[1115] Nativité

Une petite note de feignasse pour vous signaler qu’ici, il y en a une qui ne l’est pas (feignasse), c’est Hécube qui nous découpe des stères (oui, ceci est un médiocre jeu de mot) d’épisodes pour La Note Dont Vous Êtes Le Hérault (et je mets plein de majuscules superfétatoires Si Je Veux) dont je vous invite à vous délecter comme je l’ai fait. Et puissiez-vous être inspiré(e) pour y ajouter votre contribution.

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Et pour compléter, une petite image que je garde au chaud sur mon disque dur depuis bien longtemps, et dont le souvenir m’est revenu lors d’une discussion récente, ici-même. D’autant plus que j’ai tout récemment utilisé une autre image de son auteur (Christophe Gilbert) pour illustrer une note récente (mais pas celle où a eu lieu la discussion à laquelle je fais référence, vous me suivez ?).

Scène d'accouchement. Une femme noire accouche d'un bébé blanc auprès de son mari noir. Elle se regarde les ongles en sifflotant tandis qu'une expression de stupeur se lit sur son compagnon

Je pense que je n’ai pas besoin de vous faire un dessin.

[1113] Voraces

Frères et sœurs de désir, nous sommes un certain nombre au sein de l’éroburposphère à être dotés d’un appétit, ou plutôt d’une appétence sexuelle supérieure à la moyenne. C’est par ce biais que nous nous sommes reconnus ; c’est souvent ce qui nous lie. Oh ! bien sûr, nous ne sommes tous pas fait d’un même moule, nos parcours ne se confondent pas, mais sans cette curiosité commune, sans ces questionnements partagés sur nos envies de sexe, nos errances et nos bonheurs de couples, légitimes ou adultères, nous ne nous retrouverions pas, presque invariablement d’un burp à l’autre, communauté  de burpeurs, de commentateurs, et probablement de lecteurs silencieux.

People like you need to fuck people like me

Au sein de cette communauté aux tendances endogames notables, on distingue une frange d’individus, hommes ou femmes, particulièrement voraces. J’en suis, à n’en pas douter. Notre désir tient de la boulimie. Inextinguible, il part dans tous les sens, il explose comme une étoile, il avance et explore dans toutes les directions comme les bras d’un poulpe aux ventouses érogènes, il se diffuse comme le sang dans nos artères qui vient faire gonfler nos sexes et battre nos tempes. Parfois, oui parfois, l’amour nous étourdit et nos tentacules se concentrent sur une cible unique, mais sans se départir de leur frénésie exploratoire. C’est le pénis tout entier à sa proie attaché !

○ ◊ ○

Cette réflexion m’est venue en repensant à ce moment passé avec mon amante. Une vorace, elle aussi. Elle me tournait le dos et savait ce qui l’attendait. Enfichée sur le sexe de mon complice C***, son cul attendait l’arrivée de ma queue conquérante. Elle savait, mais ne connaissait pas. Ce fut sa première « dp», ce soir-là, mais avant dans la soirée, elle avait fait d’autres découvertes, et les jours d’avant, dans mes bras ou ceux d’autres amants, elle en avait fait d’autres encore et en fera de nouvelles demain.

Qu’est-ce donc qui nous pousse dans les bras moites et brûlants de nos amants, de nos amantes, qui nous donne la fièvre. Y a-t-il dans notre gourmandise un alibi dont on puisse se saisir pour revendiquer d’être, au moins, des gourmets, quand nous n’avons pas la légitimation d’être porté par le sentiment amoureux, qui nous offre une sorte d’immunité morale ?

Diagramme présentant le type de relation en fonction de l'attraction physique et de l'attraction intellectuelle

Alors que je l’interrogeais sur le plaisir ou l’intérêt qu’elle avait pris à cette première double pénétration, il m’a semblé (ça n’est qu’une hypothèse) que sa réponse enjouée dissimulait un enthousiasme plus tiède. Hormis l’impression qu’elle donne de participer au tournage d’un film porno, la double pénétration est une pratique ambiguë ; pour certaines femmes, c’est une explosion de sensations et un orgasme quasi instantané, pour d’autres, c’est juste aussi douloureux qu’une sodomie en plus inconfortable, et j’imagine qu’on trouvera chez celles qui ont tenté ou pratiquent aussi régulièrement que possible cette position qui demande quand même d’avoir deux hommes à portée de main, toute la palette des appréciations : j’aime un peu, beaucoup, à la folie, passionnément, pas du tout. Pour moi, c’est surtout une position pas vraiment confortable, plus excitante dans la tête que dans les faits. Sur la poignée de fois où je l’ai pratiquée, je retiens deux occasions où les sensations, les émotions, étaient vraiment bonnes. Pour les autres – et celle-ci en particulier – je ne retiens que le plaisir d’avoir été l’initiateur, et d’avoir vécu un moment plutôt rare (est-ce que cela suffit à le rendre précieux ?), certainement pas le point d’orgue de la soirée, qui vint plus tard.

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Cette scène, donc, inspira ma réflexion, laquelle fut alimentée en parallèle par une correspondance privée (et qui le restera) ainsi que la lecture d’une note récente de khoreia et de son épilogue. Je vous en livre ma maigre conclusion, moins pour vous asséner ma conception dogmatique de ce que devrait être la sexualité vorace (voire consumériste) que pour ouvrir le débat avec vous. En l’absence d’amour, voire en l’absence de désir (on peut interroger le récit ambigu de khoreia : le désir était-il vraiment absent, ou ne se cachait-il pas derrière une appréhension de la différence, voire une appréhension de l’image de soi au travers du reflet narcissique porté sur l’autre ?), quel moteur nous pousse à consommer ?

Le premier ressort, de toute évidence, c’est le plaisir. Je pourrais développer mais j’ai peur de n’arriver qu’à paraphraser ce que raconte La Rousse aux Petits Roberts à cette entrée. Nous baisons pour jouir.
J’espère ne pas déformer les propos de O*** qui se définissait comme féministe pro-sexe disait que si les femmes étaient bien moins prompte à s’envoyer en l’air avec légèreté comme les hommes, ce n’était pas à cause d’une différence fondamentale d’appétit sexuel, mais parce que, à l’occasion d’un coup d’un soir, l’homme était quasi assuré d’atteindre l’orgasme, quelles que soient les aptitudes de sa partenaire, alors que le succès de l’entreprise est nettement plus incertain chez la femme. Il me semble, consœurs voraces, que vous vous devez de veiller particulièrement à ce que le plaisir face partie de votre horizon hédoniste.

Parfois, pourtant, le plaisir est absent, ou n’a pas l’intensité attendue. Le second ressort est celui de la découverte. Certes, sans plaisir ni désir, le sexe peut légitimement être considéré comme vain, voire triste. Je prétends toutefois que la curiosité peut justifier l’envie de faire de nouvelles expériences, d’explorer le riche territoire de sa propre sexualité et d’en repousser les frontières. Qu’elle me contredise, mais il me semble que dans l’aventure de khoreia, cette notion est entrée en ligne de compte dans son expérience avec cet homme, qui ne doit pas ignorer qu’on le regarde aussi parce qu’il est différent (de même que ma lectrice qui déplorait que l’on ne sache faire abstraction de sa couleur de peau).

Une femme nue, lumineuse, au centre d'un amas d'hommes nus, sombres, tout en douceur

Je suis en train de lire La vie sexuelle de Catherine M. (je n’en suis qu’aux débuts – j’y reviendrais donc probablement) et si je me reconnais en elle dans son approche très simple, spontanée et dépourvue de culpabilité de la sexualité (elle tient des propos très proches de ceux que j’ai déjà formulés ici ou ailleurs, sur le fait, par exemple, que je ne tire aucun plaisir de la transgression, puisque je ne l’éprouve nullement). Toutefois, je n’ai pas encore saisi quel était son moteur, quel bénéfice propre elle tirait de ses expériences foisonnantes.

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Je vous souhaite un très beau réveillon de fin d’année. Le mien sera sage comme une image.


Illustrations :
(1)  The things I see par Tracey Emin
(2) Trouvée sur le Net, sans réussir à remonter à sa source
(3) Christophe Gilbert

[1112] Reprises, une fois !

Comme je sais que je traîne dans mes lecteurs quelques vieux ringards comme moi, je signale aux amateurs de Pixies une excellente nouvelle rapportée par PopNews

Dans l’idée, c’est ce qu’ont fait 15 groupes du Nord, reprendre les Pixies, à leur sauce. Le résultat est le bien nommé « ReDoo », qui reprend dans l’ordre « Doolittle » (sorti en 1989), le plus célébré des albums du quatuor de Boston (même si l’on est en droit de mettre « Bossanova » sur le même piédestal…). Bref, on retrouve là beaucoup de groupes franchement actifs sur la scène régionale, nationale, voire internationale dans des relectures tantôt franchement allégées, tantôt néo-garage, ou encore bien décalées – qui font souvent la part belle aux mélodies subtilement acérées de la bande à Black. Citons un peu en vrac Peru Peru, Cercueil, Marvin Hood, Roken Is Dodelijk, Shiko Shiko, We Are Enfant Terrible -mais tous valent au moins une oreille un poil dégagée.

Ce n’est pas la première fois que PopNews signale l’existence d’un album de reprises disponible en téléchargement gratuit. Ce n’est pas la première fois que je vais voir ce que ça vaut.

The-Hanged-Man-and-The-Moon-1000Mais c’est la première fois que mes oreilles en ressortent enchantées (certes, le matériau de base était quand même de très haute qualité, mais ça ne rend pas forcément l’exercice plus facile, entre la reprise fade et la réinterprétation qui tombe à l’eau). Évidemment, comme toujours dans ce genre d’exercice, il y a des repreneurs que je trouve plus doués que d’autres, mais dans l’ensemble, chapeau !

Mes préférés (après deux écoutes) dans l’ordre :

  1. Here Come your Man repris par The Hanged Man and the Moon
  2. Crackity Jones selon Roken is Dodelijk
  3. Debaser Remix bidouillé  par Hubreseach
  4. Mr Grieves par Peru Peru

[1111] Penses-tu encore à moi (12)

J’ai failli t’oublier, dans la liste préparatoire de cette série (ami lecteur, j’ai encore une douzaine d’épisodes en tête). Mais figure-toi que je vais, depuis quelques semaines, régulièrement dans les locaux de mon nouveau client, et figure-toi qu’exactement en face se trouve le restaurant où nous nous sommes donnés rendez-vous pour faire connaissance.

Il y a des bars où j’aime donner rendez-vous pour faire connaissance. Ces lieux, du coup, se chargent dans ma mémoire d’émotions multiples, polygames. Mais ce restaurant n’appartient qu’à toi.
C’était il y a longtemps, et je n’ai guère de trace de nos échanges d’alors (je ne suis pas sûr de l’année exacte, 2005 ou 2006). Je ne sais donc plus pourquoi c’est dans ce quartier que nous nous sommes retrouvés. Ni toi ni moi n’y travaillions. Ni toi ni moi n’habitions ce quartier. Et pourquoi ce restaurant, un peu chic, un peu à l’écart ? J’avais dû le trouver conseillé dans un guide et j’aurais  voulu t’épater un peu ? Ou alors c’est toi qui l’aurais choisi ? Ce serait ton lieu polygame ! Tu étais une femme volontaire, ce n’est pas à exclure.
Je n’ai pas de trace de nos échanges parce que nous nous sommes connus via un site de rencontre aujourd’hui disparu : Love@Lycos (anciennement Spraydate) dont le modèle, à cheval entre le blog, le site de rencontre traditionnel et le site communautaire, était bien plus convivial que ce qu’on pouvait trouver ailleurs. Je ne sais plus comment on s’est approché. Je ne sais plus comment est née l’envie partager de nous rencontrer, mais nous avions rendez-vous ce soir dans ce restaurant, et ce rendez-vous était pour moi « spécial ».
Tu sortais d’une histoire d’amour un peu merdique, tu avais envie de légèreté (tu avais aussi envie d’une histoire sérieuse pour rêver un peu plus fort – la suite me l’a démontré – mais un hors-d’œuvre de mon genre, tu n’étais pas contre) et ça m’allait très bien.
Et puis tu avais quelque chose de très spécial, quelque chose qui n’aurait pas dû être d’important à mes yeux mais qui l’était. Tu étais noire. Je dis que ça n’aurait pas dû compter, que tu sois rose, marron, jaune ou autre, que nous sommes tous citoyens du monde, mais ce serait mentir au nom du politiquement correct. Sorti du boulot, je vis dans un milieu assez peu métissé. La grande majorité de mes fréquentations sont des blancs d’origine française. La liste de mes amantes, déjà fournie, c’était idem à l’époque, à l’exclusion d’une beurette et d’une eurasienne (ami lecteur, tu as deviné que ce seront deux autres épisodes à venir). Autant te dire qu’une Noire, une Black, même pas métisse, c’était sérieusement exotique.
C’était donc encombré par ce sentiment ambigu, culpabilisant (dont je ne t’avais évidemment rien dit), de redouter de te regarder d’abord, avec curiosité, comme un corps de femme habillé d’une peau sombre, plutôt que comme un esprit de femme incarné dans un corps de femme quel qu’il fut, que je suis venu vers toi. Et je me posais cette question pourtant habituelle, mais qui résonnait différemment dans ma tête : allions-nous nous plaire ?

Au moins cette question-là trouva rapidement sa réponse, en tout cas de mon côté : tu m’as plu tout de suite. Tu étais souriante, et ce dîner dont il ne me reste plus que des fragments en mémoire, plutôt des images d’ailleurs, même si ton visage aussi est nimbé de flou, fut vraiment agréable. Tu n’étais plus qu’une femme, tu n’étais plus qu’une femme séduisante et j’avais envie de toi parce que tu étais bandante (tu étais certes une femme noire bandante, je n’avais pas totalement oublié ta couleur) et que la finesse de ton esprit m’avait aussi conquis.Je ne sais pas quels étaient précisément les enjeux de ton côté, mais je pense que nous partagions celui-ci : se rencontrer et espérer que cette rencontre concrétise plutôt qu’elle ne déçoive les espoirs qu’on plaçait en elle.
Cette interrogation trouva une réponse des plus explicites. Une fois sortis, repus, du restaurant, nous avons marché quelques mètres, je t’ai plaqué contre une voiture et nos lèvres se sont trouvées. J’étais dans l’état d’euphorie « habituelle » de ces moments, cet état qui justement nous pousse à déployer tant d’efforts pour y accéder. Dans la tiédeur de cette soirée d’automne (?) 2006 (?), moi, Jérôme, homme blanc, je t’embrassais toi, Camille, femme noire, et je t’avais choisie, et tu m’avais choisi.
Et puis j’ai posé ma main sur ta fesse… Oh putain ! j’ai plaqué mes deux mains sur ton cul de black et il était la parfaite illustration du stéréotype du cul de black, charnu, rebondi, ferme et musclé. J’étais confronté au cliché et mes mains balançaient en live les infos au cerveau ébahi qui concluait « c’est donc vrai ! »
De tous les culs que j’ai eu la chance d’approcher depuis, pas un n’a su faire ressurgir l’émotion procurée par ton exceptionnel postérieur. Nous étions certainement indécents, à nous peloter gloutonnement dans la rue – quelques temps plus tard, j’ai reçu un courriel d’un ami qui me demandait si ce n’était pas moi qu’il avait vu, du côté d’Opéra, embrassant une amie (ce garçon a le sens de la retenue pudique), et c’est à ce jour la seule et unique fois que je me suis fait gauler, heureusement par un ami du côté « off » – mais hélas, ni toi ni moi n’avions la possibilité de prolonger ce premier rendez-vous. Tant mieux pour les partisans du « on ne couche pas le premier soir », tant pis pour les « carpe diem ».
On s’est quittés sur la promesse de proches retrouvailles dans l’intimité d’une chambre.
Mais nous ne nous sommes jamais revus. Nous n’avons pas trouvé le créneau, et puis tu as rencontré un autre homme, un vrai coup de foudre, quelques mois plus tard vous partiez ensemble vous installer à Strasbourg et puis j’ai perdu ta trace, mais pas le souvenir de cette étreinte sur un trottoir parisien.

Penses-tu encore à moi ? Te souviens-tu de cette unique soirée ensemble, de mon envie de toi que tu as si bien sentie ce soir-là, mon envie qui vibrait contre la tienne, de ce désir partagé mais passé par pertes et profits ? Te souviens-tu de ce garçon libertin qui avait su te séduire l’espace d’un instant mais a si vite été effacé par un amour plus dense ? L’as-tu entendu crier en silence son nooooonnnnnnnn d’enfant gâté quand il a vu lui échapper ce joli cul qu’il lui croyait promis ?

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Moi, je pense encore à toi, et plus souvent que tu ne le crois. Déjà, parce que je n’ai toujours pas goûté à la femme noire et qu’avec ma peu glorieuse tentation de collectionnite, je suis quand même poursuivi par l’envie de vérifier si ça ne serait pas différent. Ensuite, parce que, comme à chaque fois que je n’ai pas consommé en me disant « attendons demain les circonstances plus favorables » et que les dieux retors anéantissent ces espoirs, je me maudis de ne pas avoir été plus gourmand encore, un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ! Je pense à toi parce que je suis un nostalgique et que je me suis attaché à toi, si peu croisée, comme je me suis attachée à ces autres femmes que j’ai désirées et dont je fais ici le récit de la rencontre. J’ai perdu tes coordonnées, ta boîte aux lettres s’est effacée, ton numéro de téléphone a changé, ta vie a changé mais pas la mienne. Je suis resté de ce côté du miroir et je pleure toutes celles pour qui la légèreté n’était qu’une étape, une phase, avant autre chose.

[1110] (Humeur du jour et de la nuit) #6

Allez savoir pourquoi, en cette veille de Noël, moment traditionnellement réservé aux agapes familiales, mes pensées restent accrochées sur les promesses d’ivresses de ma fête d’anniversaire, et d’autres choses encore…

Envie de trios…

trio 3

trois femmes

trio 4

trio étrange et pénétrant

trio hff - crayon

Envies animales…

IN THE EYES OF A SHE-WOLF 2 Hello Kitty(s) I wanna be a good pet for Daddy

Joyeuses fêtes à tous (je retourne à mes fourneaux) !