Grande première aujourd’hui. Je me suis baladé en vélo dans Paris. Grande première pour moi qui n’avais jusqu’à présent emprunté ma bicyclette uniquement pour mes déplacements de banlieusard. De chez moi à mon bureau (8 mn). De chez moi à chez mon client (de 26 à 34 mn selon mon humeur et la circulation). De chez moi à chez le boulanger (de 3 à 6 mn selon la boulangerie choisie). De chez moi à nulle part, pour le plaisir de prendre l’air (selon l’âge du capitaine).
[Note instantanée pour mesurer le pouvoir d’influence de la burposphère : je suis actuellement dans la brasserie Le Canon des Gobelins(13ème arrondissement) où je viens de commander une pinte. Non seulement la pinte est exactement au même prix que deux demis – les tarifs dégressifs, connais pas (et d’ailleurs je n’ai pas pris deux demis pour des raisons subtiles qui expliquent que je n’aie pas fait le choix de commander deux demis successivement de manière à avoir de la bière fraîche) – mais en plus, la bière servie n’atteignait pas la petite ligne certifiant les 0,5L. C’est donc honteux. J’appelle la burposphère entière (et notamment mes copines de Toulouse) à boycotter cet établissement douteux tant qu’il n’aura pas publié céans des excuses en bonnet difforme.]
On va finir par le savoir que t’es bi J’ai donc pédalé de chez moi à la gare (7 mn, juste un peu plus loin que les boulangeries mais plus près que mon bureau), embarqué avec mon vélo dans le train jusqu’à Paris intra-muros et là, j’ai réalisé mon rêve de bobo : rouler en vélo dans Paris. À moi la place de l’Opéra et celle de la Bastille. À moi le boulevard Saint-Marcel et son énoooorme couloir réservé aux bus et aux vélos. À moi les petits couloirs réservés aux seuls vélos où l’on peut allègrement klaxonner ces enculés de piétons non mais ils se croient tout permis ceux-là. Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! So much power !!! Quelques constatations, donc, qu’il m’a semblé important de porter à votre connaissance, amis lecteurs.
- D’abord, Paris, c’est nettement plus pollué que la banlieue. À vue de nez (eh eh) y’a pas photo. Paris pue le pot d’échappement. Le port du masque ne paraît donc pas totalement superflu.
- Deuxio, les aménagements spécifiques pour les vélos sont plutôt nombreux et commodes. Pour le reste, on fait avec la circulation comme ailleurs.
- Ensuite, les piétons ne font absolument pas gaffe aux vélos et ça peut être dangereux. J’ai dû donner plusieurs coups de guidon pour éviter un piéton qui se mettait subitement à traverser juste devant moi en regardant l’autre côté de la voie. Tout ça parce qu’on ne fait (presque) pas de bruit. Non mais oh ! mémé ! ta maman ne t’a pas appris à regarder des deux côtés de la rue avant de traverser ?
Pour avoir été parisien, alternativement piéton & conducteur, je sais le peu de cas que font, généralement, les uns des autres. Le piéton traverse donc dès qu’il pense que c’est son tour et n’hésite pas à avancer sur les clous (c’est rigolo, « les clous », je me disais que ça aussi c’était un truc que mes enfants ne connaissaient pas, les passages cloutés, et pourtant j’aibuvu récemment une publicité parisienne pour la sécurité routière, qui utilisait cette expression pour désigner les passages protégés dépourvus de clous depuis Bellelurette [préfet de Paris de 1967 à 1979]) même quand le feu est vert. Genre « je marque mon territoire ». Genre « je gagne 0,08 secondes pour traverser quand ce sera mon tour par rapport à si j’étais resté sur le trottoir. Le cycliste qui, pour des raisons de sécurité, roule fréquemment totalement à droite, doit donc régulièrement les contourner quand ceux-ci ne reculent pas à leur approche. Comportement équivalent chez les voitures : les conducteurs qui avancent sur le passage piéton quand le feu est encore rouge, en donnant des petits coups d’accélérateurs, comme s’ils étaient sur Imola pour démarrer au quart de tour. Généralement des mecs. Fréquemment des taxis. La plupart du temps, au volant de ma 106, je gratte tous ces crétins au démarrage parce que je n’accélère, moi, qu’une seule fois : au bon moment. Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! So much power !!! (oui, je sais, prendre un volant rend un peu con.) - Je ne sais pas si les voitures respectent les vélos mais lors de la première partie de ma ballade (environ une heure), je n’ai eu aucun comportement nuisible à déplorer. J’ai même vécu un moment hallucinant : à un feu, un taxi (oui, oui, un taxi, l’engeance qui généralement considère que la route leur appartient et que le respect du code de la route ne s’impose qu’à autrui), un taxi, donc, m’a aimablement cédé la priorité. J’en suis encore tout ému.
- Enfin, il règne à Paris une atmosphère résolument différente de celle de la banlieue. En apercevant dans la rue les Parisiens rentrer du boulot, faire leur courses, rejoindre leur domicile probablement moins confortable qu’un pavillon de banlieue, j’ai été saisi d’une nostalgie et je me suis dit que, définitivement, j’avais envie de retourner vivre au cœur de la ville. Ouais, je confirme : Paris, t’as une gueule d’atmosphère !
* * *
Quelques petits compléments de notes sur le trajet du retour (Paris-Saint-Germain→C*** en 40 mn seulement) :
- Oui, on peut rouler à vélo après avoir abusé de boisson (sacré mélange ce soir : bière puis vin blanc puis vin rouge puis rhum arrangé – légère gueule d’atmosphère le lendemain, NDLA).
- C’est assez cool de rouler dans Paris à une heure du matin : très peu de circulation. Le grillage des feux rouges en est facilité.
- Euh oui, j’ai toujours mes 12 points de permis pourquoi ?
- La place de la Concorde est un sacré tape-cul à traverser en vélocipède.