Un titre ségoléniste en diable
Avant-propos :
Accouchement difficile pour ce billet dont la rédaction a été entamée il y a plus d’un mois, au moment des faits, et qui s’est trouvée bloquée sur le troisième épisode.
On enclenche le rembobineur et on se place en semaine 38 (ça, ça fait biznessman, de numéroter les semaines, pas vrai Mzelle Dusk ?).
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Toute chose, dernièrement, me ramène à 2006.
(…)
1995, 2000, 2006. Si je regarde un peu plus loin en arrière, voici les trois dernières années de bouleversement dans ma vie, là où l’on redistribue les cartes. Des années qui annoncent de grands changements à venir, des évolutions dans mon comportement et ma façon d’appréhender le monde. Si le rythme se poursuit, la prochaine secousse m’attend en 2011 ou 2012 ! Mais pour l’heure, c’est 2006 qui revient à moi.
Toute chose, dernièrement, me ramène à 2006.
Lundi, j’ai mis en ligne mon nouvel habillage de burp et cela me renvoie fatalement à sa naissance en mai 2006. J’en ai parlé déjà, je n’y reviens pas.
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Mardi, j’ai revu J***. Avec « ma bande du jeudi » à laquelle elle est désormais intégrée. Comment qualifier nos rapports désormais ? Complices et distants à la fois. Avec d’un côté la connaissance de l’autre au plus intime, venue de ces mois passés ensemble à communier sexuellement ensemble, mais bien au-delà, à parler et vivre des moments que l’on réserve normalement à l’épouse et non l’amante (franchissant ainsi clairement la ligne tracée par Sophie) : aller au cinéma, au restaurant, sortir avec des amis. Il y avait ce simulacre de vie conjugale amputé des mots, tabous pour tous les sous-entendus destructeurs qu’ils contenaient, les mots qui disent l’amour et le bonheur.
Distants sans doute pour les mêmes raisons. Je suis là, d’un côté, affichant la même insouciance « d’avant » 2006, à l’époque où le mot d’ordre, redevenu d’actualité, donc, était « des liaisons, tant qu’elles ne mettent pas en danger ma vie de couple ». Et elle, de l’autre, ne trouvant pas dans ses rencontres (de plus en plus espacées, par lassitude sans doute) orgasme à son pied. Les mêmes ingrédients que lors de notre rencontre, donc, au moins en surface. Et donc le spectre de notre relation passée qui flotte et me murmure à une oreille « c’était quand même incroyable, cette complicité » puis immédiatement à l’autre « souviens-toi comme tu avais morflé ». Ma pensée rationnelle me dicte qu’avec les mêmes ingrédients, on fait les mêmes recettes, même si par ailleurs je pense que le temps nous transforme.
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Jeudi, j’ai revu L***, que je n’avais pas revue depuis trop longtemps. Elle est rayonnante et je me liquéfie dès que je la revois et me lance un sourire. Teint hâlé, et la taille fine qui m’avait fait frémir trois ans plus tôt quand, pour la première fois, je posais mes mains sur elle dans une chambre d’hôtel. Elle monte sur mon scooter (oui, je ne vous avais pas encore dit que j’avais un scooter, depuis plus de 6 mois, je suis un petit cachotier), s’agrippe à ma taille (pas tout à fait aussi fine qu’il y a 3 ans, elle, par contre) et se colle amoureusement contre moi. Elle. Pendant tout le repas, on se dévore des yeux et plusieurs fois, son regard brillant fait baisser le mien. Je suis toujours intimidé par cette femme, et c’est finalement elle qui devra se précipiter sur moi pour qu’enfin on s’embrasse. Un vieil homme à côté de nous, qui mange seul et avec qui nous avions échangés quelques plaisanteries nous dit simplement « c’est beau de voir ça ». Je sens de la tristesse dans son propos et je me projette un instant dans ce futur que j’espère encore lointain où plus jamais mon cœur ne vivra la passion, ou ne saura l’inspirer. Mais le présent reprend vite ses droits. L*** et moi filons du restaurant et nous embrassons, collés l’un à l’autre, contre un mur parisien. Je dois repartir au boulot. Elle doit récupérer ses enfants. « Si on se voyait demain ? » « Je vais voir si je peux me libérer ». Le cœur emballé par cette perspective, je m’imagine déjà demain, avec elle, rien qu’elle et moi pour la première fois depuis une éternité, dans une chambre d’hôtel – pourquoi pas la même que celle qui vit nos premiers pas amoureux ? – et j’ai la vision de son corps secoué par le plaisir.
Mais elle ne pourra pas se libérer, puis elle est repartie, trop loin pour rendre simple cette parenthèse que nous n’avons jamais plus pu nous offrir depuis qu’elle et moi avons, chacun de notre côté, poursuivi nos vies respectives. J’ai l’impression que quand j’ai pris la décision d’arrêter de la voir pour entamer une thérapie avec ma femme, nous n’avons pas mis fin à notre relation. Nous l’avons juste mise en pause. L*** et moi avons encore des choses à vivre encore, mais ni elle ni moi ne pouvons dire quand, ou quoi.
« Tu es ma plus belle uchronie ! »
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Épilogue :
Non, pas vraiment un épilogue, bien sûr, mais la constatation, troublante, qu’il y a tout juste un an, comme le rappelle mon petit widget « Souvenez-vous l’été dernier », je publiais cette note : Le jour où je n’ai pas changé de vie qui, sur de nombreux points, ressemble à ce que j’exprime dans le présent billet à propos de L*** et qui sonne du coup comme une redite. Comme si rien, ou si peut, n’avait changé en un an.
Il me semble qu’une des théories de la Gestalt est de rejouer le même scénario. Je ne vais pas plus loin, je ne suis pas de Gestalt (quoi que ça me ferait sûrement du bien).
Et si nous n’étions capable d’avancer qu’en cercle traçant toujours la même figure, empruntant pour partie un cheminement déjà réaliser avant d’avancer de quelques centimètres sur un territoire nouveau. Je rejoues un scénario très similaire souvent, mais les personnes ne sont plus les mêmes, je vieillis, et l’axe se désaxe petit à petit mais surement pour se défaire du moyeux de la famille.. Se retrouve à tourner follement à la périphérie du cercle, grisant et paniquant.
Pas sûr d’être clair, mais bordel, l’amour ouiiiii l’amour quoi !!
Tu es quelqu’un de stable, voilà tout ! (avec les maitresses, ta femme). un libertin stable, quoi ! (c’est pas incompatible, non ??)
Un ciné avec une amante, quelle horreur ! Pourquoi ces limites, je ne comprends pas, en fait ? T’expliques, dis ??
Tiens, tu as suivi une thérapie avec ta femme. Est-ce que ça t’a apporté quelque chose ? As-tu un billet où tu en parles ? Sinon, ça m’intéresserait d’avoir ton avis là-dessus. Ma future-ex-femme a refusé de tenter ce genre de choses pour repousser le divorce, mais je me demande si ça aurait pu nous sauver …
Fais attention à tes fesses mon petit piou-piou. Elles sont trop jolies pour les abimer. :)
@ rollmops » Je pense qu’on a effectivement des prédispositions pour répéter des figures semblables mais je ne crois pas au cycle immuable qui ne ferait sans cesse que revenir au point de départ.
@ VéroPapillon » Ta question est pertinente et il serait un peu long d’y répondre complètement. Mais quelques pistes seulement : non, bien sûr que je ne dresse pas cette limite, moi (je parlais de celles de Sophie, et en fait, quand on lit sa note, on voit qu’elle parle de limites pour une fidélité amoureuse – et non sexuelle). C’est simplement une question de partage. Si l’amour peut se partager (disons qu’on émettra cette hypothèse controversée), le temps, en revanche, ne se démultiplie pas. Le temps que l’on consacre à l’une n’est pas consacré à l’autre et à trop offrir à son amante, il arrive un moment où la femme légitime peut, à juste titre, s’estimer lésée. C’est ce qui était arrivé lors de mes liaisons avec J*** puis L***.
@ M. Chapeau » Oui, j’ai suivi une thérapie de couple quelques mois en 2007 et j’en parle un peu ici (je te laisse chercher !). Ça a été efficace, oui, dans la mesure où ça a réintroduit le dialogue et rendu chacun un peu moins sourd aux réclamations de l’autre. Peut-être faudrait-il la poursuivre, car aujourd’hui, si la situation est bien meilleure qu’il y a 3 ans, j’ai l’impression toutefois que nous stagnons à nouveau et mes vieux démons me reprennent…
@ Emeline » J’y fais gaffe ! Généralement, les personnes à qui je les confie en prennent soin (à part quelques énergumènes ;-).
« avenir du désir » c’est un très joli titre. je le range dans ma boite à jolies expressions :- )
pour moi, 1991 et 2006 sont les années de grand chamboulement dans ma vie d’adulte…
une de mes connaissances avait fait le même choix que toi, rester avec sa famille. il croyait assumer ce renoncement puis deux ans plus tard, il a changé d’avis et a quitté sa famille pour vivre cet amour.
il y a vraiment quelque chose entre vous si trois ans après vous retrouvez le même émoi…si j’ai bien compris, L habite trop loin pour que vous puissiez avoir une relation d’amants régulière? d’où la nécessité de changer de vie pour pouvoir vous voir? le pire c’est que changer de vie ne permet pas toujours de réduire la distance kilométrique…
sinon pour le scooter je me demande si tu ne l’as pas déjà mentionné dans un de tes billets où tu nous racontais une de tes escapades parisiennes…
Bizness, oui, mon chou, toujours bizness.
« Le jour ou je n’ai pas changé de vie » c’est un joli titre. Pour moi c’est un peu tous les jours, ça.
(Je suis contente que tu te sortes les doigts du cul pour un post, tu étais flemmard ces temps ci).
Mon cher CUI, oui fais attention à tes fesses. A ton coeur aussi.
Et tu es bien doué en belles expressions : « Le jour où je n’ai pas changé de vie », « Avenir du désir »…
Tu as fait un choix de vie qui te rend tel un équilibriste sur son fil : toujours en tension entre ta femme/ta famile d’un côté et tes amantes de l’autre. J’espère juste que, du haut de ton fil, tu es heureux.
Ah la terrible flamme du désir, l’envie de (re)toucher ces corps, ces lèvres…
J’ai débarqué sur ce blog récemment et n’ai pas fais les archives, dur dur donc de comprendre l’entièreté de cet article. Mais comme Alice, je dirais, fais attention à ton cœur, on dirait que ça n’a pas l’air si facile parfois de gérer des relations avec des amantes un peu plus approfondies…
@ columbine » Non, le problème n’est pas tellement la distance (même si ça ne simplifie pas les choses) mais plutôt le fait que nous ayons tous les deux des vies bien remplies et elle, surtout, avec deux enfants en bas âge et un mari un peu macho, guère de temps pour faire des folies.
@ mademoiselle dusk » Merci pour le bon point ;-)
(Le problème, c’est qu’il y des efforts que tu ne remarques pas parce qu’ils ne vont pas dans la direction que tu attends, mais je reconnais que, oui, parfois, je me laisse aller à une certaine facilité.)
@ Alice » Oui, c’était un beau titre que celui-là, j’en suis toujours assez fier ;-)
Et j’essaye d’être prudent, comme un papillon attiré par la flamme mais qui sait qu’elle brûle…
@ Mel’Ody » Oui, le problème avec les burps qui fêtent des anniversaires, c’est que le corpus fini par devenir volumineux et ce n’est pas facile de tout lire ! Surtout que la première année, où il s’est passé beaucoup de chose, j’étais plutôt productif. Clique sur les liens que, parfois, je propose ; ça te permettra quelques découvertes « en douceur » (enfin, si ça te tente, bien sûr !).
« Uchronie », que ce mot est beau !
Tu sembles troublé, et désabusé un peu aussi (non ?)
Qu’il est dangereux de revoir ses ex…
Mis à part la tentation, c’est la mise en perspective de ses désirs et envies, passés et futurs, qui nous font réaliser que les protagonistes de l’histoire ne sont finalement ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait différents…
Et avec des « si », on (re)ferait bien des choses !
J’ignore si ce billet me touche plus parce qu’il est profondément sensible ou parce que j’ai l’impression de m’y reconnaître plus que je ne voudrais me l’avouer…
Le coeur ne semble pas avoir la mémoire des meurtrissures passées lorsqu’il revoit un sourire aimé…
Oula. Tu appuies là où ça fait mal, cui… ces histoires qui ne peuvent s’achever mais qu’on n’a jamais vraiment commencées… ces « et si ? »
@ Anouchka » Ce qui est tout à fait particulier, dans ces deux histoires, c’est qu’aucune des deux n’est allée jusqu’à l’épuisement du désir. Du coup, il reste dans la bouche un sentiment d’une histoire qui n’est pas vraiment finie, et qui crée un trouble que je ne ressens pas avec d’autres « ex ».
@ Ange solaire & nell » C’est drôle (si on veut) parce que j’ai eu, par le canal courriel, un troisième témoignage qui allait dans le même sens que les vôtres ; ce genre de circonstances où l’on perçoit tout ce que nos histoires ont, finalement, de « banales » dans leur universalité. (@ Nell » en l’occurrence, si, ces deux histoires ont commencé !)
Je veux dire par là que vous n’avez jamais été vraiment ensemble
Très belle note, msieur CUI. Je note avec un certain déplaisir que tu ne circules plus à vélo, toi non plus. Tout fout le camp (mais la bonne nouvelle, c’est que désormais tu pourras me prendre en croupe;;)
@ nell » Tu as raison, nous n’avons pas été confrontés à un quotidien commun. D’ailleurs, sur ce sujet, dans mes « uchronies » mentales, je ne voyais pas du tout les mêmes axes de compatibilité mis en œuvre dans une relation avec J*** ou avec L***.
Comme si la compatibilité entre deux personnes n’était qu’un assortiment des fleurs cueillies sur le jardin de l’un et de l’autre. Beaucoup de bouquets, de compositions florales, sont possibles. Et c’est heureux d’avoir une telle souplesse, c’est rassurant !
@ Fiso en amazone » Figure-toi que, justement, cette idée m’avait effleuré !
@ CUI : Tu es décidémment doué pour trouver le mot juste
« aucune des deux [histoires] n’est allée jusqu’à l’épuisement du désir. » Je réalise que c’est exactemment ça qui m’empêche de tourner la page parfois.
uchronie, quel charmant terme !
@ Alice » Disons que c’est quand ce constat est bilatéral que « tourner la page » devient vraiment délicat, pour le coup.
@ Succuba » Oui, c’est un joli mot c’est vrai (j’aime bien faire faire des découvertes !)
CUI style : « Oui que des fois je fais des efforts pour faire bien mais que toi tu es méchante avec moi et que tu le vois même pas c’est trop injuste alors que moi je travaille dur jusqu’à deux heures du matin pour écrire des très beaux textes très profonds et en plus je réponds à mon courrier des lecteurs et ça c’est vraiment pas toujours facile – sauf quand c’est une lectrice et que je sais que je peux lui mettre ma ….hummm – non c’est dur vraiment, et que c’est pas juste quand même que des fois toi aussi tu fais des posts de feignasse avec une juste photo de la bite de BoSportif et que meme Kinky des fois il fait des post de merde avec des lasagnes au micro-onde et que voila vous êtes tous méchants avec moi alors que je suis une vraie crème. »
J’avais mis un long message ici mais je suppose que je l’ai mal enregistré.
Quel terme que uchronie en effet !
Il est vraiment tres curieux de vibrer ou d’éprouver autant lors de ces rencontres avec celles qui comptent et dont on a pas fini l’histoire. Sans doute d’ailleurs que certaines de ces histoires ne s’arretent jamais.
J’imagine aisément la force et peut-être la brutalité du désir que tu as ressenti.
Il y avait bien longtemps qu’une note aussi « sensible » n’avait plus été posté ici.
@ Mzelle Dusk » Je ne saurais mieux dire.
@ X-Addict » Faut pas abuser des notes à l’eau de rose, sinon je vais me choper un lectorat Harlequin ;-)