Pour moi qui ai démarré mon burp en 2006, radioblog-club, c’était un mythe, une sorte de pré-Deezer qui permettait de sonoriser ses notes.
Le principe technologique était le suivant (en espérant ne pas trop me planter) :
Quand un internaute voulait diffuser un morceau sur son blog, il recherchait dans la base de données de radioblog-club. Si le morceau existait, il pouvait l’intégrer directement dans sa note.
S’il n’existait pas, il avait la possibilité, avec un dispositif spécifique d’encodage, de transformer le mp3 en fichier lisible par la petite applet radioblog, de télécharger ce fichier sur son propre site, et de le mettre ainsi en écoute sur son blog.
Le morceau était alors disponible pour les autres blogueurs, et la base de données globale se voyait ainsi enrichie de plein de morceaux, du hit le plus banal au morceau le plus étrange et rare, mis à disposition par quelque collectionneur pointu.
Le fait est que ce dispositif avait deux inconvénients majeurs :
Il nécessitait parfois l’hébergement du morceau sur son propre site, ce qui consommait de l’espace disque (certes, de moins en moins coûteux), mais aussi de la bande passante à chaque fois que le morceau était lu sur son propre site, ou bien sur n’importe quel autre site référençant son morceau.
Il n’était pas du tout conforme au droit, puisque les ayants droits ne bénéficiaient d’aucune rémunération, et qu’en outre le codage spécifique retenu était très facilement réversible, et que du coup, les morceaux ainsi mis à disposition pouvaient facilement être retransformés en MP3 (de mauvaise qualité, certes, mais tout de même).
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J’en connais pour qui l’illustration musicale de chaque note est/était aussi indispensable que pour moi l’illustration par des images (dont, soit dit en passant, je ne respecte guère plus les ayants droits, mais le lobby des photographes est moins puissant que la SACEM, ou peut-être estiment-ils qu’en diffusant leur œuvre, les blogs leur font finalement de la publicité [sous réserve que les auteurs soient au moins crédités, NDLR], ou encore qu’avec leur infime lectorat, ce n’est pas la peine de les emmerder, ou qu’ils ne le savent même pas, ou un mélange de toutes ces raisons).
Deezer a pris le relais de RadioBlog, avec un dispositif un peu plus astucieux qui permettait la rémunération des ayants droits, mais les lecteurs exportables ont fini par disparaître et depuis, on se limite, sur nos blogs, à un lien vers Deezer qui diffusera le morceau tant que ce service fonctionnera, jusqu’à ce qu’il meure ou soit remplacé, etc. Et, en ce qui me concerne, il est désormais bien plus rare que je clique pour écouter sur un autre onglet, que je ne cliquais sur le lecteur pour découvrir la mélodie, les paroles, dont on avait voulu illustrer la note.
Ce qui fait que dans nos archives, nos notes sont fréquemment amputées d’un morceau (sic) qui n’existe plus, petite croix rouge en guise de plaie, erreur 404.
À la mémoire de ces notes sans note, je vous propose une minute de silence.
Ce dimanche matin, le ciel parisien est bouché par une épaisse couverture nuageuse. Je me lève péniblement pour vider ma vessie et je constate que ma voute plantaire se souvient encore des excès d’hier. Je sens qu’elle va être éprouvante, cette troisième journée.
Pourtant, quand j’arrive sur le site du parc de Saint-Cloud, après un contrôle des sacs plus minutieux que les jours précédents, qui me fait craindre un instant que ma flasque remplie de délicieux rhum (du 23 ans d’âge, sans compter quelques années rajoutées dans ma propre cave, mais je crois que je vous ai déjà dit tout ça hier), pourtant, donc, le soleil commence à percer et les températures commencent à s’élever, avec l’aide de l’électro-punk-rock pêchu des Canadiens de Metric, qui nous offre une belle ouverture de journée.
Emily Haines est sexy comme tout dans sa petite robe courte (dingue, le nombre de groupes menés par de vigoureuses nanas, cette année à Rock-en-Seine – P.J. tu me manques !).
Le concert fini, je me dirige vers les rythmes africains du Sénégalais Baaba Maal (dont les percussions sonnent de l’autre bout du parc), en faisant toutefois escale au stand thaï (c’est beau la world culture). Oui, j’ai décidé que mon menu serait thaï aujourd’hui. Pour le déjeuner : salade de papaye que je relève d’une sauce piquante pas piquée des hannetons (au moment où je prends ces notes, ami lecteur, force est de constater que j’ai la bouche en feu).
Pas trop captivé par la musique de Baaba Maal, et moins encore par son baratin tiersmondiste (un peu trop bienpensant et tellement attendu – bienvenue à Boboland !), je pars à l’opposé pour la scène de l’Industrie afin de tester le groupe français Lilly Wood and the Prick. Je ne sais pas dire de quel instrument jouait la bite (en fait, j’étais assis, derrière le public, avec entre mes baguettes une fine rondelle de piment, traversé de considérations profondes du genre Petit Pimousse « petit, mais costaud ! », et donc je ne voyais pas la scène et a fortiori pas le groupe, et celle de l’Industrie a la particularité de ne pas être accompagnée d’écran géant), mais si cette musique était plus dans mes cordes que celle dont je m’étais éloignée, je n’ai pas été envoûté (ai-je entendu leur single-tube Down the drain ? I don’t know.)
Je vais ensuite à la scène de la Cascade où démarre le concert de Robin McKelle. Une ambiance jazzy cuivrée donne tout de suite le ton. Pas assez original, en tout cas, pour me retenir, alors après quelques morceaux, je me dirige doucement vers la grande Scène pour écouter le concert de Macy Gray qui va bientôt commencer.
Sans être un grand fan, je dois dire que c’était plutôt plaisant à écouter, allongé sur l’herbe et baigné par un soleil franc d’un ciel désormais dégagé de ses nuages.
La chose Sliimy, qui se prend pour Faith no more à qui il a piqué le mégaphone de la veille
Après Macy Gray, j’écoute la fin du concert de Sliimy, une sorte de machin indéfinissable, un mélange de Prince, Michael Jackson et Gotainer, tout en sirotant un jus de fruits frais (ami lecteur, si tu t’es perdu dans ma phrase, je te fais le plan : c’est Sliimy qui s’agite sur scène et c’est moi qui bois).
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Elle est pas belle, ma moustache ?
Pas rassasié par ce goûter (je parle du jus de fruit, pas de Sliimy, qui n’était pas plus nourrissant, soit dit en passant), je m’attrape une crêpe au caramel au beurre salé (pas thaï, me feras-tu remarquer, avec raison) sur la route des Eagles of Death Metal, qui, tu l’auras compris au nom tout en finesse, délivre un rock bien gras et aussi épais que la moustache de son leader, qui s’amuse même à la coiffer plein cadre sur l’écran géant d’un œil coquin. Ce sont des vrais rockeurs, j’vous jure. Leurs bras sont tellement tatoués que, de loin, on a l’impression qu’ils sont couverts de cambouis.
Pas de quoi me retourner le cœur, évidemment (je parle des Eagles, pas de la crêpe).
À suivre, l’événement mystère du festival avec Les Petits Pois. Mystère mes fesses ! Apparemment, le secret était sérieusement éventé, puisqu’on m’avait annoncé dans la journée de qui il s’agissait (et les comptes rendus trouvés sur le net le confirment), mais pour moi qui n’avais pas cherché à le percer, ç’aurait pu en être un.
« Derrière cet étrange pseudo – en français dans le texte – se cache une bande d’aventuriers, tous habitués des scènes rock internationales mais qui n’ont pas l’habitude de jouer ensemble. Ce super groupe taillé pour le live, dont l’identité devrait rester secrète jusqu’à son premier concert, fera de rares apparitions sur quelques festivals européens cet été. Rock en Seine est l’escale française de ce projet mystérieux qui, d’après les maigres informations dont on dispose, devrait s’inscrire dans l’histoire du festival comme une énorme déflagration… »
Sur le festival, une expo photo (pas bouleversante, mais pas mal) avec un joli dispositif scénique
Ça, c’est pour l’article (dans le sens faire l’article) dans le programme.
Apprends donc, ami lecteur, que Les Petits Pois = Them Crooked Vultures = grosrock bourrin qui a encore oublié de mettre des mélodies dans leur morceaux (tout le contraire de Faith No More, comme je le racontais hier). Alors, l’énorme déflagration, je ne crois pas.
(À noter qu’entre les Eagles et les Vultures, y sont drôlement originaux ces noms de groupes rock !)
Demi-tour pour se placer devant la grande Scène pour les petits prodiges de MGMT (j’apprends d’ailleurs à l’occasion que MGMT = ManaGeMenT ; vous le saviez, vous ?). Arrivée sur scène avec brossage dans le sens du poil du public français : éclairage bleu blanc rouge et évocation synthé de Gainsbourg, millésime Melody Nelson.Malheureusement, ce que je disais vendredi à propos des Yeah Yeah Yeahs, a trouvé dans la prestation de MGMT un exemple de ce qui me déçoit : un concert qui diffuse en live une copie sans âme de son album. Certes, j’aime beaucoup leur musique et je ne voudrais pas noircir le tableau : c’était un plaisir de les écouter. Mais il manquait clairement quelque chose pour que ce concert soit vraiment mémorable, pour que le public décolle.
MGMT et leur intro franco-démagogue !
J’ai toutefois une théorie : la perception que l’on a d’un concert est très différente selon l’endroit où l’on se trouve pour l’écouter. Devant sa télé, si le spectacle est filmé, ça ne sera pas comme si on l’écoutait allongé sur la pelouse en live, ni comme si on l’écoutait debout dans le public, et pas non plus comme si on l’écoutait dans les premiers rangs de la fosse. J’en avais fait l’expérience, presque par hasard, au concert de Peaches (souvenez-vous de ce moment d’anthologie). Pour MGMT, j’étais peut-être un peu trop loin de la scène, entouré d’un public assez statique (où je ne dépareillais pas) et ici, ça ne vibrait pas vraiment.
Sauf, à la fin, pour leur gros hit et le délire au synthé qui suivit (il était temps !) alors que la foule faisait déjà, mystérieusement, demi-tour pour le concert suivant (comme ces spectateurs qui se lèvent dès le premier mot du générique de fin et qui ratent parfois quelques séquences bonus pleines de sel).
Je passerai rapidement sur The Klaxons écoutés très distraitement tout en avalant mon pad thaï végétarien (des nouilles sautées, en fait, pas mauvaises) arrosé de quelques lichettes de rhum.
Il ne me restait plus, pour clore le festival (ahhh… plusieurs fois ce dimanche, je me suis pris à penser que nous étions samedi et qu’il resterait encore une journée de plus… hélas !), qu’un dernier morceau de bravoure. Le concert de Prodigy était une tuerie ! Pas question d’une fin en demi-teinte, alors j’ai pénétré la foule dense aussi profondément que possible, profitant de brèches occasionnelles pour m’engouffrer plus près encore du cœur de la fournaise. Pour être franc, je ne l’ai pas atteinte, mais là où j’étais, l’écorce terrestre du public commençait à fondre et le magma, tout proche, eut vite raisons de mes maigres provisions d’eau. Au petit jeune à côté de moi qui pensait que je m’étais imprudemment avancé, j’ai donné une petite leçon de pogo « à l’ancienne » ! J’espérais, sans trop y croire, que j’aurais le plaisir d’écouter Climbatize, mon morceau préféré de Prodigy, mais vu que c’est un morceau sans parole, c’était assez peu probable de l’avoir. Pour le reste, rien à redire sur leur prestation en continuelle surtension. [EDIT] Je me rends compte que j’ai oublié de vous parler du moment où le chanteur a fait s’asseoir – oui, s’asseoir docilement – la foule qui était plutôt portée sur les bonds multi-directionnels. S’asseoir gentiment pour mieux exploser dès la reprise du big beat ! Wahooooo ! Trop bon ! [/EDIT]
Le concert fini, il était urgent de me réhydrater et une pinte de bière vite descendue fit l’affaire (le seul moment où cette bière était bonne, finalement). Je traînais ensuite mes pieds doucement vers la sortie, non que je fus épuisé, mais simplement parce que je voulais profiter quelques instants encore de l’ambiance du festival dans le domaine de Saint-Cloud (un peu comme au Moon City, tiens !). Je fis une longue escale au bar qui fait face à la scène de l’industrie, où des bidons métalliques furent l’occasion d’un concert de percussion brouillon mais bon enfant. Petite mention pour la joyeuse bande d’Irlandais éméchée (dont une petite Irlandaise brune vraiment charmante). Poussière sur les chaussures dans l’allée, pas de détour clandestin au camping cette année, désormais traditionnelle photo de fin de festival et rideau. 2009 était un bon cru. Je réserve déjà mentalement ma place pour 2010.
Sur ma wish list : PJ Harvey, Nine Inch Nails, Rodolphe Burger, dEUS, A perfect circle, Radiohead (encore !), Herbalizer, Ghinzu et la reformation (puisque c’est la mode) de The Stranglers !
(Promis, l’année prochaine, je change de filon pour mes titres de billet, parce que là, ça devient poussif – d’autant que Baaba Maal a fait sa prestation le dimanche, mais j’ai déjà mon titre pour le troisième volet.)
Pour ce deuxième jour, j’arrive les pieds à peu près alertes un peu avant le premier concert, histoire de pouvoir m’installer tranquillement. J’ai petit-déjeuné tard et prévu de prendre mon déjeuner quelque part, quand la faim se présenterait.
Je m’allonge peinard sur la pelouse de la scène de la Cascade en attendant le premier concert de la journée. Kitty, Daisy and Lewis nous propose un petit voyage dans le temps avec un rock figé dans les années 60. C’est sympathique, mais vraiment pas sexy contrairement à ce que promet le programme.
On enclenche une vitesse nettement supérieure à 15 h 30 sur la grande scène avec la prestation des Noisettes (prononcer « noï-zets »), qui nous délivre un pop-rock pêchu ne lésinant pas sur les basses, with a voice s’il vous plaît, menée tambour battant par sa chanteuse black débordant d’énergie, portant une improbable tenue à franges rouge vif , et s’agitant pieds nus sur la scène ou suspendue aux échafaudages (et ce, sans s’époumoner dans le micro – faut que je me remettre au sport, moi) !
Sur requête spéciale de K², il n’était pas question que je rate une miette de The Asteroids Galaxy Tour. J’ai lu quelque part qu’ils étaient surtout connu en France grâce à une pub pour Levi’s ou un truc du genre. Moi, j’allais découvrir une blonde chantant une pop acidulée (comme elle) enrobée de cuivres, entraînante et plutôt dansante. Les musiciens qui l’accompagnait (à une exception près) étaient blonds et m’évoquaient des navets asthéniques ayant manqué de soleil. That was fun et la chanteuse avait l’air plutôt contente d’être là.
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Ce spectacle terminé, je retraverse le parc pour aller et écouter ce « “nu clash”, une musique où se percutent afro-beat, post-punk et ska […] [à laquelle on] ajoute les sonorités de la new-wave mid-eighties », selon le programme. Ben ça avait l’air vachement bon sur le menu et malgré une assiette joliment décorée (la chanteuse porte un accoutrement invraisemblable les bras enfoncés dans des cubes de mousse bariolés), mes oreilles ne sont pas du tout convaincues par Ebony Bones !
Je fais l’impasse sur Jil is lucky (ça ne me disait rien, et c’était en même temps qu’Ebony Bones, j’ai peut-être fait le mauvais choix) pour aller me promener un peu sur le site du festival et notamment visiter l’exposition « Rock’Art » (je me demande s’il ne faut pas y voir un clin d’œil facétieux de Jean-Paul Huchon) constituée par 47 affiches dédiées à chacun des 47 groupes au programme de l’édition RES 2009, réalisées par la bouillonnante illustration française. Beaucoup de belles affiches, et parmi elles, une qui n’est pas celle que je préfère esthétiquement, mais d’où surgit un érotisme trouble qui m’a « interpelé au niveau du vécu » : celle d’Amandine Urruty. Son affiche est là. Qu’en pensez-vous ?
Je passe très rapidement sur Dananananaykroyd qui ne m’a laissé aucune impression (mon carnet de note indique : rock à guitares stridentes – bof) et pour en savoir plus sur leur prestation, il va falloir chercher un peu sur le net (ce ne sont pas les comptes rendus qui manquent, sur le net, j’ai trouvé ceux de Sound of Violence pas mal). Je les écoute d’une oreille distraite en rêvassant sur la pelouse et en remerciant les dieux pour ce festival ensoleillé qui se sera déroulé sans une goutte de pluie.
À ceux qui ont déclaré le mini-short has-been, Rock-en-Seine adresse un opportun démenti formel
Je vais écouter ensuite les Canadiens de Billy Talent. C’est du gros rock qui tache (« punk-rock » stipule le programme). Il m’a semblé que la voix du chanteur, quand elle se faisait stridente, avait les mêmes accents que le chanteur d’AC/DC hurlant Hells Bells ! Je retrouve à ce moment-là Bertrand Morane (qui ne doit pas être inconnu à certaines de mes commentatrices ici) venu avec quelques amis. Je l’entraîne écouter The Horrors dont j’avais entendu du bien et, effectivement, c’était une belle prestation, dont je n’aurais pas pleinement profité, mais entre parler cul et écouter du garage rock, faut gérer les priorités. Un groupe que je vais suivre de plus près, en tout cas.
On enchaîne avec The Offspring dont le son est reconnaissable entre mille, entre accents de guitares et tonalité du chanteur. Les écouter, pour moi, c’est du pur « rock nostalgique ». Les voir sur scène, c’est un peu comme voir (en plus frais, tout de même) Madness. Je ne sais pas ce que produit Offspring aujourd’hui et tous mes souvenirs d’eux remontent près de 15 ans en arrière à l’époque de leurs premiers hits. Ne me viendrait pas l’idée d’acheter leur(s) dernier(s) album(s). (Y en a-t-il seulement ?) En tout cas, récent ou pas, le chanteur s’est lancé dans un solo au piano (vi, vi, il jouait avec plein de doigts) et s’est pris à l’occasion quelques sifflets (mérités, imho).
Je pensais que j’allais faire du coup l’impasse sur Yann Tiersen, mais finalement, j’ai délaissé Offspring au goût de madeleine pas assez puissant pour aller rejoindre près de la scène de l’industrie un autre groupe d’amis. Tiersen avec sa guitare, ou en transe avec son violon, n’était toutefois pas très convaincant.
En revanche, le poulet au curry thaï chopé au stand thaï, lui, l’était nettement plus. Et globalement, j’ai trouvé le choix de nourriture plus intéressant que les années précédentes. Pour ce qui est de la boisson, je vous ai déjà dit mon opinion dans le billet d’hier. D’ailleurs, samedi matin, j’ai fait une petite recherche internet pour trouver où acheter une flasque à Paris et j’ai trouvé mon bonheur. Entre deux bières, donc, j’ai pu siroter et partager mon excellent vieux rhum, 23 ans d’âge, que j’avais donc réussi à introduire clandestinement (qu’est-ce que je suis rock’n roll, hein ?).
Il paraît que la musique de Calvin Harris est dansante, mais je n’ai pas eu une seconde envie de me déhancher sur ce que j’ai entendu, globalement sans intérêt (pour moi, hein ! s’il y a des fans, qu’ils m’excusent pour mes goûts peu fiables).
Venons-en à la grosse tête d’affiche de cette journée (et, pour tout dire, un des groupes qui me titillait le plus sur l’ensemble du programme de Rock-en-Seine) : FAITH NO MORE remontant sur scène après 11 ans de séparation ! Mazette ! Faith No More appartient pour moi à ces rares groupes de Métal /Industriel qui produisent une musique suffisamment mélodique pour enchanter mes oreilles (dans cette famille étroite, je mets Rammstein, Sugar ou encore Nine Inch Nails – qu’il faudrait que je vois sur scène un jour, holy shit). Même si je n’ai d’eux qu’un seul album, le splendide Angel Dust (normal puisque je suis en pleine midlife crisis), j’étais très impatient d’entendre leur prestation, d’autant que le groupe est connu pour ses parfois surprenantes reprises musicales.
Je ne fus pas déçu (et je ne vous citerai pas toutes les reprises, mais au moins celle des Bee Gees : I started a joke, qui reste pour moi la musique madeleine d’une publicité des années 70 pour Aéroports de Paris – vous la retrouverez en un clic sur YouTube), quittant même mes accompagnateurs pour plonger plus près de la fosse quand mon tube menaçait de faire sauter mes bouchons à oreille (on n’est jamais trop prudent).
Il ne restait plus qu’à aller voir du côté de Birdy Nam Nam la façon dont aller se clôturer la journée. Quand je dis « il ne restait plus qu’à », c’est un euphémisme, car ce qui m’attendait était un morceau de bravoure. Dans une ambiance de folie furieuse, la masse des festivaliers bouillonnait sur les rythmiques redoutablement efficaces des quatre DJs français. Là où Vitalic m’avait laissé sur ma faim, les Birdy Nam Nam me rassasièrent. Bon, le fan du PSG avec son T-shirt Fly Emirates et braillant Paris ! était un peu pénible, mais ça ne suffisait pas à gâcher une ambiance survoltée. La fin du set était évidemment frustrante, mais mes pieds n’étaient pas d’accord avec mon cerveau et ceux sont eux qui ont piloté pour le retour à la maison. Il me semble que c’est en 2007 que Rock-en-Seine a commencé à panacher sa programmation rock avec des groupes plus dance, et je ne sais pas si ça en frustrent certains, mais à moi comme, me semble-t-il, au plus grand nombre, le mélange n’a rien d’hérétique et apprécier les riffs de guitare électrique n’est pas incompatible avec la passion des beats électroniques. Notons au passage que les grands shows de Vitalic et Birdy Nam Nam à une heure avancée ont été rendu possible par les nouveaux horaires prolongés de la RATP le week-end. Merci la RATP !
Toutes les photographies qui illustrent cette note copyleft CUI.
2005, 2006, 2007, 2009. C’est donc pour moi la quatrième édition (sur 7) du festival à laquelle je me rends cette année comme un habitué. J’avais séché l’édition 2008, pas emballé par l’affiche, sans doute, et non pour me rendre à l’université d’été du PS qui se déroule chaque année à la même date.
Le premier cérémonial, à Rock-en-Seine, c’est l’arrivée, justement. Les années précédentes, il fallait que je gare ma valeureuse 106 dans une rue à proximité (ce que je réussissais à faire sans trop de mal). Cette année, c’est plus simple puisque je viens à scooter. Vite garé pas loin du tunnel piétonnier vers lequel convergent les premiers festivaliers. Nous sommes accueillis par la haie d’honneur des distributeurs de prospectus. Petite originalité cette année, je tombe carrément sur un artiste qui écoule ses propres CD. « On donne ce que l’on veut. » Ce sera 10 € et une brève discussion. Il fait du « rock festif » et s’appelle Branco Loco.
Contrôle du sac. On n’enlève plus les bouchons de bouteilles et mon appareil photo passe aussi la douane. Mon forfait 3 jours est converti en bracelet passe vermillon, j’attrape les boutons à oreilles puis, vite, le programme afin que j’élabore mon programme de la journée.
C’est James Hunter qui a le privilège d’ouvrir le festival avec le tout premier concert dont j’ai raté le début. Un rock vintage agréable à écouter, mais qui ne me surprendra pas assez pour me faire remettre en cause mes goûts musicaux plus pop. Après quelques morceaux, je traverse le parc pour me rendre à la grande scène où se produit Just Jack, que j’avais découvert deux ans plus tôt sur le même festival. J’écoute paisiblement, vautré dans l’herbe, sa musique chewing-gum en profitant du soleil.
The Tatianas zappés, j’enchaîne JJ avec Keane, qu’on compare, paraît-il, à Coldplay. Bof bof bof. (Mais attention, je n’en dirai pas trop de mal, parce qu’apparemment il y a des fans qui n’apprécient pas qu’on touche à leurs idoles – et qui mettent d’ailleurs sur le compte de la presse leur faible succès en France, c’est rigolo !)
Après ça, je vais voir ce que donne la jeune scène française avec GUSH (j’ai un peu honte à le dire, mais gush, pour moi, ça m’évoque un extrait de porno qui traîne sur mon disque dur : « anal and a gush »). Une belle énergie sur scène et une musique qui ne me fait pas décoller.
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Le premier moment de grâce est arrivé avec les Yeah Yeah Yeahs. Il y a des groupes qui se contentent sur scène de jouer leurs morceaux avec des orchestrations plus ou moins éloignées de celle de leur album, morceaux qu’ils ponctuent d’un « Merci Paris ! » auquel le public répond par un hourra. Et puis il y a les groupes qui transforment leur musique en autre chose qui ne pourra jamais être retranscrit sur un CD (même s’il existe des tentatives de pasteurisation sous DVD).
Vous m’avez vu venir. La prestation des Yeah Yeah Yeahs appartenait bel et bien à cette deuxième catégorie et la présence sur scène de Karen O était d’une sensualité qui n’était pas sans m’évoquer la prestation de Natasha Kahn (Bat for Lashes), il y a deux ans sur la même scène (quand bien même leurs musiques ne sont pas semblables).
Pas envie de tester le folk d’Amy MacDonald (pourtant, une Amy qui vient à Rock-en-Seine, ça s’arrose !), je reste à siroter une mauvaise bière (Heineken truste toujours le festival et nous offre le choix entre Heineken, Heineken, Cruzcampo, Heineken, Heineken, Desperado – pas bon non plus – et Heineken) en attendant Passion Pit qui m’a l’air plus intéressant sur le papier (il est temps que je précise au lecteur qui ne s’en serait pas rendu compte : je me la joue rock’n roll mais je ne suis pas de très près l’actualité musicale, donc je découvre sur place 75 % des groupes !)
Plus tard, j’ai interrompu l’écoute de Passion Pit qui semblait plutôt agréable pour aller rejoindre des amis arrivés sur le site (c’est le propre d’un festival : la vie sociale y est parfois incompatible avec le gavage maximal en décibel !).
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Puis ce fut l’heure du premier événement du festival, la prestation du mythique groupe ska reformé Madness ! Hey ! Watch this ! Il était évidemment hors de question que je rate ça. Et ben ouais, c’est One step beyond qui a ouvert le bal.
Madness, dans un environnement si champêtre !
Les pépères de Madness me font penser, engoncés dans leur costard, un peu épais comme des supporters de rugby anglais, avec leurs lunettes de soleil, à mon chef au boulot (qui ne porte toutefois pas les mêmes chaussures). Je dois dire que c’est malgré tout assez plaisant d’entendre ces morceaux qui ont scandés mon adolescence dès mes premières boums (eh oui, 1979, j’avais 11 ans !). One Step beyond est probablement leur plus gros hit mais ce n’est pas mon préféré. Assez bêtement, d’ailleurs, les morceaux que j’ai préférés pendant le concert étaient ceux que je préférais sur leurs albums. Si leur prestation n’était pas de celles que j’encensais plus haut avec les YYY, j’avais quand même en les écoutant un grand plaisir juke box. « Baggy trousers », c’était super. « Madness », c’était super. Et puis le concert se termine, il y a un rappel, et je n’ai toujours pas entendu mon morceau. Damned ! Ils ne vont quand même pas oublier Night boat to Cairo ? Ben non ! Ils ne l’ont pas oublié et c’est avec jubilation que je dansais comme à l’époque un bon ska sur ce morceau formidable :-) (et je mets un gros smiley, ouais).
Un grand moment de gastronomie vendredi soir
Je vais voir ensuite ce que vaut Vampire Weekend sur la grande scène et ma réponse est : pas tripette. Bof bof bof. Glandouille, dîner et bavardage en zappant Bill Callahan et en attendant Bloc Party qui me déçoit aussi alors que je pensais que ça serait super. Groumpf ! Alors nous allons nous placer dans un endroit tranquille pour écouter Oasis.
Le concert ne démarre pas à l’heure prévue, et puis un affichage annonce l’annulation du concert, et un homme monte sur scène et annonce, d’un ton assez détaché, que les frères Gallagher ont eu une altercation en coulisse et que du coup, pas d’Oasis (oh !!!!). J’ai longtemps cru à un canular. Il faut dire que 20 minutes (un des partenaires du festival), dans un article assez hilarant sans doute écrit sous influence de substances prohibées, relatant toutes les mésaventures possibles d’une édition 2009 catastrophe, avait prévu le split du groupe ! Toutefois, quand il a annoncé que le concert serait remplacé au pied levé par Madness, et que les roadies commençaient à enlever le matériel de scène pour le remplacer par ceux estampillés du fameux logo ska, il fallait bien se rendre à l’évidence : ce n’était pas un canular poussé jusqu’au bout, c’était bien la vérité. Le plus surprenant est la réaction très tempérée des festivaliers : des sifflets, des cris, mais pas de véritable bronca.
Tous ces groupes qui démarrent leur concert à l’heure pile, comme des fonctionnaires, ceux-là ont complètement perdu l’esprit Rock’n Roll.
L’Oasis évaporé, mes comparses et moi zappons le « bis » de Madness pour attendre le début du concert suivant.
La suite, c’est Vitalic, dont j’adoooooore un des remix de (ben merde alors, je vérifie et je m’aperçois que j’ai confondu avec Cosmo Vitelli ! Quel nul !), alors je me dis que ça va faire une fin de soirée qui dépotera.
C’était intéressant, mais c’était une techno assez « sèche », pas assez dansante à mes oreilles. Je bouge, quand même, quand le rythme me porte, mais pas autant que je l’avais anticipé, en constatant que la majorité du public réagissait à peu près comme moi. Mention spéciale pour son dispositif scénique, très esthétique, constitué notamment de deux grands panneaux métalliques servant alternativement de miroir ou d’écran. Vraiment réussi.
À la fin de ce dernier concert, à une heure tardive permise par les nouveaux horaires des derniers métros le week-end, je rentre chez moi les jambes épuisées par cette journée (plus de huit heures d’affilée, mine de rien) à déambuler et à danser. J’étais loin d’être au bout de mes peines et deux autres journées éprouvantes s’annonçaient !
La météo s’annonce optimale, mes oreilles sont débouchées, je n’ai pas vingt heures de sommeil en retard, mon T-shirt Pixies est à peu près propre, j’ai deux ou trois têtes connues que j’espère croiser sur la pelouse (si vous voulez allonger la liste, vous savez où me trouver), j’ai en mémoire le festival 2007 (j’ai séché 2008) où j’avais rajeuni de 20 ans.
Bref, je suis remonté à bloc pour une édition 2009 mémorable !
Tandis que je déambulais dans le hall Méditerranée de la gare de Lyon, dans l’attente de mon TGV, je tombais sur cet imposant « compacteur de canettes », également appelé « écopacteur » mais dans ce cas agrémenté d’un ®.
Je ne gloserai pas sur le nombre d’équivalent-canettes nécessaire pour réaliser un écopacteur® mais gageons que l’appareil soit écologiquement rentable (en espérant que les nombreux chalands de la gare pensent à l’utiliser, parce que l’objet était placé dans un endroit non central, d’une part, et que d’autre part, la gare de Lyon propose déjà de nombreuses poubelles permettant le tri sélectif – je serais d’ailleurs curieux de savoir le pourcentage de personnes ne se trompant pas de poubelle quand elles ont un truc à jeter, je redoute le pire).
Bref !
C’est surtout le but annoncé de la récupération de canettes qui m’a interpelé.
Il est écrit en bas : 1 écopacteur® plein = 2000 canettes compactées = 3 vélos après recyclage.
Wahou ! Écolo, un vélo, en plus ! Je savais qu’on fabriquait des pulls à partir de bouteilles d’eau recyclées, je viens de voir récemment une publicité pour un stylo à bille à base de bouteilles recyclées lui aussi, mais je n’ai pas encore vu de vélo en vente arborant fièrement une étiquette « à base de canettes recyclées » : l’argument serait-il commercialement rédhibitoire ?
Toutefois, creusons un peu plus loin, et qu’aperçoit-on dans la petite bulle sur laquelle je zoome ? (je vous le détaille, aussi, parce que mon cliché n’est pas très net)
« Participez à la construction du TGV de demain »
(Malheureusement, la SNCF n’indique pas le nombre de canettes nécessaires pour construire une rame.)
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