[1198] La fesse cachée de la lune

Les scènes se passent à l’Éclipse, petit frère (ou petite sœur) du club libertin « humide » Moon City dont j’ai souvent parlé ici.

* * *

Je retourne avec Diane à l’Éclipse où nous avons, en quelque sorte, nos habitudes, puisque c’est elle qui m’a emmené la première fois dans ce club dont j’avais bien évidemment entendu parler mais que je n’avais pas encore visité avant elle. Plus petit que le Moon, l’Éclipse est réservé aux couples et aux femmes seules. Comme Diane et moi y allons pour le cadre plus que pour la fréquentation (Diane n’est pas très encline au mélange, même si, comme moi, elle ne renâcle pas à baiser à proximité d’autres couples, et moi, même si j’en aurais potentiellement plus envie, je suis très peu doué pour susciter les complicités expresses), le fait qu’il y ait dans ce club beaucoup moins de monde qu’au Moon ne pose nullement problème. Au contraire, les salles étant peu nombreuses et notre « préférée » (celle qui est couverte de miroirs et récemment pourvue d’un sling – je vous laisse Wikipédier) assez prisée, peu importe si les rencontres sont rares. (suite…)

[1197] La chambre où nous n’avons pas fait l’amour

La chambre où nous n’avons pas fait l’amour était simple et sobre.

chambre d'hôtel, lit vide, non défait

« Cosy, mais vide » ai-je résumé sur Twitter.

Tu m’avais prévenu à l’avance que tu ne pourrais pas venir à notre rendez-vous mais j’ai préféré y aller tout de même, pour boire ma déception jusqu’à la lie. J’ai espéré, vaguement, combler ton absence en essayant de trouver un plan B de dernière minute mais ça ne marche jamais. J’ai l’impression, dans ces moments, d’être un queutard assoiffé de sexe, prêt à baiser pour baiser. Peut-être. Je me projetais dans ces heures avec toi avec une envie affolante. Sans doute parce que ces deux heures volées, passées avec toi la semaine dernière m’ont ému de cette intimité croissante et du plaisir très vif que j’ai pris à baiser avec toi. Une certaine complicité s’installe ; la fois précédente m’avais laissé un goût d’imperfection. Non pas que la baise n’était pas de qualité ; mais moi, je ne savais pas sur quel pied danser, je ne voulais être ni trop loin, ni trop proche, et j’avais comme une gêne diffuse qui m’empêchait d’être complètement naturel avec toi. Cette gêne avait disparu, dimanche. J’étais tout simplement bien avec toi. Nous avons continué nos explorations. Nous nous approchons doucement d’une complicité que j’appelle de mes vœux et qui sera le ciment de notre relation, la baise en constituant les briques.

J’étais heureux et lubrique ; j’étais impatient et gorgé de désir – et puis j’ai reçu ton SMS.

La chambre où nous n’avons pas fait l’amour était calme et lumineuse. Par la fenêtre, une cour intérieure silencieuse — quelques oiseaux, peut-être – et verdoyante. Le lit était confortable, la couette douce, les oreillers moelleux. J’y ai dormi une petite heure. La réceptionniste fut surprise quand j’ai fait le check-out. La chambre ne vous plaît pas ? Je l’ai assurée du contraire et je suis sorti sous le fragile soleil parisien retrouver le sourire de la vie.

[1196] Une certaine idée de la perfection

Aujourd’hui, j’ai étendu le linge, j’ai lancé une machine, j’ai fini de préparer le tajine lancé la veille – avec les courses que je venais de faire – avec le reste du déjeuner, j’ai fait du bricolage (pose d’une patère : ça reste dans mes cordes), j’ai vidé le lave-vaisselle et j’ai lavé à la main quelques gros récipients, j’ai joué avec ma fille (celle qui n’est pas encore allergique à ses parents), j’ai étendu le linge de la deuxième machine, je suis allé baiser ma jeune amante et j’ai fait le dîner.

Une femme montre son biceps, l'air déterminé - Photo d'Alexis Bledel d'après une image classique de propagande américiane durant la seconde guerre mondiale

Je crois que je suis un compagnon modèle.


La photo est d’Alexis Bledel

[1195] Euro-fantaisie (from London, with Love)

Notre Eurostar émerge de son périple subaquatique (dans ce long tunnel, on finit par oublier qu’on a la tête sous des millions d’hectolitres d’eau de mer) et mon téléphone accroche au réseau français. Retour à la 3G. Il vibre à plusieurs reprises indiquant la réception de nouveaux messages.

Parmi ceux-ci, une notification d’un DM (i.e. message privé sur Twitter, NDLR) d’une de mes correspondantes avec qui je partage dans une plus ou moins grande mesure des convictions politiques, un penchant pour les jolis souliers de femme, la charge d’élevage de progéniture et une inclination à l’hédonisme. Je ne sais pas mesurer jusqu’à quel point, car nous n’avons pas encore longuement discuté pour être suffisamment intimes.

Appelons-là Freda.

Freda – Hello, tu es rentré ?

Jérôme — Je suis dans l’Eurostar du retour ! Côté France, la 3G est de retour :-)

Freda — Celui de 18:01 ?

Ainsi que nous l’avions, de part et d’autre, annoncé sur le réseau, Freda et moi partageons en plus de tout ce que j’ai cité plus haut, un programme de vacances pascales : #London ! Ce que j’ignorais, en revanche, c’était les dates précises de son séjour ; elle l’avait commencé avant moi, comme j’ai pu le lire au travers de quelques twittes ; mais quand revenait-elle ?

Ce message me fait deviner qu’elle rentre en même temps que moi et que le hasard va peut-être être un peu forcé pour provoquer une rencontre. (suite…)

[1194] Où il ne sera pas question de chaussures

Proposer la botte
(éphéméride du 24 avril 2014)
« Il s’agit d’une manière de proposer sans détours à une femme d’avoir des relations sexuelles avec elle. »

Bien que le verbe « proposer » semble empreint de civilité, la chose suggérée par cette tournure ne l’est en réalité aucunement ! En effet, il s’agit tout simplement de proposer un acte sexuel. Nous ne disons pas « faire l’amour », car il est ici question d’une action beaucoup plus rapide et directe, sans détours du côté des sentiments.
Le terme de « botte », emprunté au vocabulaire des épéistes et des escrimeurs, décrit à l’origine une passe d’arme qui permet de toucher – ou d’« embrocher » — son adversaire de façon soudaine et imparable. On parle d’ailleurs souvent de « botte secrète » pour désigner un mouvement technique qui serait connu de son seul inventeur et lui donnerait l’avantage dans le combat. Mais en réalité, il s’agit avant tout d’un coup, dont la manière imprévue de le réaliser surprend l’adversaire. (…)
C’est bien à cette botte que fait référence notre expression. Or, le domaine du langage étant fertile pour comparer le sexe de l’homme à toutes sortes d’objets allongés, donc phalliques, on comprend mieux le rapprochement qui est fait dans notre formule : le duel d’escrime devient une métaphore de l’acte sexuel.
C’est ainsi que depuis le XVIIIe siècle, notre expression dit ce qu’elle veut encore dire aujourd’hui !
On peut enfin noter que la botte évoquée peut parfois être qualifiée de « florentine », une allusion aux pratiques de sodomie que l’on prêtait autrefois aux habitants de Florence !

Source : les Almaniaks 2014

Des bottes florentines qui gagnent à être connues
Des bottes florentines qui gagnent à être connues

Eh bien voilà qui me donne des envies de voyager…

PS : j’ai recherché dans mes archives si j’avais déjà utilisé cette expression que j’aime bien (mais dont je ne connaissais pas la variante) et je ne l’ai trouvé qu’une fois dans un de mes commentaires. C’était sur le dernier épisode de ma jolie série « Nadia ». On la trouve aussi dans un plus ancien commentaire d’un certain Roumi, dans une citation de Pierre Desproges. Ce qui me donne l’occasion de dire qu’on peut très bien utiliser cette expression dans un cadre non hétérosexuel comme le fait justement ce P.D. (Pierre Desproges, hein). Mes nombreuses lectrices féministes seront bien aimables de me dire si, à leur sens, on pourrait l’utiliser dans un contexte lesbien où encore d’une proposition faite à un homme par une femme (ce qui me fait aussi penser que j’ai un correspondant sur Twitter qui recherche désespérément une amatrice de strap-on. Écrire au journal qui transmettra).

[1193] Nous (2)

Surtout, ne commencez pas la lecture de cet épisode sans avoir auparavant pris connaissance du premier volet : ça se passe ici.

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 Je n’arrive pas à me rappeler dans quel état d’esprit exact j’étais au moment où j’ai ouvert cette porte. Paisible et impatient, voilà ce qui me revient maintenant mais n’étais-je pas nerveux ? inquiet ? excité ?

J’ouvre la porte et tu es là devant moi ; tu entres, tu souris et malgré ton air calme s’échappe de toi un éclair de fièvre. Je vais pour t’embrasser mais tu esquives ma bouche qui n’atteint qu’une joue. Commençons donc tranquillement, me dis-je naïvement.

Je ne sais même plus si tu m’as dit bonjour mais je me souviens bien de ta première phrase : « Je peux me mettre à l’aise ? »
J’ai à peine le temps de bredouiller un « oui » que tu ouvres ton manteau, le fait choir à tes pieds et qu’ainsi tu m’apparais entièrement nue, ne serait-ce tes chaussures rouges à talons et ta paire de bas noirs. À ce moment-là, tu guettes ma réaction et j’imagine que tu as pu voir fugacement mes yeux s’arrondir comme des billes, puis un large sourire se dessiner sur mon visage. Commençons donc le pied au plancher!
Je te prends dans mes bras et mes mains commencent à courir sur tout ton corps nubile tandis que, fébrilement, tu t’essayes à faire tomber mes propres vêtements. Une de mes mains s’est déjà fichée entre tes cuisses quand tu t’escrimes encore sur les boutons de ma chemise. Mes mains rebondissent sur ton cul quand les tiennes se posent sur mon torse enfin accessible. Ma ceinture te donne un peu plus de mal, alors je t’aide car je suis impatient aussi que tu arrives à ma queue. Tu commences par en apprécier l’envergure en la caressant au travers de mon boxer et je peux, quant à moi, palper ton émotion à ce moment-là.

Lorsque je suis entièrement nu, je t’allonge sur la couette blanche et fraîche pour poursuivre nos explorations. Mes mains goûtent à tes seins, mes lèvres mangent ta nuque, ma bouche lèche ton ventre, mes doigts filent sur le nylon de tes jambes, je susurre à ton oreille mon désir obscène, avant de sucer ton lobe, ce qui te fait frissonner de plaisir. Quand, par le plus grand des hasards, mes doigts se posent là où se creuse ton plaisir, pas le moindre doute ne peut planer sur l’état d’excitation dans lequel tu te trouves. (suite…)