[1307] Impressions, chibre levant

hotel

La chambre est peinte d’un jaune tendant vers l’ocre, les boiseries sont bleu cobalt, les ferronneries renforcent la coloration orientale de cette chambre d’hôtel parisienne. Cela ne respire pas le luxe (les dimensions de la chambre sont d’ailleurs assez réduites) mais le bon goût.
Quand il arrive dans cette chambre, il est agréablement surpris. Il sourit. Il sourit à sa jeune amante, arrivée peu de temps avant lui et qui n’a pas encore enfilé sa tenue (« j’ai une surprise pour toi », avait-elle annoncé). Il sourit des surprises que, lui aussi, a pour elle, mais dont il n’a pas souhaité évoquer seulement l’existence, pour les garder entières.

Elle s’enferme dans la salle de bain pour se changer. La porte offre un soupirail qui pourrait dévoiler la surprise, elle l’enjoint de ne pas en profiter. Il est de toute façon occupé à mettre en place les contraintes sous les matelas. Et en outre, il aime trop les surprises pour être tenté de les gâcher.

Variations en noir. Elle apparaît, radieuse, avec sa tenue. Elle porte un body qu’il n’avait pas vu avant – elle en a fait l’acquisition récemment, pour lui faire plaisir –, une petite jupe en cuir, beaucoup trop courte pour être honnête – celle-là, il la connaît car ils l’ont achetée ensemble dans une boutique fétichiste – une paire de bas autofixants mais tout de même reliés par des jarretelles au body. Le haut des bas est orné de motifs en dentelle, faisant ainsi écho aux arabesques de son body, jeux de matières et de transparence. Au sommet du body, un ras-du-cou de dentelle noire complète la tenue. À l’autre extrémité de son corps, deux chaussures à talon avec une bride ceignant la cheville – cela faisait longtemps qu’elle ne les avait plus portées, pendant la longue convalescence de son pied – achèvent de dessiner sa tenue de poupée pour fétichiste n’attendant plus qu’à être dégoupillée pour exploser dans ses bras.

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[1305] Les lectures – final – la contribution de Marie (O)

préliminaire sodomite

Après m’être mis du Graves bien profond dans la gorge, je réajuste mon bas, assise à côté de ces dames toutes vêtues de presque rien. Je plante mes yeux dans les tiens, je te souris, et je viens m’assoir à tes pieds sur un gros coussin rouge. Tu es là assis dans un bon fauteuil confortable, on dirait le trône d’un roi ou le siège du condamné à jouir. Je passe ma paume sur ton pantalon, vérifiant que ce que je pressentais. Dur, tu es dur. Ma paume masse. Plus dur encore je te veux. Je passe ma paume encore et encore, puis d’une main je déboucle ta ceinture, celle-là, la spéciale, celle que je connais déjà avec sa fermeture qui m’a donnée du fil à retordre l’an passé ou l’an d’avant encore. Bref, voilà la bien dure, fière, droite érigée. Oui tu dois en être fier comme Artabande. Bien, je ne suis pas là pour te faire des jeux de mots mais pour les jeux de langue. (suite…)

[1304] Les lectures – la contribution de Jeanne

Wonder Woman se retirant une épine du pied

Moi, je serai Roi
Et toi, toi tu seras Reine
Même si personne ne les éloignera
On peut les vaincre, juste pour un jour
On peut être des héros, juste pour un jour

Et toi, tu peux être méchante
Et moi, je boirai tout le temps
Parce qu’on est des amants, et ça c’est un fait
Oui, on est des amants, et c’est ça
Même si rien ne nous gardera ensemble
On pourrait voler du temps, juste pour un jour
On pourrait être des héros, pour toujours
Qu’en dirais-tu ?

Moi, j’aimerais que tu puisses nager
Comme les dauphins, comme les dauphins savent nager
Même si rien ne nous gardera ensemble
On peut les vaincre, pour toujours
Oh, on peut être des héros, juste pour un jour

Moi, je ne serai pas Roi
Et toi, toi tu ne seras pas Reine
Même si personne ne les éloignera
On peut les vaincre, juste pour un jour
On peut être des héros, juste pour un jour

 


Vous aurez reconnu la traduction française de la chanson Heroes de David Bowie, à qui il convenait de rendre hommage !

[1303] Les lectures – la contribution de Polymnie

mcginley_dakota_black_cat_2003LA NUIT DES CHATS

Des minets, des miaous, des matous.
Une douzaine, peut-être davantage.
Ils batifolaient sur la couette en velours rouge. Ramassant et étirant leurs petites pattes sous le faisceau de lumière crue, poussière d’étoiles épandue sur la couche depuis l’invisible plafond. Une odeur de musc baignait l’atmosphère, et la musique baroque, au brusque diapason, provenait du même coin d’où jaillit, impérieuse, la voix sèche :
— Déshabille-toi.
— Sûrement pas, protesta doña Lucrecia. Moi là, avec toutes ces bestioles ? Plutôt mourir, je les déteste.
— Il voulait que tu fasses l’amour avec lui au milieu des chatons ?
— Imagine un peu. Il voulait me voir nue au milieu de ces chats. Alors qu’ils me dégoûtent ! J’en suis toute hérissée à ce seul souvenir.
Je commençai à percevoir leurs silhouettes, ses oreilles purent entendre les faibles miaulements de la chattée. Sécrétées par les ombres, elles apparaissaient, prenaient corps, et sur le couvre-lit incendiaire, inondé de lumière, les éclats, les reflets, les brunes contorsions lui tournèrent la tête. Il devina au bout de ces extrémités mouvantes se glissant, aqueuses, courbes, juvéniles, les petites griffes.
— Viens, viens ici, ordonna l’homme dans le coin, doucement.
Elle avait obéi à l’ordre de l’amant dissimulé dans le coin. Debout à ses côtés, docile, curieuse et désirante, elle attendait, sans oublier une seconde la portée féline qui, pelotonnée et turbulente, s’agitant et se léchant, s’exhibait dans l’obscène cercle jaune qui l’emprisonnait au milieu de la couette flamboyante. Quand elle sentit les deux mains sur ses chevilles, descendant vers ses pieds et les déchaussant, ses seins se tendirent comme deux arcs. Ses mamelons durcirent. Méticuleux, l’homme lui enlevait maintenant ses bas, baisant sans hâte, avec minutie, chaque petit bout de peau découverte. Murmurant quelque chose que doña Lucrecia interprétait, au début, comme paroles tendres ou vulgaires dictées par l’excitation.
— Savais-tu que c’est le miel que les matous aiment le plus au monde ? Qu’ils portent au derrière une bourse dont on tire un parfum ?
— Et pourquoi ces flacons de miel? Demanda-t-elle craignant un jeu, une blague, qui auraient ôté tout sérieux à cette cérémonie.
— Pour t’en frictionner, dit l’homme en cessant ses baisers. — Il continua de la déshabiller, après les bas, le manteau, le chemisier ; maintenant il déboutonnait sa jupe. — Je l’ai rapporté de Grèce, du miel des abeilles du mont Hymette. Le nectar dont parle Aristote. J’en ai gardé pour toi, en pensant à cette nuit.
— Ah ça non ! protesta doria Lucrecia. Mille fois non. Avec moi pas de cochonneries. (suite…)