[1331] Black (Emperor) Sabbat

Godspeed you! Black Emperor! au TrianonLes huit musiciens de Godspeed You! Black Emperor! s’installent un à un sur la scène du Trianon. Je suis dans le public, ravi de les voir pour la première fois en live après les avoir malencontreusement raté l’an dernier lors de leur précédent passage parisien.

Sans un mot, chacun règle ses instruments et les mélodies confuses qui s’échappent nous plongent déjà dans l’ambiance.

Je visualise deux cercles concentriques sur lesquels ils sont disposés, tous tournés vers le centre localisé au milieu de la scène, comme autour d’un feu de camp où, en guise de foyer, brûle une forêt d’enceintes retour de scène.

S’invite à cette bucolique veillée un vidéo-jockey, pardon, un super-8-jockey armé de quatre projecteurs et d’une ribambelle de films argentiques qu’il va mélanger, torturer en les passant dans tous les sens imaginables, filtrer, allant même jusqu’à les faire cloquer de chaleur, sous nos yeux ébahis, en guise de chamallows.

Finalement, pas plus de synthétiseurs pour tisser les nappes de son que de logiciel pour bidouiller des effets vidéo, GY!BE! fait dans le vintage, comme s’ils arrivaient tout droit des années 70. Époque d’où pourrait venir leur rock progressif, qui n’est pas sans évoquer quelques expérimentations pinkfloydiennes, s’il n’était pas un peu plus difficile à étiqueter. « Post-rock », « rock expérimental », « rock instrumental », « drone », « dark ambient », Wikipedia hésite ! La construction des morceaux est souvent la même : cela commence avec la superposition des instruments, en boucle, construisant une structure répétitive et planante qui a tôt fait de nous hypnotiser pendant les dix ou vingt minutes où elle va subtilement muter jusqu’au point de rupture qui va nous sortir de notre rêverie, quand le rythme va brutalement s’accélérer, que les deux batteurs vont simultanément cogner sur leurs instruments, comme un orgasme résultant d’un long et patient massage. Le public plane, le public jouit. On voudrait que cela ne cesse pas. Que les rappels se succèdent (sachant qu’un morceau dure vingt minutes, nous n’en aurons qu’un seul ce soir-là).

Ou plutôt que l’on puisse se mettre à côté d’eux autour du feu pour s’immerger plus encore dans leur transe. Ou encore que l’on puisse s’allonger dans la fosse, qu’on aurait pour l’occasion couverte de matelas, pour faire l’amour ou dormir bercé par leurs mélodies.

Encore !

(Image empruntée sur pixbear)

[1329] Balade parisienne

Une jeune femme pose nue, adossée à un pont parisien, la Tour Eiffel en arrière planTout a commencé dans le 20e arrondissement, métro Jourdain (ou pas très loin), où j’avais rendez-vous, le cœur battant, pour mon dépucelage. C’était une belle aventure, une journée particulière…. Nous ne nous sommes vus qu’une fois, cette jeune femme et moi, en présence de C*** qui m’avait invité à le rejoindre. Ce fut un trio qui manquait sans doute de chaleur, et pourtant, je me souviendrai longtemps de la facilité avec laquelle cette frêle demoiselle accueillit ma queue dans son cul, dans sa colocation du 19e arrondissement (elle était seule, ce midi). Ce fut la première fois, pour moi, qu’une double pénétration s’avérait source de plaisir plus que d’exploit (même s’il y a eu des resucées). Je suis retourné un nombre incalculables de fois dans ce coin du 18e arrondissement où J*** habitait, en redoutant d’y croiser ce collègue de ma femme qui habitait à deux rues de l’amante dont j’avais commis l’impair de tomber amoureux ! C’était en 2006, mon burp prenait corps. (suite…)

[1327] L’œil

Je te regarde, tu sais.
Je suis allongé sur le dos et je te regarde.
Je suis allongé sur le dos, les genoux repliés, tu es entre mes jambes, je te regarde, et toi tu ne me regardes pas. Tes yeux sont fermés ou alors ouverts mais tu es partie dans une sorte de transe. À chaque mouvement de tes reins, je sens  l’olisbos, arrimé par ce beau harnais brodé de rouge et de noir que tu avais acheté lors de notre séjour à Berlin, s’enfoncer dans mes chairs qui l’accueillent en frémissant.
Je te regarde et dans ta tête, tu danses, comme la sorcière danse avec le diable autour du feu du sabbat, accélérant le rythme sur mes — Vas y ! et t’apaisant sur mes — Doucement…
Je te regarde, je tremble de plaisir, je caresse tes seins avec gourmandise et monte en moi l’envie – que j’assouvis l’instant d’après – de te serrer contre moi en t’embrassant – et là je ferme les yeux.

Louis Icart - série Rouge Éros
Louis Icart – série Rouge Éros (illustration non contractuelle, pour ceux qui n’auraient pas lu le texte)

[1326] Heureux 2016

Vendredi, la France jouait son premier match de l’Euro 2016 contre la Roumanie au Stade de France. Dans les rues, on pouvait croiser quelques hordes de supporters habillés de pied en cap(e) aux couleurs de leur pays, convergeant vers les fanzones ou un bar. Moi, je rejoignais Camille à l’arrivée de son RER pour traverser Paris sur mon scooter, blouson entr’ouvert sur une chemise aux manches retroussées, fendant l’air à la température idéale pour oublier, un moment durant, cette fin de printemps humide et grise. Il fait beau, ce soir.

Nous allions dans un bar, nous aussi, mais un bar sans écran de télé, rejoindre Monsieur Chapeau, son 44e apéro libertin, et quelques autres ami·e·s, amantes ou ex-amantes, connaissances, vu·e·s la semaine dernière, il y a un ou deux mois, il y a plus d’un an, ou jamais croisé·e·s encore. Bref, sociabiliser « horizontalement » entre amateurs de soirées « verticales ».
À la soirée au bar succède désormais presque toujours une after en club. Sur ce sujet, mon impression, pour moi qui n’ai participé qu’en pointillés irrégulièrement espacés à ces apéros, c’est que les rencontres qu’il permettait faisaient naître l’envie d’une suite plus sexuelle que l’espace du bar ne permettait (et n’autorisait) pas ; que cette organisation d’after, d’abord spontanée, irrégulière et impromptue s’est faite régulière et s’est désormais ritualisée.

Ce soir, il était prévu une after à l’Éclipse, donc, mon club préféré, mais je n’avais pas prévu d’y aller. Camille, qui m’accompagnait, devait rentrer relativement tôt chez elle. Elle ne pourrait donc pas être ma cavalière. Sur place, il y aurait aussi Lucia, une autre amante. Et Éric, son amant avec qui elle vit une relation tempétueuse, qui semble se terminer, mais entre passion et détestation, elle est agitée de soubresauts. J’avais proposé à Lucia de nous éclipser (ah ah) tous les deux si elle voulait échapper aux griffes d’Éric qui la voulait comme cavalière pour l’after. Mais l’affaire n’était évidemment pas pliée, compte tenu des circonstances et j’imaginais Éric peu enclin à laisser passivement Lucia échapper à son emprise. (suite…)

[1325] Décade-danse

Dessin d'un couple faisant l'amour sous un arbre paonBien sûr, il a d’abord fallu attendre.
Que chaque invité-e arrive et nous rejoigne dans le salon, après avoir pris son verre.

L’impatience était palpable ; la dernière participante se faisait désirer. Deux d’entre nous construisirent une bulle, quelques vêtements y tombèrent, un ventre, une superbe paire de seins apparurent, bientôt ceints de cordes de chanvre. Le reste de l’assemblée continuait de deviser, faussement indifférents à la scène qui se déroulait sous leur yeux.

Enfin, nous fûmes au complet et la cérémonie commença.

(suite…)