[150] Baiser, c’est facile. Baiser, c’est difficile.

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Selon les périodes, selon l’humeur, je suis étonné de la difficulté inouïe ou de la simplicité biblique que j’ai à trouver une partenaire pour faire l’amour.

Au moment même où cette note sera publiée, par le truchement de la mise en ligne programmée, je devrais être à la merci d’une femme que j’aurais désirée, qui m’aura désiré, sur la simple promesse d’une possibilité de plaisir que nous aurions à prendre ensemble. Aucune garantie de part et d’autre, bien évidemment. J’ai lu ses mots, et j’y ai vu cette possibilité. Nous ne nous sommes jamais vus avant ce moment où elle entrera dans la chambre d’hôtel où je l’attendrai, et c’est à peine si nous nous serons parlés. Nous faisons chacun le pari doublement fou suivant : que nous avons mutuellement été honnêtes dans nos expressions sur ce que nous étions et que le désir ne sera pas coupé net par la réalité de nos corps. Appelons ça du sexe facile. Pour moi, l’enjeu n’est pas plus mince que si cette rencontre était le fruit d’une cour assidue de plusieurs semaines ou plusieurs mois (qu’on pourrait appeler sexe difficile). Notre dialogue pourrait se résumer ainsi :
— J’aime beaucoup ce que vous faites.
— Oh moi aussi j’aime beaucoup ce que vous faites.
— Je dirais même plus : vous m’excitez !
— Que puis-je répondre, sinon que c’est réciproque, le savez-vous ?
— Bon, on baise ?
— D’acc. Quand ça ?

▪♦▪

Imaginons la même rencontre qui aurait lieu sur une plage. Ce serait comme la fameuse bédé de Reiser, avec le gars qui passe de fille en fille en leur proposant : « Dites, ça vous dirait d’aller tirer un petit coup avec moi à l’hôtel ? ». Le gars se fait rudoyer par des dizaines de filles jusqu’à ce que l’une d’elles accepte. La première femme que l’on avait vue refuser se met alors à regretter « Pfff ! Y’en a une qui a finalement accepté, mais c’est dingue !!! puis Mais elle est nettement moins bien que moi celle-là, et puis il n’était pas si mal que ça ce type, et puis il était franc, direct, pas comme ces dragueurs à deux balles [là, elle se fait accoster par un gars qui lui sort un pathétique Alors, on bronze ? ] » etc.

Non, soyons sérieux. Imaginons la même rencontre sur une plage, pour le pathétique dragueur que je suis. Alors ça me demande un effort d’imagination sérieux parce que je n’ai jamais réussi à draguer quiconque sur une plage. Bon, ça commencerait par de longs échanges de regards. Et puis si j’ai la certitude que c’est bien moi qu’elle me regarde, je trouve un stratagème pour passer à côté d’elle, puis faire une remarque sur ce qu’elle lit (à supposer qu’elle lise quelque chose, un bouquin, un magazine, le mode d’emploi de sa crème solaire, qu’importe).
« Wahou, Kundera, mais j’adôôôre ! Vous avez lu La Plaisanterie ? (ici le titre d’un bouquin lu il y a une vingtaine d’année) et sinon vous faites quoi ce soir ? »
ou alors
« Bigre ! 200 nouvelles grilles de Sudoku niveau 9 ! Terribeul. Vous connaissez l’algorithme de l’espadon ? Je peux vous montrer ça sous ma tente si vous voulez… »

Une fois ce gigantesque premier pas fait, il faut en ajouter quelques dizaines d’autres ; il faudra qu’elle soit disposée à me découvrir, qu’en nous découvrant l’un l’autre on ne se dise pas au bout de dix minutes qu’elle/il était mignon(ne) mais qu’est-ce qu’elle/il est cruche, etc.

Et puis qu’à un moment, quand l’éclairage et l’alcoolémie seront favorables, qu’un des deux se lance et embrasse l’autre, et puis tout ce qui s’en suit.

Il y a des gens qui sont plus à l’aise avec une première approche physique et qui découvrent s’il y a compatibilité intellectuelle par la suite. D’autres pour qui le chemin inverse est plus facile (j’en fais partie, Internet est du pain béni pour moi). Dans un cas comme dans l’autre, on a toujours le risque de commencer sur une bonne impression et de finir sur une mauvaise.

On a également le risque inverse de s’arrêter à une première impression en demi-teinte et de perdre l’occasion de découvrir, si l’on avait un peu plus gratté, un accord moins manifeste.

▪♦▪

Baiser, c’est facile.
Il y a des moments où l’on ne se pose pas trente six questions. On a un désir et on souhaite le vivre, sans trop de calcul, en espérant juste ne pas faire une connerie.

Baiser, c’est difficile.
La plupart du temps, on s’en pose trop, de questions. On tergiverse. On oui-mais. Que va-t-il/elle penser de moi ? Et est-ce qu’il/elle est si bien que ça ? Est-ce qu’il/elle me mérite ? Et puis je ne suis pas si en manque que ça pour baiser avec n’importe qui. Et puis c’est quelque chose de magique, faut pas le galvauder.

Oui, c’est quelque chose de magique.
Baiser, c’est rien du tout.
Baiser, c’est l’infini (on est prié de ne pas citer Céline).

[149] Puits à souhaits (septembre 2006)

Ce mois-ci, autant te le dire, ami lecteur, j’ai perdu un peu de l’enthousiasme qui m’animait lorsque j’ai lancé cette rubrique espérant que, chaque mois, elle me permettrait à peu de frais de produire une note amusante et pittoresque.

Que constaté-je ? Que les mots-clés qui apparaissent sont un peu toujours les mêmes, que leur variété tend à s’amenuiser, tournant désespérément autour du même sujet (qui, certes, nous préoccupe tous) : le sexe.
Où sont les recherches improbables qui semblent illuminer d’autres burps. Certes, j’ai bien eu cette affaire de nœud à fond de fouille qui reste non élucidée (j’ai pas tellement bossé la question je dois dire). Mais ce mois-ci, l’anecdotique s’est fait la malle. Le rigolo a passé son chemin. Le bizarre qui demeure s’était déjà pointé le mois dernier.

Dans les bonnes nouvelles, toutefois, je tiens à préciser qu’hexaspray continue de tenir la corde, faisant ainsi de mon burp la référence sur le sujet. Amis lecteurs ayant mal à la gorge, je tiens à vous remercier de votre fidélité (1,34%).

Danino fait aussi une entrée remarquée (par moi en tout cas) et qui me touche. Amis lecteurs nostalgiques, j’aimerais que l’un d’entre vous crée enfin le site de lobbying qui nous manque : http://www.exigeons-le-retour-de-danino.org (0,62%).

Homard (0,52%) fait un passage furtif,  bon (0,79%) fait à peine mieux (ah ! j’en profite pour dire que malgré tous ces défauts, jamon ! jamon ! est un film espagnol assez délicieux. Enfin, pas de difficulté à comprendre pourquoi le héros du film s’intéresse de près à Penelope Cruz).

Au rayon cul, on trouve les désormais habituels histoire d’o (0,98%), histoires érotiques (au pluriel, 1,77%, j’ose espérer que j’aurais au moins j’aurais quelques googleurs satisfaits), touche pipi qui se maintient bien (1,15%). Je reste surpris que des mots-clés aussi standards finissent par guider vers mon burp. Je n’ose pas imaginer à quelle position j’apparais dans les résultats de recherche ni l’état de manque (et de saturation ?) de ceux qui finissent par débouler sur ce site après leur 7823 précédentes lectures : sexe (1,93%) et film x (1,96%) en témoignent, ainsi que gang bang (0,97% – désolé les gars, moi c’est pas trop mon truc) et un éphémère kamasoutra (0,54%). Le touchant cyprine (O,79%) est toujours là, triolisme (0,77%) fait son apparition. Puis-je parler de requêtes plus élaborées avec entre cuisse (1,45%), fait voir ta chatte (sic, 1,10%), leve ta jupe(0,55%), grosses fesses (0,55%). Au rayon fétichiste, dim-up (0,59%), bas nylon (0,41%) et enfin bottes (0,59%).

Pour finir, househusband (0,82%) et desperate househusband (1,79%) ne débande pas : dites donc, les garçons, vous êtes si désespérés que ça ? Ou alors sont-ce ces mesdemoiselles qui cherchent ainsi âme à secourir ? attrape couillon score à 0,79% tandis que Nadia qui clôt cette liste atteint 0,62%.

Pas d’heureux gagnant ce mois-ci.

Je vous aurais bien raconté ma séance orgiaque avec Nadia quand je l’ai recouverte de Danino, mais impossible de trouver une illustration. 

[148] Fumeuses

medium_chesterfield.JPGL’immense majorité des femmes avec lesquelles j’ai vécu ou simplement eu une aventure étaient des fumeuses. [NDLR : Je profite de l’occasion qui m’est donnée (par moi, on n’est jamais si bien servi etc.) pour signaler qu’en français, on peut accorder le verbe être de la phrase précédente aussi bien au féminin singulier (sujet = la majorité) qu’au féminin pluriel (sujet = les femmes). Nombreux sont ceux qui préfèrent l’accord grammatical. Je préfère l’accord sémantique.]

Moi, non fumeur depuis toujours (enfin, non, j’ai un peu clopé sous l’influence de ma grande sœur vers 11 ans, puis vers 15 ans j’ai retenté ma chance : j’ai dû crapoter 4 ou 5 clopes du paquet de Menthol — oui, je sais, tout vrai fumeur me dira que les cigarettes Menthol sont abjectes, mais ça me paraissait, à moi, plus agréable que les cigarettes normales — que j’avais acheté par mimétisme avec mes copains fumeurs avant de le refiler pour incompatibilité définitive), je me suis toujours retrouvé dans les bras de fumeuses. La toute première femme avec qui j’ai eu une petite histoire d’amour était une grande fumeuse. Elle avait un produit à base de menthe forte, une sorte de potion concentrée fabriquée en Suisse, dont elle avalait une goutte pour se rafraîchir l’haleine avant de me rouler des galoches. C’était une délicate attention.

M.-C*** ? fumeuse, donc !
B*** ? fumeuse (la photo de toi que je préfère, B***,  est en noir et blanc ; tu es assise les jambes croisées, la courte jupe que tu portes laisse dévoiler les bas que tu portes, ta main porte délicatement entre index et majeur une cigarette et des volutes s’échappent de ta bouche au sourire mutin).
H*** ? Fumeuse honteuse, mais fumeuse.
C*** ? Grande fumeuse.
M*** ? Petite fumeuse.
Ad libitum…

On comprendra que cette longue expérience ait fait du non-fumeur que je suis un non-fumeur tolérant. Je m’acclimate sans trop rechigner à la fumée des autres sauf dans deux circonstances : quand je mange, car la fumée dénature voire annihile mon plaisir gustatif, et quand je suis enrhumé, car la fumée me donne l’impression de manquer d’air. Je ne prétendrai pas que j’ai plaisir à me retrouver dans une atmosphère enfumée : les pubs ou les brasseries, les boîtes de nuit, les salles de concert sont des environnements que je préfèrerai plus aérés !

medium_lapipecestmieux.jpgMais ce n’est pas là où je voulais en venir. 

Non, ami lecteur à l’esprit salace, je n’oserai aucune comparaison, je ne tisserai aucune correspondance entre la qualité des fellations pratiquées et la quantité de cigarettes inhalées chez les sujets d’études.

Ce que je voulais, ami lecteur, c’était te narrer une réflexion qui m’a dernièrement traversé l’esprit.

Dressons le tableau :

Je suis chez É***, une heure du matin s’approche et le sommeil m’a déjà mordu depuis un moment. Il est temps que je rentre chez moi. Je prends une douche dans une salle de bain laissée sombre à dessein. L’eau coule sur mon corps et je me laisse, fatigue aidant, aller à des rêveries mélancoliques. L’eau coule longuement mais je ne me savonne pas pour ne pas sentir la vanille ou la colchique-dans-les-prés au moment où je me glisserai dans le lit conjugal.

Froidement rationnel, l’homme adultère exercé par de longues années d’infidélité ne néglige aucun détail pour éviter d’éveiller le soupçon chez sa femme. Ne pas sentir le sexe, ne pas laisser apparaître de marque de morsures ou de suçons, ne pas sentir un autre parfum que le sien, ne pas afficher de marque de rouge à lèvres, ne pas sentir le savon et a fortiori ne pas sentir le savon qui sent, et si possible, puisque je suis justement censé rentrer d’une soirée entre amis, sentir la cigarette est un plus !

Avec J***, nous avions mis au point une technique assez efficace, lors de ses nombreuses pauses clope : j’entrouvrais ma chemise et elle y soufflait la fumée exhalée ; je sentais le souffle chaud de mon amante sur ma peau, je sentais cette odeur que je ne suis pas censé aimer, mais qui, dans ce contexte érotisé, en devenait agréable. C’était un de nos rituels, un des nombreux rituels qui font que longtemps encore, dans les bras d’une autre, je continuerai à penser à elle.

L’eau coule sur mon corps et je pense à J***. Je sais qu’avec É*** (et elle même le sait) je ne recréerai pas la complicité que je vivais avec J***. J’ai cette pensée cruelle que pour parfumer au tabac ma chemise aussi, J*** était plus douée. J’ai pensé que des larmes allaient couler de mes yeux, mais ils sont restés secs. 

Je jouis au présent. 

[147] Coup de théâtre mon cul !

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« Coup de théâtre ! » annonçait ce matin le journaliste France Inter en ouverture de son édition de 8 heures, « Lionel Jospin renonce à déposer sa candidature à la candidature pour les présidentielles de 2007 ».
Voilà un homme (Lionel Jospin, pas le journaliste) qui, apparemment, est bien mal conseillé (on dit ça en général d’un homme qu’on estime auquel on n’ose pas directement faire le reproche mais t’es complètement con ou quoi ?). Il faut dire que depuis son départ — relativement digne, tout de même — suite à son échec en 2002, Monsieur Je-Me-Suis-Retiré-De-La-Vie-Politique rentrait, ressortait, rentrait, ressortait, et ça agaçait plus qu’autre chose. La France doit être 100% clitoridienne (non, ce n’est pas un sondage SOFRES auprès d’un échantillon représentatif de la population de 1007 personnes majeures, je n’ai pas les moyens). Le Parti Socialiste, privé de son leader à la suite de cette défaite mit à sa place François Hollande, qui ne sut jamais imposer son leadership avec assez de fermeté, si bien qu’après le bordel causé en interne à l’occasion du référendum européen, ils se sont retrouvés dans la situation que tu constates, ami lecteur : pas de vrai leader, chacun, n’obéissant qu’à l’intérêt supérieur de la nation (et à leur ego hypertrophié à coups de sondages), concluant sur l’indispensabilité de sa candidature, guéguerre des chéchefs (non, pas de puputsch, ça c’est ailleurs)…

Pourtant, Lionel Jospin avait une vraie légitimité à se représenter. Nul ne doute, après ses cinq années de conduite du gouvernement, sur ces capacités à assumer lapluôtefonxion (la souhaiter, c’est un autre débat que je n’ouvrirai pas), sur ses qualités de leadership, etc. Mais ce joli fond de commerce aura été gâché, à mes yeux, par deux erreurs majeures :
— n’avoir jamais réellement fait son mea culpa sur l’échec de 2002 (dire « j’assume toute la responsabilité » est totalement insuffisant et son « émotion » à La Rochelle devant les jeunes du MJS n’est toujours pas satisfaisant)
— ne pas être revenu plus tôt asseoir sa légitimité : le voilà qui surgit, n’annonçant même pas sa candidature (de facto, il a juste dit qu’il y songeait — très fort — et d’ailleurs, dans son renoncement, pas plus de coup de théâtre que de beurre en broche [NDLR non, ceci n’est pas une locution lepéniste]). Tel le lièvre de la fable, il s’aperçoit que les autres sont partis et ont une bonne avance (enfin, pas exactement tous mais bon) et surtout, que les militants (parce que ce sont eux qui vont désigner leur candidat, et pas les sondages) ne veulent pas d’un sauveur de dernière minute, deus ex machina qui dépassait des coulisses depuis un bon moment (2003, non ?).

Des autres candidats, il en est un autre qui devrait avoir la sagesse de botter — juste cinq minutes — le cul à son ego le temps de faire une déclaration semblable au lieu de foncer droit dans le mur. Le ridicule ne tue pas, Jack. Tu serais formidââââble. 

[145] Pêché mignon (95 dB)

medium_Peaches.gifPEACHES

1ÈRE PARTIE: STINK MITT
Pop-rock
le 05/10/2006 à 19h30
ELYSÉE-MONTMARTRE 72, Bld Rochechouart 75018 PARIS

La reine de l’electronica minimaliste classé XXX est de retour avec son nouvel album  » Impeach My Bush « , certainement le disque le plus ambitieux de notre héroïne. Sur scène c’est avec un vrai groupe ( guitare / basse / batterie ) qu’elle viendra défendre celui-ci. Prestation incendiaire garantie !

  

 

Qui m’accompagne ?