Après de longs préliminaires qui ont duré des mois voire des années, Nyx est entrée dans ma vie en y prenant rapidement une place confortable.
De retour de vacances, nous avons repris où nous en étions : par un rendez-vous dans un bar pour discuter autour d’un verre. Cette fois, j’avais fait en sorte de n’avoir aucune contrainte horaire (je pouvais même découcher) pour ne pas devoir m’éclipser trop tôt (ce « trop tôt » pouvant être n’importe quand). Mais Nyx était encore farouche et avait besoin d’encore un peu de temps pour être apprivoisée. Le rendez-vous suivant, une poignée de semaines plus tard, trouva l’opportunité de la soirée inaugurale du festival Érosphère pour nous servir de préliminaire – c’était d’ailleurs amusant (et gênant à la fois) d’y croiser de nombreux-ses ami-e-s, amant-e-s, passé-e-s et présent-e-s et de leur présenter Nyx, moi qui connaissais tant de monde là et elle qui n’y connaissait personne, moi fier d’être avec ma « nouvelle conquête », impatient qu’elle le devienne vraiment, honteux et confus de ce décalage entre nous deux, et pourtant ce n’est qu’un papier de cigarette qui sépare nos deux univers. Après quoi nous sommes allés boire un verre dans un de ses repères, pas très loin, d’un coup de scooter. Dans mon ventre vide, le mojito, bien tassé, fait vite son effet et je renonce à prendre un deuxième verre, et pour éviter d’être totalement ivre, et pour hâter le moment où je me retrouverai enfin chez elle, le temps de traverser Paris à scooter ; contre moi dans mon dos, elle était confiante.
Et puis nous nous sommes retrouvés tous les deux chez elle et là, nous formions tous les deux au pied du mur une belle paire de maçons ! On projette toujours quelque chose de ce que pourrait être l’amour avec un(e) nouveau(-elle) partenaire. Ne serait-ce que ce qui nous pousse à le/la conquérir. Comme je le disais dans mon précédent billet, « elle m’apparaissait (…) comme une créature authentiquement pansexuelle ». Si je développe, j’entendais par là qu’elle pouvait coucher indifféremment avec un homme ou une femme, mais j’entendais quelque chose au delà de « bisexuelle », comme si, pour elle, le sexe de son partenaire ne comptait pas du tout et que ce qui l’intéressait, c’était l’essence sensuelle de l’être (ceci est évidemment exagéré, d’autant que je connaissais à Nyx une préférence pour les femmes). Je lui supposais donc une sorte d’expertise sexuelle et moi même je m’imaginais comme étant supposé moi-même expert es-sexe, de par mon statut d’obsédé sexuel notoire tel qu’il transparaît sans doute au travers de mon burp. (Tout ça étant bien entendu purement fantasmé de mon côté, n’ayant jamais échangé de propos de cette nature avec Nyx.)
J’avais aussi en tête le souvenir de ma petite histoire avec cette jeune femme bi à tendance lesbienne et une légère crainte (effacée par la confiance des ans) de ne pas être celui qui lui fallait. Quand même, j’ai voulu démarrer par ce que je considérais comme une sorte de défi invisible : un cunnilingus. Je peux réfléchir des heures sur le pourquoi de la chose, tortiller dans tous les sens la question « est-ce que je voulais la lécher pour savoir si j’étais capable de la faire jouir comme ça ou bien parce que j’en avais tout simplement envie comme j’en ai souvent envie avec d’autres femmes », toujours est-il que les choses se sont faites comme ça : c’est moi qui ai attaqué le premier et je me suis donc retrouvé assez vite la tête entre ses cuisses.
Et là, il s’est produit quelque chose de magique : elle a joui.
Oh ! ça n’est pas venu tout seul. Il m’a fallu de la persévérance. Elle-même m’a dit ensuite qu’elle avait cru un moment que l’orgasme lui avait filé entre les doigts, parce que je n’avais pas su monter en intensité à certains moments clés ; mais si j’ai raté quelques opportunités, j’ai fini par en trouver une, m’y engouffrer, l’entendre gémir et sentir les puissantes contractions de sa chatte sur mon doigt enfoncé en elle tandis que ma langue suçait avec plaisir et obstination son bouton.
* * *
Il n’a pas fallu longtemps pour que je devienne accro aux orgasmes de Nyx. Ils sont clairs et fréquents. Pour un homme, ou disons pour un homme qui n’est pas excessivement confiant en lui comme c’est parfois mon cas, c’est agréable d’avoir une partenaire dont les orgasmes ressemblent à des orgasmes archétypaux, des orgasmes-étalons tels qu’on en parle dans les magazines scientifiques et dans Biba (vous savez, les joues qui se colorent, la tête qui bascule en arrière, les cris de plaisir, les spasmes de contraction du vagin), une à qui on n’a pas besoin de poser la question délicate « tu as joui, là ? ». Et puis elle n’en est pas avare, elle1. Les orgasmes multiples sont ses amis (et les miens aussi). En tout cas, pour moi qui ne suis pas très à l’aise avec une partenaire que je n’arrive que difficilement à faire jouir2, Nyx est a contrario une partenaire de choix.
— Nyx est ton amante majuscule parce que tu la fais jouir ? C’est un peu court, jeune homme !
— Il y a autre chose, Monsieur le juge ! Nyx est aussi une amante pratique !
(Grondement de mécontentement dans le public…)
Nyx est célibataire. Nyx habite à quelques minutes à vol de scooter de mon bureau. Nyx m’a progressivement, mais assez vite, laissé prendre, aussi, dans sa vie à elle, une place confortable.
— Je n’ai le temps que pour un quickie !
— OK !3
— Je peux me libérer quelques heures samedi aprèm !
— OK !
Ce qui fait qu’on a pu se voir très souvent en assez peu de temps, et forcément, ça fait que l’on finit par prendre de l’importance l’un pour l’autre.
Nyx a besoin, comme elle me l’a dit elle-même, de temps pour s’ouvrir, de plus en plus intimement, à l’autre, comme un artichaut dont on cherche longtemps le cœur. Elle le dit avec d’autres termes, mais l’idée est la même. J’aurais bien passé une nuit avec elle, un soir où j’en avais la possibilité peu après notre rencontre « biblique ». Non pas que ce soit anodin pour moi – je trouve ça au contraire délicieux de passer une nuit complète avec une femme et de partager une intimité qui n’est plus que sexuelle –, mais parce que je peux très vite donner à l’autre un niveau d’intimité qui permet de vivre ce genre de moment ensemble. Mais elle n’a pas cette faculté et elle n’y était pas prête, à ce moment.
* * *
— Nyx est ton amante majuscule parce que tu la fais jouir et que vous vous voyez souvent ? Moi, je trouve ça toujours un peu court, jeune homme !
— C’est que je garde le meilleur pour la fin, Votre Honneur !
— On ne dit pas « Votre Honneur » en France, corniaud ! C’est un truc anglo-saxon.
— Pardon, Monsieur le Juge.
Oui, je garde le meilleur pour la fin.
Nyx et moi sommes, l’un pour l’autre, deux excellents champs d’expérimentation. Ses envies – en tout cas, une partie d’entre elles – font écho aux miennes – en tout cas, une partie d’entre elles ! – si bien que nous nous lançons, tous les deux, avec une joie non dissimulée, dans quelques pratiques que nous avions pu effleurer avec nos partenaires précédents, mais sans aller – si je peux me permettre – au fond des choses. Et aujourd’hui, en tout cas depuis la semaine dernière, je crois qu’on peut dire qu’on est allés – si je puis me permettre – elle et moi, au fond des choses. Enfin, elle, surtout, est allé au fond de ma chose, au point qu’elle en a joui. Et moi, j’étais agité de spasmes tandis qu’une vague de béatitude réchauffait mon corps alangui.
Et j’aurais encore tant à dire !
- Je ne peux pas en dire autant :-(↩
- Un jour, je reviendrai sur ce sujet dans la série Penses-tu encore à moi ?↩
- En même temps, en une heure de temps, le compteur à orgasme a déjà grimpé jusqu’à 8.↩
Jolie note. Je me demande comment, techniquement, une femme peut jouir avec une prothèse phallique ? Toi qui n’es pas avare en détails, peux-tu nous dire quel outil avez-vous utilisé ? Par ailleurs, il me semble avoir déjà vu cette illustration sur ton blog, ou je me trompe ?
Ce que j’apprécie beaucoup dans cette note, c’est la dose de nouveauté que vous dévoilez, comme un renouveau, et le réel sens du partage (des envies) avec votre partenaire (de jeux…).
Je me répèterai ici en disant que je suis bien entendu jaloux, mais également très heureux pour vous.
Moi je comprends, Vagant.
L’excitation mentale suffit à elle seule pour faire de belles jouissances.
La sensation de pouvoir donner enfin des coups de rein. Et d être à la place de…
Une sensation de puissance…. Et de mon côté sans accessoire. Juste avec mes mains.
Avec le gode ceinture, ça reste un de mes plus grands fantasmes de femme….
Parce que je me demande si ça se joue pas la dedans la jouissance de cet acte particulier. Le fait qu une femme se sente à la place d un homme !
Justement en parlant expérimentation…
Mission : placer discrètement un sous-entendu.
@ Vagant » Une réponse simple : il ne s’agissait pas d’une simple prothèse externe mais d’un « share » stabilisé par le harnais. Les vibrations ressenties se propagent donc à l’intérieur des deux protagonistes – et on dit merci à la science. Cela étant dit, je me dois d’ajouter que je tiens de la bouche de Nyx, outre de délicieux baisers, le témoignage que cet orgasme était mi-physique, mi-cérébral.
Quant à l’illustration de Jan Van Rijn, j’ai vérifié mais je ne l’ai pas trouvée ailleurs. Soit tu confonds avec une image du même genre, soit je l’ai postée il y a longtemps sous un autre nom que je n’ai pas retrouvé.
@ dandyjoueur » Il ne faut pas être jaloux, il faut être envieux ;-)
(Mais j’ai bien conscience qu’après avoir dit ça, je ne te rends pas la vie plus légère !!!)
@ Dita » Tu as vu juste : il y a une belle part de mental dans cet orgasme-là (mais pas seulement).
Pour être francs, Mesdames, ce qui peut se passer dans votre tête dans ces moments-là, je crois que ça échappera définitivement à mon entendement. Je ne peux qu’hasarder des hypothèses…
@ ivv » Mademoiselle, il va falloir te faire violence et être un peu plus explicite (au moins dans ma boîte aux lettres !).
Je ne pense pas qu’il existe des hommes excessivement « confiants » quand il s’agit de sexe, mais il existe des hommes qui n’ont en rien à cirer des orgasmes de leur partenaire.
Donc, quand on est une femme qui ne peut en avoir aussi facilement des « clairs et fréquents » (en être volontairement « avare », ça n’existe pas, à moins d’être nonne) on se jette sur les égoïstes pour ne pas trop remuer les insécurités des autres ?
Bon, alors on va se remettre à la simulation les filles !
:-))
L’un de mes plus vieux fantasmes, sur lequel je travaille ardemment depuis quelques années maintenant et dont la réalisation gagne du terrain, mis en mots et en histoire, qui plus est, jolie l’histoire ! Merci !
@ Fay Grim » Probablement les « non égoïstes » font plus cas de l’orgasme de l’autre que du leur propre, même si – et c’est là le paradoxe – ils savent que ça n’est pas si indispensable, un orgasme.
La simulation… bof… mais si ça aide l’autre à se sentir mieux, faut voir (moi je recommande plutôt de discuter de ce qui manque – ou pas – pour que l’orgasme soit au rendez-vous).
@ Plume d’E. » Je ne voudrais pas que mon histoire avec Nyx ne soit réduite qu’à ce fait d’arme, qui n’est pas anodin, certes (enfin, pour la petite histoire, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive), mais qui n’est qu’une jolie illustration des libertés que l’on se permet l’un à l’autre.
Ma phrase à propos de simulation dégoulinait d’ironie…
Je pense qu’on est déjà beaucoup trop soucieuses de l’ego de ces pauvres hommes au point où on n’ose jamais leur avouer qu’ils sont de mauvais amants quand c’est le cas. Alors simuler, jamais !
Te lire est très épanouissant. Tu communiques le désir et l’ardeur, et tu souffles un vent chaud si sécurisant. Oui, encore de l’amour et du sexe ! Me dis-je en terminant cette lecture, et après avoir écouté Jeannette Bougrab…
C est la première illustration qui m interpelle ; je suis inexpérimentée et ne la comprend pas….et bien sur , cela m’indispose eminament -;)
@fay-grim Oui, certes, vous faites la maline ! Tout le monde n’a pas la même facilité à atteindre l’orgasme, bien sûr chez les femmes, aussi chez les hommes. Et tout le monde n’a pas la même sensibilité aux orgasmes (ou à leur absence) de leurs partenaires… Pas de solution miracle : faut former les bonnes paires !
@carine Tu as tout ce dont tu as besoin ou tu as besoin d’un peu d’aide ? :-p
@mariemouillette De profil, un corps arcbouté, à gauche la bouche, à droite les fesses, et la main de l’homme posée sur les hanches.
merci , avec la nouvelle qualité de publication cela saute aux yeux
@mariemouillette » C’est beau le progrès !