Couronne de fleurs dans les cheveux,
Ruisseau onctueux entre ses jambes,
Reine de ma luxure.
[887] Pas pareils : je confirme
Les atermoiements d’une partie de la droite, à l’aube du deuxième tour des élections cantonales, concernant la mise en place ou non d’un « front républicain » (comme barrage au front national, pour ceux qui sortiraient d’une grotte), me semblent très symptomatiques :
- d’une dérive pas très ragoutante d’une f(r)ange de l’UMP vers une droite de plus en plus dure (cf. l’ovation faite à Éric Zemmour par un rassemblement d’élus UMP alors qu’il venait de se faire condamner pour propos racistes, sujet déjà évoqué ici au travers de cet article)
- d’une certaine perte de valeurs et de sens moral laborieusement dissimulée derrière un argumentaire inepte, selon lequel appeler à voter à gauche contre le FN serait accréditer la thèse selon laquelle « la gauche et la droite, c’est pareil » (thèse d’ailleurs largement portée par le FN qui aime bien laisser croire qu’ils sont tous pourris, ces politiques, sauf eux). Je conçois que l’électeur de droite se rende aux urnes en renâclant pour voter à gauche, mais quand j’ai dû aller voter Chirac au 2e tour en 2002, je n’ai entendu personne dire que je cautionnais l’idée que la gauche et la droite, c’était pareil.
Entre deux maux, il faut choisir le moindre, et c’est la raison pour laquelle je ne lance pas de fleurs non plus aux abstentionnistes.

[886] (Humeur du jour et de la nuit) #4














[885] Appétit(s)
Quand j’ai pris, il y a onze ans, la décision d’être franchement adultère, un de mes moteurs était que je ne voulais pas m’aigrir d’envies sans cesse ravalées. Le problème de ce traitement, c’est la posologie. Au démarrage, ça n’était pas vraiment homéopathique, mais une escapade tous les quinze jours suffisait à faire mon bonheur. Il y avait, avec mes amantes imaginatives, des correspondances avant nos rendez-vous qui faisaient délicieusement monter la tension, et d’autres après pour laisser durer le plaisir, jusqu’à la prochaine rencontre. Je me re-glissais dans le lit conjugal plein d’enthousiasme, injectant dans notre sexualité de couple un peu de renouveau (par exemple, tout simplement, je proposais de nouvelles positions, testées avec bonheur).
Avec le temps, toutefois, et la multiplication des amantes, ce fonctionnement eut un effet pervers que je n’avais pas anticipé : celui de souligner crûment le manque d’appétence de ma femme, plus ou moins perméable à mes propositions en mode « hydratation des couches superficielles de l’épiderme » mais ne remettant rien de fondamental en cause dans son rapport à la sexualité, comparée à la pléthore de femmes pour qui la vie érotique est une terre glaise qu’il convient de travailler, malaxer continuellement comme une œuvre définitivement in progress. Je touchais du doigt un bonheur, peut-être illusoire (car tout le poids de l’ordinaire en était évacué), où le corps à corps érotique faisait partie du dialogue de couple, bonheur qui m’était refusé au quotidien sans que j’entrevoie de possibilité changer cet état de fait, hormis en mettant un terme à ma relation, ce que je me refusais d’envisager.
Il y eut la rencontre avec J***, arrivant probablement à un moment où ma prudence et ma modération adultères avaient été sabotées par un désir inconscient de « faire bouger les lignes » de mon couple d’une manière ou d’une autre, puis celle avec L*** qui achevèrent ma croyance au dogme de mon couple éternel.
Le doute était entré dans les murs et l’édifice tremblait. Une peur profonde surgit chez ma femme qui lui donna la force d’accepter, et même de vouloir, la thérapie de couple que je lui proposais. Dans les dialogues ouverts par cette thérapie, il y eut une grande absente : mon infidélité. Pour moi, ç’aurait été beaucoup trop violent – et risqué – de la mettre devant le fait accompli. Le but, d’ailleurs, de cette thérapie (pour moi), c’était d’arriver à rendre mon couple aussi auto-suffisant que possible et non d’en renégocier les fondations pour inclure ma sexualité adultère dans ce qui devenait explicitement autorisé, d’aller vers un modèle de couple dit « ouvert » ou « poly-amoureux ». On peut arguer du fait qu’il y a eu manipulation de ma part (avec la complicité tacite de la thérapeute) puisque nous avons travaillé sur une présentation tronquée de ce qu’était réellement notre couple. Mais la thérapie, ce n’est pas le jeu de la vérité. Chacun n’y dit que ce qu’il peut et veut dire, et il est certain que ma femme, de son côté, n’a pas joué la carte de la transparence non plus.
De notre thérapie, qu’est-ce que je retiens finalement ? Une plus grande écoute de ses soucis à elle, une vie sexuelle un peu relancée (on va dire qu’il s’agit pour elle d’une plus grande écoute de mes soucis à moi), en fréquence en tout cas, et sans doute une plus grand ouverture à quelques nouveautés que j’ai pu apporter : sextoys, même si l’œuf vibrant que je lui ai acheté il y a deux ans n’est jamais sorti de sa boîte parce que son utilisation, pour qu’elle soit ludique selon moi, impliquerait de déplacer l’espace érotique en dehors de notre chambre et qu’elle ne s’y résout pas (si je cherche dans mes souvenirs, il s’avère que j’avais déjà sorti corde et menottes dès les premiers mois de notre amour, aucun pas de géant dont se féliciter en dix-sept ans, donc), et de ce dialogue renoué l’idée de la quitter qui s’est éloignée, qui est sortie du champ des possibles, ce qui me soulageait aussi car je ne me résous pas, de mon côté, à perdre l’harmonie qui règne dans notre foyer et notre famille, en dehors de la chambre à coucher.
La thérapie aura marqué aussi une étape de ma vie adultère. Après l’avoir suspendue un moment, laissant filer L*** avec un regret dont je ne me suis pas défait, pour me tourner sincèrement vers mon couple, et l’ayant relancé quand j’ai saisi que les lignes n’allaient fondamentalement pas changer, je me suis mis à consommer les aventures de manière un peu plus compulsive, multipliant les amantes pour éviter de recréer un attachement trop fort, comme celui que j’ai eu pour J*** puis L***, et ainsi ne plus mettre en péril mon couple, en gardant mon cœur à la maison et en ne sortant que ma bite et mon couteau (pour être plus proche de la réalité, plutôt que faire des effets de style, il faudrait évidemment nuancer sur la vraie nature du lien que j’entretiens avec chacune de mes amantes, mais après tout vous avez sur quatre ans d’historique de ce burp de nombreux textes pour vous forger votre propre impression). Stratégie plutôt efficace, d’ailleurs ; je n’ai pas eu tellement de mal à trouver des femmes qui, comme moi, avaient envie de relations n’impliquant pas trop d’engagement sentimental. Non seulement des femmes mariées, mais aussi des femmes célibataires, très attachées à leur indépendance, qu’elle soit fraîchement acquise ou déclinée comme mode de vie permanent.
§ § §
Onze ans plus tard, le micro-dosage de mes excursions extra-conjugales, résultant plus de ma vie déjà bien remplie par un métier envahissant et une famille pour laquelle je ne suis pas démobilisé (ceci fait partie notamment de l’écoute mentionnée plus haut) que d’un manque de volontaires pour agripper mes fesses, devient un poids. Me coucher dans un lit trop tiède tient du pensum. Cela fait des mois que je me dis qu’il faut que je rouvre le débat à la maison, sans trouver la force de le faire. J’ai tort, sans doute, de m’imaginer partir perdant d’avance. Des tas de sujets m’éloignent de la sérénité dont j’ai besoin pour me lancer (la mort de mon père l’été dernier, une situation professionnelle qui se trouble ces mois-ci, et autres perturbations aux répercutions plus ou moins fortes mais qui font finalement partie du quotidien…).
C’est sur terreau d’insatisfaction ruminée, de stress que je suis bien forcé de reconnaître à la profondeur de mes cernes que je n’ose pas combler trop régulièrement à coup de Donormyl™ de crainte de m’y accoutumer, que se pointe un ange que la Providence semble m’avoir dessiné sur mesure. Une adorable garçonne aux formes exquises, aimable petite conne à l’esprit délicieusement pervers, avec juste deux fois plus d’étés au compteur que Melody Nelson ce qui m’évitera de me retrouver au poste pour détournement de mineure. Fort heureusement vivant elle aussi en couple et amoureuse. N’empêche. L’équation commence à devenir compliquée à résoudre. Je ne sais même plus ce qu’il faut que j’essaye de négocier pour que ce bordel en équilibre instable s’ordonne en quelque chose qui apparaisse un minimum pérenne.
[882] Printemps
C’est le printemps. Ou quasi. Ce matin, en circulant à scooter, j’ai croisé un cerisier ou un prunier du Japon en fleur ; je ne suis pas très doué en botanique, mais ça ne m’empêche pas d’apprécier la beauté de ces arbres, quel que soit leur nom, aujourd’hui colorant la ville grise — et plus tard ce moment éphémère où les fleurs tomberont et couvriront les rues de graciles pétales roses ou blancs. Mon cœur a fait un petit bon, je me suis dit « le printemps arrive » et, avec lui, la possibilité de traverser la ville sur mon deux-roues un peu moins couvert qu’aujourd’hui et sentir ainsi un peu plus proche de mon corps celui de ma passagère collée contre moi, ses bras m’enserrant. Nous serons légers tous les deux, allant rejoindre un hôtel aux teintures pourpres, un jardin public où nous chercherons un recoin jamais assez tranquille pour nous y bécoter, la terrasse d’un café pour nous désaltérer après nos heures de corps à corps, toute autre destination où peuvent se rendre les amants la main dans la main et souriant avec insouciance, oubliant un instant qu’ils sont adultères.
♣ ♦ ♥ ♠
C’est le printemps qui arrive et va clore, du moins je le pressens, un cycle d’environ quatre ans de ma vie. Tous les ingrédients sont là. Il y en a que je reconnais trop bien. Je les vois tourner devant moi, mi inquiet, mi amusé, et me demande à quelle sauce ils vont assaisonner ma vie. Je parle de cycle mais – il me semble l’avoir déjà exprimé ici – je ne crois pas que ces cycles fassent tourner en rond. Devant nous, c’est toujours l’inconnu. La lassitude que j’ai de porter à bout de bras la vie sexuelle de mon couple et qui, au moins temporairement, me les fait baisser, j’essaye cette fois de la compenser par un comportement aussi irréprochable que possible quand je suis à la maison, essayant de soulager le fardeau maternel mais cela ne réveille pas la putain chez la maman. Qu’il ne soit pas dit que j’abdique sur tous les fronts. Cela semble d’ailleurs très bien convenir à ma compagne qui semble plus attachée que jamais. Mais les jours passent et rabotent ma patience vis-à-vis de cette nouvelle « stratégie ». Je place quelques jalons pour les mois à venir. Espérer chichement que l’arrêt de la pilule rebooste sa libido, et puis si elle s’accroche à ne pas laisser parler son corps, voir quelle suite donner. Reprendre une thérapie quelques années après la passe que la première aura permis de traverser ? Entamer des négociations plus âpres et risquées sur la liberté sexuelle que l’on pourrait s’offrir tous les deux, si jamais son désir était mort mais pas sa mécanique, comme certains couples y arrivent ? Cette voie est tentante mais elle peut s’avérer une impasse si le deal ne lui convient pas, et je me dis aussi parfois qu’en creusant cette piste, je ne cherche qu’égoïstement à élargir ma zone de confort. Et tous les autres possibles que je n’ose même pas énoncer.
♣ ♦ ♥ ♠
Comme par hasard, c’est au moment où je traverse en bougonnant, la seatbelt pas très bien fastened, cette zone de turbulences que se pointe, deus ex machina, O***, la fleur au fusil, avec qui je vais à l’amour comme je vais à la guerre, en serrant les dents, le ventre noué, espérant ne faire qu’une bouchée de l’ennemi. La victime est si belle et le crime est si gai, qu’y disait. Je l’ai reconnue tout de suite, cette sensation de trouver un corps aimant, celui dont on ne peut se décoller car la force de contact est trop forte, malgré les heures qui défilent, malgré les tentations délicieuses qui passent à portée de baiser autour de nous. Aucune envie de résister. C’est le printemps et je veux sortir de l’hiver ma main dans celle d’O***, et mon sexe bien planté au fond du sien.
Illustration : Feuille de rose – © 2003 Bill Tong
[879] À poil, la toile !
Cela fait un petit moment que je voulais glisser un mot sur eux et je profite de la mise en ligne du numéro de mars pour le faire. Eux, c’est un couple (enfin je suppose) libertin, F&V, qui fait un travail éditorial nettement au dessus de la moyenne de ce qu’on trouve sur le net avec l’étiquette « libertinage » ou « échangisme ».

Je sais que mon burp a lui-même pris un peu cette étiquette, avec la multiplication des articles sur les clubs publiés ici, notamment dans le cadre de mes expérimentations avec A***. Mon lectorat avait un peu changé, en tout cas c’était mon impression diffuse au regard des commentaires. Cette évolution avait suscité des rencontres, qui avaient alimenté le moulin, et pourtant je ne me considère pas comme un aficionado des clubs échangistes et je n’accepte l’étiquette de « libertin » que parce que je n’en ai pas trouvé de meilleure dans notre vocabulaire usuel, et que je n’ai pas la prétention d’en inventer une plus adéquate.
Qu’il n’y ait pas d’ambiguïté ! Je n’ai rien contre la perspective d’une soirée en club et je me sens très à l’aise avec les libertins revendiqués que j’ai rencontrés dans ce cadre (et avec qui je poursuis le partage). Mais ça n’est qu’un des aspects de ma sexualité, et ma sexualité n’est qu’un des aspects de ma vie, et je m’efforce depuis quelques mois de recentrer ma ligne éditoriale vers le projet originel – la pointe de cul restant certes bien acérée.
Je referme cette parenthèse égotiste pour en revenir à nos deux lascars, animateurs du site Idées libertines. Leurs articles ne sont pas dépourvus d’une certaine ambition culturelle, oserais-je le mot : élitiste ? En tout cas, ils s’aventurent en dehors des sentiers battus et prônent un libertinage de tolérance et d’ouverture d’esprit, ce qui est fort respectable.
Au sommaire de leur numéro ce mois-ci :
- Springbreak : quand la jeunesse dorée américaine se laisse aller aux tentations libertines
- Gangbang : et si le gangbang était l’expression d’un féminisme trash ?
- Harukawa: le fétichisme d’un dessinateur japonais
Et chaque mois, toujours de nouveaux articles dans leurs rubriques habituelles : l’œil érotique, fesses-book, alter-eros, le vilain petit canard et les cahiers d’Eros.
§ § §
J’en profite pour signaler quelques autres sites qui me réjouissent l’œil érotique :
- Il y a un tumblr qui s’appelle modsmut (je crois que ça veut dire « tas de boue ») et qui a, à mes yeux, un double intérêt : d’abord, d’avoir un flux de modération modéré, et donc de ne pas faire exploser mon compteur de fils RSS non lus, ensuite d’avoir une sélection plutôt exigeante, ce qui fait que les images m’excitent assez systématiquement (ce qui est bien commode pour mes séances de branlette hygiénique – c’est un peu la disette en ce moment à la maison – voilà comme ça vous savez tout). Eh ! Ne vous attendez quand même pas à des sommets de l’érotisme, hein, ça reste quand même globalement porno (et je suis prêt à relancer le sempiternel débat érotisme vs. pornographie quand vous voulez).
- Encore plus épisodique, Bestiary, qui cette fois est le site d’un auteur (si j’ai bien compris, il se photographie lui et/ou sa copine) et non un recueil d’images glanées ailleurs, avec des images fortes et belles, déjà signalé par Aphrodite et BendMeOver (deux autres fils alimentés par des filles dont une que vous connaissez déjà certainement).
- Pas des images, mais des mots. C’est court, ça entre dans le vif (le format court facilite souvent l’impact choc d’un texte, mais ne boudons pas notre plaisir !), ce sont les contes défaits et je vous invite à les lire silencieusement avec moi avant de vous endormir.

Illustrations d’Allan Deas