À l’occasion d’une note ici-bas, un commentaire attentionné appréciait la pudeur dont j’avais, selon son auteur, sut faire preuve. Je lui répondais que ce n’était pas si pudique que ça d’exhiber (comme je continue de le faire par ailleurs) ses états d’âme au tout-venant. Elle me répondait que personne ne me connaît ici (de fait, en tant que journal de bord d’un homme dont un des faits d’armes est d’être marié, père de famille, et infidèle, un minimum de discrétion paraît de rigueur).
Il se trouve d’ailleurs qu’une partie des lecteurs de mon burp sont des gens que je connais en chair et en os, parfois même en muqueuse et en ongles, mais je ne voudrais pas entrer trop dans les détails (par pudeur bien entendu !). Ce sont des personnes de confiance qui sont au courant de mes agissements, y prennent (prenaient) une part active et qui, à défaut de les cautionner, les comprennent, au moins, les acceptent comme partie intégrante de mon être.
Quelques uns tiennent eux-mêmes leur propre burp, et son dès lors confrontés à cette même problématique qui s’impose à tout burpeur faisant le choix de l’anonymat, et que je vais exposer un peu plus bas.
Au cours de ma (fraîche) exploration de la burposphère, j’ai recensé les différents types de burps suivants :
- Les burps communautaires, dédiés à une activité, un courant de pensée, … Ce sont ceux des associations, des partis politiques, des groupes d’amis, etc.
- Les burps professionnels : généralement tenus par une seule personne, de manière généralement non anonyme, et qui traite de sujets en rapport avec leur profession : untel défendra le navigateur Firefox, un autre parlera de sa vision du management, , un autre de la vie des médias, etc. Je classe dans cette catégorie les burpzines des dessinateurs, ou encore ceux de musiciens dédiés à leur création musical, et plus largement tous ceux consacrés à la création artistique.
- Les burps individuels nominatifs : l’auteur sera la plupart du temps bridé dans le degré de franchise dont il fera part dans ses notes. Ca pourra être du genre « j’ai mangé au resto Le petit chat coquin et c’était vraiment dégueulasse », mais plus rarement « ma sœur n’est qu’une grosse truie »
- Les burps individuels anonymes : relativement proches des précédents, mais où l’auteur s’expose davantage, notamment sur des sujets réservés généralement à la sphère très privée, en premier plan la sexualité.
Dès lors se pose la question délicate du degré d’ouverture de déballage de son âme (tout de suite les grands mots) que l’on va oser sur son burp ; certes, couvert par un anonymat, mais un anonymat relatif. Que ce soit en matière de sexualité, d’orientation politique, d’exposition crue de mes peines de cœur, je me suis plutôt lâché jusqu’à présent mais c’est à chaque fois en hésitant.
La question n’est pas tellement de vous donner à connaître sans préparatif ni précautions particulières des éléments de grande intimité que je ne livre généralement pas au premier venu (encore que, sur internet, que ce soit par chat ou par messages, sur les sites de rencontres, par exemple, on peut assez rapidement y aller assez franco), mais plutôt de savoir jusqu’où aller :
- d’une part, pour que ceux qui ne me connaissent pas ne m’identifient pas (il y a hélas quelques malades sur le net qui pourraient y trouver l’occasion de nuire)
- d’autre part, pour que ceux qui me connaissent mais ne connaissent pas l’existence de ce burp ne m’identifient pas non plus (et là, c’est nettement plus délicat parce que je suppose que chaque note contribue à nouer un faisceau de présomption) ; si je ne leur ai pas parlé de cet endroit, c’est probablement à dessein
- enfin, pour que ceux qui me connaissent et à qui j’ai parlé de ce burp ne se disent pas en poussant des grands cris : Mon dieu, mais c’est le J*** que je croyais connaître ?!?
J’ai démarré cette réflexion il y a déjà un moment quand au moment cette note, je me suis en même temps baladé sur le burp de Frantico.
Le Frantico en question, qui racontait en bédé sa vie et notamment ses déboires et frustrations en matière sexuelle, se voyait confronté à cette même question. Ça donnait en gros : puis-je continuer à vous (lecteurs) raconter aussi franchement ma vie et notamment mes fantasmes sur ma voisine du dessous, ou mes énervements avec la boulangère, alors qu’en même temps la notoriété de mon site grandit (le burpzineux se retrouvait même invité à un salon international) ?
Avec le temps qui passait, le fait même de tenir un burp (et que celui-ci ait atteint une certaine notoriété) finissait par agir sur le comportement de Frantico ; comme en mécanique quantique, l’observation modifie ce qu’on observe !
Il s’est avéré que le burp n’était qu’un vaste et audacieux canular ! Mais pour autant, ce qui n’avait été que le fruit de l’imagination dans ce cas précis peut tout à fait se décliner dans la vraie réalité réelle.
Ça m’a toujours fait rigoler, ceux qui qualifient les rencontres (au sens large) sur internet de virtuelles. Je suis tout aussi réel, derrière mon clavier, en train de tapoter cette note, que vous, derrière votre écran, en train de la lire (non, je ne te parle pas à toi, robot d’indexation), ou que la boulangère quand elle vous tend sa baguette ou ses chaussons au pomme.