[1485] Manifeste pour les dix prochaines années

Préambule

Considérant, du haut de mes 55 ans (j’y reviens prochainement) que la vie est encore belle et pleine de surprises encore agréables, que mon état de santé reste bon (j’ai repris le volley-ball, j’ai remplacé pour l’essentiel de mes trajets mon scooter par un V.A.E., mon cœur fait bien le job et sait gonfler ma queue sans recours aux pilules bleues), que mon boulot est plutôt épanouissant, je me dis qu’il est encore un peu tôt pour crever tôt.

On en reparle dans dix ans ?

D’ici là : mon manifeste pour le temps qui me reste (work in progress).

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Je veux marcher pieds nus dans ma maison, aussi souvent que possible. Et ailleurs, quand je ne risque pas de m’ouvrir la plante sur un tesson ou de crotter mes orteils mignons.
Dans les jardins.
Sur la plage.
Chez toi.

Je veux baiser, encore et toujours, des heures et des heures (de voltige à plusieurs), baiser et être baisé. Avec des partenaires de qualitey 👌

Je veux réduire mon empreinte carbone et continuer d’injecter des gestes écologiques et responsables dans ma vie quotidienne (même si j’ai pleinement conscience de le faire encore trop paresseusement).

Je veux continuer de prendre plaisir à travailler, avoir le privilège d’atteindre la retraite sans connaître le chômage, et travailler moins, progressivement, si j’en ai la possibilité.

Je veux défendre la pensée complexe et qu’elle accompagne mes combats (pour une politique de gauche, pour le féminisme, pour l’écologie), même si ce sont des combats mous : je reste extrêmement modéré, hélas, et je n’ai pas tellement envie de changer cela.

Je veux écrire plus souvent ici (ça passera par un peu moins de belote coinchée sur mon smartphone, mais mon cerveau devrait y gagner plus au change).

Je veux jouer plus souvent à la belote coinchée, mais avec des joueur·euse·s en chair et en os (vous pouvez candidater ci-dessous).

Je veux mixer pour de vrai au Charlotte’s Den. Ça veut dire qu’il faut qu’il existe pour de vrai, un jour. Allez, disons : DJ résident un soir par semaine ?

Je veux écluser mon retard de lecture de Philosophie Magazine. Globalement, je voudrais lire un peu plus, mais j’ai du mal à faire ce choix… À la retraite, sans doute !

(D’ailleurs, j’ai trouvé assez agréable de lire Philosophie Magazine en bronzant, nu, et en me laissant flotter sur des boudins gonflables sur ma piscine. Je veux continuer.)

Je veux voir Pascualina s’épanouir dans une vie de création et de petits arrangements avec le réel.

Je veux faire une collab’ avec Apollonia Saintclair (j’aime tellement ce qu’elle fait ! mais la réciproque n’est pas assurée)(je lui proposerai quand je me sentirai prêt).

Je veux continuer d’organiser des partouzes électro (j’aimerais juste que ce soit : un peu plus souvent).

Je veux que la gauche « de gouvernement » française reprenne du poil de la bête, qu’elle arrive au pouvoir et qu’elle fasse enfin un programme de gauche qui fasse oublier ce miroir aux alouettes qu’est l’extrême-droite. Et qu’elle se fasse réélire (ce qui n’est jamais arrivé dans la Cinquième République, alors qu’en Espagne, en Allemagne, au Portugal, si)(et qu’on en profite pour renouveler les institutions, tant qu’à faire #sixièmerépublique).

Je veux continuer à découvrir de nouvelles musiques qui me transportent et me font danser ; découvrir de nouveaux festivals, profiter des concerts dans des petites salles de concert (comme Pantha du Prince à la Gaîté Lyrique jeudi ; c’était chouette !).

Je veux poursuivre quelques expériences psychédéliques (sans en faire une course).

Je veux trouver un parfum qui remplacera mon regretté 1881 Bella Notte.

À suivre, peut-être…

[1484] Message de service (10)

En raison d’une campagne d’attaque de mon site ciblant le formulaire d’inscription, je suis momentanément contraint de les suspendre.

Si, par extraordinaire, vous souhaitiez légitimement vous inscrire (pour accéder au splendide contenu réservé aux personnes authentifiées), envoyez-moi un mot via le formulaire de contact, en précisant le pseudo et l’adresse de messagerie que vous souhaitez utiliser, je m’occuperai de traiter votre demande.

NB : ces tentatives restent des tentatives et mon site n’est pas piraté !

Fluctuat nec mergitur

[1482] Brève d’été (3) – Songe d’une nuit d’été

Je suis en plein rêve et il s’annonce délicieux.
Ézéchiel (mettons qu’il s’appelle ainsi) m’invite à une fête des sens chez lui. C’est un jeune homme moderne, environ 28 ans, il porte une barbe, il a la peau mate et je crois qu’il joue dans des films pornos féministes. Il y a déjà deux filles avec nous, très jeunes.
L’une m’informe qu’elle a seize ans ; je lui réponds que je respecterai la loi et que je ne coucherai donc pas avec elle.

Il s’agit donc d’un rêve qui parle de luxure, mais aussi de droit.
Surmoi de mes deux.

Un peu de temps s’écoule et des femmes, toujours bien jeunes, nous rejoignent. Combien sont-elles à s’ébattre, belles et nues, avec Ézéchiel ? Au moins cinq ou six.
Je sors de ma torpeur, m’apprête à les rejoindre.

J’entends l’une d’elle parler de je-ne-sais-quoi et je comprends alors qu’elle connaît ma fille cadette.

Je ne peux décemment pas les rejoindre, c’est trop dangereux.

Je m’éloigne, donc.

Fin du rêve.

Surmoi de merde.

[1481] Prosélytisme

Boulevard de Sébastopol, à Paris, il y a deux clubs qui se jouxtent. Le premier, le « Sun City », est un club gay. Le second, « l’Éclipse » (dont j’ai plusieurs fois parlé ici) est un club hétéro réservé aux couples.
De ce que je crois savoir, le Sun City occupait jadis l’emplacement complet, et a été raboté pour permettre à son petit frère cis-het de voir le jour. Malheureusement, l’Éclipse n’a pas repris du Sun sa joyeuse musique techno et balance une sirupeuse musique d’ambiance que je préfère couvrir du bruit des bulles du jacuzzi.

Mais là n’est pas mon propos.

Lors d’une récente visite, j’ai pu observer que les muettes statues d’inspiration indienne qui décorent les lieux faisaient, silencieusement, un peu de propagande pour que les esprits s’ouvrent un peu plus dans ces lieux. Et pas que les esprits.

Jugez plutôt !

Deux statues indiennes vous proposent aimablement une initiation au fist fucking.

[1480] Brève d’été (2) – Petit théâtre

Dans notre chambre estivale, les nuits n’apportent pas tout à fait la fraîcheur attendue après une journée de chaleur. Faible amplitude de température. Comme nous n’avons pas de climatiseur, le ventilateur est indispensable.
C’est notre premier été dans cette maison, nous en prenons la mesure au fil des jours paisibles que nous y passons, toi et moi, sans enfants et – ces premières semaines – sans amis.

Nous avons rapidement dû faire l’acquisition de ventilateur, donc, puisque cette maison en était dépourvue. J’achète pour notre chambre un ventilateur muy moderno, un de ces ventilateurs sans pales qui souffle l’air depuis une structure ovale ajourée. Laquelle est également agrémentée de LED qui diffuse une lumière dont la couleur peut être changée (une sorte de blanc légèrement bleuté, et un vert, un bleu et un violet, tous dégueulasses). On s’en tient au blanchâtre. Un gadget que j’ai d’abord considéré absolument inutile, puis, après réflexion (et surtout usage), je me suis rendu compte que cette lumière pouvait être utile pour servir de veilleuse et éclairer doucement la pièce quand nous n’avons pas besoin d’une lumière plus vive pour lire, par exemple.

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Ce soir, tu es d’humeur pour faire l’amour, alors je me réjouis car j’attends cela depuis quelques jours déjà. Ce n’est pas une nouveauté, en la matière ton appétit d’oiseau ne peut pas toujours répondre à mon humeur vorace. Mais j’accueille chaque opportunité avec une joie simple qui ne s’écorne pas avec les années qui passent. Aucune lassitude ne me guette.

Je ne me souviens plus de ce qui a précédé ni de ce qui a suivi, mais je me souviens de ce moment-ci. Tu t’es mise à quatre pattes sur le lit pour que je te prenne en levrette. Je me suis levé, je t’ai demandé de te rapprocher du bord du matelas pour pouvoir t’embrocher confortablement, moi debout, mains rivées sur les hanches, donnant la cadence – ferme.
C’est alors, sans aucune préméditation, que je remarque nos ombres. Au pied du lit, le ventilateur projette sur le mur d’en face nos corps emboîtés en ombres chinoises. Le spectacle n’a pas la crudité délicieuse du miroir (il y en a un, d’ailleurs, posé au sol contre un mur qui me servira un autre jour à observer ta bouche gobant ce sexe rattaché à un tronc qui pourrait, dans mon petit théâtre intérieur, appartenir à une autre personne, ou venir d’un autre temps, réminiscence ou prophétie). L’ombre est légèrement floue, d’ailleurs, puisque la source de lumière n’est pas un point concentré. Mais comme avec le miroir, ce théâtre des ombres est une opportunité pour mon imaginarium de nous fantasmer quatre, d’offrir un nouvel angle de vue sur notre coït, de le rendre encore plus obscène, de le magnifier (comme l’anglais traduit loupe en magnifying glass).