[1475] Deuxième carte postale d’Utopia

Deux pieds dans le sable, caressés par la mer. On distingue un bracelet qui ceint la cheville gauche.

Il est 18 heures et je décide avec gourmandise d’embrasser les derniers rayons du soleil qui dément en cette fin de journée les prévisions de météo médiocre. Je claque de façon légèrement trop démonstrative le clapet de mon ordinateur portable, mettant ainsi fin à ma journée de travail, je glisse à la hâte ma serviette, mon maillot et les papiers de la voiture dans mon sac à dos et je roule, une dizaine de minutes, en direction de cette belle plage découverte quelques jours plus tôt, pas tout à fait isolée, mais plutôt tranquille et sans immeuble de front de mer pour défigurer les lieux.

La plage est presque déserte, je m’y place au Nord pour que l’ombre dévorante de cette fin de journée ne croque pas trop vite les centimètres carrés de peau que j’espère faire réchauffer par la caresse du soleil. Je me mets rapidement en maillot pour prendre un bain et espérer sécher. La Méditerranée est encore fraîche en ce début mai, mais l’entrée dans l’eau et plus rapide à chaque bain – et c’est mon troisième.
Je fais mes quelques longueurs de brasse et je retourne à ma serviette. C’est pendant que je me sèche que je te vois arriver. Tu as une tenue de randonneuse avec une petite touche de « citoyenne du monde ». Tu te poses à quelques mètres de moi, mais suffisamment loin pour que je ne puisse pas prendre ça comme une proposition directe. Et puis tu sors ton portable et tu te mets à vérifier je-ne-sais-quoi dessus. Alors j’imagine que tu as la même application de rencontre que celle qui meurt d’inanition sur mon téléphone.

Je finis dare-dare de me sécher, je m’allonge sur ma serviette, sur le flanc, penché vers toi, et je me saisis à mon tour de mon téléphone. Je lance cette fichue application. Imaginons que le réseau capte. Je vois ton profil qui apparaît « à moins d’un kilomètre ». Toi et moi avons des photos sur nos profils respectifs qui permettent de dissimuler notre identité, mais qui laissent suffisamment d’indices pour que, face à l’individu en chair et en os, on puisse le reconnaître. Je m’empresse de cliquer sur ❤ et quelques secondes plus tard, je suis notifié : « it’s a match ». Pas la peine d’en dire plus. Je me tourne plus directement vers toi, je me lance dans un « Hello ! » international, parce que ta fiche est écrite dans une langue que je reconnais mais dont je ne parle pas un mot et je doute que tu parles la mienne.

La suite en quelques images : nos langues incompatibles qui trouvent un terrain d’entente, l’odeur sucrée-salée de ton sexe à la toison brune, le soupir que tu as lâché quand mon sexe impatient s’est enfoncé, doucement mais sans demi-mesure, au fond de ta chatte, mes spasmes de plaisir quand tes lèvres ont englouti une dernière fois – mais ce fut la bonne – mon gland tandis que ta paume enserrait vigoureusement mes couilles, la nuit agitée que nous avons passé ensemble, réveillés à tour de rôle par les ardeurs incoercibles de l’autre, ton regard surpris mais vite accompagné d’un sourire lubrique quand j’ai pris ta main et guidé quelques doigts dans mon cul, ton geste connaisseur et ferme autour de ma prostate qui ne s’est pas arrêté, Dieu merci, quand vinrent mes premiers râles qui se sont mués en une étrange mélopée, mon frisson quand ton autre main est venue caresser ma nuque, ton cri et tes mains qui viennent bloquer ma tête contre ton sexe quand mon ultime glissement de langue vint déclencher ton orgasme, ma mine de chien battu au moment où je dois vraiment vraiment vraiment repartir bosser chez moi, notre dernier baiser quand je sais que je ne poserai probablement jamais plus ma main sur ton sein vibrant. Tot ziens, Elke !

[1474] Carte postale d’Utopia

Comm' si la terre penchait, mes orteils, le sable, la mer, le ciel bleu

Tu te souviens de cette ruelle devant laquelle nous ne sommes pas passés ? Nous sortions du restaurant, nous avions descendu à deux cette bouteille fameuse de Bourgogne, j’étais gai, j’avais envie de toi, je t’ai proposé de nous soustraire du regard des nombreux passants de la grande ville où nous n’étions pas en nous faufilant dans cette ruelle. Nous avions fait à peine deux mètres que les lampadaires se tamisèrent, ne produisant plus qu’un mince filet de lumière. Tu n’étais plus qu’une ombre chinoise, la clameur de la rue voisine s’était tue, tes deux mains ont solidement agrippé les barreaux de la palissade que nous longions, tu as relevé ta croupe pour qu’elle pointe vers le mec – moi ! – et tu as dit avec ces mots de lave que je n’ai pas encore entendus : « Prends-moi ! »

[1473] Femelle orientée objet

Nous venons de passer 12 heures dans une fête magnifique, peuplée de gens joyeux aux talents multiples, une fête des corps et des esprits avec le partage au cœur.

Seul petit problème : je ne t’ai quasiment pas baisée.

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Je vais avoir une brève fenêtre de temps en fin de journée pour passer te voir et je te demande de te préparer pour être mon objet de plaisir égoïste.

J’arriverai chez toi, tout sera prêt, tu me déshabilleras, tu me prendras dans ta bouche pour me faire bander puis, docilement, tu prendras la position que j’exige, et tu te feras enculer jusqu’à ce que je jouisse au fond de tes fesses. Je ferai une toilette rapide et je repartirai, les couilles vidées et le sourire aux lèvres, sans précaution pour toi – quelques baisers quand même.

Tout sera prêt à mon arrivée : à commencer par ton cul que tu auras lavé et progressivement dilaté, avec un premier plug de taille moyenne, pour commencer, puis avec un second plug à la base plus épaisse pour bien t’ouvrir et pouvoir accueillir mon dard conquérant. Tu auras préparé un éclairage tamisé, et tu auras disposé autour de la scène de crime une multitude de petites bougies, comme pour établir que cette sodomie sera une cérémonie de dévotion pour ton amour roi. Tu auras préparé quelques coussins pour y poser tes genoux, et une fois agenouillée, tu entendras le reste de ton corps devant toi, en t’assurant que ton cul charnu et adoré soit bien tendu vers le ciel de ma queue. Si tu le souhaites (et ce sera le sommet de ma générosité pour cette séance), tu pourras choper le vibro pour branler ton clito pendant que je delaisserai ta chatte pour pilonner ton œillet préempté, ou sinon tu tendras les bras devant toi, dans une position passive de dévotion et d’adoration.

Passive, oui, surtout : tu t’interdiras de bouger et d’accompagner mes coups de rein. Tu me laisseras choisir la cadence et l’amplitude, je deculerai quand ça me chantera pour me repaître de la vision de ton anus écarté par ma bite à chaque nouvelle saillie.

Je ne sais pas si je jouirai en quelques minutes ou si ma bite capricieuse devra percer ton cul une demie heure avant que je ne sois agité des spasmes qui propulseront ma semence dans ton conduit infertile, si interdit et si adoré.

[1472] Ma prostate n’est pas un gramophone

Il s’en fallut de peu pour que ce bref message, déposé sur Twitter un soir d’ivresse où j’étais sous l’emprise de quelque substance, ne fit couler beaucoup de sang d’encre. Du coup, je viens ici apporter quelques explications.

Rien de grave à n’arrive à ma prostate, au contraire !
Par ces mots, je ne voulais pas signifier que ma prostate était devenue un truc en état de délabrement, qu’un cancer la guettait, mais, tout simplement, qu’il ne fallait pas jouer avec comme un 78 tours, d’y aller un peu plus mollo sur le tempo.

Car, une fois qu’on trouve le bon rythme, le bon mouvement de la pulpe du ou des doigts sur l’organe, je me mets à chanter une étrange mélopée de plaisir.

la voix de son maître

Qui, pour le coup, peut certes ressembler à un vieux 78 tours.

[1471] Tu sais où tu peux te le mettre, ton écouvillon ?

Avant d’entrer en 2022, pensez à vous faire tester en profondeur par des mains expertes, maniant des écouvillons bien raides et compatibles avec la norme AFNOR ; inspirez un bon coup, et lancez-vous !

L'entrée en 2022 (allégorie)
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La maison CUI vous souhaite une année qui ne s’en laisse pas compter.


D’après une illustration de Jean Morisot.

[1470] Cochonneries

Mon amante ibère vante les qualités du chorizo de sa région : « c’est le meilleur d’Espagne, il ne contient que de la viande et du gras de porc, du sel et du paprika piquant ! » Entre deux galipettes, elle m’en tranche quelques rondelles dont je me délecte.

Ma queue a déjà investi le cul de Pascualina quand je suis saisi par une coupable inspiration. Je me saisis du chorizo (d’un diamètre conséquent, ce n’est pas un fuet catalan !) et tente de l’enfoncer dans le vagin de ma créature enchaînée. Échec, ça ne passe pas ! En revanche, le frottement de la charcuterie sur ses chairs commence un peu à la chauffer ; je jubile.
Je ronge le contour – miam ! – pour arrondir les angles mais ça ne passe toujours pas. Je me résous à déculer Pascualina pour pouvoir enfourner cette belle saucisse rougeoyante qui finit par se loger entièrement dans sa chatte. Il dépasse une ficelle épaisse et rouge, comme celle d’un tampon gorgé de sang au-delà du raisonnable.

— Ça pique ! gémit Pascualina.
— Tant mieux, sera ma réponse tandis que je la rencule dans ma tentative de double pénétration gastronomique et transfrontalière.

Quand j’estime que le jeu a assez duré, je retire le chorizo dégoulinant de mouille en tirant par sa ficelle, puis je le relèche et croque dedans, profitant de ses parfums décuplés.

Pleure pas, grosse bête, tu vas chez Noblet ! (fameuse publicité pour un charcutier d'Alésia, présentant une jeune fille s'adressant à un cochon en détresse)