[49] Avec un mois de retard

Avril, une production Haut et Court (ça change de Haut et Fort, amis burpeurs), est un bel exemple de film qu’on aurait aimé aimer, mais auquel il manque un peu de finesse pour qu’on soit réellement séduit. En dépit d’un point de départ pourtant assez originale (la découverte du monde extérieur par une jeune femme n’ayant connu que le couvent où elle fut accueillie – bébé abandonné – et élevée.

Sur les conseils d’une soeur émancipatrice, elle osera toutefois faire une parenthèse de 20 jours, à la recherche de son frère jumeau dont on lui avait jusqu’à ce jour caché l’existence.

Avril (c’est le prénom de l’héroïne, incarnée par Sophie Quinton pour laquelle je dois avouer un petit faible – j’étais allé voir Qui a tué Bambi pratiquement pour la seule présence de cette jeune beauté plantureuse qui m’avait rappelé Juliette Binoche à ses débuts : joues rebondies, charmantes rondeurs, air innocent et mutin à la fois) tombe donc avec beaucoup de chance, ou l’aide de Dieu, ou l’assistance du scénariste, c’est selon, sur un jeune garçon beau et sensible qui l’accompagnera dans sa recherche … et qui à la fin, devinez-quoi ? Non je l’dirai pas.

medium_avril7.jpg
Avril et son jumeau (si, si) de frangin beau et sensible – Photo ©DR 
 

Avril finit par rencontrer son frangin (beau et sensible) dans un petit logement de fortune en bord de mer (indépendant et rock’n roll), lequel est avec son copain beau et sensible, car ce frère se révèle beau et sensible et homosexuel. Ah non pardon, sensible et bisexuel. 

Bon, au début, tout les sépare. Et puis à la fin ils sont soudés comme les doigts de la main.

Je vous laisse deviner si c’est Avril qui réussit à attirer les trois garçons vers le chemin de la stricte obédience aux commandements de Dieu, ou si les efforts conjugués des trois garçons beaux et sensibles réussiront en 3 semaines à transformer Avril qui n’avait connu pendant 20 ans qu’une petite dizaine de femmes et 3 hectares de terrain en hédoniste de première bourre.

Je ne vous dirais rien du final mélo & manichéen qu’on dirait une grosse merde holywoodienne comme dirait une commentatrice de ce burp. Encore que dans une grosse merde holywoodienne, on aurait présenté cette œuvre à un public qui se serait empressé de faire changer cette fin.

Bref, on a vraiment un peu de mal à croire à cette évolution à vitesse grand V, et c’est dommage parce que la Sophie Quinton reste furieusement mignonne (avec ou sans robe de bure), avec un jeu un peu hébété charmant mais qui n’atteint pas la luminosité de Catherine Mouchet dans le Thérèse d’Alain Cavalier.
Par contre, le choix de Miou-Miou dans un des rôles me paraît tout à fait judicieux.

 

Message personnel : 

Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu’un meilleur Avril

[46] Revenir…

medium_volver_cruz.jpgVolver, le dernier film de Pedro Almodovar, est un petit bijou.

Partout, vous avez pu lire des critiques élogieuses, alors ce n’est pas tellement la peine que j’en ajoute des tonnes.

Je voudrais juste ajouter quelques points qui justifient, pour moi, de courir voir ce film :

  • Il est vraiment muy tipico español. Ça en aurait presque un aspect ethnologique, tiens, tellement ça suinte l’hispanitude.
    Allez voir Volver pour mieux connaître nos voisins Espagnols. Vive l’Europe.
  • Le scénario est d’une grande originalité. Almodovar a un talent incroyable pour raconter des histoires captivantes qu’on n’a jamais vues, lues, entendues ailleurs. Vous qui râlez contre les grosses machines bien huilées américaines : allez voir Volver, vous verrez qu’il n’y a pas besoin d’effet spéciaux pour en mettre plein la vue. Vous qui vous endormez devant les films intello-rasoirs en provenance d’Asie méridionnale ou d’Europe transversale, allez voir Volver, vous ne vous ennuierez pas une seconde.
  • L’interprétation de l’ensemble des acteurs (il faudrait dire des actrices puisque la présence des hommes est ici réduite à portion congrue) est à la hauteur du prix d’interprétation remporté à Cannes. Et puis Penelope Cruz n’est pas désagréable à regarder.

Photo : DR

[44] Sélavy (pas toujours très Rrose)

Le crapaud

Sur les bords de la Marne,
Un crapaud il y a,
Qui pleure à chaudes larmes
Sous un acacia.

– Dis-moi pourquoi tu pleures
Mon joli crapaud ?
–  C’est que j’ai le malheur
De n’être pas beau.

Sur les bords de la Seine
Un crapaud il y a,
Qui chante à perdre haleine
Dans son charabia.

– Dis-moi pourquoi tu chantes
Mon vilain crapaud ?
– Je chante à voix plaisante,
Car je suis très beau,
Des bords de la Marne aux bords de la Seine
Avec les sirènes.

Robert Desnos – Chantefables et chantefleurs

[41] Spleen

« J’ai envie de faire l’amour, lentement et en plein jour,
   Dans une chambre chauffée, habitée, ensoleillée
(…)
et rêver que c’est facile…
et rêver que c’est facile… »

Bernard Lavilliers – 15e round


 

Hop, je complète par un lien intéressant sur la mécanique de l’âme.