[184] Matin bonheur

Ce matin, je m’approche (à vélo) d’un feu rouge à un carrefour.
J’aperçois à l’arrière d’une Vel Satis™ un homme lisant son journal.

Plein de mes préjugés de gauchiste (ou de bobo, comme dirait l’autre), je me rapproche un peu plus pour voir si l’homme lisait Le Figaro, Les Échos ou La Tribune. Non, je crois qu’il lisait en fait Le Monde, je n’ai pas eu le temps de voir le titre du journal car mon œil fut accroché, ça ne s’invente pas, sur ce gros titre de la page qu’il lisait :

« Vers la fin des corvées ménagères » 

 -=≡=-

Le temps de tenter de dégainer mon téléphone-appareil photo pour vous immortaliser ce grand moment de poésie urbaine, le feu était passé au vert.

Je ne serai jamais un Elliott Erwitt.

Eliott Erwitt - Coney Island - 1975
Elliott Erwitt
Coney Island, New York, 1975

[183] De l’amour

Comment mesurer la force de l’amour ?

Comment estimer sa fragilité ?

L’amour peut-il être à la fois fort et fragile ? faible et solide ?

* * *

Suis-je aimé pour ce que je suis ou pour ce que je parais être ?
Pour cette question-là, au moins, je crois pouvoir répondre que c’est clairement pour ce qu’on paraît être qu’on est aimé. Comment pourrait-il en être autrement ?
Puis-je reprocher aux autres de ne pas voir qui je suis vraiment si je ne le montre pas ?

Ma femme dit qu’elle m’aime.
Je suppose que si elle découvrait ce burp et le lisait, son amour serait éprouvé. Sa force et sa solidité seraient mis à l’épreuve, et qu’en résulterait-il ? Que retiendrait-elle de cette lecture ?

L’amour que j’ai éprouvé pour d’autres qu’elles ?

Les mensonges dont j’aurais émaillé notre vie de couple pour vivre, ailleurs, des moments que je ne trouvais pas avec elle ?

La souffrance que je pouvais ressentir de ne pas la sentir me désirer comme moi je la désire ?

Et mon amour à moi, mon amour pour elle ?

Est-il si faible que je puisse me détourner vers d’autres pour leur en offrir ?

Est-il si fragile que je puisse me demander si continuer d’entretenir mon couple ne serait pas comme poser une perfusion à un cadavre ? (oui, j’ai vu Urgences à la télé ce soir, so what ?)

Mon amour est en questionnement.

Je n’ai pas les réponses.

[181] Oups

Je ne résiste pas à l’idée de publier ici ce petit strip qui circule sur le net et que Presque² m’ont judicieusement fait suivre. 3 heures du matin, c’est l’heure à laquelle je rentre chez moi, d’ailleurs.

* * *

 

oups

[180] L’hédonisme est-il de gauche ?

Nu au livre C’était en tout cas la théorie développée par Michel Onfray sur l’antenne de France Inter.

Pas de bol, mes obligations de la matinée ne m’ont pas autorisé à l’entendre dans son intégralité, et puis je n’ai pas pris la peine non plus de choper de podcast correspondant pour me l’écouteur au chaud.

J’aime bien Michel Onfray. Comme philosophe. Disons comme philosophe médiatique. Ça change très agréablement de la soupe servie par André Comte-Sponville. L’entendre prôner hédonisme et athéisme, ça ne me déplaît pas.
Sauf que, bon, quand même, Onfray à une fâcheuse tendance à tordre un peu les propos des philosophes qu’il étudie pour les faire entrer dans le cadre de sa propre pensée. Appelons-ça une tendance à la langue de bois philosophique. 

Quand un homme politique du bord adverse parle la langue de bois, je hurle à la langue de bois !

Quand un homme politique de mon bord parle la langue de bois (ça arrive évidemment un peu moins souvent, hin hin hin), je ne fais que grincer des dents.

Alors quand Onfray prétend que l’hédonisme est de gauche, voire de gauche alter, ça me fait un peu rigoler (enfin, grincer des dents quoi).

Si j’ai bien compris ses arguments (que je n’ai pas entendu, pour rappel, je brode sur les quelques phrases que j’ai entr’entendues), l’hédonisme serait le souhait du plus grand bonheur pour le plus grand nombre.
C’est évidemment sur ce dernier point que porte sa démonstration, puisqu’on dira, en résumé, que la posture de gauche consiste à rechercher le bonheur collectif (Fabius — qui est tout de même un bon orateur — a sorti cette belle phrase à l’occasion du 2ème débat pour l’investiture PS : « Le service public, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas ».), tandis que la posture de droite ira dans la recherche de la plus grande liberté individuelle (au service donc d’une plus grande réussite mais pour un plus petit nombre).

Tout ça me paraît pour le moins douteux.

* * *

Dans un de ces bouquins, Onfray rapportait également un échange qu’il avait eu au cours d’une conférence auprès d’une brave dame qui s’enquérait de savoir pourquoi il ne voulait pas d’enfant.

Il a répondu un truc fumeux du genre « on ne sait pas dans quel monde (i.e. dans quelle merde) on va les foutre et que donc, principe de précaution tralala, pas d’enfant ».

La vérité, si tu étais un peu moins faux-cul, mon Michel, tu l’avouerais, c’est que les gnards sont un putain d’obstacle à l’hédonisme que je considère, moi, comme une envie (allez, frimons, une philosophie) foncièrement individualiste.
Et je parle en connaissance de cause.

Ben alors, Michel, pourquoi ne fais tu pas des enfants, pourquoi ne les rends-tu pas heureux ?
Au plus grand nombre, que tu dis.
Croître et multiplier

[179] Le repas des fauves – Nadia (3)

L’épisode précédent est ici, l’ouverture était . Pour rappel, nous sommes au mois d’août. Les décors sont de Roger Harth.

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Tu lisses ta robe, tu l’époussettes comme si tu allais ressortir. Pendant que je fais le petit nœud à la capote, le petit nœud qui me sert à ne pas oublier que j’ai joui, tu me proposes quelque chose à boire. J’opte pour un jus de fruit. J’ai chaud, j’ai soif, j’ai juste besoin d’énergie et non d’ivresse — elle est déjà au rendez-vous. Tu me tends mon verre. Je me suis assis sur un tabouret de ton bar américain. Tu vas chercher au fond de la pièce son frangin pour t’asseoir face à moi. Je suis nu, tu es encore habillée. Je te dis mon plaisir de t’avoir rencontrée, et la discussion glisse sur Internet, la faune qui y grouille, les rencontres ratées, les rencontres réussies. Et ça dérape sur tout ce qu’Internet a changé à nos vies. Vraiment n’importe quoi. Comment en est-on arrivé à parler de trucs du genre « et toi, ton matelas, tu l’as aussi acheté par Internet ? ». Nous parlons e-commerce en sirotant nos verres et ta main caresse mon sexe. « Le matelas non, mais mon lave-linge oui ». Mon sexe est mou dans ta main mais ta caresse est agréable, tendre. « — Et pour les courses, Internet aussi ? — Non, non, j’ai tout ce qu’il faut en bas de chez moi » (et c’est vrai, tu habites dans un quartier commerçant). Et d’un coup comme si l’on venait de siffler fin de la pause, alors que tu n’as rien changé à la façon dont tu branlais ma queue, elle se met à réagir, à gonfler entre tes doigts. La conversation continue mais tu t’es interrompue une seconde pour sourire. J’en étais à te raconter que je faisais mes courses en supermarché mais que, quand même, pour les primeurs et la boucherie, je préférais les petits commerces de quartier qui servaient tout de même autre chose comme qualité, quand tu as repris mon sexe dans ta bouche. Ah oui, ça t’avait un peu frustrée que je t’interrompe tout à l’heure dans ton exercice de baiseuse décomplexée, qui suce son amant comme on embrasse. Alors je me dis que je vais m’offrir ce petit plaisir sadique de me laisser faire, de voir si tu auras la patience de me sucer jusqu’à ce que je jouisse, ou si tu t’arrêteras avant. Je ne dis rien de ce défi qui restera silencieux, mais tu le relèves en t’appliquant. Tu alternes les baisers autour de mon gland, les jeux de langue et les moments où tu me pompes avec énergie, en me prenant profondément dans ta bouche. Tu me branles aussi de la main droite, tu prends mes couilles dans la main gauche et tu les remues comme ces boules chinoises à grelot. Un chouïa plus délicatement, tout de même. Pendant ce temps, j’essaye de poursuivre la conversation. Je monologue, en réalité, je te donne quelques conseils sur la façon dont j’aime qu’on me suce, je te parle des différents quartiers de Paris que j’ai habités, je détaille quelques endroits de ton corps qui me plaisent (tes seins magnifiquement dessinés, par exemple, le velours de ta peau, l’onde de tes hanches…) et de temps à autre ta bouche laisse un instant ma queue pour commenter ou relancer la conversation mais repart rapidement à l’ouvrage. De temps à autre moi même je fais silence, je lâche un râle quand ta caresse est particulièrement efficace et fait grimper mon plaisir. (suite…)

[175] La chute

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Ça tanguait ferme depuis quelques semaines.
Les derniers jours, on sentait poindre un gros nuage noir.

Et ce matin le verdict est tombé : rayé de la carte, le burp de Sînziana.

Voilà, je voulais dire que j’étais triste de cette disparition.
Même si je ne trouvais plus depuis un moment l’éclat érotique des récits de la chatte en rut, son énergie libidineuse s’étant petit à petit muée en un grand dégoût généralisé (dans lequel mon conformisme ne se retrouvait pas) ; je n’avais plus le même plaisir à la lire. Mais j’étais toujours admiratif devant la force de son style.

Évidemment, c’est plus facile de plaire quand on parle de baise que quand on vomit notre société.

Je te souhaite une belle réincarnation, Sîn. Demande quelques tuyaux à ton pote Dalaï.