[ Aujourd’hui, c’est burpcrossage-day. La note suivante a été rédigée par la délicieuse Ysé. C’est d’ailleurs chez elle que vous trouverez ma note « miroir ». CUI]
Des orgasmes et des hommes
par Ysé
Vous raconter le détail de mes aventures ne serait pas le but de cette note et je ne prétends pas non plus faire un catalogue raisonné sur le sujet.
Et puis, parler de l’orgasme masculin, car il ne sera question ici que de ressenti, cela reste somme toute assez subjectif.
Vous aurez remarqué, comme moi, que dans les médias, au cinéma ou en photographie, l’image d’un homme qui jouit est largement moins diffusée que celle d’une femme. Pourquoi ? Je n’en sais rien, mais je le constate et le déplore. Ou alors, c’est l’industrie du X qui en donne sa version, brute de décoffrage. La pornographie véhicule l’image d’hommes juste bons à grogner lors d’une gâterie et à éjaculer sur le visage de leur partenaire. Ou la jouissance de l’homme réduite au sperme.
Parlons plutôt, si vous le voulez bien, de joui-sens.
La vue :
L’éjaculation reste un moment fort, mais surtout dans la mesure où l’homme se lâche complètement, où il s’abandonne au plaisir donné. Les yeux révulsés ou fermés par le plaisir, à moins que ce ne soit leur tête rejetée en arrière, qu’importe la manière si expression il y a. Le regard participe donc de l’échange et c’est d’autant plus saisissant au moment de l’orgasme : voir l’autre jouir dans tout son corps et jusqu’aux contractions de son visage, c’est tout aussi important que la décharge de monsieur.
Néanmoins, reconnaissons-le, il y a en chacun de nous une part de voyeurisme plus ou moins prononcée et voir le sperme couler sur son corps, entre ses mains ou que sais-je encore rassasie notre part de voyeurisme. C’est d’autant plus vrai quand la personne n’est pas là et que l’on doit se contenter d’une image. Je me souviens encore d’un dialogue sur msn par webcam interposée, qui avait agréablement dérapé. Nous étions, mon interlocuteur et moi, si excités que cet homme qui se voulait volontiers timide, m’avait montré sa queue et avait étalé son sperme sur un oreiller. Voir pareille scène, c’était d’autant plus grisant qu’il ne simulait pas et que j’étais à l’origine de son plaisir. Il y manquait pourtant tout ce qui fait la magie d’un orgasme masculin : les contractions, le souffle, le(s) cri(s), le grognement rauque…
Car les gémissements ne sont pas l’apanage des femmes, même s’il est des plaisirs plus sonores que d’autres… Et même si ça ne m’est jamais arrivé, j’envisage mal de me trouver face à un partenaire muet. L’éjaculation comme seul signe extérieur de jouissance, très peu pour moi.
L’ouïe :
On mesure toujours l’importance d’un seul et unique sens lorsque l’on est soumis à une contrainte. Ainsi, un aveugle entendra mieux et sera plus réceptif qu’un autre. Un jour, j’ai été cette aveugle. J’ai eu le son mais pas les images.
Un soir, mon portable a sonné, me faisant sursauter car j’avais commencé à m’endormir. C’était Louis. Sa voix suggérait bien des choses… Elle enflammait mon imagination, elle m’entraînait vers l’érotisme qu’il m’inspirait. Qui commença ? Je ne le sais plus. Mais nous nous caressions tous les deux. Je lui posais des questions et lui, il me disait comment il se touchait, la vitesse avec laquelle il faisait aller sa main sur sa verge tendue. Jusqu’au moment où il s’est laissé emporter par la vague de plaisir qui le submergeait. À l’autre bout, j’entendis son souffle court et l’ultime cri que lui arracha sa jouissance. Il me fallut alors imaginer tout son corps se contracter, sa verge expulser sa semence pour donner à cette voix des résonances plus charnelles.
L’odorat & le goût :
Que serait un orgasme sans les effluves d’un corps, d’un sexe et sans le parfum âcre, doux-amer, sucré, toujours si différent et si particulier qui flotte dans une pièce après des ébats ? Mais il y manque encore quelque chose d’essentiel, le toucher.
Le toucher :
Qu’il soit devant ou derrière nous, on sent toujours un homme, sa présence, son souffle qui vient mourir le long du dos, ses mains qui se crispent sur nos hanches, le frottement et la chaleur d’un corps étranger et familier qui s’immisce dans le nôtre et qui en jouit à l’instant suprême.
Et au delà du toucher, il y a le senti, voire le ressenti :
Sentir un sexe s’agiter comme un oiseau peureux, au moment de l’éjaculation.
Sentir la sensibilité du gland après l’orgasme.
Sentir les différences d’orgasme selon que l’homme jouisse dans un vagin, une bouche, un anus.
Sentir dans son corps qu’il vibre de plaisir.
Des orgasmes et des hommes, voilà un couple qui se complète et se conjugue à l’envi(e)…
Reste à évoquer l’orgasme des hommes qui vient comme une apothéose. Pour le dire en mot, quand jouissance rime avec fulgurance.
Tels des flashs, je me revois avec Maxime, après une période d’abstinence indésirée, mais qui échappait à notre volonté. Nous nous sommes retrouvés, un après-midi et nous nous sommes sautés dessus. Il m’a prise à demi-nue ou habillée, comme on voudra, et murmura à mon oreille : “il était temps”… Ce jour-là, j’ai eu l’impression de redécouvrir ce qu’est la jouissance masculine et je l’ai trouvée plus intense que jamais.
À l’inverse, une nuit que nous avions fait et refait l’amour au point qu’il se demandait s’il pourrait encore bander, et que ce miracle se produisit, ses sensations, et donc son orgasme, ont été démultipliés par l’hyper-sensibilité de son sexe.
Je crois que ce sont les moments les plus forts qu’il m’a été donné de vivre, mais quelle que soit l’intensité, la violence d’un orgasme masculin, l’essentiel c’est qu’ils s’inscrivent dans un véritable échange. Il n’est de meilleurs orgasmes que ceux qui sont partagés, même si l’on jouit à quelques secondes d’intervalle.
Foin donc de ces cockrings qui apparamment ne leur font ni chaud ni froid…
Pour faire jouir un homme, osons, imaginons, désirons, mettons-y aussi un peu de tendresse.
Illustration : Vulcain, par Rodin.
J’aime aussi beaucoup ta transition entre la vue et l’ouie, ainsi que ce « il était temps » qui exprime bien l’urgence après l’abstinence. Mais le sexe masculin comme un oiseau peureux au moment de l’orgasme ?! Écrirais-tu cela par hommage à notre ami CUI (CUI) ;)
PS : Superbe illustration !
Mémorandhomme > Si si y en a qui en parlent de temps à autre, mais merci de t’y coller aussi, ça me donne du courage pour persévérer.
Et puis t’as de la chance, je viens à l’instant de rafraîchir cette rubrique (qui dormait depuis le 19/11 : j’ai dû faire le tri parmi pas moins de 1197 requêtes).
des textes comme celui-ci, ni erotiques, ni pornographiques, mais tout simplement vrais et beaux comme la vie et l’amour peuvent l’etre, cela manquait…c’est une des merveilles de l’ether du net de pouvoir les publier ou les lire…
Lui : …Que j’ai besoin du plaisir de l’autre pour trouver le mien mais que ce partage n’est pas obligé de se faire dans la seconde, la minute, l’heure. Dans le cadre d’une relation suivie (en particulier » dans un couple »), je peux sans gêne accepter de jouir seul un jour si un autre jour elle jouira, c’est seulement quand cet échange n’existe plus que ça devient gênant…
Elle : Je crois que ce sont les moments les plus forts qu’il m’a été donné de vivre, mais quelle que soit l’intensité, la violence d’un orgasme masculin, l’essentiel c’est qu’ils s’inscrivent dans un véritable échange. Il n’est de meilleurs orgasmes que ceux qui sont partagés, même si l’on jouit à quelques secondes d’intervalle.
Merci donc, à tout deux d’avoir dévoilé en partage, en échange, vos visions sur l’orgasme ; sur la jouissance : de l’autre, par l’autre et pour l’autre.
@Ysé j’espère que c’est une « douce violence », que l’orgasme inflige à ces hommes, qui ne sont pas (loin s’en faut) exempts de fragilités.
Pour ce qui est du sexe masculin comme un oiseau peureux, non c’est une métaphore que j’assume. C’est que c’est fragile ces « petites » choses…
L’illustratio, c’est Rodin, donc superbe ! ;-)
à Cui et Vagant, les cockrings, c’est bien pour les femmes ; enfin nous ça peut nous faire vibrer. Mais le but c’est aussi de titiller ces messieurs, et dans ce domaine c’est plutôt décevant, oui.
Memorandhomme, vous n’en parlez pas si mal, me semble-t-il…
Columbine, merci qui rime avec (je) rougis et (je vous) souris.
MarieM, wahoo, c’est la première fois qu’on me cite.
Je vous rassure, c’est la plus douce des violences, du moins je le crois ; est-ce aussi la plus douce des drogues ? ;-)
Un cérébral et une charnelle…
Je suis en tout cas très heureux (et Ysé aussi sans doute) du plaisir que t’a procuré ce texte inattendu ici, et j’espère qu’il t’incitera à aller visiter régulièrement ma talentueuse voisine.
MarieM > Et, au fait, quelqu’un a-t-il profité du texte dans le bus ?
Ysé > Une drogue, oui. Assurément. (Besoin d’un petit shoot d’ailleurs !)
Deep > Tu as raison de me dire ça. Finalement je répète sans arrêt que je ne suis pas cérébral mais c’est de toute évidence faux.
Enfin, je suis un cérébral charnel, offre-moi au moins le bénéfice du doute ;-)
Difficile de décrire l’orgasme à ce qu’on en perçoit « extérieurement », et vos descriptions sont touchantes.
L’orgasme étant la récompense d’une stimulation de tous les sens, on comprend en quoi nous pouvons mieux percevoir, ressentir l’autre à ce moment là. Mais n’oublions pas la récompense du corps à l’esprit…
Alternative nro 2- Je me suis nonchalamment rapprochée de la sortie, et au passage j’ai lâché sur un siège accueillant les pages que j’avais dissimulées sous mon manteau noir.
Je ne saurais dire qui réceptionnera cet insolite lâché de littérature.
Procédure plus classique, en ces lieux :
http://livralire.canalblog.com.....71304.html
Dommage que je ne sois un homme, car j’en conviens que c’est un vrai moment de bonheur de vous faire l’amour..tant de sens en éveil…
Belle traduction de l’orgasme au masculin.
Bravo!
Sélène, oui il était difficile d’écrire sur un tel sujet. Mais je me réjouis de lire des commentaires de femmes qui abondent dans mon sens. Je ne donne que ma vision, issue de ma propre expérience, ce qui donne une analyse bien subjective, voilà pourquoi je n’ai pas fait un catalogue, mais une esquisse…
Une blonde, il y a en effet un réel plaisir à donner du plaisir. Quant à votre souvenir, il est très beau et sans doute votre amant a apprécié ce plaisir-là, celui du don.
Athena, aimeriez-vous être un homme pour sentir ce que les hommes ressentent au moment de l’orgasme ? Moi ça m’arrive parfois, même si je préfère être femme. ;-)
Ysé : nous sommes donc d’accord ;) Je le pense aussi (on parle de plus en plus de la simulation masculine, cette fois, je crois que le doute n’était pas trop permis et c’était un très chouette moment)
ton pseudo, a te lire, ici ou sur ton blog, et a constater le nombre de fausses blondes en progression constante, la blondeur n’est visiblement pas un fantasme uniquement masculin….
en reaction, j’ai une amie veritablement blonde, qui avait envie qu’on l’aborde pour autre chose que sa blondeur. du coup, elle s’est teint les cheveux en brun…
CUI va encore dire que je parle chiffons…
Un sacré beau morceau que vous avez joué là. A diffuser largement.
Vos deux approches diffèrent dans la méthode et dans le style, mais s’accordent parfaitement à traiter avec autant de légèreté que de profondeur, un sujet qui en manque vite sous des plumes moins subtiles et moins honnêtes.
Si je me suis souvent retrouvé dans l’inventaire et les paroles de CUI, pénétrer dans les sensations de Ysé a été particulièrement jouissif, tant il est bon, in fine, de partager les mêmes conclusions.
Merci à vous deux.
D’ailleurs on trinque avant de boire un bon verre de vin pour être sur que tous les sens soient en action.
PS: c’est marrant de voir enfin le tag « blablabla de fille » chez CUI, ça lui manquait pour les attraper. Non? ;-)
Mais je me réjouis que nos textes soient si bien reçus, compris et investis par les histoires, expériences et sensibilités de tout un chacun.
Ex-mot, c’est mieux en effet quand il y a échange. Et depuis votre texte publié chez moi quand vous n’aviez pas encore de blog, je n’avais pas renouvelé cette expérience de blogcrossing, qui est assurément enrichissante.
PS : Je ne sais pas si ça lui manquait… Mais c’est amusant en effet !
Intéressante ton interprétation de trinquer !
MarieM > je connais le principe des livres lâchés dans la nature, pour leur offrir un lecteur de hasard… mais pourquoi pas avec des extraits de burps. C’est moins noble, certes.
J’ai pensé, un jour, me faire fabriquer des autocollants à coller partout, un peu comme ces promos pour des CD (souvent du rap) qu’on trouve collés dans le métro. Mais : à quoi bon ?!
une blonde > M’en fous, moi ce sont les brunes que je préfère, et c’est comme ça.
Quant à mes requêtes, je n’en présente qu’une sélection. Si tu avais l’intégralité, tu serais édifiée.
columbine > C’est pourquoi je ne vis pas en Allemagne d’ailleurs !!!
PS : je confirme : dès que tu as une opportunité de transformer la rubrique commentaire en annexe de Marie-Claire, tu le fais ;-))))))
Slevtar > Eh bien, je m’associe à mon tour à Ysé pour te remercier de ce commentaire si dithyrambique !
ex-mot > Oui, j’ai trouvé rigolo de mettre ce tag là ! Quant au tag « blabla de garçon » je persiste à l’utiliser… Je crois que je suis le seul sur H&F au demeurant ! (après vérif : on est 2)
Ysé > Je ne dirais pas que « ça me manquait », mais en tout cas, j’ai saisi l’opportunité immédiatement !