Cette fin de printemps souffreteuse nous avait fait l’aumône d’une journée plus chaude que les autres. La soirée était donc douce ; quitter la maison pour descendre jusqu’au jardin était une envie on ne peut plus impérieuse. Je m’y rendais d’un pas léger tandis qu’elle me suivait, plus hésitante, ses chaussures à talon passant prudemment d’une marche à l’autre.
J’étais très fatigué ce soir-là, préoccupé par la camarde qui rodait dans la maison vide, fomentant quelque mauvais coup. N’est-ce pas quand la mort plane que les vivants, plus que jamais, veulent se sentir vivants ? J’étais fatigué mais je voulais profiter. Profiter de la tiédeur, profiter d’elle qui se tenait en face de moi, si légère, si appétissante dans sa robe qu’un souffle aurait pu emporter. Nous nous embrassions comme nos mains couraient sur le corps de l’autre. La sienne, sur mon torse, ouvrit les boutons de ma chemise et quand la brèche fut ouverte, s’y engouffra. La mienne, je la fis descendre au plus bas que mon bras tendu le permettait ; elle attrapa le pli du genou et remonta, côté chair, jusqu’à s’arrondir sur sa fesse. Jambe qui s’immisce entre les siennes, pubis qui se frottent, langues à la lutte.
Vite, sa main était venue caresser mon entrejambe, dégoupiller ma braguette bouton par bouton, une main qui récitait à sa manière le chapelet des amants qui s’échauffent. Oui, elle était convenue, la fellation qui s’ensuivit, comme si elle sortait d’un scénario bâclé ; pourtant quand elle s’est agenouillée pour prendre mon sexe dans sa bouche, je n’avais envie de rien d’autre. (suite…)