[805] Abus de rouge

Les Guerlain ont la passion du cheval et Habit Rouge le proclame.

L’atmosphère est chargée d’un mélange d’effluves qui viennent de la terre, du cuir échauffé, de la forêt, de la peau des chevaux qui fume dans le matin. La chasse, instinct primitif de l’homme, coule encore dans les veines des chasseurs. Rarement l’homme se retrouve aussi proche de ce qu’il fut à son origine. Habit Rouge, c’est cet instinct primitif maîtrisé, cultivé, raffiné.

Expressif mais délicat, c’est un vrai parfum d’homme. Plein de contraste, il fut le premier parfum oriental masculin, c’est le parfum des chasseurs, même s’il s’agit de la plus tendre des chasses.

Ça, c’est ce qu’en dit Guerlain sur son site.

Ça, c’est la toute dernière publicité pour ce parfum (que je porte certains jours – et que j’ai du mal à considérer si masculin, en dépit du slogan, vu que je l’ai connu porté par la première femme avec qui j’ai vécu).

On notera que le visuel (comme on dit dans la pub – je vous ai dit que la première femme avec qui j’ai vécu était une pubeuse ?)  est nettement plus ambigu que le précédent (notre illustration, à droite) qui se cantonnait au milieu équestre avec un peu de rêverie à l’opéra (un lieu absolument glamour mais chaste, c’est bien connu).

Dans sa nouvelle publicité, donc, adieu le cheval, zoom sur l’homme, mine sévère, regard fermé, le poing serré sur la cravache qu’il tient dans son dos (est-ce une surprise qu’il prépare ?).

M’est avis que dans quelques instant, il n’y a pas que l’habit qui sera couvert d’un joli rouge.

[803] Un coup d’épée dans l’eau

Me tenir au plus près des innovations technologiques, faire part à mes lecteurs des dernières tendances dans ce secteur où je joue les journalistes embedded depuis plusieurs années, c’est un de mes soucis permanents.

Je suis un genre de Florence Aubenas du cul, en somme .

Après cette introduction pleine de forfanterie, je vais vous parler d’une récente innovation de Manix dans le domaine de la capote : le préservatif à lubrification continue. Le principe, ce serait donc que le préservatif suinterait (ce n’est pas le terme employé dans le dossier de presse, je transpose) tout au long du coït le lubrifiant nécessaire pour le rendre fluide.

Vous me direz, il y a des femmes qui sont à lubrification continue (si vous faites bien votre boulot) et que c’est donc superflu. Ma foi, mon expérience sur ce domaine est assez contrastée. Je connais des femmes qui lubrifient peu et avec qui le gel est un accessoire quasiment indispensable pour une pénétration agréable aux deux partenaires, d’autres pour qui le gel « connais pas », même pour l’entrée des artistes. Et puis entre les deux, des femmes qui peuvent s’irriter en cours de coït pour peu qu’il se prolonge un peu trop (syndrome de la chatte en feu qui passe hors service), et puis la majorité qui n’envisage pas la sodomie sans lubrification (ce qui paraît raisonnable). Cela dit, le préservatif aquafusion ne revendique absolument pas une utilisation privilégiée pour la voie arrière.

Il se présente (notre illustration) en capsule, réservoir toujours vers le haut est-il précisé, et c’est la première fois que j’utilise une capote dans cet emballage, vanté par Miss Dactari dans les commentaires de cette précédente note. De fait, c’est assez pratique à ouvrir (que celui qui ne s’est jamais escrimé sur un emballage de capote rétif – de préférence les doigts gluants de cyprine – , mais c’est plus encombrant dans une poche.

À l’usage, il s’enfile sans difficulté, pas d’odeur ni de goût particulier semble-t-il, et il est tout à fait correctement lubrifié.
Mais là où tout se gâte, c’est justement pendant le coït. Là où ça ne devrait être qu’un océan de douceur, des coups de reins bercés par le doux clapotis de sexes coulissant l’un dans l’autre dans une mer d’huile deux temps, j’entends ma partenaire couiner et pas de plaisir. « Ça brûle, ton truc ! »
L’expérience a été renouvelée avec une deuxième partenaire pour un verdict identique. (Je précise que je n’ai testé que le coït vaginal dans les deux cas.)

[Erratum qui laisserait penser que le Français, râleur, s’attarde sur ce qui ne va pas en oubliant ce qui va bien : il faut dire que ces deux expériences consécutives et désastreuses ont effacé le succès de l’expérience liminaire ; succès dans la mesure où tout s’est normalement déroulé, « comme d’habitude » c’est à dire sans pouvoir attribuer à ce préservatif de pouvoir magique ; le mérite ne lui revenait pas, que j’aie cette sensation de glisser dans un con délicieusement serré.]

Du coup, je arrête là l’expérimentation, en me disant que, probablement, il doit y avoir des femmes pour qui l’effet est agréable ou, au moins, neutre, car j’imagine mal Manix lancer son produit sans un minimum de tests consommateurs. Et je ne sais pas trop quoi faire des huit échantillons qui me restent dans les bras : les offrir généreusement à mon meilleur ennemi ? m’en servir avec une amante maso, ou dont je voudrais me débarrasser ? attendre celle qui me glissera à l’oreille « oh ! les aquafusion me procurent des orgasmes deux fois plus intenses ! viens tout de suite me prendre dans les toilettes » ? faire une contre-expertise avec une attachée ((Ça fait longtemps que je n’ai pas joué les apprentis shibaristes…) de presse Manix ?
Je suis à l’écoute de toute vos suggestions !

[802] Les petits cahiers de philosophie expresse – volume III

D’une lectrice en vacances :

De nos jours, la plupart des gens meurent d’une espèce de bon sens rampant, découvrant trop tard qu’il n’y a que les erreurs qu’on ne regrette jamais.

— Oscar Wilde


Retrouvez tous les petits cahiers de philosophie expresse ici.
Illustration via dubhlina.

[794] Crime cinématographique

Alain Corneau a tiré sa révérence et, comme on dit dans ces situations, il nous laisse un dernier film en testament.

C’est sur la base de critiques plutôt favorables et de la présence au générique de la très désirable (à mes yeux en tout cas) Kristin Scott Thomas que nous sommes allés, avec ma femme, voir Crimes d’amour au cinéma.

Oh oui Kristin aopuie bien ton pied nu sur mon entrejambe (ceci est le moment le plus hot du film)

Assez mal nous en a pris car, au bout de 15 minutes, je glissais à l’oreille de ma femme (pour ne pas gâcher l’éventuel plaisir de nos compagnons d’infortune) : « mais quelle daube ! »

Je ne vous raconterai pas l’histoire (que vous trouverez à loisir n’importe où) mais en résumé :

  • C’est vraiment très mal joué
  • D’autant plus mal joué que les dialogues sont poussifs
  • À un point ahurissant : même les séquences de journal télévisé font à côté de la plaque
  • Même les Blackberry (un sponsor du film à n’en pas douter) sonnent faux (avec le prénom des personnages qui apparaît, sans leurs noms)
  • Le monde de l’entreprise est dessiné d’une manière caricaturale qui m’a affligé. Le scénariste était-il un élève de 3ème après sa semaine de stage ?
  • De manière générale, tous les corps de métiers qui apparaissent dans le film sont dépourvus de réalisme (sauf peut-être la gardienne de prison, mais là, je manque d’éléments donc je laisse le bénéfice du doute). L’avocat m’a fait mourir de rire quand il dit à sa cliente qu’il est soulagé
  • Bon, le seul truc qui sauve un peu le film, pendant un moment (lorsqu’on essaye de mettre de côté l’absence de réalisme du film, la médiocrité du dialogue et qu’on se raccroche comme on peut à la seule ossature un peu préhensible qu’est l’histoire), c’est le stratagème autour du meurtre (oui, je n’en dis pas plus pour ne pas que Miss Peel hurle au spoiler, mais il y a crime dans Crime d’amour) (pour ce qui est de l’amour, je serai moins catégorique). Il y a une idée. Dommage que ce soit à peu près la seule de valable en 104 minutes.

Si j’avais su, j’aurais pas venu.