[77] Trop jambon, trop con

Fleury-Michon nous prend vraiment pour des cons.

Jusqu’à présent, c’était une des rares marques de grande distribution a proposer du jambon Label Rouge, c’est à dire un jambon un peu moins insipide que la moyenne (j’entends : que la moyenne de ce qu’on peut trouver en supermarché).
De fait, le jambon au bouillon de chez Fleury-Michon était plutôt bon, et puis le voilà qui a disparu de la gamme. Alors bon, on se rabat sur le jambon au torchon qui n’est pas trop mal non plus. Label Rouge, toujours.

Et puis tout dernièrement, cherchant désespérément du Label Rouge dans les rayons, j’aperçois qu’une bonne partie de la gamme F-M voit son Label Rouge substitué par un Label Spécial Couillon, le genre de truc dont l’industrie agro-alimentaire use et rabuse : le pseudo label, le label maison, le sticker publicité du genre « élu produit de l’année » par un jury de consommateur invités moyennant rétribution à départager différents produits dont les fabriquant ont dû payer pour se voir sélectionnés (un peu comme si les cinéastes devaient payer pour voir leur film sélectionné au festival de Cannes, genre).

 

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AVANT

APRÈS 

À ma gauche, un jambon Label Rouge, c’est à dire répondant à des critères définis et contrôlés par le Ministère (de l’Agriculture je suppose).

À ma droite un nouveau jambon moins bon avec une qualité garantie. Ça veut dire quoi « qualité garantie » ? Ben rien, justement. Rien du tout. Voilà. On vous garantit que c’est du jambon fait à base de porc. Oh, Monsieur Fleury-Michon est trop bon.

Je n’imagine pas une seule seconde que ce nouveau label soit mieux-disant que le précédent. Si c’était le cas, les joyeux marketeurs de F-M se seraient empressés de les accoler l’un à côté de l’autre. Du jambon double label, la classe.

Ce qui me désole, dans cette affaire, c’est qu’on nous serine en permanence avec la qualité de ce qu’on met dans son assiette, que F-M a dû penser qu’il y avait un créneau à occuper, celui du jambon de qualité en supermarché, il lance une belle gamme de Label Rouge, et puis au bout d’un moment, il se dit que finalement, il vaut mieux berner le consommateur en lui refilant un produit de qualité moindre. Probablement parce que son créneau marketing n’était pas suffisamment rentable. Parce que nous n’étions pas assez nombreux à dépenser quelques dizaines de centime d’euros en plus pour acheter un jambon d’un peu meilleure qualité que le jambon supérieur d’à côté.
De fait, la part du budget des ménages consacré à l’alimentation continue de décroître. Les gens ont d’autres priorités.

Lu ici :
La part de l’alimentation dans le budget familial serait statistiquement passée en quarante ans de 45 % à 14 % actuellement (sauf dans les familles en situation de précarité où le problème de l’alimentation reste prégnant).

Et ici :
En quinze ans, les ménages ont réduit la part de budget qu’ils consacrent à leur alimentation et aux boissons non alcoolisées à domicile : cette part est passée de 15,7 % en 1990 à 14,3 % en 2004. 

4 gazouillis sur “Trop jambon, trop con”  

  1. #1
     
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    Douda a gazouillé  :

    C’est plutôt une bonne nouvelle (non pas la disparition du Label Rouge que je pleure avec toi, mais la diminution de la part de bouffe dans les dépenses des ménages), ça fait sauter une marche dans la pyramide de besoins de Maslow…alors après les besoins physiologiques y avait quoi déjà?…les besoins de sécurité, je crois…

  2. #2
     
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    Comme en terre a gazouillé  :

    @ Douda >
    Non, je ne crois pas que ce soit une bonne chose, justement, que le budget qu’on consacre à la nourriture diminue. Cela veut dire qu’on relègue ça à quelque chose de plus en plus secondaire, alors que la bouffe fait tout de même partie des plaisirs de la vie, des plaisirs quotidiens.
    Sans chercher à tout prix la haute gastronomie, je pense que chacun devrait prendre un peu plus d’attention à ce qu’il achète, parce qu’un gâteau « au beurre » (et même au beurre concentré) a tout de même meilleur goût qu’un gâteau à base de « matière grasse végétale hydrogénée ».

    Mais on peut s’en foutre, effectivement. Je trouve ça juste dommage. Je ne fais que « défendre mes valeurs » ;-)

  3. #3
     
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    Douda a gazouillé  :

    Je voyais plus ça comme une amélioration du pouvoir d’achat que comme une détérioration de la qualité de la bouffe. Les hard discount sont assez récents, donc le passage de 45% à 14% n’est pas dû qu’à la malbouffe.
    J’aime beaucoup la bonne chère aussi (en plus des plaisirs de la chair;-) mais je crois qu’à partir d’un certain seuil du budget, la bouffe devient la principale préoccupation des gens (ce que j’observe encore ici au Maroc), ce qui est plutôt regrettable.

  4. #4
     
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    Comme en terre a gazouillé  :

    @ Douda au cumin >
    C’est probablement vrai, aussi, je n’ai pas les chiffres qui permettraient de comparer non pas la part du budget, mais le montant en devise constante.
    Mais si je n’observe que les 10 dernières années, années pendant lesquelles je ne crois pas que le pouvoir d’achat ait tant augmenté, il est évident que l’on dépense beaucoup plus, par exemple, en communication (téléphone mobile, abonnement internet…) et j’ai tendance à penser que la nourriture n’est pas le poste qu’on cherche le plus à préserver.

    Je me souviens, quand j’étais gamin, que le saumon fumé était une denrée rare et chère. On y avait droit à Noël et au jour de l’an, et oualou. Maintenant, ça coûte le même prix que le jambon.
    C’est plutôt un progrès !
    Mais souvent ce saumon fumé n’a guère plus de goût que le jambon.
    C’est plutôt dommage !

    À noter que Kritsen (sic ?) propose justement du saumon Label Rouge en supermarché, que, de fait, je le trouve plutôt meilleur que les autres, mais en revanche l’écart de prix entre ce saumon-là et le saumon « tout venant » est presque du simple au double.
    Là, on se souvient qu’échapper à la malbouffe demande un minimum de moyens.

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