[1300] Les lectures – la contribution de Louize

fashion trends - pubic hairs

Et ma chatte ?

La scène est à Capri, et en fait ce ne sera jamais fini. La villa de Curzio Malaparte, conçue par l’écrivain et audacieusement plantée en 1937 sur un rocher escarpé qui surplombe la Méditerranée, est le décor du drame.
« Il y a Brigitte Bardot et Michel Piccoli, vient de dire le générique, en ajoutant : c’est un film de Jean-Luc Godard ». Devra-t-on attendre longtemps la scène pour laquelle nous sommes venus ? Non, car elle fait l’ouverture. On en dans la pénombre et c’est un peu frustrant.
— Tu vois mes pieds dans la glace ?
— Oui.
— Tu les trouves jolis ?
Foin de propos vaseux sur le tournage d’un film et le rendez-vous avec un producteur américain, on passe aux choses sérieuses. Piccoli va s’en tenir désormais à multiplier les « Oui », si convaincus et admiratifs qu’ils soient.
Les chevilles, les genoux, les cuisses, il les aime.
— Et mes seins, tu les aimes ?
— Oui.
— Doucement, Paul, pas si fort.
Les questions deviennent incongrues. Préfère-t-il ses seins ou la pointe de ses seins ? Il reste sur son quant-à-soi :
— J’sais pas… C’est pareil.
Et soudain la lumière jaillit. Éblouissement du corps de Camille soudain illuminé, comme les statues grecques de ce film regorgeant de dieux et de déesses au soleil. Travelling latéral, des cheveux aux chevilles, de droite à gauche, puis de gauche à droite.
La caméra effleure et caresse sans faire de pause, mais en passant sur les fesses somptueuses nous permet d’apercevoir les marques fatales, nettement imprimées dans la chair, celles de l’élastique du slip qui, forcément, a été ôté depuis peu. On sent le débutant : Godard, n’ayant pas l’habitude de tourner des scènes de nu (il s’y fera, plus tard), n’a pas demandé à son actrice de se déshabiller plus tôt, ces marques en témoignent, et on imagine très bien le tournage, elle plus ou moins réticente, lui contraint par ses producteurs de filmer ce qu’il n’avait pas prévu (mais l’improvisation n’est-elle pas aussi sa marque de fabrique ?)… Tous conscients du culot qu’il va falloir, étonnés de leur propre audace, comme Gainsbourg lorsqu’il enregistrera (avec la même Brigitte, la première fois) son Je t’aime moi non plus… On croit entendre le « Allez, on y va! » et l’actrice se débarrassant prestement de ses vêtements : « Vite, finissons-en ! ».
Et l’obsédante litanie se déroule.
— Et mon visage ?
— Oui.
— Et ma chatte ? Tu l’aimes?
Elle se retourne, tout bascule, les volumes frémissent, les seins vacillent, le venue frémit et la fine toison apparaît.
— Oui.
— Et mes poils ? Tu les aimes, mes poils ?
Le son est moins audible maintenant, la voix de Paul aux trois-quarts couverte par les harmonies enveloppantes de Georges Delerue. Il se penche, son visage vient se nicher dans l’entrecuisse blonde.
— Oui, beaucoup.
Il se courbe encore plus et sa bouche va à la rencontre de la vulve qui s’écarte. On aperçoit sa langue amoureuse.
— Et mon clitoris, tu l’aimes ?
Oui, il l’aime.


"ET MES SEINS TU LES AIMES ?" 50 fantasmes cinématographiques LENNE GERARDCe texte est extrait de l’ouvrage de Gérard Lenne « Et mes seins, tu les aimes ? » Cinquante fantasmes cinématographiques aux éditions La Musardine.

[1299] Les lectures – la contribution d’Ève de Candaulie

Un sein. Autour de l'aréole, la mention « press to turn on »

ELLE ET MOI, Max Berlin

(…) Quelque part dans la ville
Elle et moi
Un jardin
Tranquille
Un regard
Une étreinte
Un frisson
Des yeux qui se lèvent
Une larme qui coule
Doucement
Sur sa joue
La douceur de ses lèvres
Elle et moi
Son corps vibre sous mes caresses
Nos souffles se mêlent
L’amour nous enveloppe
Le velours de sa jupe
Relevé
Ses jambes
Que mes mains découvrent
Elle et moi
Ses mains dans mes cheveux
M’attirent
Me griffent
Excitent mon désir
Son désir
Ma bouche devient folle
Le satin de sa peau
Elle et moi
Ses vêtements se déchirent et libèrent sa chair
Sa voix m’appelle
Je t’embrasse, je t’aime
Tu es belle
Ton ventre, tes seins
Elle et moi
Ton cœur qui bat
Au rythme de l’amour
Ce rythme qui nous emporte loin
Très loin
En toi
Au plus profond de toi
Tu gémis
Mon amour
Aime
Aime de toutes tes forces
Elle et moi
Mes mains
Ma bouche
fouillent ton corps
Décousu
Qui se donne à n’en plus finir
Ton corps
Mon corps
Dans l’herbe
Un cri
Ton cri
Ton plaisir
Et plus rien
Rien
Le calme
L’amour
Elle et moi

[1298] Les lectures – la contribution de P***

Femme nue couverte de bijoux - Paolo Roversi

Les bijoux – Charles Baudelaire

La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !

Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !

[1297] Les lectures – la contribution de Jules

un couple nu, enlacé

BOIRE MANGER BAISER

Boire, manger, baiser
Fêter et trinquer
S’embrumer et s’évaporer
S’enfoncer et s’évader

Boire, vivre, baiser
Offrir et s’offrir
Garder et partager
Se muer et s’attacher

Boire, vivre, jouer
Rire et séduire
Attirer et repousser
Énerver et taquiner

Voir, sentir, aimer
Toucher, caresser, observer
Grandir, gonfler, saisir
Et allumer, et regarder

Voir, saisir, aimer
Et se faire avoir, ou réussir
Envoler, déshabiller, dévêtir
S’agenouiller, s’effacer, glisser

Voir, suffire, aimer
Et en demander plus
En demander encore
En demander davantage
Et ne plus s’arrêter

Croire, vouloir et prendre
Rester et se maquiller
Rejeter et accaparer
Tout donner pour tout avoir

Croire, vouloir, pouvoir
Humer, goûter, avaler
Étaler, lécher, se pourlécher
Et fermer les yeux

Croire, vouloir, glorifier
Ne pas renoncer non
Continuer, continuer, continuer
Reprendre et attraper

Boire, baiser et baiser encore
Pénétrer, violer, enculer
Sucer, masturber, fêler
Et jouir, jouir, jouir
Jouir à n’en plus finir.

[1296] Les lectures – la contribution de Flore

Femme et oiseaux dans un nid

Cher Jérôme,

Malgré ce que tu essayes de faire croire à tout le monde, je ne t’ai jamais considéré comme quelqu’un de très sage.

Dès la première fois que tu es venu à l’une de mes soirées, tu écrivais déjà avec assurance – et non sans un certain talent – de joyeuses et assumées cochonneries.

Continue à nous faire rire, réfléchir, bander et aimer, malgré ces années qui passent mais qui nous bonifient aussi.

Et comme du bon vin… donne-nous tout ton jus !

 


Et pour retrouver Flore, c’est ici.

[1295] Les lectures – la contribution de A***

Un bas relief érotique indien

Je pense que si l’on racontait aux gens comment Jérôme fête ses anniversaires, ils le regarderaient avec envie.

Il y a deux ans, Jérôme a concrétisé son désir de harem – je résume – en organisant sur plusieurs jours un anniversaire sensuel, sexuel avec des filles toutes bien intentionnées. Ça aurait pu s’arrêter là, on aurait pu se dire qu’une expérience de ce style ne se vit qu’une fois dans une vie et que c’est bien suffisant. Mais non, voilà qu’on lui remet ça, cette fois sous la forme d’une soirée surprise, préparée avec soins par [Camille]. Quel chanceux, ce Jérôme !

Je me moque, je me moque, mais nous aussi sommes chanceux, et c’est pourquoi nous sommes là. Je te souhaite un très bel anniversaire et plein de jolies choses pour ce nouvel âge. Et, au passage, également pour cette nouvelle année. Après tout, 2016… Bref.

Mais ne nous projetons pas trop, c’est ici et aujourd’hui qu’il faut profiter. Et pour fêter la maturité, la sagesse et tout ce qui arrive quand on prend de l’âge – il paraît –, je te propose, et je nous propose à tous, de ne surtout pas nous prendre trop au sérieux et de prendre du plaisir à être ensemble, à nous découvrir – pour ceux qui ne se connaissent pas –, et puis à faire tout ce qu’il nous semblera bon de faire ce soir.

Pour conclure, je te souhaite du plaisir, pour ce soir et pour tous les jours à venir.

Encore une fois, joyeux anniversaire Jérôme. Et j’en profite pour te remercier pour tout.