[1333] Rock-en-Seine 2016, jour 2 (Raie)

Après une nuit médiocre, j’entame mon samedi avec l’accomplissement de tâches domestiques, à commencer par la corvée hebdomadaire des courses, corsée par le combo « courses scolaires » pour la cadette. Je vous livre un scoop : on n’a toujours pas trouvé un moyen simple et rationnel de classer les cahiers en fonction de la taille des carreaux, de leur dimension et du nombre de pages.

Avant de rejoindre le site de Rock-en-Seine, je passe à la pharmacie m’acheter une ceinture lombaire (j’ai entre-temps trouvé des cachetons pour soulager et détendre mon dos). J’ai l’impression de me sentir diminué, entre mon dos douloureux et ma fatigue. Mais cette journée allait m’insuffler une belle énergie et j’allais finalement en profiter bien plus que la journée précédente.
Cette fois-ci, je ne m’embrouille pas et me gare directement là où il faut, marche directement dans la bonne direction et arrive rapidement à l’entrée. Je préviens le vigile chargé de la palpation à l’entrée que je porte une ceinture lombaire, afin de ne pas me faire plaquer au sol comme un dangereux terroriste. Le gars me souhaite une bonne journée et je sens dans sa voix une pointe de compassion. La fouille n’est pas plus minutieuse que les années précédentes. Aujourd’hui comme hier, on me laisse entrer avec ma bouteille d’eau sans en enlever le bouchon (je pense que des consignes de tolérance ont été données en raison de la canicule) ni même renifler son contenu. (suite…)

[1332] Rock-en-Seine 2016, jour 1 (Dos)

Cette année encore, je commandais mon pass 3 jours pour le festival Rock-en-Seine dès la mise en vente, permettant ainsi aux organisateurs de faire un peu de trésorerie tout en ayant l’impression de faire une affaire. À 99 €, cela fait 33 € par jour pour une flopée de concerts, je trouve ça plutôt abordable (d’autant que le prix d’une place pour un concert a maintenant vite fait d’atteindre ce genre de montant, voire pire).

Du coup, l’annonce de l’affiche est toujours l’occasion de surprises allant de « connais pô » à « wéééé super » en passant par « ah tiens ! ». Pour moi, la grosse tête d’affiche cette année allait être Ghinzu que je rêvais de voir en concert depuis des lustres sans en avoir encore eu l’occasion. Pas assez célèbres pour être tête d’affiche en fin de soirée, ils étaient programmés sur la scène de la cascade … juste avant Iggy Pop mais n’anticipons pas !

Nous sommes donc vendredi 26 août, j’ai posé ma ½ RTT pour disposer de mon après-midi, je suis passé chez moi pour me changer (bermuda obligatoire avec les 3 jours de forte chaleur promis par la météo – ce ne sera pas un festival humide) et, anticipant des mesures de sécurité que j’imagine drastiques cette année compte tenu du risque d’attentat, je renonce à tenter d’introduire clandestinement ma traditionnelle flasque de rhum arrangé.

À l’approche du Pont de Saint-Cloud en scooter, je me retrouve coincé dans de gros embouteillages. La zone où je me gare habituellement a été bloquée à la circulation et dans un beau moment d’irrationalité, je me dis que je vais tenter l’entrée du festival côté Pont de Sèvres. Je gare mon scooter dans une zone dédiée aux deux roues et je fais la queue avec d’autres personnes jusqu’au moment où nous finissons pas comprendre que cet accès est réservé aux V.I.P., presse et aux personnes en charge de la restauration. Demi-tour, donc, mais au moment où je me baisse pour ramasser mon sac, crac !, un éclair me déchire le bas du dos : je me suis fait un tour de reins, ce qui augure d’un festival un peu douloureux. La douleur restant largement supportable, je remonte les quais de Seine pour retourner jusqu’au Pont de Saint-Cloud où je finis par trouver où me garer sans trop de mal. À pieds, je zigzague dans un interminable labyrinthe de barrières au sein d’un dense dispositif policier pour arriver à l’entrée où, malgré une double fouille des sacs, j’entre facilement sans subir une longue file d’attente.

Première petite déception : cette année, on ne trouve pas de programme détaillé (celui où Jean-Paul Huchon se fendait toujours d’un petit édito rock ‘n roll – à croire que Pécresse ne trempe que dans les rallyes versaillais) mais juste un plan avec la grille horaire des concerts. Pour le détail des groupes – que je compulsais rituellement une fois sur place, le premier jour, pour composer mon programme de concerts en fonction de ce qui était dit des uns et des autres –, il faut se reporter à l’application sur son smartphone. Soit !

Et la grande nouveauté de cette édition, c’est le cashless. Chaque festivalier est doté, à son entrée, d’une puce NFC arrimée à son bracelet, laquelle permet de servir de porte-monnaie électronique sur tout le festival. J’ai fait mon inscription à l’avance (pour pouvoir bénéficier des 5 € offerts par Paypal aux premiers inscrits) mais, par acquit de conscience, je passe au stand cashless vérifier que tout est bien en ordre. Et puis poser la question clé : puisque j’ai opté pour le rechargement automatique de mon porte-monnaie, qui se déclenche dès que je passe sous le seuil des 5 € de crédit disponible, que se passe-t-il si je dois faire un achat supérieur au montant du crédit restant ? Autrement dit, le rechargement se fait-il automatiquement et silencieusement dès que nécessaire. On me dit que oui… mais la suite prouvera que non.

À dessein, je n’ai pas déjeuner, de telle sorte que je puisse profiter des quelques bons stands de bouffe qu’on trouve sur le festival. Les food trucks proposent souvent la meilleure gamme en qualité. Je commence par mon petit chouchou depuis 2014, the sunken chip, un fish ‘n chips de qualitay. Avec ma bière, je me pose dans l’herbe pour déguster mon poisson frit et sa purée de petits pois (j’ai renoncé aux chips, il fait trop chaud !) tout en composant mon programme entre papier et téléphone. Pas besoin de bouger pour le premier concert, ce sera Theo Lawrence sur la scène de l’industrie. Un rock de bonne facture que j’écoute avec plaisir tout en profitant de ma bière fraîche, de mon bon repas, tout en laissant se reposer mon dos.

Quelque temps plus tard, je reçois un SMS d’un de mes potes (que je croise à chaque édition) qui arrive sur le site et me rejoindra bientôt. On papote en écoutant Logic de trop loin pour que je puisse vous en dire quoi que ce soit.

Après quoi, direction la grande scène pour le premier concert de la journée attendu avec impatience, celui de Caravan Palace qui avait enflammé Rock-en-Seine en 2012. Des potes de mon pote nous rejoignent mais ne goûtent pas trop le swing électro-rétro du groupe et fileront, dès que l’heure aura sonné, écouter Slaves à l’autre bout du site. Moi, je reste, mais je dois reconnaître que je ne suis pas emballé autant que je l’espérais. Une Twitta, réagissant à ma déception, m’indiquait que les derniers albums du groupe n’avaient pas le charme des premiers. CQFD. (J’en profite pour signaler que l’intégralité de mes gazouillis sur le festival peuvent se lire ici.) J’attendais toutefois la fin du concert avant de rejoindre la scène pression live pour voir Slaves et là, j’avoue que mes oreilles furent ravies de profiter de l’énergie de ce groupe sur scène. C’était bon (mention spéciale pour le titre The Hunter qui clôt le set avec une belle pêche). Je vous l’offre à écouter ici, même si, comme je l’ai lu dans une critique de disque sur Amazon : c’est meilleur en live qu’en studio.

First time, great surprise: really loved it, crude and genuine. Nice talking: « We love E.U., We Love You, Fuck Brexit ». Love you too Slaves.

— Un festivalier (commentaire auquel j’adhère pleinement)

C’est reparti pour traverser dans l’autre sens le domaine de Saint-Cloud pour aller écouter Bastille à nouveau sur la grande scène sans trouver, à leur écoute, un sens différent à ma vie. Mon dos commence à me faire douiller et c’est désolé de ne pas pouvoir me remuer que je vais écouter Birdy Nam Nam. Quel gâchis ! C’était bon, et vraiment un crève-cœur que de ne pas pouvoir me trémousser sur leur beat. Mention spéciale quand même au groupe qui a répondu à mon tweet. C’est cool. Au même moment, Royal Republic faisait un concert dont j’ai entendu vraiment beaucoup de bien. Parfois, Rock-en-Seine oblige à des choix cruels.

Je vais ensuite traîner ma vieille carcasse du côté de la grande scène pour le premier concert de clôture, il s’agit de The Last Shadow Puppets dont je ne connais pas grand chose et que j’écouterai sans ravissement. Je ne me souviens même pas l’avoir vu jusqu’au bout, je pense que j’étais impatient d’aller me reposer pour entamer au mieux la journée numéro deux. Une grosse journée m’attendait…

Le chanteur-batteur de Slaves, photo de Lise Olsen
Slaves en concert au Festival Rock en Seine, Domaine National de Saint-Cloud, le 26 août 2016

Mon top 3 du jour :

  1. J’aurais bien dansé mais j’ai raté la moitié du concert : Slaves
  2. J’aurais bien dansé mais j’avais le dos en compote : Birdy Nam Nam (« Dance or Die », qu’y disaient…)
  3. J’aurais bien dansé mais ça manquait de gnaque : Caravan Palace

Source de l’illustration : Soundofbrit.

[1331] Black (Emperor) Sabbat

Godspeed you! Black Emperor! au TrianonLes huit musiciens de Godspeed You! Black Emperor! s’installent un à un sur la scène du Trianon. Je suis dans le public, ravi de les voir pour la première fois en live après les avoir malencontreusement raté l’an dernier lors de leur précédent passage parisien.

Sans un mot, chacun règle ses instruments et les mélodies confuses qui s’échappent nous plongent déjà dans l’ambiance.

Je visualise deux cercles concentriques sur lesquels ils sont disposés, tous tournés vers le centre localisé au milieu de la scène, comme autour d’un feu de camp où, en guise de foyer, brûle une forêt d’enceintes retour de scène.

S’invite à cette bucolique veillée un vidéo-jockey, pardon, un super-8-jockey armé de quatre projecteurs et d’une ribambelle de films argentiques qu’il va mélanger, torturer en les passant dans tous les sens imaginables, filtrer, allant même jusqu’à les faire cloquer de chaleur, sous nos yeux ébahis, en guise de chamallows.

Finalement, pas plus de synthétiseurs pour tisser les nappes de son que de logiciel pour bidouiller des effets vidéo, GY!BE! fait dans le vintage, comme s’ils arrivaient tout droit des années 70. Époque d’où pourrait venir leur rock progressif, qui n’est pas sans évoquer quelques expérimentations pinkfloydiennes, s’il n’était pas un peu plus difficile à étiqueter. « Post-rock », « rock expérimental », « rock instrumental », « drone », « dark ambient », Wikipedia hésite ! La construction des morceaux est souvent la même : cela commence avec la superposition des instruments, en boucle, construisant une structure répétitive et planante qui a tôt fait de nous hypnotiser pendant les dix ou vingt minutes où elle va subtilement muter jusqu’au point de rupture qui va nous sortir de notre rêverie, quand le rythme va brutalement s’accélérer, que les deux batteurs vont simultanément cogner sur leurs instruments, comme un orgasme résultant d’un long et patient massage. Le public plane, le public jouit. On voudrait que cela ne cesse pas. Que les rappels se succèdent (sachant qu’un morceau dure vingt minutes, nous n’en aurons qu’un seul ce soir-là).

Ou plutôt que l’on puisse se mettre à côté d’eux autour du feu pour s’immerger plus encore dans leur transe. Ou encore que l’on puisse s’allonger dans la fosse, qu’on aurait pour l’occasion couverte de matelas, pour faire l’amour ou dormir bercé par leurs mélodies.

Encore !

(Image empruntée sur pixbear)

[1329] Balade parisienne

Une jeune femme pose nue, adossée à un pont parisien, la Tour Eiffel en arrière planTout a commencé dans le 20e arrondissement, métro Jourdain (ou pas très loin), où j’avais rendez-vous, le cœur battant, pour mon dépucelage. C’était une belle aventure, une journée particulière…. Nous ne nous sommes vus qu’une fois, cette jeune femme et moi, en présence de C*** qui m’avait invité à le rejoindre. Ce fut un trio qui manquait sans doute de chaleur, et pourtant, je me souviendrai longtemps de la facilité avec laquelle cette frêle demoiselle accueillit ma queue dans son cul, dans sa colocation du 19e arrondissement (elle était seule, ce midi). Ce fut la première fois, pour moi, qu’une double pénétration s’avérait source de plaisir plus que d’exploit (même s’il y a eu des resucées). Je suis retourné un nombre incalculables de fois dans ce coin du 18e arrondissement où J*** habitait, en redoutant d’y croiser ce collègue de ma femme qui habitait à deux rues de l’amante dont j’avais commis l’impair de tomber amoureux ! C’était en 2006, mon burp prenait corps. (suite…)

[1327] L’œil

Je te regarde, tu sais.
Je suis allongé sur le dos et je te regarde.
Je suis allongé sur le dos, les genoux repliés, tu es entre mes jambes, je te regarde, et toi tu ne me regardes pas. Tes yeux sont fermés ou alors ouverts mais tu es partie dans une sorte de transe. À chaque mouvement de tes reins, je sens  l’olisbos, arrimé par ce beau harnais brodé de rouge et de noir que tu avais acheté lors de notre séjour à Berlin, s’enfoncer dans mes chairs qui l’accueillent en frémissant.
Je te regarde et dans ta tête, tu danses, comme la sorcière danse avec le diable autour du feu du sabbat, accélérant le rythme sur mes — Vas y ! et t’apaisant sur mes — Doucement…
Je te regarde, je tremble de plaisir, je caresse tes seins avec gourmandise et monte en moi l’envie – que j’assouvis l’instant d’après – de te serrer contre moi en t’embrassant – et là je ferme les yeux.

Louis Icart - série Rouge Éros
Louis Icart – série Rouge Éros (illustration non contractuelle, pour ceux qui n’auraient pas lu le texte)