[70] Trois histoires d’O – Introduction

Introduction ou note d’intention

Ami lecteur, je vais te présenter ici trois petits textes écrits il y a déjà quelques années et pas retravaillés depuis. À juste titre, tu pourrais t’effrayer à l’avance du titre un peu cliché Histoires d’O, mais j’avance, pour ma défense, que ces textes ont été créés afin d’être postés dans un forum (c’était à une époque où les burps n’existaient pas encore, ou presque pas, et où je dépensais mon énergie scribouillarde sur un site de rencontre plutôt plus convivial que les autres, en l’occurrence Love@Lycos) nommé « Histoires d’O ».

Ce forum avait été conçu par son initiatrice comme un espace prévu pour se raconter des histoires érotiques. Sans vouloir trop tirer la couverture à moi (en outre, désormais, il est trop tard pour que tu puisses vérifier mes dires, ce forum a été englouti par l’une des refontes du site), j’étais à peu près le seul à avoir pris cette tâche un peu au sérieux.
Je n’avais, à l’époque, pas encore lu le célébrissime bouquin éponyme de Pauline Réage, mais j’avais une idée de l’atmosphère qui pouvait y régner, et je me suis donc astreint à essayer de le restituer tel que je l’imaginais, à ma sauce.

Tu constateras donc que le personnage central de ces trois histoires se nomme donc O, que l’univers SM, ou plus précisément les jeux de domination, y constituent une toile de fond qui s’estompe progressivement au fil des histoires, et que (c’est ça le plus intéressant à mon sens), chaque histoire a sa tonalité propre, ses qualités, ses défauts.

Ces histoires ayant, comme je le disais, déjà quelques années, je dois t’avouer qu’elles ont déjà trouvé d’autres lecteurs et – surtout, dois-je avouer – lectrices sélectionné·e·s, à qui je demandais à chaque fois de me dire quelle était leur histoire préférée, et pourquoi.

J’aimerais bien que tu te prêtes au même jeu.

Bonne lecture.

 

 

[68] Ça n’est pas de ta faute

Ça n’est pas de ta faute.

Sûrement pas non plus celle de ta chatte si avide de ma queue.
Pas non plus celle de ta bouche qui réclamait la mienne.
Pas non plus celle de ton cul que tu m’as offert avec le reste — si, si, Monsieur, vous pouvez aussi visiter cette pièce.

Ça n’est pas de ta faute.

Sûrement pas celle de nos rendez-vous du dimanche quand nous allions au cinéma (c’était autre chose que Le film du dimanche soir à la télé), nous tripotant comme des adolescents (ou plus précisément, rattrapant enfin le temps perdu de nos adolescences solitaires, il n’est jamais trop tard) lorsque le film ne nous captivait pas assez.
Pas non plus celle de nos déjeuners du mardi, très sages, où l’on discutait boulot, politique, cul et sens de la vie ; des morceaux de temps qui faisaient presque de nous un couple ordinaire.
Pas non plus celle de nos rendez-vous improvisés, qui me donnaient l’impression d’être un gamin qui file en cuisine voler du rab’ de dessert.

Ça n’est pas de ta faute.

Non, sûrement pas celle de ton corset que j’aurais voulu t’offrir, mais que tu as tenu à payer de tes deniers ; j’aimais son rouge sombre ; j’aimais tirer sur les lacets jusqu’à ce que tu me dises c’est assez (c’est drôle, non ? corset, baleines, cétacé. C’est pour détendre l’atmosphère).
Pas non plus la faute de ce vibromasseur avec lequel je t’ai fait jouir plusieurs fois. J’aimais être la main de ce plaisir qui aurait pu être solitaire.
Pas nous plus celle de ce gode violet que je t’avais demandé d’enfoncer vivement dans mon cul, impatient que j’étais que tu me violentes, impatience que je vais encore devoir ravaler … jusqu’à quand ?

Ça n’est pas de ta faute.

Vraiment pas non plus la faute de ces messages qu’on échangeait sans arrêt. Des SMS qui me démangeaient les pouces dès que j’avais un instant à voler et que mon cerveau pensait à toi — c’est à dire souvent.
Pas la faute de ces photos et ces petites vidéos indécentes que nous avons pris ensemble.
Pas la faute de ces deux soirées que nous avons passées à trois, ni tous ces autres fantasmes que nous aurons eut le temps de mettre en scène, avec gourmandise et joie lubrique.

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Non, c’est ma grande faute à moi, ma maxima culpa.

Ma faute d’avoir creusé à coup de bite depuis 6 ans la tombe de mon couple — et aujourd’hui encore je ne sais pas si je veux rester vivant ou m’enterrer avec.
Ma faute d’avoir pensé qu’on pouvait jouer impunément avec ses amantes, juste pour combler ce manque d’érotisme dont je pâtissais depuis 7 ans, que ça ne ferait que rééquilibrer ma vie, et rien d’autre. Ma faute de ne pas m’être rendu compte qu’avec toi, ce n’était pas seulement différent des autres en intensité, mais qu’intrinsèquement, c’était différent ; contrairement aux autres, tu n’étais pas une femme en couple à la recherche, comme moi, de frisson, mais une célibataire qui attendait l’amour — et je t’en ai donné. Ma faute d’avoir pensé que vouloir que ce soit possible suffise pour que ça le soit.

Ma faute si maintenant je me retrouve face à ce grand vide, à la croisée des chemins.
Mais quel chemin emprunter quand on est persuadé que celui du bonheur est désormais derrière soi ?

[66] Hommage à Jacques Lanzmann

Il sera mort quelques semaines avant la sortie du film qui lui doit tant.

Surtout connu du grand public pour ses chroniques mondialistes avant l’heure dans l’hebdomadaire VSD, Jacques Lanzmann (1927 – 2006†) a en effet participé (sous pseudonyme, on le comprend, c’était un homme modeste) de près au blockbuster que nous attendions tous avec impatience.

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« Il y en a qui contestent 

qui revendiquent et qui protestent

Moi je ne fais qu’un seul geste

Je returns ma cape. »

[65] Abattons la campagne

Com : deux images, pour le prix d’une :

medium_pubs_nases.jpg J’aurais même pu en mettre trois, ou quatre, ou cinq, ou plus mais il me manquait les affinités.

J’ai été frappé de voir la première campagne de publicité pour le film d’animation Cars (voir aussi cette ancienne note) basée presque exclusivement sur des jeux de mots pour le moins bidons.

J’ai été doublement frappé de voir qu’un nouveau film d’animation Nos voisins les hommes lançait une campagne sensiblement analogue basée sur l’équation :

 

 

Image du personnage
+
ligne de présentation du personnage contenant un jeu de mot foireux
=
publicité à deux balles

Il semblerait que le procédé soit d’origine américaine, parce qu’en cherchant sur le web des images moins pourries que celles que je vous présente ci-contre, photographiées avec l’APN de mon téléphone, je suis tombé sur les images en v.o. de Nos voisins les hommes exactement du même tonneau.

(Parenthèse : j’en profite aussi pour dire que je me suis planté au début et que j’ai tapé dans Google Nos amis les hommes et que je suis tombé à cette occasion sur un ancien bouquin de Maïa Mazaurette dont j’apprécie grandement la prose sur foisonnant burp Sexe ‘n Love ‘n Gaudriole, bouquin qu’elle aurait renié depuis, enfin bref…)

Quelque chose me tracasse dans ces pubs : à qui s’adressent-elles ???

Compte tenu de l’ineptie des jeux de mots qui nous sont présentés, je n’ose imaginer qu’elles s’adressent à des adultes. Est-ce que « Baba roule » avec un van Volkswagen en illustration, ça te fait rire, ami lecteur ? Est-ce que ça te fait seulement sourire ? Esquisser ne serait-ce qu’un rictus par la stimulation réflexe d’un seul des 43 muscles mis en œuvre lors du rire ? Moi, non.

Elles s’adresseraient donc à des enfants (un des publics cibles pour ce genre de film, me dira-t-on avec logique ; certes, et ça ne m’aura pas échappé). Sauf que « Baba roule » me paraît totalement incompréhensible à un public de moins de 25 ans, qui n’aura même pas connu l’époque où le Collaro Show était le sommet de l’humour télévisuel français (« Ah dur ! dur ! »). De même, le foireusissime « Raton Leader » sera inaccessible à la compréhension de quiconque n’a pas étudié 4 ans d’anglais (de préférence en tombant amoureux du/de la prof’, ça permet des progrès fulgurant).

Pour en avoir le cœur net, j’ai réalisé une petite étude à la sortie d’une école primaire du *** arrondissement de Paris.

Moi (présentant un visuel de Cars) —  Dis-moi, qu’est-ce que tu peux me dire de cette affiche ?
Une jeune élève de CE1 — Ouais, Cars, trop bien comme film !
Moi — Tu l’as vu ?
L’élève — Euh non, mais c’est trop drôle !
Moi (ne perdant pas le nord) — Humm. Ok. Et cette affiche alors, tu comprends quoi ?
L’élève— Ben c’est un des personnages du film, t’es bête ou quoi ?

Je poursuis mon étude avec un autre élève plus âgé :

Moi (présentant le visuel de Nos voisins… ci-dessus) — Bonjour jeune homme ! Que penses-tu de cette affiche ?
L’élève (CM1 à vue de nez) — Ouais, Nos voisins les hommes ! Trop génial !
Moi — Tu l’as … ? Bon, mais tu peux m’expliquer ce que tu vois sur l’affiche ?
L’élève (ânonnant : les ravages de la méthode globale probablement ) — Ra… ton… léa… dé… Raton-Léadé !
Moi — Ça veut dire quoi ?
L’élève — Ben chais pas moi, c’est trop drôle ! T’as des places gratuites ?

S’en suivit une altercation avec quelques parents d’élèves qui me trouvaient louche avec mes Chupa-Chups et mirent fin à mon travail scientifique.

Trop dur, dur !