[335] Lecteur à dix balles

(Une sucette à la fraise pour le premier qui décrypte mon titre.)
Allons bon ! Voilà qu’Anouchka m’enchaîne, comme ça, tac !, sans prévenir ! Pour un questionnaire sur la lecture, en plus, alors qu’en ce moment (depuis de nombreux mois, même, et j’en ai honte), je lis si peu. De livres. Non, parce qu’à part les bouquins, je lis sans arrêt, à commencer par tous les burps auxquels je me suis accroché, le journal, et les sous-titres des films au cinéma, les dialogues sur MSN etc. Bref, l’écrit fait vraiment partie de ma vie quotidienne mais cela commence à faire longtemps que je ne me suis pas laissé embarquer dans le monde d’un écrivain (et d’y prendre le plaisir qu’on peut y prendre). La dernière fois, ça devait être La Pastorale Américaine de Philipp Roth. J’ai lu quelques autres livres depuis, mais celui-là m’a vraiment marqué.
Bon, c’est pas tout ça, assez geint, passons au vif du sujet.
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4 livres de mon enfance (< 10 ans)
  1. Des histoires comme ça, de Rudyard Kipling
  2. Max et les Maximonstres, de Maurice Sendak
  3. Petit Bleu et Petit Jaune, de Leo Lionni
  4. L’Odyssée (une version pour enfants dont ma maman me lisait un épisode chaque soir pour m’endormir)


4 livres de mon adolescence / lycée (10 > 18 ans)

  1. Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué, d’Howard Buten
  2. L’écume des jours, de Boris Vian
  3. Martiens Go Home, de Fredrick Brown et puis aussi Fantômes et farfafouilles, et quelques autres de cet auteur plein d’humour…
  4. Chroniques Martiennes, de Ray Bradbury (et aussi L’homme illustré). Je zappe Azimov qui complèterait bien la liste S.F.
  5. (sans compter les romans érotiques ou pornographiques que « j’empruntais » dans les bibliothèques de nos parents pour mon… éducation)
  6. et aussi Psychopathologie de la vie quotidienne (Freud)
4 livres de ma vie étudiante
  1. La fonction érotique, tome I, de Gérard Zwang (offert par mon père à ma majorité)
  2. Le Monde selon Garp, de John Irving et puis aussi du même auteur : Un mariage poids moyen, L’épopée du buveur d’eau, Hôtel New Hampshire, L’œuvre de Dieu, la part du diable, Une prière pour Owen.
  3. Démons & Merveilles, de H.P. Lovecraft
  4. Bleu comme l’enfer, de Philippe Djian

4 livres récents (je comprends « récents » comme : lus dans ma vie d’adulte) que j’ai adorés / aimés
  1. Le point d’orgue, de Nicholson Baker (et puis La mezzanine du même auteur)
  2. La Pastorale Américaine, de Philipp Roth
  3. Maus, d’Art Spiegelman
  4. Haute Fidélité, de Nick Hornby (je mets ça parce que je n’ai pas d’autre idée… bizarre que j’ai plus de facilité à citer d’anciennes lectures qui m’ont marqué plutôt que de plus récentes… Alzheimer ???)

4 collections de BD que j’adore
  1. Astérix (Uderzo/Goscinny)
  2. Lucky Luke (Morris/Goscinny)
  3. La vache Pi 3,14 (De Moor/Desberg)
  4. Monsieur Jean (Dupuy/Berberian)


4 écrivains que je relirai encore & encore

  1. Nicholson Baker
  2. Philipp Roth
  3. Philippe Djian
  4. Charles Baudelaire

4 auteurs que je ne relirai probablement jamais
  1. Honoré de Balzac (Le Lys dans la vallée m’a tuer)
  2. Lautréamont (Les Chiants de Maldoror)
  3. Hyusmans (À rebours m’a tuer d’ennui)
  4. Platon (j’ai eu ma dose en cours de grec)

4 premiers livres de ma liste à lire
  1. Kuru, de Thomas Gunzi
  2. Eureka street, de Robert Mc Liam Wilson
  3. La mécanique des femmes, de Louis Calaferte
  4. L’origine de la fuite, de Patrick Mosconi

4 livres que j’emporterais sur une île déserte
  1. Ulysse, de James Joyce, parce que si je ne suis pas coincé sur une île déserte je n’aurai jamais le courage de m’y mettre.
  2. Le Manuel des Castors Junior
  3. Le Gai Savoir, de F. Nietzsche
  4. 1001 grilles de Sudoku (si j’ai un crayon à papier)

Les derniers mots d’un de mes livres préférés
Pfff elle est nulle cette question et je n’aime pas raconter la fin à ceux qui ne la connaissent pas.
Δ Δ Δ Δ Δ
bcbc558055c0bd35c697bffbcf9ecf8e.jpg Et je passe le relais à 4 auteurs que je n’ai pas lus depuis trop longtemps :

  1. Mademoiselle Presque
  2. Madame Strip
  3. Monsieur Boris
  4. Mademoiselle Flore

[EDIT] et à K² que j’ai lue récemment et qui se porte volontaire  (c’est si rare !) [/EDIT]

[333] R.H.

Comme promis, une petite note à propos de R.H.

Après (feu) Jean-Marie Proslier droit dans ses pompes funèbres, c’est le tour de Robert Hossein de prêter son image (bon, il est clair que le terme prêter est ici mal à propos) pour promouvoir un produit de vieux : non, pas les contrats d’assurance vie, ni les produits pour dentier, mais les appareils auditifs communément appelés Sonotone™. robert hosseinNotez sur  la photo son air grave pas totalement en accord avec la ligne « Quel plaisir de bien entendre ». Notez aussi qu’on voit bien ses lunettes pour la presbytie, mais pas l’appareil audipuce vanté (parce qu’il est tout petit et caché, justement ?).

C ‘est pas facile de faire de la pub pour des trucs de vieux (regardez Jacques Chirac, il était OK pour la Corona, mais  pour le Sonotone, il a décliné). On peut donc féliciter Robert.

C.U.I. — Ah Robert, bravo pour votre publicité Audika !

R.H. — Oh, merci, c’est rien vous savez.

C.U.I. — Changeons de sujet mon cher Robert, parlons un peu de vos spectacles. Franchement, mais c’est de plus en plus n’importe quoi !!

R.H. — Ah ça me fait plaisir que vous me disiez ça, je trouve aussi qu’avec le temps, c’est de plus en plus fort, de plus en plus riche, j’ai tellement à apporter aux gens.

C.U.I. — Non, Robert, vous vous méprenez, je dis que c’est de la merde, vos machins à grand spectacle, de la bouillie cérébrale.

R.H. — Ouais, génial, je suis génial (enfin, je le dis en toute modestie, mais mon truc sur Ben Hur, c’était trop de la balle, et mon machin sur le Pape, bordel, y a plus personne en France à part moi pour parler un peu de spiritualité.)

C.U.I. — Z’avez raison Robert, Dieu et les savonnettes, même combat.

R.H. — Exactement, faut se battre pour ses valeurs, cher monsieur.

C.U.I. — Bon, et après JiPé 2, qu’est-ce que tu vas nous pondre ?

R.H. — Oui.

C.U.I. — Nan, Robert, ouvre tes esgourdes, je te demande qu’est-ce que tu vas nous sortir encore comme nouveau spectacle à la hauteur de ta mégalomanie pathétique ?

R.H. — Franchement, je suis d’accord, faut reconnaître que ça avait de la gueule, tous ces figurants en toge qui indiquaient aux voitures où aller se garer autour du Stade de France.

C.U.I. — Bon, ben je crois qu’on ne va pas y arriver… Salut Robert ! Adieu !

R.H. — Très bien, je vais donc vous parler de mon prochain spectacle. Ça…

C.U.I. — Non, franchement, ça ne m’intéresse pas. Laissez-moi la surprise. E.T. chez les Grecs ? La grande aventure des dinosaures ? Bernadette C. live ? Je préfère autant regarder Questions pour un champion, ça c’est de la culture grand public !

R.H. — Oui, quelle bonne idée, exactement, il y aura 7.000 figurants et je crois que jamais on n’aura parlé de Judas avec ce courage. Je vous ferai envoyer deux places pour la générale ! Merci encore !

[331] La modification

Tu penses encore à lui comme un être dématérialisé, un concept, un fantasme. Pourtant, tu as déjà senti sa bouche sur la tienne, ses mains sur ton cou, son sexe, même, pressé contre ton ventre, tout habillés que vous fûtes, mais ça ne suffit pas. Bien sûr, tu as même senti ses doigts s’aventurer sur ton territoire le plus intime, mais finalement ç’auraient pu être ceux de Pierre, Paul ou Jacques. Tu n’as pas encore franchi cette ligne ténue où pourtant tout bascule, ce moment où tu peux vraiment penser « ça y est », cocher une entaille sur la crosse – gotcha ! –, où vraiment tu te seras abandonnée à lui et où il se sera lui aussi abandonné à toi. Où est-elle, cette ligne ? Quand la franchit-on ? Est-ce le moment où tu prendras son sexe gonflé entre tes doigts, quand il ne sera pas protégé par une muraille de coton ? Est-ce le moment où tu écarteras tes lèvres et qu’il s’enfoncera en toi ? Est-ce simplement l’instant où la porte se refermera derrière vous et que tu te retrouveras face à lui dans une pièce avec un lit ?

Tu penses encore à lui comme une promesse, une possibilité, une envie un peu irrationnelle, car tu ne sais pas ce qu’il sera capable de te donner, ce qu’il sera capable de recevoir ; tu ne sais pas si vos envies se répondront ou pas. Si cette première fois en appellera une seconde ou s’il faut tout donner dans une bataille unique. Te donner. Tu sais que tu peux aller très loin pour lui, bien plus loin pour lui que justement tu ne connais pas que pour un autre que tu connais mieux.

Tu penses à lui et à ce moment que vous allez passer ensemble comme s’il allait répondre à des questions que tu te poses.

Mais il n’y aura aucune réponse, juste des questions supplémentaires.

Tony Ward
Illustration : Tony Ward

[329] Le complot

Ah ! Il ne nous a pas fallu attendre longtemps, hein.

Hop, à peine le résultat des présidentielles plié, voilà que surgissent sur tous les panneaux des affiches de la « campagne de publicité pour un film » suivante :

Je mets campagne de publicité pour un film entre guillemets parce que seuls les plus naïfs d’entre vous penseront un instant que c’est bien d’une publicité pour un film dont il s’agit.

Mais en deux secondes, n’importe quel œil pas encore endormi par TF1 aura vu ce que j’ai vu dans cette affiche.

Le résultat se passe de commentaire.

(Bon malgré tout je laisse les commentaires ouverts, sait-on jamais.)

Et je vous le donne en mille : date de sortie le 17 mai.


PS : Tiens, au passage, la petite tarte à la crème sur l’affiche : « d’après des faits réels ». Ça vous rappelle quelque chose ?

[327] (Ah) ça ira (ça ira)

Un coup de massue fait-il moins mal quand on a été prévenu à l’avance qu’on allait le recevoir ?

Dimanche soir, quand les estimations consultées sur un site suisse ont confirmé que la gauche était laminée (forte participation + fort écart = branlée, non ?), j’ai voulu tout de même chanter avec mes « camarades » ma foi en un avenir meilleur. Après avoir farfouillé un peu sur Internet (en vain) pour savoir où me rendre, mon indic m’envoie l’info : c’est à Bastille que ça se passe.

La défaite en chantant.

Je me dis que ça aura de toute façon plus de gueule que la brochette de ringards que propose l’UMP pour fêter la victoire à Concorde : Gilbert Montagné, Mireille Mathieu, Jane Manson, Faudel (le seul qui à mes yeux dispose d’un certain crédit musical bien que je ne sache absolument pas à quoi ressemble sa production du moment), Barbelivien. Je ne cite pas Johnny Halliday qui n’aura pas chanté.

Dans le métro ligne 14 qui me conduit vers Gare de Lyon, je croise une bande de jeunes UMPettes qui exprimaient leur joie (que je conçois). L’une d’elles : « Ce que j’espère, c’est qu’il ne mettra pas en place le service civil obligatoire ». Cet élan de solidarité nationale, ce cri du cœur pour la mixité m’a touché au plus profond de mon être. Une ère de partage et de fraternité s’ouvre devant nous.

Arrivé à Gare de Lyon, je décide de rejoindre à pied la place de la Bastille, supposant d’une part que la station Bastille serait probablement fermée au public, voulant d’autre part sentir « l’air » de la rue avec les autres personnes que medium_grenade.jpgj’imaginais converger vers la place. Le moins que l’on puisse dire, c’était que l’air était frais. J’arrive donc à Bastille vers 22 heures après avoir dépassé quelques haies de forces de l’ordre. J’arrive sur la place déjà bouclée par les CRS et peu remplie. Alors évidemment je suis un peu déçu 1/ par la faible affluence 2/ par l’ambiance pas du tout bon enfant. Ça gueule à l’autre de bout de la place, du côté Richard Lenoir. Selon mon informatrice É***, c’est là que sont les extrême-gauchistes qui veulent se frotter aux CRS. Des graffiti sur la colonne du génie de la Bastille font un fort douteux parallèle entre Sarkozy 2007 et H*** 1933 (désolé pour les *** mais je voudrais au moins éviter ce mot clé sur mon burp). Quelques lacrymos sont tirées de temps à autre (je ne sais pas dire si elles viennent des CRS ou des agités). Je me frite avec un « indigène de la patrie » qui distribue un appel à manifester où il est stipulé que N.S. et S.R. ont caressé l’électorat FN dans le sens du poil. De temps à autre, les gens se mettent à courir d’un côté puis de l’autre. Je resterai, moi, toujours plutôt en retrait. Les kleenex que j’ai dans mon sac (dans mon sac j’avais aussi mis une bière mais celle-ci a été rapidement éclusée) permettent à ceux qui m’en demandent de se protéger contre les gaz. Au bout d’un moment, la densité de la fumée irritante commence à se faire un peu trop dense, de l’autre côté et on finit par mettre les bouts. Je rentre chez moi, un peu plus abattu par le moment morose que je viens de vivre, mais me sentant également vivant, animé par une énergie qui me fera avancer, qui me glisse à l’oreille que si tout est politique, ma vie ne se résume pas non plus à une élection gagnée ou perdue.

[326] Et maintenant….

Man Ray

Il ne reste qu’à rester mobilisés pour les législatives, même si le rapport de force que démontre cette large victoire ne laisse pas présager du meilleur. Je suis triste, évidemment. Ce n’est pas la première défaite de mon « camp » (ni la dernière évidemment), mais c’est la première fois que l’adversaire me fait autant peur.