[481] À marquer d’une craie blanche

White ChalkLe dernier album de P.J. Harvey, White Chalk (2007), fait mon bonheur en tournant, quasi en continu, sur ma platine depuis que je l’ai acheté. Je surprends même ma fille à le chantonner toute seule, conquise elle aussi.

Ça n’est pas la première fois que la douce folle d’Outre-Manche pond des airs entêtant, comme l’est The Garden (notre extrait en écoute) d’un précédent album (j’aurais pu écrire « comme le fut (…) » mais force est de constater que dès que j’écoute ce morceau, j’ai toujours la tentation de me le remettre en boucle – et je cède souvent à cette tentation).

Mais c’est la première fois que la drogue fait effet sur la quasi-totalité de l’album. Aussi, j’enclenche « REPEAT ALL » sur ma platine, et non « REPEAT 1 » et s’enchaînent les merveilleux morceaux de ce trop court album.

Revue en détail :

  1. The Devil : splendide entrée en matière (l’inflexion de la mélopée à 1’49 » m’arracherait des larmes d’émotion à chaque fois) StarStarStarStarBlank star
  2. Dear Darkness : plus sobre, ce morceau pour nous remettre de nos émotions, instrumentation minimaliste au piano StarStarStarBlank starBlank star
  3. Grow Grow Grow : ah ben fallait pas s’endormir, déjà le second point d’orgue de l’album, un bijou lyrique, magnifiquement ciselé StarStarStarStarHalfstar
  4. When Under Ether : quand c’est moins bien que génial, vu la qualité de l’album, j’aurais tendance à être déçu. Mais c’est tout de même une belle chanson qui ne souffre que de la comparaison avec la précédente : StarStarHalfstarBlank starBlank star
  5. White Chalk : chanson qui donne son titre à l’album, toute empreinte de la nostalgie de l’album. StarStarStarBlank starBlank star
  6. Broken Harp : encore une chanson très dépouillée, au charme indéniable StarStarStarHalfstarBlank star
  7. Silence : une des chansons les plus rythmées, entraînantes de l’album. Silence ? Muet d’admiration alors. StarStarStarHalfstarBlank star
  8. To Talk To You : une chanson aux harmoniques assez rudes, faut s’accrocher StarStarStarBlank starBlank star
  9. The Piano : encore une des pépites de cet album qui s’avère une mine ! PJ y chante sur deux tons, j’en tomberais amoureux sur le champ StarStarStarStarBlank star
  10. The Departure : sans doute faut-il entre deux points culminants redescendre un peu pour mieux apprécier les sommets ? Un morceau tout en douceur StarStarStarBlank starBlank star
  11. The Mountain : pour finir en beauté, la plus belle chanson de l’album (qui gratte Grow… d’une coudée à peine). Et quand elle crie en chantant, elle ne crie pas, elle chante, c’est sidérant. Ah si, un reproche tout de même : mais pourquoi ce morceau ne dure QUE 3’11 » ? StarStarStarStarStar

Verdict :

J’ai souvent été agréablement surpris par les nouveaux albums de P-J Harvey quand ils sortaient mais jamais à ce point. Certes, je suis un inconditionnel de la polly-jean depuis des lustres, je ne sais donc pas trop quoi dire à ceux qui n’aiment pas (encore). Quelle est la probabilité que vous soyez tout de même envoûté par cet album splendide ? Si vous en êtes resté à Dry – un bijou dont je ne me lasse pas non plus, soit dit en passant – ça va vous faire un choc.


Extrait que je voulais vous mettre si ça ne faisait pas pêter toute ma mise en page : P-J Harvey – The Garden sur l’album Is this Desire? (1998)Pour cet extrait comme pour des extraits de White chalk, je vous laisse vous balader sur le net ou chez votre disquaire.

[476] C’est reparti, mon cui-cui !

Ciseaux inaugurationHum… Depuis le temps que ça me chatouillait, l’envie d’ouvrir mon burp rien qu’à moi, avec mon nom de domaine, la plateforme de mon choix que je pourrai personnaliser à loisir. Il me manquait le temps, il me manquait le nom de domaine. commeuneimage.fr ou .nimportequoi, inutile de vous dire que c’était pris. J’ai pensé un moment à burposferik, juste parce que je trouvais ça drôle, et puis finalement burp.fr s’est trouvé disponible et j’ai mis le grappin dessus.

Entre WordPress et Dotclear, cela faisait un moment que j’avais fait mon choix. Aucun des deux n’est parfait, évidemment, mais WordPress est tout de même plus avancé (même s’il n’est évidemment pas parfait) et plus riche en terme de possibilités d’extension. Bon, je ne vais pas vous bassiner avec ça et j’ai mis plus de détails dans l’à propos pour ceux que ça intéresse.

Mais choisir WordPress n’était pas suffisant. J’aurais pu ouvrir les hostilités sur le burp avec un thème par défaut puis le personnaliser au fur et à mesure, ajouter les plugins pour disposer de fonctions supplémentaires au fil des besoins qui se seraient fait sentir, etc. Mais je suis un peu maniaque alors j’ai passé du temps à écumer la burposphère wordpressienne, étudier l’offre en terme de plugin, penser aux statistiques, au référencement… J’ai trouvé un joli thème (il vous plaît ?) et je l’ai bidouillé pour qu’il ressemble plus à ce que j’attendais, j’ai corrigé des problèmes par ci par là…
Si j’étais vraiment vraiment perfectionniste, j’aurais passé encore un bon mois de plus à améliorer mon site, ou alors carrément plusieurs mois de plus pour créer de zéro mon propre thème, qui soit vraiment Comme à mon image, mais j’étais pressé, et puis je sais aussi qu’il ne faut jamais que le contenant prenne le dessus sur le contenu.
Il y aura donc quelques bugs d’affichage sur ce site, vous serez très aimable de me les signaler sur la page prévue à cet effet.

Mais d’ores et déjà, vous pouvez mettre à jour vos flux RSS. Je compte améliorer la présentation pour que ce soit plus facile pour les béotiens en syndication, mais pour ça, encore un tout petit peu de patience.

Allez, c’est parti pour (au moins) 60 Go de burpage intensif.

Welcome on board !

[475] Fairy tale

Une très jolie fellation photographiée par Adrian

« You know those famous fairy tale, where a frog needs a princess’ kiss to turn into a handsome prince ?
Well, my flabby prick also needs a
blowing kiss to dazzle you, lady… »

Que j’aime cette sensation, lorsqu’une femme courageuse prend dans sa bouche mon sexe encore mou (je dis courageuse parce que nombreuses sont les femmes qui pensent qu’il n’y a pas désir quand il n’y a pas érection et adoptent une attitude passive), et par son humide caresse, le fait gonfler. Je me sens comme une chenille sortant de sa chrysalide transformée en joli papillon.

Mon cœur bat.

Vois comme je ne peux résister à ta passion !


Bandante et magnifique illustration : Limitless passion, Adrian.

[473] La peur du […]iste

b86c5ecd6f96f80682bb5b7e3970f7e2.gifénéralement, c’est du [dent]iste dont il s’agit. On a une molaire qui nous fait douiller, on se bourre de Doliprane en espérant que ça passe, et après 10 jours de torture, on lâche l’affaire et on prend finalement rendez-vous avec le Docteur N*** pour une consultation d’urgence. Un petit coup d’anesthésiant et trois tours de fraise-zzz-zzzzzzzi plus tard, on se sent nettement mieux, on se demande pourquoi on a traîné si longtemps avant d’appeler jusqu’à la fois suivante où le même scénario se reproduit. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, disait Nietzsche dont la sagesse n’a d’égal que la complexité orthographique de son nom (Dieu merci, aucun philosophe polonais au programme de Terminale). Mais pas forcément plus courageux. Me concernant, je suis (hélas) vacciné contre cette peur-ci, pour avoir, avec mes dents, connu suffisamment de calvaires (je les passe sous silence, cela reste un sujet douloureux) pour taper désormais sur la panse de mon dentiste préféré, un excellent praticien qui habite à l’autre bout de Paris (et désormais c’est encore plus loin pour moi qui suis redevenu banlieusard – snif) et un peu bizarre avec qui je parle politique, musique classique et plaque dentaire. Éclectique, quoi.

Un jour, particulièrement en confiance, je lui posais la devinette suivante :

Q : Quelle est la différence entre un sadique et un dentiste ?
R : Chez le sadique, on trouve des magazines récents.

Assez curieusement, ça ne le fit pas rigoler. Elle est bonne, pourtant, non ? Mais il est très tenaille-sans-rire.

et donc

Je n’ai pas peur du dentiste, donc, mais du [garag]iste. Autant je connais mes dents sur les doigts de la main, autant je suis une bille complète en mécanique automobile (même si j’avais eu une note correcte en Dess Duss pour la compo traitant du mécanisme différentiel d’un 4×4 – c’était il y a 20 ans, je crains qu’il n’y ait prescription). C’est à peine si je sais faire la différence entre ma queue et le levier de vitesse (NDLR, vu le nombre de requêtes Google qui arrivent sur mon site parlant de demoiselles empalées sur des leviers de vitesse, je ne dois pas être le seul), entre du gazole et du liquide de frein, entre un cric et un essuie-glace (ad lib.).

Cela faisait des mois que s’affichait en rouge sur mon Palm la tâche « Révision 106 » (est-il nécessaire de vous présenter ma 106 Kid adorée, partenaire de toute mes frasques ? (au passage, je vous signale que mon Palm est aussi le témoin de pas mal de mes frasques mais c’est une autre histoire dont je me vante moins)) en retard. Pourtant (ou plutôt justement), j’en avais des motifs de me présenter à mon garagiste. Une fuite dans le circuit du liquide de refroidissement oups qu’est-ce que je disais lave-vitre et surtout des trucs bizarre qui s’échappaient du pot d’échappement et qui rendaient l’arrière-train de ma titine tout gras (huileux ou gazoleux ? je ne saurais dire). Le truc qui fout franchement la trouille.

Je retardais donc le moment où, tel le bœuf conduit à l’abattoir, je me rendrais chez mon garagiste, l’échine courbée, pour bredouiller : « je viens pour la révision de ma 106, si vous pouviez regarder, j’ai un truc qui sort du machin… »
Le genre de situation où j’ai l’impression d’avoir un gros panneau « à plumer » qui clignote juste au dessus de moi (notons au passage qu’à l’abattoir, ce sont les poulets qu’on plume plutôt que les bœufs).

Lundi dernier, toutefois, la perspective d’une prochaine virée aux sports d’hiver me poussait à prendre mon courage à deux mains et ma carte grise entre les dents (j’aimerais vous y voir) pour me rendre au garage Pijot le plus proche et leur confier mon enfant (ma Kid, quoi). Je parle de mes deux petits problèmes et on me promet de me rappeler dans la journée.
Le soir, rien.
Le lendemain, rien.
Le mercredi, inquiet de ce silence, tremblant à l’idée de ce qu’on allait m’annoncer (genre « M’sieur CUI, ça fait deux jours qu’on démonte votre moteur dans tous les sens pour réparer votre bagnole, va falloir changer le rotor gastrique et la pompe léthargique, ça risque de vous coûter 2.999,99 € et une couille », je repris mon courage à deux mains (j’aurais pu remettre ça à demain, aussi, mais bon, mon courage pouvait encore servir) et mon téléphone entre les oreilles et j’appelais le garage. Z’avaient rien trouvé, ces zoizeaux. « Elle ne fume pas, votre voiture ! » Ben non, j’avais jamais dit qu’elle fumait, j’ai dit que y’avait un truc tout dégueu qui se déposait à l’arrière du véhicule mais j’avais vérifié qu’elle ne fumait pas (ouais, je vous ai menti tout à l’heure, j’ai des notions poussées de mécanique automobile : je sais regarder dans le rétroviseur pour voir si ça fume).

Le garagiste — Bon, en tout cas, elle ne fume pas…
Moi — Mais pour ma fuite ?…
Le garagiste — Bah, vous savez, ça peut ptête un joint de culasse ou … [là j’ai oublié le truc qu’il m’a dit], vu que votre voiture marche bien ça serait ptête dommage d’engager des travaux coûteux !
Moi (terrifié) — Oui en effet, vous avez raison ! Et pour la fuite de mon liquide lave-vitre ?
Le garagiste — Humm… Ça doit être les moteurs qui sont grillés !
Moi (sûr de moi, yess)  — Mais non ! je vous dis que j’ai clairement vu la fuite, en remplissant le réservoir !
Le garagiste — Bon, on r’garde ça ! On vous rappelle demain, m’sieur CUI.

Le lendemain, il me rappelle.

Le garagiste — Bon, m’sieur CUI, j’ai vérifié, pour le liquide lave-vitre, c’est bien un problème de moteur qui n’a plus assez de puissance pour faire sortir le jus [On dit tel chien, tel maître, mais je peux vous dire que ça ne fait pas du tout pareil avec les voitures, non non non non ! Un quarantenaire n’a pas besoin d’une révision pour gicler. C’était un communiqué des Quarantenaires Unis Contre la Médisance et le Dénigrement.]
Moi (penaud) — Ah bon ? Bon… [ça me rappelle la fois où j’ai soutenu mordicus à mon précédent garagiste que le problème sur mes enceintes venait d’un faux contact quelque part dans le circuit, et que son diagnostic « enceintes mortes » s’est avéré exact.]
Le garagiste — Oui, le moteur coûte [à ce moment là ma main se crispe sur le téléphone – oui, parce que c’est ma main qui tient le téléphone, cette fois, vu que je me suis fait appeler et que je n’ai pas eu le temps de sortir mon courage] 38 € …
Moi (soulagé ! in petto : ah ? seulement ?) – Hmmmm
Le garagiste — … hors taxe !
Moi — Oui, ça va, vous pouvez engager les dépenses.

Eh ben dites donc, j’ai eu chaud. C’était donc bénin. C’était sans compter le deuxième appel qui allait suivre, dans la même journée :

Le garagiste — M’sieur CUI, on a trouvé le problème pour votre fuite : c’est la pompe à gazole qui fuit !
Moi (content que le garagiste m’annonce un truc qui correspond plus au problème constaté mais quand même inquiet par l’équation pompe foutue = pompe à fric) — Hmmmmmmmmm…..
Le garagiste — Bon, ça coûte [ratatatata….] 108 €. Hors taxe !
Moi (jubilant intérieurement de cette peccadille) — Oui, ben faut réparer, hein !
Le garagiste — Oui, c’est embêtant de rouler avec ça.

Bref. Une révision qui ne se transforme pas en coup de bambou. Un petit tour d’anesthésie, trois petit coups de fil, et c’est fini. Ça n’était pas si terrible (me dis-je)(jusqu’à la prochaine fois).

Épilogue
J’aurais aussi pu vous parler de la peur du [plomb]iste, mais depuis que j’en ai un dans la famille, je n’ai plus peur de ces alchimistes des temps modernes, ceux qui transforment le plomb en or.

Donc, plombier : OK, dentiste : OK. Reste le problème du garagiste. Amie lectrice, si tu as un père / frère / cousin / ex-avec-qui-tu-es-restée-en-très-bons-termes / autre, et que la bigamie ne te refroidis pas, je t’épouse. Ami lecteur garagiste, je te propose éventuellement un pacs et une bonne pipe pour chaque révision.

[472] Saph not here (anymore)

« Un [burp] s’éteint, un être s’éveille… », slogan parodique fréquemment croisé au cours de mes pérégrinations burposphériques. Car si beaucoup de burps naissent au quotidien, chaque jour amène aussi son lot de « on ferme ! ». Notons au passage que si ouvrir un burp se fait de manière assez semblable sur la vaste burposphère (ça commence généralement par un petit billet d’introduction avec plus ou moins de qui, de quoi, de comment et de pourquoi), il existe en revanche plusieurs façons de le fermer. Petite revue en détail, non exhaustive :

  1. La fermeture implicite : en fait, rien ne s’est passé sur le burp, sauf que le dernier billet date de 35 mois. Du jour au lendemain, l’auteur n’a plus rien publié sans même laisser un billet expliquant le pourquoi de la fin. On peut alors tout imaginer : le gars est mort d’une crise cardiaque, il a été muté d’urgence au Burnikastan suboriental (un truc où Internet n’existe même pas, t’imagines), il s’est fait gaulé par sa femme « – Ah salaud, c’est toi qui racontes ces ordures sur moi et ta vie sexuelle de débauché ! – Euh ! Mais chérie, ce n’est pas du tout ce que tu crois, laisse-moi t’expliquer mon amour… – Tiens, laisse-moi plutôt t’expliquer à ma façon (Pan !) — Arghhh… ».
  2. Variante civilisée du [1] : l’auteur laisse son burp ouvert mais laisse toutefois un dernier mot pour annoncer son départ, parfois l’expliquer mais laisse son burp en jachère, accessible, en tout cas. «  J’avais ouvert ce burp quand Martine m’a quitté, mais désormais que j’ai trouvé l’amour de Cécilia, ce burp n’a plus de raison d’être ». « Je viens d’être muté au Burnikastan suboriental et d’ici 10-15 ans, quand j’aurai là-bas une connexion Internet, promis j’ouvre un nouveau burp pour vous tenir au courant ». Ou encore « Je suis dans le vol Paris-Washington AL-5723 avec une connexion Internet. Une panne d’un des moteurs vient de se produire. Il est possible que ce billet soit le dernier et je tenais à en informer mes lecteurs. Je vous laisse, j’ai un courriel à envoyer à ma femme ».
    Le lecteur qui débarque et trouve ce billet ultime en page d’accueil (selon le principe rétrochronologique qui anime les burps) peut prendre le temps de le découvrir, tout en sachant à quoi s’en tenir. Ceux qui le connaissaient peuvent prendre le temps de le refeuilleter, de temps à autre, comme on prend un livre aimé dont on parcourt rapidement les pages, s’arrêtant parfois à un chapitre.
    [Je voulais initialement mettre ici une illustration rigolote, « Martine a fermé son burp », malheureusement, entre temps, le site du générateur de couverture a fermé. Donc, rien. NDLA]
  3. La méthode brutale : hop ! Le burp est fermé et du jour au lendemain, on se retrouve avec une erreur 404 et il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer et les 139 fils RSS restant pour se consoler. Variante intermédiaire entre le [2] et le [3], le billet qui indique « ce burp va s’autodétruire demain » et tout l’historique est ensuite propulsé dans le néant du Net. Je ne sais pas, avec la quantité de contenu produite quotidiennement et tout ce qui s’évanouit qui, d’entre l’espace de l’existant et celui du détruit, est le plus étendu. J’ai lu récemment que l’on estimait que 10 % des internautes avait un burp. C’est assez hallucinant.

C’est comme ça qu’est partie Sapheere. Elle a publié un billet d’adieu et 24 heures plus tard, plus rien.

Son dernier texte, paru le 14 octobre 2007, sobrement titré « Adieu » commençait ainsi : « Je voulais partir sans un mot, rien n’est décidé d’ailleurs je ne sais pas, je vais écrire et tenter de vous expliquer, je verrai bien si je publie. » Sapheere (je l’appelle Sapheere bien qu’elle ait signé son dernier texte de son prénom, bien que je ne l’appelais, en privé – je reviendrai plus loin sur la nature de nos liens privés – que par son prénom – je n’aime pas appeler les gens par leur pseudo In Real Life) expliquait en gros qu’elle mettait en péril son couple au travers de sa vie libertine et clandestine, et qu’entre les deux, le choix était net et tranché, son couple passerait avant tout, et adieu donc à Sapheere, adieu le burp, adieu les lecteurs, adieu toutes les personnes qui étaient pour elle un peu plus que des lecteurs. « Je vous dis définitivement adieu, c’est ici que nos chemins se séparent, je ne veux garder aucun contact, s’il vous plaît n’essayez pas de m’appeler je veux faire une croix sur vous malgré tout le bonheur que vous m’avez apporté, c’est la seule façon de m’en sortir. »

Savez-vous quel est le premier sentiment qui m’anima, à cette nouvelle. Pensez-vous que ce fut de la tristesse, de la compassion ou de l’incompréhension ? Non, ce fut la colère.

Sentiment né sur une base assez égoïste, qui me renvoyait aussi probablement à ma rupture avec J*** qui avait choisi, elle aussi, à notre séparation, de tirer un trait sur moi. Certes, le lien que j’avais avec J*** n’était pas du même ordre que celui que j’entretenais avec Sapheere (et d’ailleurs l’impact de ces deux « traits » tirés n’était pas le même sur moi), mais le message était sensiblement le même : quoi que tu aies représenté pour moi, quoi que fussent les liens qui nous unissaient, tu n’existes plus pour moi. Ce n’est même pas la relation qui change de nature, c’est la relation qui est anéantie.

Quels sont les points qui nourrissaient cette colère ?

Il y a le plus simple, le plus évident, celui sur lequel on pourrait facilement s’arrêter : le fait que son « retrait du circuit » m’impose de mettre dans un mouchoir mes espoirs de faire l’amour avec elle. Qu’on ait envie l’un de l’autre, c’était trop évident ; tous les deux mariés, tous les deux en soif d’aventures ; tous les deux partageant une douce complicité par burp et messagerie interposés. Bien que l’occasion m’en eusse été donnée (par l’intermédiaire d’un licencieux ami qui m’invitait à partager son triptyque libertin), je la repoussais et voulais de mon côté prendre mon temps, faire doucement mûrir le désir comme un vigneron surveille son raisin et attend que le fruit soit parfait avant de le cueillir. Vivre avec elle ce que nous aurions, tous les deux, vraiment eut l’urgence de vivre.

Il y a également la sensation d’être abandonné, nié, effacé. « Quoi que tu aies représenté pour moi, je te raye de ma vie, je te zappe de mon champ de vision ». Tels étaient, en quelque sorte, les propos tenus par Sapheere dans son Adieu. Remontaient en moi les douloureux souvenirs de ma séparation avec J*** quand elle fit le choix du black-out total quelques semaines après qu’elle me quitta, alors que je m’étais, de mon côté, battu pour continuer d’avoir avec elle une relation, si fort que fusse son changement de nature (un an après, c’est d’ailleurs chose faite, J*** et moi sommes désormais des copains avec un passé).
Certains pourraient rire de cette affirmation, mais je suis fidèle dans mes attachements. Je ne brûle pas ce que j’ai adoré et quand je me sépare, j’aime rester en contact avec mes « ex ».

Enfin, à la lecture de ce qui provoquait son rangement des voitures, j’avais tout de même l’impression qu’au travers de mon expérience personnelle, de ce que j’avais vécu qui ressemblait en certain point à ce qu’elle traversait, je pouvais être, auprès d’elle, source de conseil, d’accompagnement (et sans vouloir le moins du monde remettre en cause ses choix). J’aurais voulu représenter pour elle la possibilité d’un soutien et non simplement l’un des miroirs aux alouettes de la tentation.
Encore un coup de canif dans mon ego.

***

J’ai rapidement voulu écrire ce billet, y crier ma colère, mais voilà, il ne sortait pas, il a fallu attendre près de trois mois pour que je puisse reprendre sa rédaction et le publier. Trois mois plus tard, l’eau a coulé sous les ponts, d’autres félines sont venues accaparer mes pensées. Pour autant, le souvenir de Sapheere reste vif en moi, et pour toujours cette impression d’être passé à côté de quelque chose.

J’ai eu de Sapheere quelques signes de vie (une expression à la mode). Une apparition fugace sur MSN (sans qu’elle réponde à mon bonjour surpris). Et ces traces étranges fantomatiques ; dans mes statistiques de connexion sur mon burp, la présence clairsemée de visiteur(-euse)(s) en provenance du défunt sapheere.canalblog.com.

Adieu, Sapheere...

[471] Je suis l’écologiste du quatorzième arrondissement

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 30 35 ans ne peuvent pas connaître, Montmartre Montparnasse en ce temps-là…
Bon ok j’arrête.
 
Je ne sais pas si vous connaissez les œuvres de jeunesse du chanteur Renaud, mais il y en avait une qui reprenait au refrain :
Je suis l’autonomiste du quatorzième arrondissement…
Je suis l’séparatiste de la Porte d’Orléans…
Quand j’étais marmot (© 1976, j’avais donc 8 ans) et que j’écoutais cette chanson du fin fond de ma banlieue (plutôt bourgeoise), j’avoue que le quatorzième arrondissement était un concept assez abstrait pour moi. Paris, globalement, était un concept assez abstrait. J’y allais en voiture avec mes parents, sans savoir dans quel arrondissement se trouvaient ni la Tour Eiffel, ni les Champs-Élysées, ni Montparnasse ni rien.
 
Nettement plus tardivement, je me suis retrouvé habitant de Paris, puis habitant du quatorzième, et même plus précisément de la Porte d’Orléans, et même plus précisément encore, habitant du même groupe d’immeuble où habitaient M. & Mme Séchan, parents de Renaud Séchan, devenu chanteur rebelle.
 
Faut vous dire monsieur (ouais, je me la joue pillage à tous les étages, sur cette note) mon ami lecteur, que côté zone, la barre de HLM (au moins 6 étages, siiiii) en bordure de périphérique (enfin, derrière un stade quand même), ça n’a pas grand chose à envier à la Cité des Quatre Mille ou à celle des Minguettes. Ah, il est super blême, ce HLM (il faudrait dire « cette » puisqu’il s’agit d’une habitation à loyer modéré, mais Renaud est un rebelle alors il s’en tape un peu). Je crois qu’il y avait un énorme graffiti sur un des murs, tellement c’était la zone, il a jamais été nettoyé, ça disait « Affichage interdit, loi du 29 juillet 1881 ».
 
Les Verts du 14eBref. Pas plus tard que mardi, tandis que je pédalais joyeusement sur mon Vélib’, me rendant à une réunion où j’espérais bien revoir Cécile de Volanges (NB : à ce sujet, strictement aucune avancée à vous relater), je remarquais dans le petit cabas à l’avant du vélo ce tract (notre illustration) présentant la liste des Verts pour le 14e arrondissement (j’en profite pour répéter ici personnellement à Lib que les abréviations à utiliser pour les adjectifs ordinaux sont le simple ‘e’ – comme dans 14e, donc – ou ‘ème’ mais jamais ‘ième’. Ya basta !). Je ne sais pas vous, mais moi, après avoir vécu à un endroit, je suis forcément nostalgique à chaque fois que j’y repasse. J’ai l’impression qu’il y flotte à jamais des petits bouts de moi, des petits bouts perdus et ça me fait tout drôle de les sentir en suspension autour de moi, comme une bague que j’aurais mis au clou, et que j’observerais derrière la vitre en pensant « c’est à moi… c’est à moi… c’était à moi… ». Comme (vous le savez) la chose politique n’est pas sans m’intéresser, je me suis mis ce tract dans la poche en disant que je le lirai plus tard.

et avec le soutien du chanteur Renaud

Renaud « un vert, ça va » Séchan
exprimant avec un enthousiasme mal dissimulé
son enthousiasme et son appétit de victoire

Et c’est donc quelques heures après, dans le train qui me ramenait dans ma banlieue, que je découvrais dans le coin du tract ce visage (presque) familier. Je n’arrive pas à retrouver à qui il me fait penser. À Vidocq, peut-être. À Chéri-Bibi. À Ténardier. À Lantier, ptête (je n’ai pas vu Germinal). Enfin, dites moi, vous, à qui il vous fait penser sur cette photo, parce que moi, je l’ai sur le bout de la langue, mais je ne trouve pas.
 
Collaro faisait à peu près la même expression quand, déguisé en hippie sondeur à la Sofres, il s’exclamait « Ah ! Dur ! Dur ! »
 

Pour info, dans le 14e, il y a un maire PS (Pierre Castagnou) et un député Vert (Yves Cochet – qui figure aussi en photo dans les soutiens mais c’est moins drôle).