[76] I ♥ Laurence

Il n’est pas impossible, ami lecteur, que tu aies entendu du projet d’introduire dans la loi française la possibilité de conduire des class actions, c’est à dire (et ami lecteur juriste, tu excuseras mes imprécisions, n’étant pas de la partie — et tu es chaleureusement invité à ajouter toute précision que te sembleras utile dans l’espace à commentaires qui t’est ouvert) la possibilité pour une association d’attaquer en justice une société en représentant une collectivité. Système qui existe aux États-Unis et qui permet aux fumeurs de Malboro de toucher un max de pognon pour soigner leur cancer, ou plus probablement d’aller boire un coup pour oublier.

Jusqu’à présent, en droit français, s’il y a 2000 internautes qui se sont fait entuber par les clauses iniques de leur fournisseur d’accès, seuls ceux qui vont participer personnellement au procès auront la possibilité de toucher un dédommagement en cas de victoire (au procès).

Jacques Chirac, qui s’y connaît en matière de justice, a dit que ça serait bien, machin, grande cause nationale, on attend. C’est en train de sortir doucement, mais ça arrive. Évidemment, ça lobbyise à fond dans les arrières boutiques de l’Assemblée Nationale et du Sénat, et de Bercy, et tout ça. Et puis en front de scène, la Laurence Parisot, ci-devant Présidente du Medef, la vlà-t-y pas qu’elle raconte des trucs du genre :

— Ouais, mais ces procès, comprenez-vous, ça serait un coup dur porté aux entreprises
— Et ça nous coûterait un point de PIB, faites gaffe !
— Et ça pourrait atteindre à la réputation d’une marque ou d’une entreprise
— Et même que ça pourrait favoriser des formes de chantage…

Tout ces propos quasiment verbatim

Bref, on voit effectivement qu’en matière de chantage, on a affaire à une spécialiste. 

Moi je trouve ça assez exceptionnel, une telle dose de cynisme sans la moindre once de gêne, de culpabilité. Du genre : vous vous rendez compte ? Un procès, ça peut nuire à l’accusé. Sans blague ?
Il faudrait lui rappeler que dans justice, il y a juste
Non, il faudrait lui rappeler tout simplement pourquoi la Justice existe, avec son Ministère et tout le tralala. C’est pour que le fort ne bouffe pas toujours le faible (Sîn va me chambrer et me traiter d’idéaliste), qu’il ne se croit pas tout permis.

Ouais, pas très Medef comme concept, la justice. 

[75] Le poids des mots

J’apprends par voie de presse que Jean-Marie Le Pen va devoir comparaître en justice, pour répondre des délits de « complicité d’apologie de crime de guerre » et de « complicité de contestation de crime contre l’humanité » pour avoir tenu dans l’hebdomadaire Rivarol (moi je ne connais pas cet hebdo, mais a priori c’est plutôt tant mieux) des propos où il aurait notamment jugée « pas particulièrement inhumaine ».

Je ne suis pas du genre à soutenir Le Pen, le roi de la provocation à mots généralement choisis, pesés et soupesés, mais sur ce coup-là, je ne vois pas comment on peut lui donner tort.

Je ne vois guère plus humain que la guerre.

Ou alors, si les Allemands n’étaient pas humains, faudrait me dire ce qu’ils étaient. Des gastéropodes ? Des aliens ? Des ectoplasmes ? Des chamallows ? Des (maxi-)monnnnnnnstres ?

Être humain n’empêche pas de commettre des crimes contre l’humanité.

Il s’agit même plutôt d’une condition sine qua non.

[74] Ça fait peur

medium_ils.jpgSur les écrans, un film d’angoisse.

Je ne sais pas pourquoi, mais ça doit être à la mode, en ce moment, l’angoisse. À profusion, des films qui font peur.

Je n’ai jamais aimé les films qui font peur.

Je garde un souvenir atroce de Shining, que j’avais vu à 13 ans tout juste (à l’époque, c’était justement interdit aux moins de 13 ans). J’étais allé le voir juste pour faire plaisir à ma copine, qui avait 12 ans d’ailleurs (c’est drôle, parce que la caissière m’avait dévisagé bizarrement, moi et un autre copain : « Vous avez 13 ans, vous ? » alors que nous avions l’un et l’autre 13 ans, alors que mes 2 camarades — dont ma copine, si tu as bien saisi, ami lecteur — qui n’avaient pas encore atteint la limite d’âge n’avaient pas été inquiétés).

Je garde un souvenir un peu moins atroce de Chucky (épisode 1 ou 2, qu’importe) que j’avais regardé juste pour essayer de niquer une nana. Ce qui s’était avéré payant, avec toutefois 24 heures de patience. Très payant. Un de mes meilleurs coup de ma vie. Ma première et dernière MST (un condylome, je te raconterai ça à l’occasion).

Cela dit, ce n’est pas de cinéma dont je voulais parler, mais de l’affiche de ce film.

Notamment du titre, et des deux accroches.

Bon, sur le titre, Ils, je ne vais pas m’attarder, juste dire que je le trouve assez nase. Pas très original. Genre Ça et Eux ont déjà été pris, Elles, ça ne collait pas, alors on a pris Ils. Quand on fait aussi peu d’effort pour le titre d’un film, on peut craindre le pire du scénario. Enfin, je dis ça, je n’ai pas vu le film, si ça se trouve c’est un chef-d’œuvre du film d’angoisse. Mais je n’irai pas le voir pour autant.

Venons-en à la première accroche :

Vous ne vous sentirez plus jamais en sécurité chez vous…

Bon, alors déjà ça aussi les lignes du genre machin …plus jamais ceci cela… ça non plus c’est pas du genre très original. J’aimerais bien que dans les agences de pub, on signe une charte : Nous ne ferons plus jamais de slogan avec les mots plus jamais. Fontaine, fontaine…

Mais le clou de l’affiche reste quand même la deuxième ligne d’accroche, qui décroche le pompon.

Inspiré de faits réels…

Note les points de suspension encore… Dans suspension il y a suspens. On aurait tort de se priver.
Mais inspiré de faits réels, alors ça, pour une œuvre de l’esprit, moi je dis bravo. Mais comment ont-ils fait ? Même le plus pur produit de l’imagination ne peut être qu’inspiré de la réalité, non ?

medium_picasso.jpgMême ce tableau là ►►► il est inspiré de la réalité.
(Et il fout pas mal la trouille aussi, non ?)

[Picasso, le joueur de Hockey]

Ami lecteur, je me dois de t’en avertir : cette note (ainsi que les 73 qui la précèdent) est salement inspirée de la réalité.

Je crois que je vais interdire mon burp au moins de 13 ans (NDLR vu les cochonneries que tu écris, ça paraît un minimum).

[73] Histoire n°3

Avant de lire cette troisième et dernière histoire d’O, as-tu comme promis lu l’introduction, puis la première histoire, enfin la seconde histoire ?


 

Élévation

 

Ce soir, je rentre avec O d’une soirée très agréable. Je conduis sa voiture, et nous nous rendons chez elle. Pendant tout le trajet, O n’arrête pas de caresser mon entrejambe et tient des propos lubriques. Évidemment, dans ces circonstances, je bous ! Je garde les deux mains sur le volant, avec la route gelée, je préfère jouer la montre. Voilà d’ailleurs, on arrive dans son parking. Elle joue de l’infra-rouge, je songe à l’ultra-violer.

On arrive sur son emplacement, j’effectue une rapide manœuvre pour me garer en marche arrière. « Passe moi ta culotte », je lui dis. J’ai oublié de préciser qu’elle portait ce soir des escarpins à talons interminables, du genre à me faire bander rien qu’en y pensant les yeux fermés, des bas résille prune (les filles sont complètement fashion victim, non ?), une jupe presque trop longue, qui lui arrivait aux genoux, et un joli petit pull qui tenait bien au chaud dans son maillage Woolmark la paire d’oranges adorée. En dessous, je ne savais pas encore. Mais il y a effectivement une culotte, puisqu’elle commence à onduler de la croupe, les jambes arc-boutées, tandis que ses deux mains vont rechercher le morceau de tissu réclamé. Au passage, elle a un peu relevé sa jupe, et je peux donc observer le haut de ses bas. Pas de porte-jarretelles, du Dim-Up. Du résille Dim-Up prune ! On n’arrête pas le progrès. Je dois être une sorte de geek, ce genre de trucs high-tech me font un effet bœuf (enfin, bœuf c’est vraiment pas le mot).
Elle me tend sa prise : une jolie culotte en dentelle sombre, avec quelques broderies brillantes. Je la renifle ostensiblement, une grande expiration incantation :  « Venez à moi les petites molécules ! » Elle est là, non seulement je la respire à grand nez, mais rien qu’au toucher, je sens l’humidité de sa mouillure. Alors, avec la même délicatesse de mon grand coup de pif, je sors ma langue, la plus pointue possible, et je lèche le tissu. C’est pas terrible, le goût du coton, mais c’est tellement cinématographique. O me regarde. Elle ne me dit pas « arrête ton cinéma », mais je sens une interrogation diffuse dans ses yeux. « Où veux-tu en venir ? ». Et toi, ma belle, où voulais-tu en venir, tout à l’heure, quand tu me rendais fou tandis que je ramenais nerveusement le carrosse au domicile de ma cendrillon ?

Je range la culotte dans la poche de ma veste. « Relève ta jupe ! ». O s’exécute (que pouvait-elle faire d’autre ?). « Écarte tes jambes ! ». J’approche mon visage de son sexe qui bée. Elle l’a rasé presque intégralement, il reste juste un fin triangle, comme la pointe d’une flèche qui montre le bouton. Sonnez et entrez !
Mon œil parcourt cette complexe anatomie, ces replis, coquillage, mille-feuilles, ce mystère qu’on ne se lasse pas de redécouvrir, sans jamais vraiment le connaître vraiment. Je pointe un des éclairages orientables du plafonnier vers son bas-ventre. Dans la pénombre de l’habitacle, la cyprine offre un reflet brillant sur l’un des pans de son sexe. Quel œil hypnotisera l’autre ?
Cela fait quelques minutes déjà que je contemple sa chatte sans dire un mot, ni faire un geste. O me regarde, silencieuse elle aussi. Je finis par dire « magnifique ! », puis je sors de la voiture, en lui lançant « tu viens ? », juste avant de refermer ma portière. Elle fronce un sourcil mais obtempère.
Nous marchons sans échanger d’autres paroles jusqu’à la cage d’escalier. Ses pas sont rythmés par le claquement vif de ses talons sur le bitume, qui résonne dans la nuit du parking. J’appelle l’ascenseur. La tringlerie se met en branle (curieux, comme le bruit de cette phrase est différent du bruit qu’elle décrit). Drôle, comme les bruits qu’on entend à peine le jour paraissent amplifiés la nuit. Je mets ça sur le compte de la vue, défaillante, qui passe le relais aux autres sens. J’ai l’impression que ce vacarme va réveiller tout l’immeuble. Viens, O, dans mes bras que je t’embrasse. Je t’ai prise par la taille, et je t’ai juste embrassée, O. Ta bouche est gourmande, mais ne sera pas rassasiée. L’ascenseur est arrivé. J’appuie sur le 4 de ton étage. Un bouton qui réagit sans état d’âme. Il s’allume. Les portes se ferment. Je plaque O face contre le miroir au fond de la cabine. « Lève tes mains ! Écarte les jambes ! ». Cette fois, c’est moi qui remonte sa jupe, qui dévoile une splendide paire de fesses. T’ai je dit que j’aimais tes fesses, O., leur galbe, leur rondeur ferme, ton cul qui me fait envie mais dans lequel je ne me suis pas encore aventuré ?
Ma main remonte le long de sa cuisse. Elle atteint le globe d’une fesse, qu’elle caresse pleinement. Elle redescend sur le sillon des fesses, effleure l’œillet, entre dans son sexe humide, sans difficulté. O frémit, se cambre sous la caresse, que je poursuis sur l’autre jambe. Maintenant, entre son cul et sa chatte, plusieurs doigts s’affairent, barbouillent de mouillure toute la zone. Dans son con, O sent désormais mon index et mon majeur, unis comme les deux doigts de la main, qui la fouillent, et, pas gêné, le pouce qui s’est invité en solo dans le passage étroit. Les petits gémissements d’O redoublent, et avec eux mon désir. Mon sexe gonflé tend le tissu de mon pantalon. Il devient un peu claustrophobe. S’il pouvait parler, il crierait « de l’air ! ouvrez ! laissez moi sortir ! laissez moi sentir ! laissez moi me frotter ».
Il ne parle pas, mais je le pense doué d’un pouvoir plus grand encore, il est télépathe, car, en pliant inconfortablement son bras, O lui tend la main, et, à travers les deux épaisseurs de mes vêtements, vient lui offrir une caresse apaisante. Sois tranquille, mon beau, ton heure viendra.

Depuis combien de temps sommes nous arrivés à l’étage ? J’ai le vague souvenir d’avoir entendu le bruit mécanique de la porte qui s’ouvrait, ou se refermait. Je me demande si l’ascenseur va repartir, appelé par un voisin en voie de devenir, pour toi O, soit un ennemi prêt à te darder des foudres de la vertu, soit un ami à l’œil lubrique et à la lippe baveuse dont tu te passerais peut-être ! O implore le dieu des syndics « sortons, on sera plus confortable sur mon lit », dit-elle. Peuh ! Quelle petite joueuse.
J’ouvre la porte de l’ascenseur, et nous sortons. O commence à chercher dans son sac les clefs de son appartement, mais je ne lui laisse pas le temps de les trouver. Je lui saisis brutalement les deux bras, au haut de ses poignets la force à s’infléchir, puis à s’agenouiller. Je rabaisse son torse vers le sol, sa tête également. La voilà prosternée, et sa joue se frotte contre le paillasson rêche, et je maintiens d’une main, par ses poignets ses deux bras dans le dos. O n’a pas protesté. Peut-être n’ose-t-elle pas faire de bruit, les voisins de palier n’ont pas tous le sommeil lourd, peut-être est-elle seulement muette de surprise, et prépare sa riposte.
Mais non, elle garde le silence, tandis que je relève sa jupe pour faire apparaître à nouveau son cul rebondi. C’est ma langue qui maintenant va honorer son œil. J’ai réuni les deux poignets de ma prisonnière pour les tenir d’une main et me libérer l’autre, dont j’ai grand besoin.
D’abord, pour écarter plus les cuisses d’O, et ouvrir l’accès à son sexe et à son cul.
Ensuite, pour la caresser. Ma main glisse sous son pull et atteint le globe de son sein droit ; je le pétris tendrement, pinçote le mamelon déjà durci, et prolonge ma caresse en redescendant le long de son flanc. Puis c’est autour des cuisses qu’elle se frotte, et remonte sur le sexe, entrouvre les lèvres de l’index et de l’annulaire, et habilement, faut bien le reconnaître, plonge le majeur au plus vif du sujet. Mon sujet, ma sujette, O, justement, laisse échapper de ses lèvres jusqu’alors silencieuses une interjection, homonyme….
Il faut dire que dans le même temps, ma langue s’est insinuée comme elle a pu à l’entrée de l’étroit conduit. Croyant deviner que je vais m’arrêter, déjà ? O m’implore : « continue ! ». Je poursuis, donc mon baiser de la langue, et mes doigts courent trouver de l’occupation dans la grotte voisine, elle aussi très accueillante… O ondule des reins, pour rythmer mes caresses.
J’abandonne un instant son con pour ouvrir mon pantalon et sortir mon sexe dressé. Ma main gauche retient toujours les poignets d’O, l’autre tient ma queue, et la dirige… Je m’amuse à la presser alternativement à l’entrée de ses deux orifices. Ma salive conjuguée à sa cyprine promettent pour chacun une entrée aisée, mais je préfère la voie classique. Je pénètre assez brusquement mon gland qui se fraye sans difficulté, comme prévu, un chemin. Puis, plus lentement, mais sans reculer, je m’enfonce complètement. Je reste un bref instant à éprouver la sensation de cette pénétration complète.
Cette confession vous semblera peut-être ridicule : je trouve le sexe d’O confortable. Un vrai bonheur !
Suffisamment large pour que mon sexe puisse aller et venir sans gêne, suffisamment étroit pour enserrer ma verge et lui offrir ces sublimes sensations, suffisamment profond pour qu’elle puisse s’enfoncer jusqu’au bout, sans craindre de faire mal à ma partenaire.

Avant de démarrer quelques mouvements de va-et-vient, je promène mes doigts sur les lèvres du sexe d’O, et je récolte leur mouillure, qui me sert à lubrifier encore un peu son cul que j’ouvre en douceur d’un doigt. Puis d’un deuxième. Je donne quelques coups de reins, mais O comprend que ce ne sera qu’un aimable préambule. Je me retire en effet, pour approcher maintenant la tête de mon sexe, bien raide désormais, et parfaitement lubrifiée, du seuil de sa rosace. Je m’y enfonce alors très doucement. J’ai lâché ses poignets, une main maintient mon sexe et guide sa progression lente, mais ferme, tandis l’autre ceinture O, passant sous son ventre, et s’accrochant à sa hanche. C’est comme pour t’empêcher de m’échapper, O, mais tu n’as pas l’air de vouloir renoncer, ma douce, à ce premier hommage sodomite que ma queue te rend. Tu grimaces un peu quand mon sexe commence ses premiers aller et retour, mais ton souffle devient de plus en plus rauque, et je vois une de tes mains, enfin libérée, prendre le chemin de ta chatte et la caresser au rythme de mes secousses.

Je me suis allongé sur ton dos, O, je te mords doucement l’épaule, puis l’oreille, où je susurre des petits mots qui resteront entre nous. Quand vient ta jouissance, explosive, les cris que tu n’as pas réussi à retenir ressemblent presque à des pleurs. Je jouis à mon tour, vite. Nous restons serrés l’un sur l’autre dans cette posture, un long instant, dans le silence. L’immeuble ne s’est pas réveillé, finalement. Ou alors, tout le monde a retenu son souffle, le cœur battant au rythme des nôtres, tendus sur la pointe des pieds, interdits par l’intensité de notre spectacle amoureux.
J’ai soif ! O m’invite à boire un verre.


Voilà, ami lecteur, le périple est accompli, tu as lu mes trois historiettes humides, tu peux donc nous dire quelle est ta préférée, et pourquoi !

[72] Histoire n°2

Avant de lire la seconde histoire, merci de passer jeter un œil à l’introduction, puis à la première histoire.

 


 

O et son double

Aujourd’hui, O est seule chez elle. Son amant l’a appelé, mais elle a prétexté une gastro (très efficace, très dissuasif la gastro comme alibi) pour rester seule avec elle-même.
Peut-être recommencera-t-elle demain.

Elle prend un long bain, trop chaud, mais elle ne peut pas s’en empêcher, et s’amuse avec un galet effervescent qu’elle a coincé sous la naissance de ses cuisses. Une caresse, une chatouille, à peine perceptible… Elle s’abandonne lascive, dans ses pensées, ouvrant les yeux, les fermant parfois… Elle se remémore quelques moments passés avec son amant, sa rencontre avec lui, un jour où pourtant elle était particulièrement remontée contre la gent masculine ; il avait su faire preuve d’une douceur si surprenante.

Parfois sa main s’aventure sur son corps. Entre savonnage et caresse, parfois elle se caresse le sexe, pour aviver la piqûre de certains souvenirs, mais elle ne s’abandonne pas à son plaisir, le laisse décroître, et continue sa promenade dans ses pensées.

Elle pense aussi à Pierre, son amant précédent. En réalité, il y en avait eu un autre dans l’intervalle, mais tellement pitoyable, O ne veut même pas y penser. Pierre avait été une parenthèse magique dans son existence, trop courte. Mais elle le savait dès le départ. Pierre avait révélé en elle un pouvoir et des envies qu’elle aurait farouchement repoussées de la main si on lui en avait parlé seulement un mois avant sa rencontre avec Pierre. (Un peu comme votre serviteur : « moi, voter Chirac ? et pis quoi encore ? » — ben encore : avec une procuration, donc deux fois mon coco — Ca va les mecs, ne débandez pas je continue ;-) [Eh oui, ce texte date de 2002, NDLR]

O sort de son bain, un peu troublée par les rivages où ses rêves l’ont fait échouer, contemplant le chemin parcouru par elle en si peu de temps. Sa vie sexuelle était passé d’une suite de moments plus ou moins roses — ou moroses — selon la qualité de ses amants, à un torrent de découvertes qui l’emportait, lui faisait mal, la sublimait…

Elle enfile son peignoir, s’essuie à peine les jambes, et se rend à son salon. Quelques gouttes d’eau tachettent sa moquette ; elles sécheront vite.
Elle glisse dans sa platine un ancien CD des Cocteau Twins, et s’allonge sur son canapé pour poursuivre ses rêveries.

O choisit de se rappeler sa découverte du bondage. Un jour, son amant lui avait bandé les yeux. Jusque là, O ne savait pas jusqu’où ce jeu allait l’amener. Les yeux bandés, elle connaissait, elle avait d’ailleurs souvent eu l’occasion de vivre cette situation où, privée de la vue, elle voyait (!) ses autres sens exacerbés. En premier lieu, le toucher. Chaque caresse, venue d’on ne sait où, surprend comme un fer rouge. L’ouïe également, l’oreille aux aguets pour savoir où se trouve l’ennemi, essayer de deviner où il va frapper ! Mais cette fois-ci, O, les yeux bandés, n’avait pas deviné ce qui allait lui arriver. Son amant l’avait couchée sur le lit, et l’avait embrassée, caressée… Elle aussi l’embrassait, mais à chaque fois qu’elle voulait poser ses mains sur son corps d’homme, il les repoussait brutalement…

Puis, quand il avait senti que son excitation était assez grande (en fait, O avait cette faculté à ne laisser aucune ambiguïté sur la force de son désir, son sexe était vite très très humide), il avait saisi ses poignets et les avaient noués d’un foulard. Les foulards étaient doux, mais le nœud était serré.

Les mains entravées, O avait entendu son amant s’affairer dans le placard et se demandait avec un mélange de crainte et d’excitation ce qu’il aurait dans les mains en revenant…

Pendant qu’O se laisse aller à cette rêverie rétrospective, elle promène sa main sur son corps. Son peignoir bâille largement, découvrant un de ses seins, et comme elle avait les jambes un peu écartées, son sexe est lui aussi ouvert à tous les regards — malheureusement, personne à part O, pour profiter du spectacle.

O fait avancer sa main sur son ventre. Elle ne s’attarde pas sur son pubis lisse. Parfois, elle regrette de ne plus pouvoir promener ses doigts dans sa toison, brune, abondante, mais son amant l’a astreinte à l’épilation totale. Son sexe n’est plus tout à fait le même ainsi. Comme s’il avait changé de personnalité. Elle ne s’attarde pas sur son pubis, donc, et atterrit vite sur son sexe. D’abord, de la pointe du majeur, elle frôle de haut en bas, puis de bas en haut, ses deux grandes lèvres, effleure le clitoris, puis plus violemment elle plonge son doigt (instant majeur !) en elle. Alternant l’intensité de ses caresses, elle reprend le fil de son souvenir.

O sentit alors que son amant glissait entre ses poignets une corde. Quelques tours, puis un nœud. Il lui leva les bras, et ses mains désormais touchaient les barreaux du lit. Presque par réflexe, elle les empoigna, et c’est dans cette position que son amant lui ligota ses mains aux barreaux du lit. O ne pouvait plus les bouger. Son amant avait astucieusement serré les liens ; suffisamment lâches pour que le sang circule, mais dès qu’elle faisait mine de vouloir s’en libérer, l’entrave était complète. Avec une autre corde, l’amant enserra ensuite sa cheville (non sans l’avoir auparavant embrassée), qu’il attacha à l’autre bout du lit, puis inévitablement l’autre jambe connut le même sort.

Si ses bras étaient l’un contre l’autre, ses jambes étaient en revanche, bel et bien écartées, et O fut un instant honteuse d’offrir ainsi son sexe ouvert, bien qu’elle n’aurait en aucune façon pu adopter une pause moins indécente.
O sentit ensuite les mains de son amant parcourir son ventre, ses jambes, ses bras, sa nuque. Il avait des mains à la fois fines et puissantes, O les avait remarquées dès sa rencontre ; à l’œuvre sur son corps, elles tenaient toutes les promesses qu’O avait imaginées d’elles. Tout son corps était caressé, sauf son sexe, pourtant il appelait le contact. O mouillait. O voulait qu’un doigt, une main, un sexe, comble ce vide, vite. Mais l’attente continuait, la fièvre montait, O avait envie de crier « prends moi ! baise moi ! »… Bientôt ce fut la bouche de l’amant qui se joignit au ballet de ses mains, mais toujours fuyant l’origine du monde, malgré quelques passages en haut des cuisses, là où la peau est si douce et si vibrante.

Au moment même où O se souvient du premier contact de la bouche de son amant sur son corps immobile, elle est foudroyée par son premier orgasme qui part comme un spasme de son ventre pour remonter jusqu’à l’échine. Elle regarde sa main, elle a presque l’impression que ce n’est plus elle qui la pilotait tandis que défilait dans son crâne le film de cette nuit fondatrice. Elle constate presque honteuse que son con a englouti quatre de ses doigts. Sa cyprine fait briller ses jambes jusqu’à mi cuisse… Elle fait une petite pause dans ses souvenirs, se caresse encore, et s’offre rapidement un deuxième orgasme, moins intense, mais plus doux, plus prolongé.

Le disque des Cocteau Twins est terminé. O se lève, et met sur sa platine le premier album d’Archive, un sublime sirop à souvenirs languissants… Puis elle va farfouiller dans un tiroir où elle réunit, oui, au salon, pas dans sa chambre ! quelques objets offerts par ses différents amants. En matière de petits cadeaux, c’était Pierre qui s’était montré le plus prolixe, et le plus imaginatif aussi ! Elle se saisit ainsi d’un minuscule vibreur qui se met au doigt comme une bague, le rendant bio-nique, comme s’amusait à dire son amant. Elle s’allonge de nouveau, allume le gadget qui se met à bourdonner comme une mouche. Elle en apprécie à nouveau la caresse et reprend le fil de son souvenir…

Écartelée sur le lit, livrée aux caresses de son amant, O avait non seulement les nerfs à fleur de peau, chaque baiser étant comme une brûlure, mais également le cerveau à vif, l’imagination au grand galop qui explorait l’étendu des possibles, cherchant à anticiper son sort, se trompant toujours.

Les caresses s’interrompirent. O retint son souffle.
Son amant prit un foulard et la bâillonna. Elle était aveugle. Désormais elle serait aussi muette.
Elle tressaillit en entendant ce qui lui avait bien semblé être le bruit d’un briquet qu’on allumait.
Puis quelques instants de silence. Elle lança une petite plainte, étouffée, d’inquiétude. « Ushhhhh » intima l’amant.

Elle se cambra de douleur et de surprise quand la première goutte de cire tomba sur son ventre. Elle voulut crier, mais elle ne put émettre qu’une sourde plainte. Deuxième goutte. Nouvelles contorsions. Son amant avait alors resserré le bâillon, retendu les cordes qui l’immobilisaient. Troisième goutte. La douleur, toute aussi vive, avait malgré tout changé de nature. La douleur était devenue pulsation. Comme si, à l’endroit même où la goutte avait atterri, battait tout son sang. Quatrième goutte… Cinquième goutte. Son cœur lui même semblait s’être déplacé juste sous le point d’impact. Les seins d’O furent épargnés. Et son amant, même s’il avait, à dessein, fait progresser les impacts chaque fois plus bas sur le ventre d’O, s’était arrêté en haut du pubis. Nouvel orgasme sur le canapé.

O sentait son ventre entier palpiter. C’est à ce moment là qu’elle sentit le sexe de son amant s’introduire en elle. O, sans pouvoir se contrôler, se mit à pleurer. Sans le bandeau qui les absorbait, de grosses larmes auraient coulé sur ses joues. Elle pleurait, son corps secoué de spasmes, tandis que son amant allait et venait en elle sans sembler s’en soucier… Pleurs de douleurs, pleurs de joie, pleurs de plaisir, pleurs de folie. Elle pleurait et sentait monter en elle le plaisir… Son amant venait de lui retirer le bâillon, elle ne poussait plus de cris mais des petits gémissements, quelques sanglots, puis un cri de jouissance… Son amant, ce soir là, ne jouit pas en elle. Il l’embrassa. Elle lui dit « je t’aime » (et pourtant, ce vocabulaire-là, comme il était interdit entre eux !!!), il lui répondit « ushhhh » à nouveau, tandis qu’il défaisait ses liens.

 

[71] Histoire n°1

Avant de lire la première histoire, merci de passer jeter un œil à l’introduction.

 


 

O avait reçu comme instruction pour son rendez-vous ce jeudi soir avec son amant, de s’habiller en garçonne. Chose inhabituelle, pour tout dire à l’opposé des consignes habituelles. Elle choisit donc un costume plutôt sobre, un pantalon et une veste bleu nuit, mit des souliers plats, ne résista pas à instiller une touche de féminité avec son chemisier, sous laquelle elle avait mis un soutien-gorge un peu étroit, de manière à rendre plus discrète sa poitrine. Elle sacrifia sa coupe de cheveux, un carré à la Louise Brooks, pour une coupe « garçonne » (ça repoussera vite !), et se sentait fin parée pour la soirée. Elle poussa le raffinement jusqu’à porter un parfum d’homme, mais qui allait de toute façon tellement bien aux femmes : Habit Rouge.

Le rendez-vous été fixé au théâtre. O avait reçu chez elle la place. Elle devait se rendre seule jusqu’à son siège. Quand elle fut sur place, elle fut conduite dans une loge où se trouvait déjà un homme, assez jeune (elle lui donna 24 ans). Qui l’accueillit sans un mot, mais avec un grand sourire. Les autres places étaient vides.
Les lumières s’éteignirent et la pièce débuta. C’était une pièce assez ennuyeuse, l’Andromaque de Racine, dans une mise en scène classiquement fade. Mais pour O le spectacle n’était pas sur les planches.

Effectivement, avec beaucoup de discrétion, à côté de lui, le jeune homme commençait de se dévêtir. Mais uniquement le bas. De sorte qu’il fut rapidement nu comme un ver, des pieds au nombril. Sa chemise, sa veste, toujours en place, faisait illusion pour les spectateurs d’en face qui, dans l’ennui profond de la pièce, auraient pu être tentés de trouver source d’intérêt parmi le public…

Le jeune homme pris ensuite la main d’O, et la guida sur ses jambes, sur son sexe, pour qu’elle le caresse. Il n’eut pas longtemps besoin de guider O, dont la main avait rapidement su reprendre son indépendance. Son amant lui avait appris comment intensifier le plaisir de chaque caresse, les coins où il fallait s’aventurer, là : plus de pression, ici : plus rapide, là : on ne fait qu’effleurer, mais on y revient souvent… Là : on insiste…
Le sexe qu’elle avait entre les doigts était très beau. Pas particulièrement grand (O en avait déjà vu qui l’avaient effrayée au premier abord – au premier abord seulement), mais vraiment beau. Une belle ligne droite, terminée par un gland joliment dessiné, et gonflé par le sang. Les battements de cœur du garçon agitaient d’ailleurs son membre de discrets, mais réguliers, soubresauts.

Son sexe avait aussi la raideur de la jeunesse. Par jeu, O essaya un peu de le tordre, elle savait que ce ne serait pas douloureux, mais d’une seule main, elle n’y arrivait pas. L’inconnu respirait un peu plus bruyamment, mais réussissait à faire illusion, les yeux perdu dans le vague en direction de la scène. Oreste avouait à Pylade qu’il est toujours amoureux de celle qui était aujourd’hui la fiancée de Pyrrhus, la princesse Hermione, la fille d’Hélène et du roi Ménélas, et qu’il avait l’intention de l’enlever.

O accéléra le rythme et branla le jeune homme plus vigoureusement… Elle sentait – ou pensait sentir – le plaisir monter, et voulut prendre le bel objet dans sa bouche ; elle allait se mettre à genoux quand le jeune homme l’en empêcha. C’est à ce moment là qu’O entendit puis vit son amant entrer dans la loge. Il tenait dans sa main deux paquets. Il tendit l’un deux à O. Elle l’ouvrit et en sortit un petit godemiché. Pendant ce temps, le jeune homme, faisant fi de toute tentative de décence, s’était mis à quatre pattes et tendait sa croupe vers O. « Enfonce-lui dans le cul ! » indiqua son amant. O s’exécuta. Le godemiché n’était pas lubrifié, et O n’avait pas pris l’initiative de saliver dessus. Le garçon gémissait au fur et à mesure que l’engin s’introduisait en lui. Était-ce de la douleur, était-ce du plaisir ?.. Sans doute un peu les deux.

O fut surprise de voir son amant se déboutonner devant le jeune homme à genoux. « Suce ma queue » lui ordonna-t-il, mais vu le sourire que fit le garçon, un ordre n’était sans doute pas nécessaire.
Surprise, et excitée. C’était la première fois qu’elle voyait un homme s’occuper de son amant. Celui-ci avait déjà extrait le sexe de sa tanière, et, alors qu’il était encore en état de semi érection, il l’avait déjà avalé goulûment pour le sentir gonfler dans sa bouche. Avec une main, il se maintenait au sol, avec l’autre, il empoigna les couilles en engouffrant sa main dans sa braguette.
O, déconcentrée par la scène, avait cessé de faire aller et venir le gode, qui avait désormais dilaté l’anus et se déplaçait plus aisément. Le jeune homme remua le cul pour la rappeler à son devoir.

Les malheurs d’Andromaque n’était plus dans le champ de considération de nos trois protagonistes depuis un moment – l’avaient-ils seulement été un instant ?
L’amant d’O semblait goûter avec volupté au plaisir que lui donnait la bouche de cet homme, mais il ne s’y abandonna pas… Son sexe était tantôt entièrement englouti, tantôt c’était à peine une pointe de langue qui l’effleurait. Il tendit la main pour attraper le deuxième paquet qu’il avait apporté, et le remit à O. Abandonnant un instant son ouvrage, elle l’ouvrit pour en extraire un obscène godemiché. Celui ci avait deux têtes, une relativement courte et épaisse, la deuxième plus longue et plus fine. Des lanières permettaient de se l’arrimer aux hanches.

O compris très bien ce qu’elle avait à faire.
Elle dégrafa simplement son pantalon et s’enfonça l’engin, côté épais, dans son con, sans que nulle lubrification artificielle ne fut nécessaire… Elle le fit aller et venir quelque instant, pour prendre la mesure de l’objet et finit par en nouer les liens autour de sa taille pour le maintenir en place. Elle était prise et, désormais, également pourvue d’un sexe. Avec sa salive, elle lubrifia l’œillet de son nouveau partenaire et commença à le pénétrer. Elle perçut à peine un léger gémissement. O remarqua alors que son amant n’était plus en train de se faire sucer, mais se trouvait derrière elle.
Elle sentit ses mains se glisser sous sa chemise et caresser son corps là où il était nu.

Il remontait le long du dos, en la massant, jusqu’aux épaules. Il caressait ses seins, pinçant légèrement ses tétons dressés, il caressait son ventre mais n’avait pas accès à son sexe recouvert par la ceinture. Il caressait ses fesses à pleine main, et fit descendre jusqu’à mi-cuisse son pantalon.

Tandis qu’O avait maintenant entièrement envahi le cul de son partenaire avec son nouveau sexe (hélas, dépourvu de terminaisons nerveuses – sur le coup O regretta un instant de ne pas être, vraiment, un homme) et commençait un lent va et vient, elle sentit la langue de son amant parcourir la raie de ses fesses, jusqu’à son petit trou, qu’elle alla fouiller avec indécence. O adorait cette caresse, toujours annonciatrice, avec son amant, d’une visite plus profonde et plus ferme… Et comme attendu, celle-ci eut lieu.

O s’était donc retrouvée au beau milieu de cet insolite trio, jouant un autre rôle que celui qu’elle avait pu imaginer dans ses rêveries avec deux hommes, rêveries que son amant avait de part le passé réussi à illustrer de si belle façon.

Une nouvelle corde à son arc, que ce phallus, prolongation en silicone de son propre sexe !
O se laissa porter par les sensations toujours très intenses quand elle se faisait sodomiser, tout en continuant d’offrir un plaisir analogue au jeune homme qui avait désormais aplati son torse sur le sol comme pour mieux s’offrir.

À vrai dire, c’était l’amant de O qui impulsait à l’ensemble son rythme, et imperceptiblement la cadence augmentait….
De la salle bruissait des murmures, d’énervement, de honte, ou d’excitation, car tous les trois commençaient à gémir ostensiblement ; mais aucun n’y portait attention.

O sentit le sperme de son amant jaillir en elle, et les spasmes du sexe de son amant se confondirent avec les siens. Une petite flaque de sperme, sur le côté, était là pour signifier que le jeune homme, les yeux fermés, qui semblait dormir, avait lui aussi atteint le plaisir.

[Rideau]