Premier épisode ici et second là.
Après avoir revêtu une tenue décente (à regret1 !), nous repartons nous promener dans le club. Nous ne faisons qu’un passage express, de voyeurs pressés, dans le baisodrome, puis décidons de faire un petit round d’observation autour du bar. Un verre à la main, on observe les couples aux alentours et échangeons nos impressions. « Ceux-là, ils te plaisent ? » La clientèle de l’Overside est assez composite, ce que je trouve plutôt agréable. Il y a des couples jeunes et d’autres plus âgés, l’inévitable cinquantenaire grassouillet avec à son bras une jolie blonde de 20 ans (et moi alors ? oui mais moi, c’est pas pareil !), des jolis, des moches, des ordinaires. Sur les tenues, aussi, je croise quelques femmes dont les vêtements s’écartent de la mode normative « sexy » réclamée à l’entrée de nombreux clubs pour des raisons « éthiques ». Les femmes sont belles dans des vêtements qu’elles aiment.
Et ce qui devait arriver arriva : j’ai envie de danser ! Car l’Overside a cette particularité assez unique d’avoir une programmation musicale entraînante. Oh ! pas de sélection hyper-pointue et branchée, on reste plutôt dans le standard2 mais choisi avec goût et un certain talent pour l’enchaînement. Le No Comment peut en prendre de la graine (je crois que c’est chez eux que j’ai entendu ce qu’il y a pire en termes d’atmosphère musicale). Envouté par je ne sais plus quel hit, j’abandonne donc A*** quelques instants, qu’elle occupe à mater autour d’elle, pour aller me trémousser sur la piste. Lorsque je la rejoins, elle me désigne la « cible » qu’elle a repérée et que je suis chargé de ferrer. Il s’agit d’un jeune couple, charmant tous les deux, lui plutôt élancé, elle fine aussi, eurasienne à la longue chevelure. J’amorce donc le dialogue. Je constate avec plaisir qu’ils y sont ouverts et nous faisons connaissance. C’est la toute première fois qu’ils viennent en club. (…)
Nous finissons par trouver tous les quatre une place dans un des salons câlin. Une pièce carrée avec un podium central octogonal, ceint par une longue banquette qui longe les murs. C’est là que nous nous posons. En fait de première expérience en club, c’est surtout une première expérience saphique que la demoiselle recherche, qu’A*** lui offre bien volontiers pour la plus grande excitation de son partenaire et des quelques couples successifs qui s’approcheront du spectacle (signalons au passage une femme habillée avec un look d’institutrice sévère à lunettes, très bandante, mais ayant malheureusement elle aussi mis son hétérosexualité de côté). Personnellement, l’échangisme non participatif m’ennuie un peu (c’est la cruelle contrepartie) ne m’excite guère, ce qui fait que quand le jeune homme, ébouillanté par la scène, n’en put plus et pris sa compagne en levrette, je n’étais pas en état de rendre la pareille à A***. Pas loin de nous, sur le matelas central, un homme gamahuche3 très longuement sa compagne. Ils ont tous les deux la cinquantaine bien tapée, et je ne les trouve absolument pas attirants. Je me dis à la fois que c’est une bonne chose, qu’ils soient là, parmi les autres couples, à vivre ce qu’ils ont envie de vivre, même si probablement leur expérience restera solitaire, mais aussi que j’aurais préféré un spectacle plus attirant. La question de la sélection à l’entrée d’un club échangiste n’a pas de réponse univoque.
Après cet épisode, nous refaisons un tour du propriétaire, et puis rebelote, le D-J sirène me rescotche sur la piste de danse. Je vois beaucoup de similitudes entre le plaisir de la danse et celui du stupre, dans les deux cas, notre nature charnelle se met au premier plan et derrière, notre cerveau essaye de contrôler ce qu’il peut de la transe qui nous emporte. Je suis dans un club échangiste, un endroit fait pour baiser, et il y a une petite erreur d’aiguillage dans mon cerveau, c’est de danser dont j’ai envie et ma libido semble une nouvelle fois s’être fait la malle. Je propose à un joli couple qui plaît à A*** de s’occuper d’elle pendant que je danse, et bien curieusement, ils déclinent. Je ne sais pas si c’était notre attitude, ou bien l’ambiance globale du club, mais je n’ai pas senti chez les gens une formidable envie de se mélanger, j’avais l’impression qu’au-delà des échanges de regard, chacun avait une vraie difficulté à engager le contact.
Avec A***, nous sommes allés tous les deux dans la zone matelassée pour voir si nous arriverions à nouer un lien « direct » à défaut d’y arriver par des moyens plus diplomatiques (certains diront « civilisés »), mais ça n’aura rien donné.

L’heure arrive enfin où je n’ai plus à hésiter entre peindre danser ou faire l’amour, il est temps de rentrer. Avec A***, nous disons donc au revoir à l’Overside et je me fais cette réflexion qu’il est tout de même étrange que je préfère cet endroit pour sa piste de danse que ces corps à corps. « Swing ! » comme disent les Anglais.
- À cet égard, je préfère le Moon City où l’on n’a qu’à se ceindre d’une serviette ou d’un paréo pour passer d’un endroit à l’autre, sans avoir à reboucler sa ceinture, renfiler ses chaussettes, renouer ses chaussures…↩
- dont un appuyé hommage à Michael Jackson, mort deux jours à peine avant l’épisode relaté ici↩
- ouais, j’en rajoute↩
Pourquoi c’est à toi de chasser, de prendre contact ? Je trouve ça décalé, d’autant plus que tu n’as pas l’air très partant au final (sorte de sacrifice, c’est toi qui bosse et elle qui profite, pour exagérer un peu mes propos).
M’enfin, ça me donne tout de même envie de découvrir le lieu, ne serait-ce que pour danser et comparer le talent du DJ avec celui du No Comment.
Je veux quand même préciser qu’il n’y a pas de déséquilibre dans ma relation avec A***, en tout cas je ne crois pas. Je lui apporte – j’imagine – un cadre rassurant pour ses explorations ; elle est pour moi une partenaire agréable avec qui, moi aussi, j’explore. Sans doute les expériences seraient plus vives, plus excitantes, si elle et moi étions plus passionnés l’un envers l’autre, mais ce n’est pas le cas, nous sommes des « camarades » de jeu. Certains pourront trouver ça sordide, pas moi.
jori » C’est peut-être l’approche la plus pragmatique ! Si vous allez en club pour danser d’abord, ne pensez-vous pas que l’Overside est le meilleur choix en la matière ?
M. Chapeau » Oui, bien sûr, c’est mitigé et je l’exprime clairement. Je ne pense pas que je sois resté en retrait. Je suis resté « à l’écoute » comme je le fais toujours. Si une fille est dans un trip saphique uniquement + son homme, je ne vais pas jouer le lourd et quémander une caresse ou plus. Je préfère, si tu veux, « me sacrifier » plutôt que de lui gâcher son expérience. Il y a des moments, dans le plaisir, où il faut savoir être égoïste, et d’autre où il faut savoir faire passer son plaisir après celui des autres.
Et c’est marrant, finalement, dans vos commentaires, de voir que c’est quand je prends mon pied que vous préférez mes récits (cf. épisode 2).
n’empêche que ta remarque sur le couple de 50 ans est pas sympa…:- ) les corps vieillissent même si c’est une vérité que l’imagerie des magazines, de la télé et du cinéma refusent d’intégrer. cela t’arrivera aussi et tu apprécieras que les jeunes ne te regardent pas de haut pour faire tâche au paysage…
Pourquoi sordide ? Faut pas pousser non plus ! Et puis tant que vous y trouvez votre compte, au diable le reste ! :)
Avec une amie, trentenaire comme moi, nous nous demandions récemment : pourquoi préfère-t-on les vieux? (en l’occurrence, pour elle comme pour moi actuellement, des partenaires qui ont au moins 15 ans de plus de nous. Sa réponse : « parce que ce sont eux qui font le mieux l’amour ».
Je persiste à penser que mes dernières rencontres sont bien des rencontres de personnes et non la recherche d’une génération particulière… mais le fait est que ces quinquagénaires sont bien les meilleurs amants que j’ai connu.
Alors était-ce à cause d’eux, de moi, du mélange des deux…
Je suis peut-être arrivée un peu loin du thème d’origine là… mais tant pis!
Il faut dire que nous vivons peu loin de la capital du libertinage. Dans le sud, le libertinage a une tonalité bien plus festive (sans vouloir relancer le stérile débat nord-sud)
Vous prenez autant de plaisir à danser seul qu’avec des partenaires ?
Quant à ma remarque sur le couple cinquantenaire, je tiens simplement à préciser que je les trouvais moches indépendamment de leur âge. Une mauvaise coïncidence, en somme !
Émeline » Moi, ça me ravit de savoir que les hommes n’ont pas de date limite de consommation :-)
columbine » Indeed !
Magdalena » Bienvenue, Magdalena !
Oui, le débat dévie un peu par rapport au propos du billet, mais finalement, c’est pas plus mal, vu que je ne suis pas sûr qu’il y ait tellement à dire dessus.
J’essayais de réfléchir, de mon côté, à l’âge « idéal » de mes amantes. J’avais parlé jadis d’une limite basse mais je n’ai pas vraiment exploré de limite haute. Ensuite, je pense que l’expérience parle, bien sûr, mais la « qualité d’écoute sensorielle » (en supposant que ce soit la qualité nécessaire pour être une bonne amante), on l’a ou on l’a pas, et parfois hélas, comme le chantait Brassens, « le temps ne fait rien à l’affaire ».
jori » Ton point de vue m’intéresse. Sur Marseille, par exemple, il ne semble pas y avoir de club très intéressant, d’après les recherches documentaires que j’ai pu faire !
Sophie » En vérité, je suis très peu formé pour tout ce qui est « danse à deux » (quelques misérables notions de zouk, de salsa ou de valse) et c’est fort dommage. Du coup, je danse seul mais évidemment, c’est mieux si j’ai des ami(e)s avec moi. (Je me demande si je ne suis pas un peu hors-sujet dans ma réponse !)
J’aime ton commentaire à M. Chapeau « Je ne pense pas que je sois resté en retrait. Je suis resté « à l’écoute » comme je le fais toujours. Si une fille est dans un trip saphique uniquement + son homme, je ne vais pas jouer le lourd et quémander une caresse ou plus. Je préfère, si tu veux, « me sacrifier » plutôt que de lui gâcher son expérience. Il y a des moments, dans le plaisir, où il faut savoir être égoïste, et d’autre où il faut savoir faire passer son plaisir après celui des autres. »
Je crois vraiment en effet que l’écoute et l’attention mutuelles est le ciment d’une belle soirée. En cela je vois une qualité essentielle du libertin.
Je disais… que c’est étrange mais à chaque fois que je lis une de tes « escapades » en club libertin, je ne sens pas, à travers la manière dont tu écris, le truc en plus, excitant, fou qui te fait passer une soirée de dingue !
Est-ce que ça te plait ? Et si oui, qu’est ce qui te plait vraiment ?
Bises de papillon
Emeline » Tu me diras quand tu arriveras aux sexagénaires !
VéroPapillon » Tu ne la trouves pas dans mes récits parce qu’effectivement, elle ne se produit pas, l’étincelle, ou alors de manière fugace.
(N’empêche que même sans cette étincelle, j’aime bien danser à l’Overside et me détendre au Moon City !).
»
Alors pour rejoindre le débat d’Emeline et Columbine, je dirais que, du haut de mes 26 ans, j’aime autant les petits minets tout juste majeurs (mais physiquement bien mature, je ne suis pas fan de l’acné juvénile ^^) que les anciens beaux gosses qui sont quand même pas trop mal conservés (ledit Toulousain, du haut de ses 41 ans, me fait encore baver…). Voilà ma contribution au débat.
(punaise ! J’aurai 43 ans !)
Storia X. » Je n’arrive pas très bien à comprendre ton commentaire. Je la trouve plutôt amusante, cette sélection musicale ! Tu as eu mal aux oreilles ou tu as regretté l’absence d’une piste de danse ?
Émeline » On en reparlera dans 10 ans, pour commencer :)
Emmanuel » Je sais que je manque un peu de crédibilité si je dis que je ne suis pas un aficionado de l’échangisme (en fait, c’est la sexualité de groupe, qui me plaît !), avec l’abondance de récit qui y sont consacrés ici.
Je te remercie ici pour ta dédicace (puisque je ne peux laisser de commentaire chez toi). Je dois toutefois te signaler que j’avais déjà cette photo au chaud dans mon disque dur, prête pour illustrer je ne sais quel récit dépravé à venir ;-)
(Au fait, je ne connais pas la reprise dont tu parles.)
[video]http://www.youtube.com/watch?v=iol7A00p7b0&feature=fvst[/video]
ben je kiff ton blog!! et pour une fois je me lance ! tu as donné envie d’essayer à mon compagnon et à moi-même les clubs ! mais malheureusement j’ai eu une expérience malheureuse en Belgique ; on a été recalé pour le motif bidon et « has been » de la couleur de peau!! En effet le gérant a dit, je cite, « je veux pas de ces nègres ici !! »
Dégoutée qu’il existe encore des gens pareils, j’ai tout de suite abandonné l’idée mais avec mon ami on aimerait reessayer mais cette fois sur Paris et les alentours!! et j’ai peur qu’on nous refasse le même coup!!! Penses-tu qu’à l’overside la même chose se reproduise ???
merci
J’ai un peu corrigé ton commentaire parce que le style SMS me fait mal aux yeux (mais les nègres sont acceptés chez moi ;-)
Blague à part, je ne sais pas si une autorité du genre de la HALDE existe en Belgique, mais ces propos sont choquants. En France, je n’ai pas fait spécialement attention mais je crois avoir vu des gens d’un peu toute origine dans les différents clubs visités. Au Moon City, il y a même pas mal de blacks.
Je te souhaite du plaisir dans tes découvertes !