[144] J’irai po !

À l’occasion de la sortie du dernier film de Jean-Paul Brisseau, Les anges exterminateurs, nous pouvons constater que la critique est divisée. Il y a ceux, d’un côté, qui hurlent au génie (genre : ah Brisseau, c’est le seul cinéaste français qui nous reste) et ceux, légèrement plus nombreux, qui hurlent (moins fort, mais ils sont plus nombreux alors ça compense), au pire, à l’imposture, au mieux, au navet voyeur.

medium_18614748.jpgPour ceux qui ne situeraient pas trop Brisseau, c’est un réalisateur français dont le film le plus célèbre est sans aucun doute Noces blanches avec Vanessa Paradis dans le rôle d’une lycéenne vivant une liaison avec son professeur de philosophie (Bruno Cremer).

Brisseau a dernièrement eu l’occasion de faire parler de lui à l’occasion d’un procès pour harcellement sexuel intenté par quelques nanas ayant passé des essais pour lui, dans le cadre du casting de son prochain film. Brisseau, en gros, les faisait se masturber devant sa caméra avec des intentions pas 100% professionnelles. Il a d’ailleurs perdu son procès, mais fut faiblement condamné, au motif (légitime, d’ailleurs) qu’il n’y avait pas eu à proprement parler de contraintes, et que les nanas étaient libres de se casser sans avoir à se frotter le minou devant l’animal (notre illustration : Marie Allan, une dont le casting a été probant puisqu’elle joue dans le dernier film de JCB dont il est question ici, dans une scène où elle se prend pour Napoléon).

Il ne faut pas chercher midi à quatorze heure. À mon avis, Jean-Claude Brisseau est un obsédé sexuel (se focalisant sur le plaisir/désir féminin — je ne le blâme pas) et un cinéaste, cherchant à joindre l’utile à l’agréable. Probablement qu’à l’avenir, il continuera probablement dans cette voie-là, légèrement plus prudemment suite à son procès, mais il continuera. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi je dis « Probablement (…) il continuera » ; la bonne phrase est « De toute évidence, il continue » puisque son dernier film est comme un pied-de-nez à son juge. Je vous livre ici pour preuve le synopsis dégoté sur Allociné :

François, cinéaste, s’apprête à tourner un film policier.
Il fait passer des essais pour une scène de nu à une comédienne qui lui révèle le plaisir qu’elle éprouve dans la transgression de petits interdits érotiques. Poussé par le désir d’apporter quelque chose de nouveau dans le cinéma, il décide de mettre en scène un film mi-fiction mi-réalité, tournant autour de ce qui se révèle de façon inattendue une énigme et un tabou : les petites transgressions qui donnent du plaisir. Sa recherche dans le domaine érotique le confronte à des questions de fond auxquelles, tout comme Icare s’approchant du soleil, il va se brûler les ailes.

Les anges exterminateurs est un film diversement reçu par la critique avec, d’un côté, ceux qui crient au génie (on peut faire des super jeux de mots avec cryogénie mais j’ai la flemme), clamant que Jean-Claude Brisseau est le dernier vrai réalisateur français et que son film met formidablement en scène le désir féminin, etc., de l’autre ceux qui crient au navet (et là, on peut s’accrocher pour faire un jeu de mot), voyeur et sans intérêt. Un des critiques de l’émission de France Inter Le Masque et la Plume de ce dimanche (ami lecteur, si ça te tente, je te laisse trouver le podcast tout seul comme un grand : grosse flemme en ce moment) s’étonnait de voir les nanas qui se masturbaient comme si elle « battaient des œufs en neige ». Je ferai remarquer à ce sage monsieur que les femmes se masturbent diversement et que la méthode batteur n’a rien d’incongrue. Il devrait diversifier un peu son champ d’expérience. Pour autant, ce critique appartenait au camp des pourfendeurs du film, et moi qui ne l’ai pas vu (ce film), je le rejoins (ce camp).

Jean-Claude Brisseau, je n’irai pas voir ton dernier nanard, si cul soit-il. Probablement j’y trouverais quelques scènes bandantes, mais je me suis déjà fait avoir avec Choses Secrètes et je ne me ferai pas reprendre.

Car j’ai vu Choses Secrètes, son opus précédent, et j’ai lu pour ce film les mêmes dithyrambes. Or, il s’agit d’un ni plus ni moins d’un nanard, avec des acteurs qui jouent comme des pieds, un scénario indigent et une réalisation sur laquelle je ne me prononcerai pas (je ne sais pas en juger). Il est possible que mon cerveau limité ne soit pas capable d’accéder aux hautes strates de la pensée érotique, m’abandonnant ainsi sur le seuil de la compréhension de son art. Ma conviction (moins humble, certes) est qu’il est toute une frange d’intellectuels qui ont besoin d’une caution intellectuelle pour pouvoir jouir de ce dont ils se privent d’ordinaire pour tenir leur posture.

Je me souviens être allé à la Cinémathèque voir un film de John Woo. Il s’agissait d’un bon film d’action. À la fin du film, la salle se levait en applaudissant. J’ai eu un peu de la peine pour tous ces gens apparemment brimés, obligés d’attendre qu’un film passe à la Cinémathèque pour oser en profiter.

Fort heureusement, avec la mode du cul intello, le porno a également fait son entrée dans les programmes de l’antre de la Culture Cinématographique Parisienne.

Ce qui laisse espérer que tout ce petit monde profitera, je l’espère, de films un peu plus réjouissants que les productions JCB.

[143] L’arme absolue – II

medium_Firefox.gifAmi lecteur navigant sur Internet Explorer, va donc lire ce bref article un peu effrayant. 

La solution dont l’article ne parle pas, c’est de migrer sous Firefox.

Hop ! Je te renvoie à cette précédente note qui faisait déjà le point sur le sujet. Et si, au bureau, ton administrateur t’empêche d’installer le logiciel de ton choix, pourquoi ne lui envoies-tu pas un lien sur l’article en question (non, pas un lien vers mon burp, il risquerait plutôt de te couper l’accès au net).
Bon, tu n’es pas obligé(e) de motiver ton admin en lui glissant que le risque est d’autant plus grand que tout le service surfe en permanence sur des sites de cul.

[142] Sarracénia – Deuxième épisode apocryphe

medium_pitcherplant.jpgNon, non, vous ne rêvez pas, il s’agit bel et bien d’un urinoir.

C’est en provenance de ce magnifique site (large choix qui vous réjouira) trouvé grâce à SLG.

(Lib, ça serait un magnifique investissement pour [T]a Croix, [T]a Bannière, non ? Une broutille à 7500$ — seulement 5867 €.)

[141] En voir, prendre le sien

Quand j’étais petit, je supposais que l’accès à l’âge adulte me permettrait d’assouvir mes envies.
Dans une assez large mesure, je n’avais pas forcément tort.
Par exemple, lorsque je déclarais, vers 7 ans : « Quand je serai grand, je m’achèterai plein de saucisses que je mangerai avec de la moutarde », je mettais l’accession au bonheur (simple) à un niveau très raisonnable. À ce jour, le hot-dog (moutarde, évidemment, tu ne penses tout de même pas, ami lecteur, que je suis du genre à y mettre de la mayonnaise ou du ketchup. Pouah !) est un de mes plats sur le pouce favoris (encore que le croque-madame fasse également mon bonheur accompagné d’un demi pression, mais il nécessite des couverts).

Quand j’étais tout petit (c’est un de mes rares souvenirs précis de l’âge de la maternelle), se montrer pieds nus était du même niveau d’indécence que se montrer tout nu. Le grand standard pied = sexe était ancré en moi et ce (chez moi, léger) fétichisme du pied n’allait plus me quitter.

medium_microfeet.jpgQuand j’étais moins petit, j’espérais qu’une fois adulte, lorsque je partirai en vacances avec mon amoureuse, elle poserait ses pieds nus sur le rebord de la fenêtre, tandis que nous roulerions sur l’autoroute du Sud.
Figure-toi, ami lecteur, que ce fantasme qui me semblait simple d’accès ne fut assouvi en tout et pour tout (à ce jour) qu’une seule fois. Évidemment, cela ne suffit pas à faire de moi un homme malheureux. J’ai eu le droit à quelques reprises à des footjobs (je ne sais pas si on dit comme ça) et j’ai même dans ma boîte à souvenir un de ces épisodes filmés (je comprends que tu sois déçu, ami lecteur, que j’illustre ma note avec une photo même pas libre de droits volée sur Internet, plutôt que par cette vidéo dont je jouis pleinement du copyright, mais c’est comme ça, la frustration se partage). Mais ce petit moment simple, d’une femme à mes côtés qui se déchausse et pose ses pieds sur le tableau de bord, sans autre intention érotique que ce petit bonheur que ce geste fera naître dans ma tête, celui-là, il me manque…

[140] Roi du monde

J’ai écrit je ne sais plus où (un billet ? un courriel ? un commentaire ?) que lorsque je faisais l’amour avec une nouvelle partenaire, il y avait un moment qui me faisait toujours beaucoup d’effet, c’est l’instant de la toute première pénétration. Physiologiquement, celle-là n’a rien de particulièrement différente de celles qui lui succèderont. C’est donc dans la tête que ça se passe. Certes, c’est le moment où l’on découvre d’une certaine manière l’anatomie intime de la femme à qui l’on fait l’amour (ce que l’on peut résumer outrancièrement à : chatte étroite ou large ?), mais je ne crois pas que c’est ce qui fait le côté magique du moment. C’est le moment M où tout ce qui a précédé n’étaient que des préliminaires, des trucs à la portée de n’importe quel adolescent (je dis ça pour frimer, adolescent je ne vivais rien de comparable) et où tout ce qui suit appartient résolument au monde des adultes. C’est le moment où la connaissance devient biblique. Le scellement de l’union.

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Mais en réalité, ce moment que je pensais si fort, s’il reste un des points d’orgue d’une première nuit, il ne me fait désormais plus autant d’effet que de par le passé. Est-ce triste à dire ? Serais-je devenu blasé ? Je ne crois pas, mais ce n’est plus cet instant qui me paraît le plus intense. Sans vouloir paraître fleur bleue, le premier baiser me paraît aujourd’hui un moment plus fort.

Si cette sensation a perdu pour moi de son éclat, de sa magie initiale, il est en revanche un moment d’euphorie qui ne se répète à chaque fois, un petit océan renouvelé de bonheur et de plénitude : lorsque je sors de chez ma nouvelle partenaire, après lui avoir pour la première fait l’amour, y avoir vécu des moments souvent inoubliables, où mon corps exulte, où un large sourire se fixe sur mon visage. J’ai l’impression d’être le roi du monde, j’ai l’impression de sentir le sexe à plein nez. Je regarde chaque passant qui me croise et c’est comme si je lui hurlais : je viens de baiser ! je viens de baiser !
Je m’étonne de ne pas être regardé avec envie, concupiscence. Je ne comprends pas pourquoi les femmes ne se précipitent pas sur moi en hurlant : et moi ? et moi ? Je reste surpris que ça ne soit pas contagieux.

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Dans le film Killing Zoe, il y a une scène (dont je me souviens obscurément — pas réussi à en trouver la retranscription précise) où un des personnages (je pense qu’il s’agit de Jean-Hugues Anglade) sort dans Paris après avoir fait l’amour, sans s’être lavé. Son acolyte, Américain, se dit surpris, et le Français de répondre que Paris est une seule ville où l’on peut être fier de sentir le sexe (NB : ami lecteur, si tu es capable de me proposer une retranscription de cette scène plus fidèle, n’hésite pas une seconde). C’est quasiment tout ce dont je me souviens de ce film, mais ce souvenir m’accompagne souvent dans ces déambulations.

Ce moment-là est un moment dont je ne me lasse pas. C’est encore mieux dans Paris by night, quand l’air est encore tiède.
Je suis heureux de ne pas être blasé.

[139] Fraîcheur de vivre

Je suis allé aujourd’hui chez le dentiste pour ma visite de routine annuelle. J’ai un excellent dentiste, auquel je reste fidèle après plusieurs déménagement. Un gars très sympathique, avec un côté grand timide, une sorte de Buster Keaton de la roulette ; probablement un des rares dentistes de gauche de Paris.

Bon, là n’est pas mon propos. Donc, visite de routine et détartrage. Le détartrage est une opération pas particulièrement agréable (enfin, moi, j’ai passé tellement de temps chez les dentistes hélas que ce genre de moment ne me font plus peur) mais après laquelle on se passe la langue entre les dents avec bonheur. On a l’impression qu’elles respirent à nouveau. J’adore la sensation dans ma bouche après un détartrage.

Voilà, c’est tout.

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