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Je la damnerai rue de Ponthieu sans concession (1/2)

Les plus libertins de mes lecteurs auront déjà deviné de quel endroit il va être question ici, mais pour le qui et le comment, il va leur falloir lire ce qui suit.
(Un titre avec un des pires jeux de mot depuis la naissance de ce burp, j’aurais
presque honte.)

Un préambule est nécessaire pour vous indiquer comment j’ai rencontré A***.

A*** n’est pas une lectrice de mon blog. A*** n’est pas une fille que j’aurais rencontrée par un site de rencontre, vu que je ne fréquente pas de site de rencontre. Je n’ai pas rencontré A*** au boulot, ni dans une soirée, ni nulle part ailleurs. Je n’aurais jamais connu A*** si je n’avais pas rencontrée C***, si C*** ne m’avait pas trouvé du charme ni n’avait eu suffisamment confiance en moi pour imaginer que j’allais être pour A*** le complaisant accompagnateur dans le monde de (tadaaaa !) l’échangisme (pas moins). Grâce soit ici rendu à C*** pour  sa générosité, son désintéressement, sa clairvoyance aussi. Elle sera récompensée pour tout cela quand l’occasion s’en présentera !
C*** fut donc notre entremetteuse.

Outre le fait que A*** est une charmante brunettes aux seins parfaits et aux jambes ensorcelantes, ce que je ne savais pas avant de la rencontrer (ni même vraiment à l’instant précis de notre rencontre), A*** a une particularité qui est loin d’être anodine pour moi : elle est jeune. Très jeune. En deçà de mon fatidique seuil de 23 ans que j’ai déjà mentionné ici. À côté du fait, très excitant, qu’on me présentait sur un plateau une femme (quasiment) prête à s’envoyer en l’air avec moi en club, pour peu qu’on se plaise mutuellement un tant soit peu, se posait la question de savoir si du haut de ses 19 ans, elle allait piétiner allègrement ma théorie (pour rappel, ma théorie est empirique et j’ai évoqué le fait qu’il existe, bien sûr, des femmes de moins de 23 ans avec lesquels une relation érotique épanouissante soit possible, mais que, à ce jour, je n’en avais aperçu qu’une seule fois la possibilité, et qu’elle ne s’était pas concrétisée) ou me conforter dans mes certitudes de vieux schnock. Il y avait là un challenge, à la fois ludique et, lui aussi, excitant.
J’étais donc, pour toutes ces raisons, et d’autres encore bien plus simples que je vous laisse imaginer, très impatient de la rencontrer.

Nous avions depuis une dizaine de jour commencé à correspondre par courriel. Je voulais la sonder un peu sur ses envies et ses attentes, ce qui la motivait, ce qui pourrait constituer un obstacle, ce qu’elle attendait de moi, ce qu’elle pourrait donner et ce qui serait tabou, etc. A*** était réceptive à mes demandes, mais (c’est l’impression qu’elle me donnait en tout cas) elle se tenait à distance. Je ne pourrais pas parler de pudeur ou de réserve, car elle répondait franchement à mes questions, parlait sexualité sans la moindre gêne, mais j’avais le sentiment qu’elle ne se livrait qu’en surface. Je pouvais lire ses envies, mais je ne sentais pas son désir. Fallait-il mettre cette retenue sur le compte la prudence ou de sa jeunesse, je ne le savais pas.

J’essayais, par exemple, de déterminer dans quel endroit elle aurait le plus envie d’aller. Je lui proposais trois clubs différents, avec ce qui me semblait être les avantages des uns et des autres, et sa réponse miroir se résumait à un « fais comme tu le sens », certes commode si je voulais être directif, mais qui me désarçonnais un peu, moi qui me sens, dans ce domaine, plus en mode « collaboratif ». Je finis par faire le choix du lieu, choix que valida, en quelque sorte, un ami, connaisseur du Paris libertin, que je consultai pour l’occasion, et le tins secret. Ce serait le choix de la totale découverte, de l’absence de repères, puisqu’aucun de nous deux ne connaîtrait ni le corps de l’autre, ni les lieux qui abriteraient notre première étreinte, ni les personnes qui la partageraient éventuellement avec nous.

J’invitais A*** dans un restaurant dont j’aime le confort feutré, le chef talentueux et les prix raisonnables. Nous avions échangés quelques brefs coups de fil avant de nous voir. Je me décrivais sommairement, lui assurais que, dans ces circonstances, on reconnaît toujours celui qui, comme nous, attend quelqu’un qu’il n’a jamais vu. Elle m’annonça un manteau noir et une écharpe orange. Tandis que j’approchais du restaurant, j’aperçois de loin sur le même trottoir une femme en manteau noir et avec une écharpe orange mais … accompagnée de deux autres jeunes femmes !!!

Fausse alerte, ce n’était qu’une coïncidence et ces trois-là étaient juste sorties fumer d’un bar jouxtant notre restaurant. Au même moment, un SMS m’avertit d’un léger retard à prévoir. Je m’installais au bar pour prendre un verre, chose dont j’avais besoin pour me donner une contenance et surtout me détendre un peu. L’alcool a sur moi un effet désinhibiteur efficace et libérateur de désir. Elle m’avait appris qu’elle ne buvait pas d’alcool, je savais donc que je passerai la soirée en étant le seul buveur.
Elle finit par arriver dans le restaurant et se présenta à moi très simplement. Elle était à l’aise. J’ai découvert son visage. J’étais à l’aise. Nous sommes passés au restaurant, table tranquille et les autres dîneurs à bonne distance, nous allions pouvoir parler de tout ce dont nous voulions parler sans nous soucier de heurter une oreille sensible. Nous avons discuté longuement, de nos parcours, nos expériences respectives. Je lui expliquais, notamment, le comment et le pourquoi de ma vie adultère. A*** me racontait comment, très jeune, elle démarra une liaison avec un homme déjà nettement plus âgée qu’elle.  Au fur et à mesure que la conversation avançait, j’abandonnais mes précautions oratoires (« si nous en avons envie … », « si tu le sens… ») quand j’évoquais la perspective de poursuivre notre soirée ensemble au club.

Le dessert était derrière nous, nous continuions de bavarder mais mon impatience grandissait de passer au « deuxième volet » de notre soirée.
– On y va ?
– On y va !

L’addition réglée, direction ma voiture. Installée à ma droite, A*** troquait son jeans contre une robe, sésame indispensable pour entrer dans un club échangiste (je m’amuse toujours de tous ces codes imposés dans ces endroits qui se proclament non-conformistes !). J’en profitai pour poser ma main sur sa cuisse et la caresser, en tout prélude des contacts plus charnels qui allaient suivre. Oui, j’aurais pu aussi lui rouler une grosse pelle dans l’ascenseur du parking mais je m’étais contenté de la plaquer contre la paroi. A*** a cette étrange particularité : elle n’aime pas les baisers. Elle m’avait prévenu, je n’étais pas pris en traitre. Je savais que j’allais avoir à composer avec cette frustration.

Quelques errances plus tard, je trouvai enfin une place pour stationner, et après quelques pas, nous voilà tout deux face une lourde porte noire en métal, devant le 36, rue de Ponthieu.
Sur notre gauche, une plaque murale confirmait que nous nous trouvions bien devant le No Comment.

À suivre


Illustration de Vlastimil Kula.

[L’intégrale : Épisode 1 – Épisode 2Épisode 3Épisode 4]

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