Proposer la botte
(éphéméride du 24 avril 2014)
« Il s’agit d’une manière de proposer sans détours à une femme d’avoir des relations sexuelles avec elle. »
Bien que le verbe « proposer » semble empreint de civilité, la chose suggérée par cette tournure ne l’est en réalité aucunement ! En effet, il s’agit tout simplement de proposer un acte sexuel. Nous ne disons pas « faire l’amour », car il est ici question d’une action beaucoup plus rapide et directe, sans détours du côté des sentiments.
Le terme de « botte », emprunté au vocabulaire des épéistes et des escrimeurs, décrit à l’origine une passe d’arme qui permet de toucher – ou d’« embrocher » — son adversaire de façon soudaine et imparable. On parle d’ailleurs souvent de « botte secrète » pour désigner un mouvement technique qui serait connu de son seul inventeur et lui donnerait l’avantage dans le combat. Mais en réalité, il s’agit avant tout d’un coup, dont la manière imprévue de le réaliser surprend l’adversaire. (…)
C’est bien à cette botte que fait référence notre expression. Or, le domaine du langage étant fertile pour comparer le sexe de l’homme à toutes sortes d’objets allongés, donc phalliques, on comprend mieux le rapprochement qui est fait dans notre formule : le duel d’escrime devient une métaphore de l’acte sexuel.
C’est ainsi que depuis le XVIIIe siècle, notre expression dit ce qu’elle veut encore dire aujourd’hui !
On peut enfin noter que la botte évoquée peut parfois être qualifiée de « florentine », une allusion aux pratiques de sodomie que l’on prêtait autrefois aux habitants de Florence !Source : les Almaniaks 2014

Eh bien voilà qui me donne des envies de voyager…
PS : j’ai recherché dans mes archives si j’avais déjà utilisé cette expression que j’aime bien (mais dont je ne connaissais pas la variante) et je ne l’ai trouvé qu’une fois dans un de mes commentaires. C’était sur le dernier épisode de ma jolie série « Nadia ». On la trouve aussi dans un plus ancien commentaire d’un certain Roumi, dans une citation de Pierre Desproges. Ce qui me donne l’occasion de dire qu’on peut très bien utiliser cette expression dans un cadre non hétérosexuel comme le fait justement ce P.D. (Pierre Desproges, hein). Mes nombreuses lectrices féministes seront bien aimables de me dire si, à leur sens, on pourrait l’utiliser dans un contexte lesbien où encore d’une proposition faite à un homme par une femme (ce qui me fait aussi penser que j’ai un correspondant sur Twitter qui recherche désespérément une amatrice de strap-on. Écrire au journal qui transmettra).
il me semble que « proposer la botte » était utilisé par les prostituées de façon assez courante mais pas en mode racolage « je vous propose la botte » plutot en mode descriptif. cela correspond bien au tempo de l’activité.
j’aime assez l’idée d’un acte bref et intense. l’expression « quickie » a été à la mode quelques temps avant de tomber dans l’oubli. botte florentine est assurément bien plus intéressante
désespérément ? le pauvre… (mais franchement, vos lectrices seront-elles intéressées par un simple « correspondant ». j’en doute)
Je ne vois pas la notion de brièveté dans l’expression « proposer la botte » ; plutôt l’idée d’aller « droit au but » mais ensuite, ça dure ce que ça doit durer (j’oublie toujours que la durée moyenne du coït n’est que de quelques minutes !).
Pour finir, pour ce monsieur qui a envie de se faire enculer par une femme, qui a dit qu’on se limiterait aux écrits ? Une fois faite la mise en relation, advienne que pourra :-)
Vagant » Ah oui ! Je me souviens de ce quizz pour l’avoir lu en son temps dans Libé. Comme quoi, j’avais déjà entendu parler de botte florentine et j’avais oublié (comme d’autres réponses du quizz, d’ailleurs).
Je recommande à mon aimable lectorat de suivre le lien proposé par Vagant !
d’un autre côté, ce rôle d’entremetteur (assumé) vous va bien…
je ne vois toujours pas en quoi une féministe serait plus à même de vous renseigner sur la drague lesbienne, sinon à tomber dans le cliché que les féministes sont par définition lesbiennes.
d’ailleurs, n’êtes vous pas féministe ?
en tant que femme, je peux vous confirmer qu’effectivement, les propositions galantes féminines aussi directes, faisant l’impasse sur la phase de séduction, pour proposer « un coup » qu’on n’espère pas fatal mais extatique quand même, ça existe. mais cette expression qui évoque aussi la pénétration (embrocher) ne m’est pas familière dans le contexte saphique ou bi.
pour la pub, je vous laisse avec délectation, et un brin de perversion, aux mains de vos twitteuses féministes !
« Pousser la botte », dont on tire « bottiner », avait le sens de demander de l’argent en argot. Était-ce particulièrement utilisé par les prostituées ?
Cette dernière expression n’est plus utilisé de nos jours.
CdE
Une traduction rapide pourrait-elle être «on baise?» ? Dans ce cas quel que soit le type de relation, de sexes, etc, l’expression conviendrait.
Je discutais récemment avec une amante (féministe) sur le fait que je ne me définissais pas comme « féministe » mais plutôt « égalitariste » (ou « équitabiliste » [?] pour l’équité plutôt que l’égalité). Sa conclusion fut que j’étais féministe. Hmmm….
Carnets d’Éros » Merci pour ces érudits compléments !
Marie Tro » Oui, oui, certes, mais le langage est une jolie chose, ce serait dommage de se limiter à un champ d’expressions trop restreint, il y en a de si fleuries !
Bello » Probablement avec la même connotation un peu « old fashion » qu’en France !