[299] Clause toujours

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En bonus, et à titre d’illustration, cette campagne pour le câblo-opérateur Noos, où est écrit en haut « Vous méritez un service meilleur. Nous sommes d’accord ». On y voit un écho très explicite à la flambée de protestations actuellement tournée contre eux. Leurs clients attendent avec impatience le DONT ACTE qui semble se faire attendre. Notez la différence subtile entre service meilleur et meilleur service dans leur formulation.

L’art du marketing publicitaire consiste fréquemment à tenter de faire passer un défaut pour un avantage, une singularité pour une exclusivité, le banal pour l’extraordinaire, l’obligatoire pour du généreusement offert.
Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir tout ces emballages alimentaires vantant les vertus des produits qu’ils contiennent. « Naturellement riche en vitamines ceci », « riche en huile d’olive » sur une bouteille d’huile d’olive, « riche en fibre » etc.
Je ne dénoncerai pas ici l’arnaque de certains biscuits du genre Taillefine qui s’avèrent être plus caloriques que d’autres biscuits dépourvus de l’étiquetage minceur. Ni la multiplication des pseudos labels de qualité ne correspondant à rien et visant uniquement à gruger le consommateur (sujet par ailleurs déjà évoqué par votre serviteur ici).

 

Sortons du supermarché.

À ce petit jeu-là, les opérateurs de téléphonie mobile ne sont pas les perdreaux de l’année. Vous vous souvenez peut-être du moment où nos trois chers (!) opérateurs se sont finalement pliés, sous les coups de boutoir des associations de consommateurs et entériné par l’ART (devenu par la suite ARCEP), à la facturation à la seconde dès la première minute. Rappelons que le système précédent rognait environ 20% du forfait. Un forfait 2 heures ne permettait donc, en moyenne, qu’environ 1h35 de communication.
Les trois opérateurs ont donc simultanément adopté le principe de la facturation à la seconde, le triturant un peu pour continuer de profiter autant que possible de la manne financière de leurs clients. Que cette simultanéité soudaine d’intérêt porté au consommateur n’étonne personne. Rappelons qu’Orange, SFR et Bouygtel ont tous les trois été lourdement condamnés pour entente illicite destinée à verrouiller le marché (l’affaire avait été surnommée « le Yalta des mobiles »).

Je n’ai qu’un vague souvenir du contenu précis des campagnes publicitaires, pourtant nombreuses, qui fleurirent à l’époque, mais j’avais eu un léger agacement en voyant les trois larrons présenter comme une offre généreuse faite à leur clientèle ce qui s’avérait être une obligation qui leur était faite. 

Pub Orange

Orange en remet une couche avec cette campagne où l’on tente de faire croire au client que le contrat qu’il va signer lui offre toute latitude (de résilier quand bon lui semble et sans délai – NB : la réduction de 3 à 1 mois du délai de résiliation est un autre des combats des associations de consommateur, c’est pour bientôt – de ne pas accepter les changements tarifaires, etc.). J’aimerais bien voir ça.

Là encore, je voudrais préciser, s’il y a encore des lecteurs naïfs dans la salle, que, très régulièrement, les associations de consommateurs (UFC-Que Choisir en tête) se battent devant les tribunaux (ça reste plus efficace que le lobbying, l’un n’excluant pas l’autre) pour faire retirer des contrats des opérateurs les dizaines de clauses abusives, illicites, léonines, bref, contraires au droit de la consommation, qu’ils contiennent. 

Un petit exemple pas tout jeune mais qui illustre parfaitement mon propos :

Suite à la procédure engagée par l’UFC-Que-Choisir, la Cour d’appel de Versailles vient de rendre une décision majeure qui concerne tous les abonnés au téléphone portable. Elle a confirmé le 4 février 2004 le jugement du TGI de Nanterre du 10 septembre 2003 qui enjoignait à la société Orange de supprimer de son contrat d’abonnement au téléphone portable huit clauses abusives et une illicite.

La Cour a également sanctionné deux clauses supplémentaires. Désormais :

– le consommateur pourra résilier son contrat pendant la période initiale d’abonnement pour un motif légitime même non listé au contrat ;

– le délai de préavis doit commencer à courir à compter de la réception par l’opérateur de la demande de résiliation ;

– l’opérateur ne peut demander à l’abonné, en cours de contrat, un dépôt de garantie ;

– l’opérateur est tenu en tant que prestataire de service d’une obligation de résultat et doit, à ce titre, indemniser ses clients si le service est interrompu, quelle que soient la cause et la durée de cette interruption.

L’UFC-Que Choisir voit ainsi confirmer son analyse des clauses du contrat et se réjouit de cette victoire pour tous les abonnés à la téléphonie mobile.

Ces règles ont vocation à s’appliquer aux contrats des opérateurs de téléphonie SFR et Bouygues Télécom et à tous les contrats de prestation de service (accès à Internet, télévision à péage, câblo-opérateur, etc.).

 

Bon, je viens de regarder de plus près cette pub et je m’aperçois qu’elle ne concerne pas Orange-opérateur de téléphonie mobile mais Orange-fournisseur d’accès internet. M’enfin ça ne change rien à mon argumentaire.

 

 

[295] Jérôme in Paris

Grande première aujourd’hui. Je me suis baladé en vélo dans Paris. Grande première pour moi qui n’avais jusqu’à présent emprunté ma bicyclette uniquement pour mes déplacements de banlieusard. De chez moi à mon bureau (8 mn). De chez moi à chez mon client (de 26 à 34 mn selon mon humeur et la circulation). De chez moi à chez le boulanger (de 3 à 6 mn selon la boulangerie choisie). De chez moi à nulle part, pour le plaisir de prendre l’air (selon l’âge du capitaine).

[Note instantanée pour mesurer le pouvoir d’influence de la burposphère : je suis actuellement dans la brasserie Le Canon des Gobelins(13ème arrondissement) où je viens de commander une pinte. Non seulement la pinte est exactement au même prix que deux demis – les tarifs dégressifs, connais pas (et d’ailleurs je n’ai pas pris deux demis pour des raisons subtiles qui expliquent que je n’aie pas fait le choix de commander deux demis successivement de manière à avoir de la bière fraîche) – mais en plus, la bière servie n’atteignait pas la petite ligne certifiant les 0,5L. C’est donc honteux. J’appelle la burposphère entière (et notamment mes copines de Toulouse) à boycotter cet établissement douteux tant qu’il n’aura pas publié céans des excuses en bonnet difforme.]

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On va finir par le savoir que t’es bi
J’ai donc pédalé de chez moi à la gare (7 mn, juste un peu plus loin que les boulangeries mais plus près que mon bureau), embarqué avec mon vélo dans le train jusqu’à Paris intra-muros et là, j’ai réalisé mon rêve de bobo : rouler en vélo dans Paris. À moi la place de l’Opéra et celle de la Bastille. À moi le boulevard Saint-Marcel et son énoooorme couloir réservé aux bus et aux vélos. À moi les petits couloirs réservés aux seuls vélos où l’on peut allègrement klaxonner ces enculés de piétons non mais ils se croient tout permis ceux-là. Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! So much power !!! Quelques constatations, donc, qu’il m’a semblé important de porter à votre connaissance, amis lecteurs.

  1. D’abord, Paris, c’est nettement plus pollué que la banlieue. À vue de nez (eh eh) y’a pas photo. Paris pue le pot d’échappement. Le port du masque ne paraît donc pas totalement superflu.
  2. Deuxio, les aménagements spécifiques pour les vélos sont plutôt nombreux et commodes. Pour le reste, on fait avec la circulation comme ailleurs.
  3. Ensuite, les piétons ne font absolument pas gaffe aux vélos et ça peut être dangereux. J’ai dû donner plusieurs coups de guidon pour éviter un piéton qui se mettait subitement à traverser juste devant moi en regardant l’autre côté de la voie. Tout ça parce qu’on ne fait (presque) pas de bruit. Non mais oh ! mémé ! ta maman ne t’a pas appris à regarder des deux côtés de la rue avant de traverser ?
    Pour avoir été parisien, alternativement piéton & conducteur, je sais le peu de cas que font, généralement, les uns des autres. Le piéton traverse donc dès qu’il pense que c’est son tour et n’hésite pas à avancer sur les clous (c’est rigolo, « les clous », je me disais que ça aussi c’était un truc que mes enfants ne connaissaient pas, les passages cloutés, et pourtant j’ai bu vu récemment une publicité parisienne pour la sécurité routière, qui utilisait cette expression pour désigner les passages protégés dépourvus de clous depuis Bellelurette [préfet de Paris de 1967 à 1979]) même quand le feu est vert. Genre « je marque mon territoire ». Genre « je gagne 0,08 secondes pour traverser quand ce sera mon tour par rapport à si j’étais resté sur le trottoir. Le cycliste qui, pour des raisons de sécurité, roule fréquemment totalement à droite, doit donc régulièrement les contourner quand ceux-ci ne reculent pas à leur approche. Comportement équivalent chez les voitures : les conducteurs qui avancent sur le passage piéton quand le feu est encore rouge, en donnant des petits coups d’accélérateurs, comme s’ils étaient sur Imola pour démarrer au quart de tour. Généralement des mecs. Fréquemment des taxis. La plupart du temps, au volant de ma 106, je gratte tous ces crétins au démarrage parce que je n’accélère, moi, qu’une seule fois : au bon moment. Ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! So much power !!! (oui, je sais, prendre un volant rend un peu con.)
  4. Je ne sais pas si les voitures respectent les vélos mais lors de la première partie de ma ballade (environ une heure), je n’ai eu aucun comportement nuisible à déplorer. J’ai même vécu un moment hallucinant : à un feu, un taxi (oui, oui, un taxi, l’engeance qui généralement considère que la route leur appartient et que le respect du code de la route ne s’impose qu’à autrui), un taxi, donc, m’a aimablement cédé la priorité. J’en suis encore tout ému.
  5. Enfin, il règne à Paris une atmosphère résolument différente de celle de la banlieue. En apercevant dans la rue les Parisiens rentrer du boulot, faire leur courses, rejoindre leur domicile probablement moins confortable qu’un pavillon de banlieue, j’ai été saisi d’une nostalgie et je me suis dit que, définitivement, j’avais envie de retourner vivre au cœur de la ville. Ouais, je confirme : Paris, t’as une gueule d’atmosphère !

* * * 

Quelques petits compléments de notes sur le trajet du retour (Paris-Saint-Germain→C*** en 40 mn seulement) :

  1. Oui, on peut rouler à vélo après avoir abusé de boisson (sacré mélange ce soir : bière puis vin blanc puis vin rouge puis rhum arrangé – légère gueule d’atmosphère le lendemain, NDLA).
  2. C’est assez cool de rouler dans Paris à une heure du matin : très peu de circulation. Le grillage des feux rouges en est facilité.
  3. Euh oui, j’ai toujours mes 12 points de permis pourquoi ?
  4. La place de la Concorde est un sacré tape-cul à traverser en vélocipède.

 

 

[293] Les deux font la paire (de cons)

Entendu ce midi à la radio au journal l’annonce que Claude Allègre ne voterait pas pour Ségolène Royal pour cause d’un « désaccord théorique » sur le nucléaire, les OGM et les cellules souches.

Bon. Deux choses :

  1. Qu’il me cite un seul candidat avec lequel il soit 100% d’accord (pas de chance, lui-même n’est pas candidat).
  2. Quand bien même « ses convictions (…) scientifiques [seraient] plus fortes que toute autre considération » (sic), est-ce que, en homme de gauche, ex-ministre socialiste, il n’aurait pas pu garder son intime conviction pour lui ? Que ses convictions scientifiques arrachent sa décision devant l’urne, je peux après tout l’admettre, mais qu’il se fasse mousser en rendant son choix public, c’est quand même d’une connerie exemplaire.

Le deuxième con, ç’allait être Peillon, mais heureusement que je suis allé chercher sur Yahoo!News l’information liée ci-dessus, parce que j’allais faire un hors-sujet.

Le deuxième con sera donc le journaliste que j’ai entendu à la radio qui a curieusement omis de dire que lorsque Peillon a ensuite déclaré qu’il éprouvait un « vif soulagement », c’était sur le ton de plaisanterie, et qu’en réalité il en était « très triste ».

Parce qu’effectivement, ç’aurait été très con, par fierté, de se réjouir d’une défection dans son camp. 

[292] Pas de boogie-woogie

Le pape a dit

Que l’acte de surfer sur Internet

Sans être marié

Est un péché…¹

Cette nouvelle il me faut l’annoncer

À ma paroisse

Je suis cu[i]ré…


[1] Enfin, ce n’est pas exactement ce qu’il a déclaré, mais en substance, il racontait que trop surfer sur le net ou regarder la télévision² nuisait gravement à la spiritualité et l’élévation de l’âme. Je ne saurais totalement le contredire, mais ajouterais-je que je m’en tape le cocotier ?

[2] Point de mention spéciale sur l’Eurovision ou les allocations radio-télévisées du Chef de l’État.  (C’est beau, une note de bas de page dans la note de bas de page. Je me prends pour Nicholson Baker !)