[720] Fesses de lune

En club, mon désir est bien plus imprévisible que la marée, et pourtant, flux et reflux, il s’élance par vagues, puis décroît sans que je n’arrive vraiment à le contrôler même si, progressivement, j’arrive à comprendre ce qui l’alimente ou le fait disparaître.

Je discutais paisiblement au Moon, assis sur le rebord d’une table basse, caressant la jambe d’une femme, sur ma gauche, trempant mon doigt humide dans la fente d’une autre, occupée à branler son partenaire sur ma droite, quand je fus emporté par une vague d’équinoxe.

— J’ai envie de toi ! Tu viens ? que je demande à la femme qui me fait face.
— Oui ! qu’elle me répond sans l’once d’une hésitation.
— Je vais chercher le gel ? que je lance en guise de périphrase pour dissimuler mes intentions sodomites.

margot fume (par art-fred)Elle acquiesce et attend mon retour des vestiaires. Nous nous faufilons dans le couloir aux alcôves et, par chance, en trouvons une qui se libère juste à notre arrivée. Nous nous y enfermons car elle n’a pas envie de partager ce moment avec d’autres que moi et cela me convient parfaitement. La pièce est assez étroite – c’est une des nouvelles pièces installées dans le club « victime » de son succès – avec un matelas à hauteur de bassin (devinez pourquoi ?) comme dans toutes les autres pièces, encadré par deux murs dans le sens de la longueur, juste avant un petit espace où l’on peut se tenir debout et qui possède à l’angle un petit podium, sans doute prévu pour que s’assoient les guerriers pour leur repos, mais sur lequel je décide de grimper. Parfois les mots sont inutiles et ma partenaire n’a pas non plus besoin d’un dessin pour comprendre que le dialogue à suivre va s’engager entre sa bouche et mon sexe qui lui fait immédiatement face.

Je me laisse ainsi un moment sucer tandis que mes mains caressent sa chevelure, jusqu’à ce qu’elles l’agrippent pour attirer ses lèvres aux miennes pendant que mon sexe raide échappe à ses attentions. À ton tour désormais ! Je la pousse vers le matelas où elle s’allonge. Je saisis ses deux cuisses et, agenouillé, j’attire son sexe contre ma bouche vorace pour un long dialogue muet où les lèvres qui murmurent ne sont pas celles qui s’embrassent.
Mon Viagra, c’est l’orgone : entendre le feulement de ma tigresse valait la meilleure des fellations pour me faire bander, et dans notre cage aveugle, maintenant, je me sens particulièrement sauvage. Mes mains quittent le corps qu’elles caressaient pour se saisir d’un préservatif et le dérouler sur mon sexe tandis que ma bouche est toujours ventousée entre ses cuisses.

Elle s’ouvre pour moi mais je lui demande d’écarter plus encore les jambes et la première pénétration est ainsi lente et profonde. Les suivantes sont moins lentes, mais tout aussi profondes. Je sens mon sexe cogner contre sa matrice, et je râle, je grogne, je souffle, sous l’effort et le plaisir de ce coït violent. À chaque coup de boutoir, on entend le claquement de nos chairs qui résonne dans la pièce exigüe.
Je la fais reculer pour pouvoir monter sur le matelas et m’allonger sur elle. Nos corps sont ainsi plus étroitement liés, je pèse sur elle, ses mains m’enlacent et nos bouches se dévorent pendant que nos sexes continuent leur guerre. Je l’entends une nouvelle fois embrasée par le plaisir. Nous reprenons notre souffle, pas trop longtemps car j’attrape alors le flacon de gel, en dépose une noisette à l’entrée de ses fesses où j’enfonce mon pouce. Sans la moindre résistance !
— Tu t’ouvres facilement ! lui dis-je.
— Je suis très excitée ! me répond-elle comme pour s’excuser.
Je reprends plus doucement mes va-et-vient dans son sexe, lequel sent mon doigt fouiller son cul de l’autre côté de la paroi, à moins que ça ne soit le contraire. Ma queue sort de son fourreau. Je la saisis et m’enfonce à nouveau en elle.
— Tu t’es trompé de trou, me dit-elle.
C’est curieux, généralement, c’est ce qu’on dit quand on se fait sodomiser et pas lors d’un coït vaginal !
— Impatiente ! Tu auras remarqué que j’ai encore mon doigt dans ton cul ! lui réponds-je.
Je comprends néanmoins qu’il ne faut plus trop la faire languir, et ce serait mentir que de dissimuler l’envie qui, moi aussi, me ronge, de m’enfoncer au plus profond de ses chairs sombres.

Vlad Gansovsky - Lovers seriesSans changer de position, je prends alors possession de son cul en commençant avec prudence (comprendre douceur) puis perdant progressivement toute réserve en constatant qu’elle m’accompagne sur ce chemin périlleux du plaisir. Alors que je suis à la recherche de ma jouissance, un petit miracle se produit : c’est elle que j’entends d’abord arriver à l’orgasme. Croyez-moi ou non, je me sens alors son débiteur et il me faut atteindre l’orgasme si je ne veux pas m’estimer ingrat. Accessoirement, j’en ai aussi très envie. Ma queue reprend ses va-et-vient entre ses fesses et j’aperçois enfin le jackpot à décrocher, qui se rapproche. Au moment où j’explose, je me fige pour qu’elle sente aussi bien que moi les spasmes de mon sexe dans son boyau étroit et la petite mort qui me saisit a rarement si bien mérité son nom : pendant de longues secondes, je suis incapable du moindre geste ou de la moindre parole.

Un large sourire ne quitte plus notre visage quand, à la recherche de nos compagnons de ce soir, nous déambulons dans le club, éblouis par ce moment rare que nous venons de partager.


Illustrations (non contractuelles) :
En haut : Margot fume par Art-Fred
En bas : Lovers series par Vlad Gansovsky

[718] So gore ! (et mots d’homme ?)

Deux petites découvertes sympathiques cette semaine, à l’occasion de mes furetages photophiles (ceux qui me permettent de moissonner les différentes images dont j’aime illustrer mes notes).

La première est celle d’un photographe frappé et (mono-)maniaque qui s’amuse à faire des photos de femmes en tenue plus ou moins légère passant un mauvais quart d’heure dans … son frigo !

Les clichés sont minutieusement mis en scène, avec plein de petits détails cachés, de clin d’œil, et je me suis dit qu’il fallait absolument que Mélodie Nelson prenne contact avec John Nikolaï.
Ça s’appelle (judicieusement) Unlucky girls in my fridge et je vous invite vivement à aller visiter sa cuisine terrifiante.

An unhappy fucking birthday for Lucy
An unhappy fucking birthday for Lucy

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Le second signe sous le délicat nom de the decapitator et il expose ses œuvres sur flickr.
Son travail (car c’est un artiste à message, y a pas à chier) consiste à détourner des publicités, de préférence pour des marques de luxe, et de les rendre un peu plus, comment dire, shining ?

Je trouve en tout cas le résultat plutôt chouette et je vous invite à aller parcourir sa galerie. Ci-dessous, un petit échantillon :

the decapitor - avant
Avant

the decapitor - après
Après ;-)

On excusera mon titre abscon n’ayant pour but que de faire une contrepèterie hasardeuse.

[716] Soupir

En 1994, une comète qui traversa le ciel pop-rock bien trop vite nous offrait, dans un album dont le titre Grace n’était pas volé, une reprise du standard de Leonard Cohen, Hallelujah, une reprise tellement puissante, vibrante, émouvante, qu’elle est devenue pour moi le standard du standard, et quand j’entends à la radio la version de Leonard Cohen, je dois faire un effort pour ne pas penser que c’est une reprise du hit de Jeff Buckley.

Hallelujah (illustration non contractuelle, comme d'hab)

Je transporte sur mon disque dur la version rippée de l’album Grace et je l’ai choisie hier pour accompagner mon trajet en TGV. Dans l’état de fatigue dans lequel j’étais, les mélodies de sa guitare, sa voix caressante me semblaient idéales pour accompagner mes rêveries sur mes partenaires passées, présentes, à venir ou uniquement fantasmées. J’écoutais l’album au casque, pas trop fort pour ne pas déranger mes voisins mais avec un volume suffisant pour être enveloppé par la musique et qu’elle ne soit pas seulement un fond sonore qui m’accompagnerait pendant que je lirais un chapitre de mon bouquin ou une page chargée dans mon navigateur en provision du voyage, ou bien que moi-même j’écrirais un texte pour mon burp ou un compte rendu de comité de pilotage (deux tâches d’écriture assez différentes, vous en conviendrez).

Et puis est arrivée la sixième plage, Hallelujah justement. Et là, j’entends quelque chose que je n’avais pas remarqué jusqu’à présent, ou que j’avais oublié. Je rembobine, pour vérifier que ce n’était pas une hallucination auditive. Ce n’en était pas une. Sur ce morceau, la première note de musique n’arrive qu’après la troisième seconde. Avant, c’est le silence, et avant ce silence, c’est un soupir. Il ne m’a pas fallu longtemps pour retrouver dans mon âme (oui, désolé d’employer ce terme un peu grandiloquent, mais cerveau était trop terre à terre et cœur pas aussi juste) ce que ce soupir évoquer. Non Jeff, tu n’es pas L***, mais ton soupir sonnait comme celui qui fut le premier son prononcée par L*** quand elle s’approcha de moi dans cette chambre d’hôtel et ouvrit, le 2 octobre 2006 une parenthèse que je me refuse toujours de refermer.

Alléluïa – Louée soit elle !

[714] Aux Champs-Élysées (la la, la la, la)

Je débarque du TGV vers 20 h 40 ce soir et j’enfourche mon fidèle destrier pour rentrer chez moi après une journée de baise dur labeur. Arrêté à la pompe à essence, car mon fidèle destrier a soif, j’entends des coups de klaxon. Je pense d’abord à un mariage (un réflexe conditionné sans doute), puis je me dis qu’un mercredi soir, c’est pas vraiment la saison. Je regarde un peu mieux, je vois des drapeaux algériens agités aux fenêtres par des supporters habillés en vert et blanc et j’en conclus (avec le sens de la logique qui caractérise l’ingénieur informaticien) que l’Algérie a dû gagner son match de barrage contre l’Égypte.

Je reprends mon itinéraire et les voitures qui klaxonnent, les motards en scooter qui roulent comme des kékés et les piétons en liesse se font de plus en plus nombreux. Je me fais cette réflexion que ce genre d’événement permet de palper l’importance de la communauté algérienne en France.

Vroum vroum ! Je slalomme entre les voitures pour rentrer chez moi et mon cerveau d’ingénieur informaticien se met en branle : — Mais bien sûr ! Ils convergent vers les Champs-Élysées ! Ça va être un sacré bordel !!!

C’est sur mon chemin habituel pour rentrer dans ma banlieue, les Champs. Je me dis d’abord que je ferais mieux de prendre un itinéraire bis, et puis je me dis « oh ! et puis non ! ça va être pittoresque ! »

Je ne peux m’empêcher, au cœur de ces effusions de joie, d’arborer moi-même une sorte de sourire béat, l’euphorie ambiante étant contagieuse. Je me souviens de 1998 (I was there!) même si, évidemment, ce n’est pas tout à fait le même degré d’hystérie collective.
Et puis soudain je sens monter en moi les larmes, irrésistibles.
Putain de lacrymos !

Je m’échappe aussi vite que possible, brûlant un feu autant que mes yeux me brûlent. Je remonte encore un peu les Champs, jusqu’à un point qui me semble difficilement traversable alors je bifurque, prends un axe parallèle, m’approche de la place de l’Étoile avec dans l’idée d’attraper, d’une manière ou d’une autre, l’avenue de la Grande Armée, quand mes yeux subissent une seconde attaque. Arrrrrrrrrrgggggghhhhhh !

Bon, je vous épargne la suite, je finis quelques contresens plus tard à arriver chez moi sinon sain, au moins sauf, et la conclusion s’importe : la logique à toute épreuve de l’ingénieur informaticien n’a pas été démentie : c’était pittoresque.

Pour se rendre sur les Champs, penser à adopter une tenue adéquate
Pour se rendre sur les Champs, penser à adopter une tenue adéquate

* * *

Épilogue : rentré chez moi, je jette quand même un œil au match retour France-Irlande pour assister à notre victoire un peu merdeuse. Et je ne vais pas fêter ça sur les Champs-Élysées.

[713] Voisine

Elle est châtain, avec quelques mèches plus claires que ses sourcils finement dessinés. Son visage a des traits durs compensés par deux pommettes saillantes. Elle a le nez droit terminé par une légère pointe, une bouche de mannequin de rouge à lèvres, mais sans rouge à lèvres et entourée des quelques rides que son âge lui apporte déjà (je lui donnerais 36 ans). Ses mains sont très fines sans que ses doigts ne soient très longs. Je devine deux seins très agréables à caresser, je me surprends à estimer un 90B.
C’est une belle femme.
J’imagine qu’adolescente, elle avait déjà un joli petit succès auprès des hommes, mais que ça ne fait que quelques années qu’elle a vraiment découvert le plaisir. Elle me jette quelques coups d’œil et mon esprit dérape.
Je l’imagine nerveuse quand je la tiendrai dans mes bras dans une chambre d’hôtel. Il lui faudrait un bon moment avant de s’abandonner. Au début, ses gestes seraient un peu maladroit, comme si elle voulait singer les gestes de l’amante idéale qu’elle ne serait pas. Et puis elle oublierait d’être une autre, plus tard, quand mon sexe s’enfoncerait en elle et que, doucement, elle se laisserait emporter par mes coups de reins. Ma bouche collée contre la sienne l’empêcherait d’émettre sa plainte et quand, soudain, l’orgasme la transpercerait, elle pousserait un cri et verserait quelques larmes.

mask by 821 (auteur ?)

[711] Two sides of every story (A reminiscent drive)

La lecture de mon récit des événements a donné à Alice l’envie de coucher par écrit sa version des faits. To blow, blew, blown au féminin, donc !

* * *

Je lui avais dis « je vais te sucer pendant une demi-heure ». Un peu pour crâner, un peu pour l’exciter, beaucoup parce que j’en avais envie.

Allongée sur le lit, j’attendais qu’il ait fini d’installer de la musique. Très lentement, en prenant le temps de découvrir doucement son corps, j’ai promené mes mains, un peu partout, sans me précipiter sur son sexe que je voyais gonflé sous son jean. Défaire sa ceinture, promener mes lèvres sur sa braguette ; j’ai savouré la montée du désir et retardé le moment où ma main s’est aventurée dans son jean pour découvrir un caleçon absent et une verge impatiente.

J’avais la bouche au bord de sa queue. Il pouvait sentir mon souffle, mes doigts, mon regard. Je l’ai très doucement pris dans ma bouche, avec douceur. J’ai entendu un soupir venir d’au-dessus de moi, ce qui m’a ravie. Moi toujours allongée ou agenouillée sur le lit, lui debout, j’ai entrepris de découvrir au plus près cette queue fièrement dressée vers moi. Je crois que je ne pensais à rien, en tous cas pas à cette demi-heure pendant laquelle je m’étais engagée à le sucer, je pensais juste à profiter de cette gourmandise, à sentir mon excitation m’inonder.

Plus tard, après que, s’immisçant dans mon intimité, il eut calmé cette inondation, je lui ai dis « Allonge-toi ! » Non comme un ordre mais comme une supplication. J’avais tellement envie de jouer avec ce désir, de goûter – encore et encore – à ce sexe dur, de le lécher, de le sucer, de me balader. Juste avant, j’avais pu me régaler de la vue de nos corps imbriqués dans le miroir du plafond. Je savais qu’il pouvait y voir mes fesses rebondies et, en même temps, ma bouche aller et venir sur sa queue raide. De temps en temps, je relevais les yeux pour croiser son regard, lui prouver que la femme qui le suçait était bien réelle et qu’elle y prenait beaucoup de plaisir. Le silence qui s’est instauré, ma bouche étant occupée, ne me gênait pas, comme si nous étions parfaitement à notre place, moi me délectant de son sexe, lui savourant son plaisir. J’entendais ses soupirs alors que ma langue s’aventurait vers ses fesses. J’y suis allée prudemment, ne sachant pas si monsieur m’autorisait à explorer sa rondelle. Un gémissement, une main qui écarte ses fesses m’ont renseignée et je suis retournée à mes jeux, à mes alternances, à mes changements de rythme. Ma main, ma bouche, ma langue, mon regard, tout mon corps étaient tendus vers la montée de son plaisir.

J’aime le pouvoir que sucer un homme me donne. Il est entre mes mains, dans ma bouche. J’en fais ce que je veux et je décide d’en faire du plaisir.

Il a joui longtemps alors que je gardais son sexe au chaud dans ma bouche. Je l’ai senti se répandre en moi, sa queue tendue et frémissante, je l’ai entendu gémir et j’ai pensé que ce n’était pas cette pipe-là qui me ferait renoncer à en offrir.

Photo de Danny Gruber