de l’article-même.
- Petite anecdote à ce sujet : j’aimais beaucoup Iron-Man, mais j’étais également fasciné par La Torche (des Quatre Fantastiques). J’avais trouvé chez des voisins un catalogue dédié au monde du spectacle, qui vendait masques, costumes, boules de jonglages et j’en passe, toutes sortes de trucs permettant à une troupe de monter sa pièce de théâtre. Dans ce catalogue, il y avait de la toile ignifugée et j’y voyais là le matériau idéal pour créer mon costume.
Deux-trois ans plus tard, je décidais d’être ingénieur informaticien – c’était plus sûr – et je m’y suis tenu.↩
mais bon…
Iron-Man alors… héhé…
Mina » J’ai eu ma période Robocob ensuite ! Blip !
Agatha » Ça fait longtemps que je ne coure plus après les exclusivités. Être « dans les premiers », ça n’apporte vraiment rien, à part devoir faire la queue et ne pas être sûr(e) d’avoir une bonne place dans la salle. Le film n’est ni moins bon ni meilleur 2 semaines ou 1 mois plus tard.
Pour répondre à tes différentes remarques :
– Spiderman 3, c’était « pas mal » mais quand même pas à la hauteur des précédents. Le méchant est un peu « pauvre ».
— X-Men, oui, à part le 3e, c’était une adaptation plutôt réussie. Il faut dire que Hugh Jackman incarne Wolverine avec …. roooaaaar !
— Je n’ai pas vu passer les deux heures non plus. Dans l’ensemble, c’est du bon spectacle. Mais à plusieurs reprises, je me suis dit : « tiens, il va se passer ceci » et ça ne manquait pas. Bref, ça manquait un peu de génie, à mon avis.
Sinon, moi j’étais plutôt X-Men et Spiderman, et pour ces deux séries les adaptations récentes sont plutôt correctes, voire bonnes. :)
(Ceci dit, ma génération c’était surtout Dragon Ball Z.)
À propos de tisseurs de toile, je suis d’accord avec toi concernant Spiderman (comme dit dans ma note) comme X-Men (comme indiqué dans ma réponse à Agatha). Quant à Dragon-Ball-Z, no comment (de toute façon, pas tellement de différence entre les adaptations au cinéma et les bédés à par le son – j’ai vu, juste avant Iron Man, une bande annonce pour un manga qui semblait avoir du 2 images par seconde, grand max.).
Ah tiens, je serais curieux de voir ça.
Pour bien connaitre l’animation japonaise, autant il y a des trucs cheap, autant il y a des choses magnifiques avec des styles plutôt variés, en long métrage et en séries.
D’abord, c’était une adaptation de comic, forcément, je ne voulais pas y aller. Après, on m’a dit qu’y avait Robert Downey Jr., j’ai crié « j’arrive ! ». Mais quelqu’un a malheureusement rajouté « et Gwyneth Paltrow ». Du coup j’ai regardé la bande-annonce.
Et je suis restée à la maison… je crois que j’ai bien fait.
On sent dans vos posts, cher Cui… un grand travail de professionnel. Vous faites des recherches, liens, informations, écriture, détails. Vous prenez soin de vos lecteurs (ce qui s’appelle le respect)… Dans ce dernier texte peut-être plus qu’ailleurs, j’imagine combien de temps il vous aura fallu pour le rédiger afin de ne rien laisser au hasard. Nous avons même droit au personnel qui nettoie la salle de cinéma après la séance… On s’y croirait, et vous donnez envie d’aller dans une salle obscure (pas forcément pour voir Iron Man).
Vous mettez autant d’application à répondre aux commentaires, alors que parfois, on décèle deux personnalités entre le rédacteur (trice) du blog et ses réponses hâtives dans les commentaires. Je fais partie des gens qui lisent tout.
Allez… zou !
K² » Gwyneth est cantonnée dans un rôle de potiche souriante qui n’apporte pas grand chose au film, mais ne lui retire pas grand chose non plus.
Ahhhhhh moi je pense que ton esprit scientifique aurait a-do-ré la séquence « je construis un ITER de poche avec mon fer à souder dans une grotte en Afganisthan ».
Dame » Je suis touché (et flatté) par ce commentaire. Oui, souvent, la rédaction de certains billets prend plus de temps qu’il n’y paraît, et que le travail de documentation (au delà de l’iconographie), nécessaire pour ne pas raconter trop de conneries, est parfois important. N’oublions pas que certaines de mes notes restent bâclées ou potaches, mais pour celle-ci, je voulais aller au delà de « bon, je suis allé voir Iron Man et c’était pas mal mais sans plus ». Notons tout de même que ce souci du lecteur contribue aussi à mon plaisir d’écrire. (Au passage, je suis aussi allé voir sur Youtube quelques extraits du nanar Spiderman 1977 et j’ai bien rigolé.)
Bonne(s) lecture(s) !
sélène » Mince, j’espère ne pas t’avoir tout gâché en racontant qu’Iron Man gagnait à la fin ;-)))
(Le Voyage de Chihiro, très bon. Je suis avec Millenium Actress — génial — pour faire bonne mesure, et je relance avec l’étrange Amer Béton, film nippon dont le réalisateur est américain.)
Florent V. » Je me couche ! (ça va encore jaser) [connais po – connais po – mais je note]
lapetitebrune » J’ai trouvé son sourire plutôt agréable, m’enfin il m’en faudrait un peu plus pour m’émoustiller. Accessoirement, je me demande si ce n’est pas le premier film que je vois avec elle, parce que quand j’ai vu son nom au générique, je me suis dit « ah ! c’est elle Gwyneth Paltrow » (qui avait l’air d’être dissuasive pour K²).
Après vérification : ah non, j’avais vu Seven et c’est tout.
Agatha » Je pense que je prendrai une carte de ciné illimité le jour où je ré-habiterai à Paris et que mes enfants sauront se garder et se nourrir tous seuls ! Sinon, toujours pas vu les chtis (et donc pas Zoé Félix).
Il a une tête de Citroën ton Iron Man !
Bref, chouette note, autant pour les amateurs de comics que pour les fans de ta plume (et autres…)
J’ai moi-même été un pro iron man dans ma pré adolescence, avec mes collec’ de strange, Nova et autres marvel Comics…
J’ai lu ton article et ta critique : je suis d’accord, j’ai adoré l’esthetisme d’Iron man, je le trouve magnifique et très réussi, et je me souviens bien qu’il avait une tête un peu « bad » dans les planches de ma jeunesse… Je trouve simplement que les scène de combat avec lui sont un peu sous exploitées, il se bat assez peu finalement, stark passant plus de temps à concevoir et à tester sa machine plutot que de castagner du méchant… M’enfin, c’est une sorte de préquel qui met les personnages en plus, réussi dans l’ensemble même si c’est prévisible…
Par contre, les commentaires m’ont fait marrer : ils m’ont tous soufflé ce que je voulais dire…. héhéhé
– la chute de reins assez bandante de Guouinnette
– un aspect C4 picasso de la tete d’Iron Man (et je sais de quoi je parle) spéciale déd’ à la Sorc’
Anecdote aussi : j’avais une belle collection de comics et ma mère, vers 12-13 ans m’a soufflé l’idée de les vendre au poids chez un libraire du coin, ca prenait trop de place dans ma chambre… J’ai tout vendu pour 2 billets de 50 et un billet de 20 balles (vous vous souvenez du billet de 20 balles ?)… j’étais content sur le moment mais merde, qu’est-ce que je regrette maintenant…j’aurais aimé les garder et les faire découvrir à mes proches….
V
Bisous au passage CUI
Ok.. ce week-end je vais découvrir Iron..( hmm.. c’est mignon..)
En tout cas merci pour la critique, j’attendrai la sortie en location…
Vendetta » Je ne sais même pas ce que j’en ai fait, de mes vieux Strange. Même pas sûr de les avoir jamais collectionnés. Je devais les balancer au fur et à mesure, comme mes Pif. À moins qu’ils n’aient subi eux-aussi un vide-grenier, et que ce souvenir soit si douloureux que ma mémoire l’aura occulté…
Agatha » Je garde trop de choses, et c’est plutôt une bonne chose, finalement, de devoir jeter un peu de passé au fur et à mesure qu’on avance, pour qu’il ne nous ensevelisse pas.
Orages » Trop violent pour ton fiston, mais le Vendetta, lui, n’a pas eu sa dose de castagne ; c’est toujours difficile de plaire à tout le monde (pauvre Hollywood !)
Tes bises passantes sont toujours les bienvenues.
Athena » Ahhhh ! Moi, je m’identifiais à mort au Capitaine Flam à l’époque, qui était bien plus clean que le rebelle Albator. Ça me paraît une dychotomie toujours d’actualité. Les rebelles ont toujours eu plus la cote que les policés.
Raymond burrp » Mouais… Tu m’as habitué à mieux !
Canard Mécanique » C’est vrai, y a une opposition entre Spiderman le looser fauché et Iron-Man le milliardaire qui roule des (canards ?) mécaniques comparable à l’opposition Albator/Flam.