[1482] Brève d’été (3) – Songe d’une nuit d’été

Je suis en plein rêve et il s’annonce délicieux.
Ézéchiel (mettons qu’il s’appelle ainsi) m’invite à une fête des sens chez lui. C’est un jeune homme moderne, environ 28 ans, il porte une barbe, il a la peau mate et je crois qu’il joue dans des films pornos féministes. Il y a déjà deux filles avec nous, très jeunes.
L’une m’informe qu’elle a seize ans ; je lui réponds que je respecterai la loi et que je ne coucherai donc pas avec elle.

Il s’agit donc d’un rêve qui parle de luxure, mais aussi de droit.
Surmoi de mes deux.

Un peu de temps s’écoule et des femmes, toujours bien jeunes, nous rejoignent. Combien sont-elles à s’ébattre, belles et nues, avec Ézéchiel ? Au moins cinq ou six.
Je sors de ma torpeur, m’apprête à les rejoindre.

J’entends l’une d’elle parler de je-ne-sais-quoi et je comprends alors qu’elle connaît ma fille cadette.

Je ne peux décemment pas les rejoindre, c’est trop dangereux.

Je m’éloigne, donc.

Fin du rêve.

Surmoi de merde.

[1481] Prosélytisme

Boulevard de Sébastopol, à Paris, il y a deux clubs qui se jouxtent. Le premier, le « Sun City », est un club gay. Le second, « l’Éclipse » (dont j’ai plusieurs fois parlé ici) est un club hétéro réservé aux couples.
De ce que je crois savoir, le Sun City occupait jadis l’emplacement complet, et a été raboté pour permettre à son petit frère cis-het de voir le jour. Malheureusement, l’Éclipse n’a pas repris du Sun sa joyeuse musique techno et balance une sirupeuse musique d’ambiance que je préfère couvrir du bruit des bulles du jacuzzi.

Mais là n’est pas mon propos.

Lors d’une récente visite, j’ai pu observer que les muettes statues d’inspiration indienne qui décorent les lieux faisaient, silencieusement, un peu de propagande pour que les esprits s’ouvrent un peu plus dans ces lieux. Et pas que les esprits.

Jugez plutôt !

Deux statues indiennes vous proposent aimablement une initiation au fist fucking.

[1480] Brève d’été (2) – Petit théâtre

Dans notre chambre estivale, les nuits n’apportent pas tout à fait la fraîcheur attendue après une journée de chaleur. Faible amplitude de température. Comme nous n’avons pas de climatiseur, le ventilateur est indispensable.
C’est notre premier été dans cette maison, nous en prenons la mesure au fil des jours paisibles que nous y passons, toi et moi, sans enfants et – ces premières semaines – sans amis.

Nous avons rapidement dû faire l’acquisition de ventilateur, donc, puisque cette maison en était dépourvue. J’achète pour notre chambre un ventilateur muy moderno, un de ces ventilateurs sans pales qui souffle l’air depuis une structure ovale ajourée. Laquelle est également agrémentée de LED qui diffuse une lumière dont la couleur peut être changée (une sorte de blanc légèrement bleuté, et un vert, un bleu et un violet, tous dégueulasses). On s’en tient au blanchâtre. Un gadget que j’ai d’abord considéré absolument inutile, puis, après réflexion (et surtout usage), je me suis rendu compte que cette lumière pouvait être utile pour servir de veilleuse et éclairer doucement la pièce quand nous n’avons pas besoin d’une lumière plus vive pour lire, par exemple.

ornement séparateur

Ce soir, tu es d’humeur pour faire l’amour, alors je me réjouis car j’attends cela depuis quelques jours déjà. Ce n’est pas une nouveauté, en la matière ton appétit d’oiseau ne peut pas toujours répondre à mon humeur vorace. Mais j’accueille chaque opportunité avec une joie simple qui ne s’écorne pas avec les années qui passent. Aucune lassitude ne me guette.

Je ne me souviens plus de ce qui a précédé ni de ce qui a suivi, mais je me souviens de ce moment-ci. Tu t’es mise à quatre pattes sur le lit pour que je te prenne en levrette. Je me suis levé, je t’ai demandé de te rapprocher du bord du matelas pour pouvoir t’embrocher confortablement, moi debout, mains rivées sur les hanches, donnant la cadence – ferme.
C’est alors, sans aucune préméditation, que je remarque nos ombres. Au pied du lit, le ventilateur projette sur le mur d’en face nos corps emboîtés en ombres chinoises. Le spectacle n’a pas la crudité délicieuse du miroir (il y en a un, d’ailleurs, posé au sol contre un mur qui me servira un autre jour à observer ta bouche gobant ce sexe rattaché à un tronc qui pourrait, dans mon petit théâtre intérieur, appartenir à une autre personne, ou venir d’un autre temps, réminiscence ou prophétie). L’ombre est légèrement floue, d’ailleurs, puisque la source de lumière n’est pas un point concentré. Mais comme avec le miroir, ce théâtre des ombres est une opportunité pour mon imaginarium de nous fantasmer quatre, d’offrir un nouvel angle de vue sur notre coït, de le rendre encore plus obscène, de le magnifier (comme l’anglais traduit loupe en magnifying glass).


[1479] Wesh la musique t’es bonne !

Deuxième orgie électro organisée par Comme une image le dimanche 14 août 2022

Après la jolie fête de juillet 2020 (deux ans, déjà ! Tempus fugit…), j’ai l’agréable possibilité de remettre ça au plein milieu du mois d’août parisien.

J’envoie à ami·e·s des invitations comme des bouteilles à la mer vers des navigateurs possiblement en croisière à l’autre bout de la terre ou du département. Je t’ai oublié·e ? Fais-moi signe, nous verrons s’il reste encore un peu de place pour toi 😘

[1478] Brève d’été (1) – Sexe photovoltaïque

Je m’étonne de la vitesse à laquelle je me suis habitué à la sensation de nager nu. Jusqu’à présent, les occasions étaient plutôt rares et me procuraient une sensation d’intense liberté ; et plus précisément une sensation difficile à décrire de l’eau circulant autour de mon sexe sans la protection d’un maillot.
Que je plonge, que je fasse des longueurs, sur le dos comme sur le ventre, que je gigote pour grimper sur une bouée, rien de cela ne me procure de sensation remarquable (sinon le plaisir de jouer dans l’eau).
Il n’y a que quand je m’amuse à passer une ou deux « frites » (ces merveilleux trucs en mousse de plastique aux couleurs si délicates) entre les jambes que j’éprouve quelques stimuli érogènes, mais c’est principalement dû à la pression alors exercée sur mon périnée. Soit.

C’est en m’allongeant sur mon transat – toujours nu – pour exposer mon corps aux rayons vifs du soleil d’été (je profite d’une météo parfaite, le thermomètre rivé en journée autour de 30° C sans les excès caniculaires dont pâtit en ce moment la France et une partie de l’Europe) que m’est venue cette sensation délicieuse du soleil qui se concentrait sur mon sexe, comme si toute l’énergie que je recevais allait s’y accumuler.

D’eau et de feu.

[1477] De ce côté du miroir

Il n’y avait pas de miroir judicieusement placé dans cette chambre d’hôtel. Bien en face du lit, on pouvait tout juste espérer voir transparaître nos silhouettes floues se former sur l’écran noir du téléviseur. Pour trouver un grand miroir, il fallait aller dans le couloir de l’entrée, là où l’armoire, celle qui recelait deux peignoirs en nid d’abeille écrus, nous reflétait en pied. Nous n’y étions pas. En tout cas, pas pour nous regarder.
Ou alors il aurait fallu deviner que la table de cette coiffeuse, sous l’écran de télé, dissimulait justement un petit miroir relevable dans le tiroir qui contenait le sèche-cheveux. Mais qu’aurait-il fait apparaître de plus qu’une main, une hanche, un sexe en transit ?
Nous n’avions pas de miroir, rien que l’image directe qui se formait sur nos rétines, dans cette chambre dont nous n’avions pas trop réduit la clarté, afin de profiter de tous nos sens l’un de l’autre (même s’il est vrai que tu fus quelque temps privée de la vue – par mes soins).
Les deux scènes que je vais évoquer ici ont donc été enregistrées par mon cerveau comme dans un jeu vidéo en first personal shooter ; je n’avais pas d’arme ni intention de donner la mort, sinon la petite. La vie, quoi.

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Symétrie

C’est moi qui suis allongé sur le lit, sur le dos, légèrement décentré sur la droite. J’ai calé sous ma nuque un des oreillers moelleux de notre couche – peut-être même deux –, parce que je ne veux pas perdre une miette de ce que voient, à ce moment-là, mes mirettes grandes ouvertes. Toi, tu te tiens à quatre pattes au-dessus de moi. Je ne te touche pas, ou alors pas tout de suite. Tu t’es placée de telle sorte que mon sexe soit à la hauteur de ta bouche et tu n’en fais pas grand secret : tu vas me sucer. Tu te saisis de mon sexe encore mou et tu le places dans ta bouche. Il n’est pas tout à fait au repos. Il a l’épaisseur du sexe qui bandait il y a peu, mais sans aucune rigidité. Il s’était déconcentré, en somme, et tu réclames maintenant toute son attention. Tu ne le tiens pas entre tes doigts. Il n’y a que ta bouche qui le retient et ne le lâche pas. Tes lèvres enserrent ma verge et en faisant varier l’appui de tes bras, tu remontes la tête jusqu’à ne tenir plus que le gland, toujours calotté, dans cet écrin vermillon, puis tu redescends la tête jusqu’à ce que tu puisses embrasser mon pubis. Mon sexe, encore tendre, entre tout entier dans ta bouche, mais à chacun de tes petits coups de langue, tu sens mon cœur battre entre tes dents ; à chacun de ses battements, une giclée de sang vient envahir un peu plus le boudoir capiteux qui accueille ma queue.
Ma main vient parfois caresser ton sein, envelopper ta nuque et fondre mes doigts à la naissance de tes cheveux ; ainsi elle fait corps avec toi et participe aux oscillations qui gonflent mon sexe et le gonflent plus encore. Mais elle préfère rester posée sur le lit, le long de mon corps, comme sa sœur impassible, de telle sorte que je contemple ce spectacle hypnotique et merveilleusement symétrique dont mon sexe, qui éclot dans ta bouche, est l’axe.

Deux amants dans la jungle - dessin d'Alphachanneling

Rigueur

À deux reprises, la scène ci-dessus s’est produite, à quelques variations près. Mais lors de la deuxième, enivré du plaisir et de la rigueur de fer que tu viens de me donner, je suis pris de l’envie incoercible de t’empaler.
Je m’échappe donc de cette douce prison dont les barreaux sont tes membres, je t’invite surtout à rester à quatre pattes sur ce lit, mais à t’en rapprocher du bord où je me positionne donc, à bonne hauteur. J’empoigne tes hanches avec fermeté pour approcher tes fesses veloutées de mon pubis. Ma main s’assure que ta chatte gorgée de mouille n’aura pas besoin d’un complément de lubrifiant puis guide la tête rougissante et encore luisante de salive de ma bite à l’entrée de ta chatte et, sans plus attendre, d’un geste sec du phallocentrisme le plus désinhibé, je tire ta croupe contre moi pour planter mon dard dans tes chairs.
Pardonne-moi pour ces mots crus, mais ce que je fais à ce moment-là est assez trivial : je te tringle, je te baise, je te pilonne, je te bourre, je te culbute, je… (j’en ai encore l’écume aux lèvres…)
Mes mains s’agrippent à toi de différentes façons avec le même but recherché à chaque fois : donner le maximum d’impact au prochain coup de boutoir.
Un observateur bien placé (mais nous n’étions bien que tous les deux) aurait pu, en se plaçant judicieusement à l’aplomb de ton pubis, voir, métronome, mon sexe entrer et sortir du tien avec la même régularité et le même graphisme hypnotique que ce que mon propre regard captait il y a quelques minutes au niveau de ta bouche.
Mes mains, disais-je : tantôt les voilà qui s’accrochent fermement sur tes hanches, comme lors du premier assaut. Puis, plus tard, c’en est une qui vient se cramponner à ton épaule, pour ramener tout ton corps à moi quand, d’un mouvement synchrone du bassin, j’enfourne au plus profond mon sexe qui n’en peut plus d’être conquérant (comme s’il espérait que par quelque magie, une nouvelle percussion nous fasse fusionner puis exploser ensemble, plongeant dans l’embarras l’armée de physiciens atomistes chargés alors d’enquêter sur ce cas inédit de fission fusionnelle). Tu râles, tu cries même quand ces mêmes mains harponnent tes cheveux et considèrent que cette nouvelle poignée flexible vaut bien la prise rigide de ton bassin.
Puis-je te dire qu’au-delà de ce plaisir que j’avais à te posséder, je me repaissais du spectacle de ton corps nu, de la racine de tes cheveux jusqu’à tes orteils que j’avais suçotés un peu plus tôt, en passant par la ligne de tes épaules, la courbe de ton échine et la raie de tes fesses où, ce soir, je ne me suis pas enfoncé.

Mister Hyde dans son cœur
Prenait des notes pour le docteur…

Illustration : AlphachannelingFellow Pounced On By Wild Jungle Cat