[385] Mal parti (socialiste)

6e9f126b798c51df1720db51d731d2dd.jpgL’info n’est déjà plus très fraîche, elle a 24 heures et elle devrait bientôt sentir le poisson avarié mais, qu’importe, j’avais envie de vous en dire deux mots. Ainsi donc, d’une énorme majorité relative de 30 %, Dominique Strauss-Kahn serait la personnalité de gauche à qui les Français (de tous les Français, enfin, de l’échantillon représentatif sondé, 991 majeurs vaccinés probablement) feraient le plus confiance pour diriger la Gauche (ouais, je mets une majuscule si je veux) française. Déjà, la question con : « À votre avis, qui serait le meilleur leader pour la gauche au cours des années qui viennent ? » Posée par Libération, le journal leader de la gauche, que je ne félicite pas au passage. D’abord, ça veut dire quoi leader de la gauche ? Tout le monde (selon un sondage officieux personnel) comprend cette appellation comme leader du PS puisque le PS est leader des partis de gauche (en terme de poids électoral : voilà au moins une donnée fiable). Sauf que c’est tout de même Olivier Besancenot qui arrive en troisième position de ce sondage (avec 8 % d’opinions) juste après Ségolène Royal (avec 15 %, la moitié de ce qui est crédité à DSK). Donc, déjà la question est con parce que si tu demandes à Besancenot ou Voynet si DSK ou Royal ou Hollande ou pourquoi pas Jospin est le leader de la Gauche, je ne suis pas sûr qu’ils soient enthousiasmés de répondre par l’affirmative. Mais la deuxième connerie de ce sondage (ça va se voir que j’ai une dent contre les sondages), c’est de poser la question à tous les Français. À moi, par exemple, si on me demandait à qui je ferais confiance pour être le leader de la droite (oups j’ai oublié la majuscule) française, je répondrais avec un tocard, genre « Raffarin » ou « Allègre ».
 
Bref.
 
Ça n’empêche pas que le PS, avec ou sans leader (faut bien dire que François Hollande qui devrait avoir le leadership au PS n’en a qu’un très modeste), est dans la mouise en ce moment et qu’il est probable qu’il soit nécessaire d’élire un nouveau Premier Secrétaire prochainement. Alors que vont faire les militants socialistes ? On pourrait penser que les militants socialistes sont plus éclairés que les sympathisants socialistes eux-même plus éclairés que les sympathisants de gauche eux-mêmes plus éclairés que l’ensemble de la population en ce qui concerne le choix de leur leader mais non. 
Souvenez-vous, à l’occasion des élections internes, Royal était au sommet dans les sondages (elle battait Kaÿser Sozy à l’aise), et Royal a fait 60 % des voix au premier tour (DSK et Fabius se suivaient dans un mouchoir – le mien était humide – autour de 20 %). 
Je soupçonne donc les socialistes d’élire DSK si l’occasion s’en présente. Sauf que lui compte plutôt se la couler douce au FMI et que de toute façon, tout le monde continue allègre-ment (eh eh) de se taper sur la  gueule en interne et si possible devant un micro ou une caméra (coucou Manuel, coucou Jean-Luc, etc.).
 
Tout cela laisse présager une rentrée politique bien mo-rose.
 

 
Notre illustration : Mignonne, et si nous allions tirer un coup plutôt ? 
 

 
[EDIT du 27/08/07] J’ajoute à cette note un récent dessin de Willem (paru dans Libération) qui me paraît excellement illustrer cette note [/EDIT] 
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[380] Cécile de Volanges (5)

Cette nuit, j’ai rêvé de Cécile de Volanges.

Vous savez, la scène où Valmont écrit une note avec ses fesses comme écritoire…

Non, je déconne. J’ai programmé cette note des jours à l’avance, comment pourrais-je savoir ça ?

Par contre, je voulais illustrer cette note en cherchant « fesses Cécile de Volanges » dans Google Image.
Le résultat est assez… enfin, je vous laisse juger par vous-même :-)))

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J’vous mets une tout autre image, pour la peine 

 

[379] En coulisses

Il y a quelques jours paraissait la note sur le dialogue qu’Alexa et moi avions eu.

Ce que je ne vous ai pas dit, c’est qu’autour du rendez-vous pour l’écriture de cette note s’était construit un petit jeu. En voici le résultat !

AVANT Ci-dessous les deux textes que nous avons chacun écrit de notre côté en présentant les enjeux et… en imaginant ce qui pourrait se passer…

AVANT

Prenons 2 êtres humains, quasi identiques, pour les besoins de l’expérience nous prendrons un élément de chaque sexe, une femme et un homme, que nous appellerons  : ELLE et LUI.

Ils sont en cours de quarantaine, physiquement corrects, normalement dotés intellectuellement, bonne éducation ayant rempli leur programme sans faute : études supérieures, un conjoint, 2 enfants, un métier, des revenus corrects

L’expérience consiste à administrer aux 2 éléments une dose de libido débordante, une grosse dose d’amour du jeu, et quelques doses d’audace et de malice, les plonger ensuite dans un vaste champs de culture hédoniste….

Laissez tremper et mâturer les quelques années nécessaires à enterrer les sales idées de princes charmants et de princesses endormies

Sortez, égouttez…et observez….

ELLE et LUI ont maintenant de nombreuses aventures, sexuelles, ludiques, libertines, amoureuses… Lui s’est brûlé au feu de l’amour interdit une fois, ELLE s’y brûle en ce moment même..

ELLE et LUI ne couchent pas ensemble…

Le jeu auquel nous vous invitons est d’observer ELLE et LUI, et leur vision respective du monde..

Je suis ELLE, et dans quelques heures, j’ai rdv avec LUI..pour retranscrire nos réflexions  à  4 mains

Que va-t-il se passer ?  Qu’en pense-t-ELLE ?

Nous allons nous retrouver dans ce café, tous les 2, contents de feindre chacun de notre coté de maîtriser la situation, 2 cafés, l’ordinateur déjà branché, ELLE jouera la fausse ingénue, tentera quelques manœuvre de séduction, il fera de même de son coté, ils patineront, s’enliseront, mais n’oublions pas que nos cobayes sont loin d’être dépourvus de ressources…

Ils trouveront vite un terrain neutre, soupçonnant déjà que la joute sera équilibrée

Choix du sujet : quelque chose autour de nos aventures extraconjugales et conjugales..

Puis ils se mettront à écrire,  chacun tentant de se maintenir à la hauteur de l’autre, LUI fort de son expérience de blurpeur averti, ELLE de son expérience tout court…

ELLE, voudrait bien lui plaire, beaucoup par coquetterie, ELLE le sait, imaginant avec délice qu’elle pourrait être l’objet d’une de ses notes flatteuses …elle n’en est pas très fière…

LUI, voudrait aussi lui plaire, par coquetterie et aussi par stratégie, IL le sait, ELLE écrit plutôt bien, et sa collaboration pourrait lui valoir quelques notes remarquées..

Ils se plairont. ..

ELLE pressent la possibilité de quelques chose de plus grand, une amitié, une collaboration.

ELLE ne baisera pas avec lui,

Juste ..peut être le sucera… ELLE dit ça pour jouer à l’exciter…

ELLE et LUI sont joueurs… tout peut arriver…même de tous les 2 s’ennuyer..

Je suis ELLE et dans quelques heures je vous raconterai ce qui s’est réellement passé..

Prolégomènes

Au commencement était mon burp. (Le Verbe, pas moins.)

Au septième jour, comme je vis que cela était beau, je créais mon lectorat. De ma propre côte, je rédigeais le premier commentaire d’un lecteur fictif (tel le musicien salant sa coupelle dans le métro), puis un autre vint, puis d’autres, qui [EDIT] crûrent [/EDIT] et multiplièrent.

Au XXXème jour vint la note …. et le commentaire remarqué d’Alexa, qui répondait à mon impression de mâle ayant vécu dans son couple un moment décevant un point de vue féminin. Cela ne correspondait évidemment pas au point de vue qu’aurait pu avoir ma propre femme, mais cela apportait une dimension complémentaire, une profondeur à ma note et s’en suivit un débat fécond entre elle, moi, et d’autres lecteurs/lectrices.

Ceci fit naître en moi l’envie de la rencontrer et, assez rapidement, l’opportunité de le faire se présenta. Au cours d’un déjeuner-chirashi, nous fîmes connaissance, nous nous amusâmes des similitudes et des différences de nos deux parcours, et nous imaginâmes ce qui suit.

Préambule

Heureux de la convivialité de cette première rencontre, je souhaitais qu’il en [EDIT] naquît [/EDIT] quelque chose : je lui proposai de nous revoir pour rédiger une note à quatre mains que j’avais intitulé « Point de vue sur le couple, regards croisés ». L’idée étant de confronter les motivations, les pratiques, l’histoire de deux personnes, un homme et une femme (chabadabada) vivant chacun en couple et ayant ressenti le besoin de vivre en dehors une sexualité adultère de manière délibérée et revendiquée.

Alexa étant joueuse (et moi ne l’étant guère moins), elle proposa de compléter ce projet par la rédaction de deux fois deux notes, une première note que chacun de nous rédigerait présentant ce rendez-vous et la façon dont, selon nous, il se déroulerait, une seconde note postérieure de « débriefing » respectif.

Cela fait donc au total cinq notes :

Alexa-before, CUI-before (cette présente note), Alexa&CUI-together, Alexa-after, CUI-after.

Présentation

Voici donc comment j’imagine le début de notre deuxième rendez-vous. Pour ce qui est du cadre, c’est facile ; c’est moi qui l’ai choisi. Le rendez-vous est fixé au mercredi 25 juillet, 13 heures, au Fumoir, bar cosy et légèrement branchouille près de Châtelet. J’imaginais que nous y trouverions sans peine un coin tranquille où s’asseoir, brancher l’ordinateur et rédiger tout en buvant un verre de vin ou de bière (et probablement leurs cousins) et grignotant un sandwich club en se partageant alternativement le pain de mie et le clavier AZERTY (qui, s’il en vaut deux, ne se manipule pas pour autant à quatre mains).

Nous nous retrouvons, nous faisons la bise, échangeons quelques courtoisies d’usage (« tu l’as bien écrite, ta note ? ») avant de sortir le matériel et de se mettre au travail. Ma première question pourrait être « alors Alexa, et si tu nous racontais un peu ton couple actuel ? depuis combien de temps vivez-vous ensemble ? avez-vous des enfants ? à quand remonte tes premières envies adultérines ? et qu’est-ce qui les fit naître ? et quand passas-tu de l’envie à la réalisation ? » (ce qui fait déjà une première question assez dense).

Je tapoterai aussi rapidement que possible sa réponse, mais sans doute en l’interrompant parce qu’elle parlera plus vite que je ne frapperai, nous reformulerions, et puis elle répondrait à mes questions par les siennes et il y aurait ainsi matière à une note assez longue et riche. Le but étant, selon moi, d’essayer de faire ressortir ce qui est typiquement masculin ou féminin dans ce qui nous distingue, et ce qui serait (je mets un bémol parce que la démarche n’est pas très scientifique) donc plus universel dans ce qui nous rapproche.

Prévisions

Voici désormais les hypothèses que je tisse concernant ce qui pourrait advenir de notre rendez-vous au-delà du cadre strict qui lui était prévu. Ami lecteur, tu te demandes sûrement « coucheront, coucheront pas, ces deux oiseaux ? » (et vu la tendance au libertinage qui les anime tous les deux, j’avoue que je me pose la même question).

Oh, je pense que dans notre enthousiasme respectif suite à la première rencontre, il n’y a guère de doute sur la possibilité d’une liaison entre nous deux. Possibilité qui se nourrirait à la fois d’une attirance physique possible et bien entendu d’une curiosité entre libertins, le potentiel voluptueux qui réside dans l’accouplement de deux personnes éprises de sensualité… Mais de la possibilité à la concrétisation il y a un pas qui ne se franchit pas forcément. Certes, il y a nos disponibilités respectives : elle, provisoirement « débarrassée » de ses amants pour cause de vacances, moi également assez libre de mes mouvements, mais j’ai un rendez-vous prévu à 19h30 en préambule d’une soirée où je me suis annoncé, et nous n’avons pas parlé… réservation d’hôtel (et pour cause, puisque rien n’a été explicitement prévu).

Hum… comme je lui ai dit que j’affectais (parfois) à mes rendez-vous une probabilité de concrétisation, alors je me dois d’en faire une au moins pour celui-ci. La note est assez élevée : 70 %.

Cela commencera par nos pieds qui se toucheront sous la table, la distance entre nos deux corps qui se réduira peu à peu, et cette phrase que l’un de nous deux prononcera en riant : « Bon, allez, on la termine vite fait bien fait, cette note ? ».

APRÈS Ci-dessous, les deux textes rédigés après coup, chacun de notre côté à nouveau… Le verdict en somme !

APRÈS

Je suis ELLE et je reviens de ce rdv..

Je suis séduite

Nous n’avons pas joué, un peu peut être, mais sans malice, juste par plaisir..

Je suis séduite, je ne saurai dire pourquoi.

Pas séduite dans le sens avoir envie de baiser avec lui, pas séduite dans le sens avoir envie de le séduire, juste séduite par l’homme avec qui j’ai discuté ces quelques heures.. ce qu’il est, ce qu’il découvre, par l’intimité découverte au fil des phrases..

Il avait abandonné son air « content de lui » et moi mon rôle « revenue de tout »… ce fut juste.

Séduite par la justesse de nos propos de nos interrogations,

Pas de vrais regards croisés, quoi que, j’ai du mal à me faire une idée de ce qu’on a produit…

Séduite par cet alter ego…

Il n’y manquait peut être que cette dose d’esprit sulfureux qui aurait pu me faire frissonner… mais en même temps séduite de l’apprécier sans frisson au bas des reins…

Si le produit en vaut la peine, il faudra recommencer…

Bon, ceci étant,  je peux avouer… je me serais bien abandonnée à un baiser langoureux et ludique en le quittant… s’il avait osé laisser glisser sa main sur le bas de mes reins.. ;-)

Alex’after

Je suis arrivé au point de rendez-vous exactement à l’heure (en prenant en compte la demi-heure de retard annoncée vers onze heures), légèrement transpirant suite à mes coups de pédale (cf. L’embrayage). Elle m’attendait, souriante ; je ne l’étais pas moins. On échange quelques propos avant de consulter le menu. Je suis plein d’énergie, prêt à sortir le portable pour commencer à rédiger notre grande note, mais elle tempère mon enthousiasme en suggérant que l’on prenne d’abord le temps de manger, d’autant qu’elle a grand faim. Soit.

Déjeuner léger et mutin, on se raconte nos dernières petites histoires, ma quinzaine de liberté qui manque de concrétisation, son amant Italien possessif (litote ?), son petit-déjeuner mutin programmé le lendemain, etc.

Puis nous attaquons d’arrache-pied l’écriture. Je prends le clavier, rédige et questionne, elle prend le relais, nous sommes ralentis par notre vitesse de frappe qui ne suit pas nos mots (NB : la prochaine fois, penser à prendre une sténo – bi).

Un couple d’heure plus tard, on referme l’écran et nous poursuivons notre discussion, puis vient le moment de nous séparer. Il est 17 heures, je pense à Paris-Plage, juste à côté. Elle va retourner à son boulot, propose de me rapprocher de Barbès, sa voiture est au parking souterrain juste au pied du café.

Parking souterrain…

Paris-Plage…

Une moitié de mon cerveau me suggère de descendre et voir ce qui peut bien se passer dans un parking souterrain entre deux libertins sans perspective d’hôtel.

L’autre moitié du cerveau proclame, méthodique : « mais non, elle ne va pas dans ta direction ». Elle emporte le morceau, cette conne qui se croit plus rationnelle.

[378] Alexa & Comme une image, regards croisés sur le couple

Mercredi 25 juillet 2007, dans un bar branché du 1er arrondissement. Café, cigarettes, tout est en ordre. Elle commence.

PRÉSENTATIONS…

A — Donc, le couple… Nous avons déjà une base commune, sur ce sujet ! Mariés relativement tôt, moi mariée à 26 ans, nous nous sommes connus à 23.

J — Moi je ne suis toujours pas marié et j’ai connu ma femme à 26 ans.

A — Je suis plus vieille que toi.

J — Non, à peine de 3 mois.

A — Donc 17 années de vie commune pour moi.

J — Et moi 14 années, moins celle de notre rencontre où 1500 km nous séparaient.

L’INFIDÉLITÉ

A — As-tu toujours été infidèle ?

J — Oui mais pas de manière uniforme. Au début, quand on ne vivait pas encore ensemble, j’ai eu des petites aventures d’un soir, essentiellement avec des couples, pour vivre quelque chose que je ne vivrai pas ailleurs

A — Ça veut dire que tu n’as jamais connu le couple idéal, fidèle, version « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » ?

J — Si, mon premier couple était fusionnel, sans infidélité, nous avons vécu ensemble pendant 2 ans.

A — Mais l’infidélité ne te choquait pas.

J — En effet j’ai toujours pensé que ce n’était pas une valeur morale importante pour moi, j’étais convaincu au contraire que l’infidélité, sous une forme ou une autre, était inévitable dans un couple qui dure.

A — Moi j ai passé 14 ans à penser que je serai fidèle à vie

J — Depuis quand le pensais tu ?

A — Depuis ma rencontre, l’infidélité n’existait pas, ça n’était pas envisageable, j’étais sûre de passer le reste de ma vie fidèle avec lui

J — Donc ça ne fait que 3 ans que tu as changé d’avis !

A — oui.. et je me suis largement rattrapée

J — Qu’est ce qui a changé, alors ? Qu’est-ce qui t’a changée ?

A — Lui, qui s’est mis à se poser des questions, voire à aller voir ailleurs, ce que je n’ai su que bien plus tard. Lui a pété un câble un jour, il a tout remis en question.

J — Ça veut dire quoi ? Jusqu’à envisager la séparation ?

A — Oui, « qu’est ce qu’on fait, où va-t-on, ne s’est-on pas trompés depuis 13 ans ? »

J — À quoi attribues-tu ce changement ?

A — Crise existentielle classique à l’approche des 40 ans (« midflife crisis »). Moi par rapport à ça pour remonter la pente, j’ai tout changé, tout remis en question et décidé clairement de me retrouver, moi.

J — Est-ce à dire que tu t’étais abandonnée ?

A — Oui, j’étais fusionnelle et dans un « nous absolu » pendant 13 ans.

J — Est-ce que ça signifie qu’en étant fusionnelle, tu renonçais à ce que tu étais ? En étais-tu consciente ?

A — Oui, mais en même temps, cette période là, c’était le paradis sur terre. Je m’étais beaucoup amusée avant de le rencontrer ça ne me dérangeait pas.

J — Paradis mais infidèle à soi même n’est ce pas contradictoire ?

J — J’ai vécu 5 ans étudiante débridée, j’ai rencontrée mon mari que j’attendais, je suis entrée dans le moule de l’épouse, mère de famille ; je ne me suis pas perdue, j’ai vécu autre chose, qui est un énorme capital aujourd’hui.

J — C’est donc la remise en question de ton mari qui a entraîné la tienne ?

A — Un virage à … 360° !

J — 180 ° plutôt !?

A — La première chose que j’ai décidée fut de reprendre le théâtre.

J — Le théâtre, que tu avais abandonné avec ton mari ?

A — Non, avant : à 20 ans. Reprise du théâtre, dé-fusion avec les enfants, perte de 20 kg (!) et me demander où j’allais, moi. C’est alors que je me suis dit que la fidélité n’était pas une fin en soi. Ce n’est pas parce que j’ai signé un papier il y a 15 ans que je dois être fidèle. J’ai mis un an à me décider à consommer ! Aujourd’hui, j’ai le même état d’esprit que toi : ce n’est pas parce qu’on est infidèle que notre couple n’existe plus, il ne faut pas forcément se séparer parce qu’on est infidèle, ça ne change rien !

J — Je suis d’accord. Mais moi mon infidélité a une autre source, qui est le manque d’harmonie sexuelle au sein de mon couple, elle ne vient pas d’une remise en question.

COUPLE ET ACCORD SEXUEL

A — Oui mais moi si j’avais eu à cette époque, dans ce nouveau cadre, une harmonie sexuelle, je ne serai pas allée chercher ailleurs. Toi, as-tu déjà été en harmonie sexuelle avec ta femme ?

J — Non, mes attentes étaient toujours au-delà de ce que j’attendais, dès le début, et on me pose souvent la question : pourquoi as-tu construit un couple avec ce « défaut » initial ?

A — Oui, pourquoi ?

J — Parce que ma femme m’apportait d’autre chose que je n’avais jamais rencontré avant. Au lit, c’était en deçà de mes attentes mais ce n’était pas nul ! Je n’avais jamais eu de liaison longue durée avec ce que j’appellerai un « très bon coup ».

A — Mais tu savais ce que c’était qu’un très bon coup ? !

J — Oui !

A — Il y a 20 ans j’aurais peut-être pensé comme toi que ce n’était pas indispensable. Est-ce qu’aujourd’hui tu redémarrerais un nouveau couple avec quelqu’un avec qui ça ne serait pas sexuellement harmonieux ?

J — C’est une discussion que j’ai eu avec mon ami P*** qui s’est mis en couple juste avant moi. Le premier à qui j’ai confié ma situation, et qui s’est confié à moi. On a des parcours similaires, sauf que lui avait arrêté complètement de coucher avec sa femme… On se disait que tous les 2 on avait fait la même erreur… parce qu’à l’époque ça ne nous semblait pas si indispensable qu’aujourd’hui. C’est parce que l’on en a été privé que ça nous paraît aujourd’hui indispensable.

A — Mais je trouve quand même ta réponse pas « ferme » à la question « est-ce que tu recommenceras aujourd’hui ? »

J — Non je suis sûr que je choisirai quelqu’un avec qui j’ai une entente sexuelle. Mais je n’envisage pas aujourd’hui de changer de couple. C’est pour ça que je ne suis pas ferme ! Mais je ne suis pas sûr pour autant qu’un couple soit plus solide sur la seule base d’une harmonie sexuelle. Il faut accepter l’imperfection du couple.

A — Ok, mais y a-t-il des imperfections rédhibitoires… Est ce qu’une entente sexuelle « moyenne » est ou non rédhibitoire ?

J — De manière générale, non. La preuve !

A — Et dans la perspective d’un nouveau couple ?

J — je pense que si je démarrai un nouveau couple, j’accorderais une grande importance à la sexualité pour ne pas reproduire la même situation. Mais avec ma femme, j’ai une entente au quotidien qui est exceptionnelle…On est d’accord sur énormément de sujets (la politique, le quotidien, l’éducation des enfants..). C’en devient étonnant, que sur un sujet aussi important que la sexualité, cette harmonie ne soit plus là.

A — Alors on arrive à la question que je me pose, moi, très souvent : est-ce que c’est la « bonne » solution : avoir un conjoint avec une extraordinaire entente générale et un ou des amant(e)s avec une extraordinaire entente sexuelle ?

J — Je ne sais pas si c’est la bonne mais c’est une solution satisfaisante…C’est une solution satisfaisante mais qui ne te débarrasse pas de la frustration de ne pas avoir cette harmonie sexuelle avec ton partenaire principal… mais cette solution m’a permis de vivre de manière équilibrée pendant 6 ans. Jusqu’à ma rencontre avec J***…

LE COUPLE PARFAIT, UNE UTOPIE ?

A — Moi, ça me pose un problème, et je crois savoir quelle est notre différence la dessus, c’est que moi j’ai vécu, un temps, l’harmonie des deux… Utopiquement, peut-être (puisque ça a « pété »)… mais j’ai la sensation d’avoir vécu une sorte « d’absolu » auquel j’ai du mal à renoncer… Et ma question de fond, aujourd’hui, en face de ça devient : faut-il renoncer au « paradis perdu » ?!

J — Pour moi, le paradis est une chimère…et je pense que beaucoup de couples se fracassent à le rechercher.

A — C’est pour ça que j’appelle aujourd’hui avec du recul cette période : « un capital ». Un capital, comme un immense bonheur auquel j’ai eu le droit…

J — C’est-à-dire ?

A — J’en tire des intérêts, une solidité aujourd’hui… comme si j’avais eu une part de bonheur absolu… Donc maintenant je peux peut-être – et c’est là que je m’interroge – me « contenter » d’une autre sorte de bonheur.

J — Je trouve ça atroce d’imaginer que le meilleur est derrière soi (c’est une raison pour laquelle je dis que je préférerais mourir tôt).

A — Ce n’est pas « le meilleur est derrière », c’est plutôt « j’ai eu ça en plus », il y a plein de gens qui connaissent jamais ça.

J — Oui mais si j’avais connu ça, je me dirai « ça existe » donc j’aurais envie de le revivre.

A — Oui mais grandir, c’est renoncer… Il faut sortir un jour du paradis originel. C’est l’objet de l’analyse que je fais d’accepter de renoncer, on n’est pas tout puissant, on est des adultes avec la somme de frustrations qui vont avec.

J — Ça revient à accepter l’imperfection de son couple et du monde en général..

AMANTS… ET APRÈS ?

A — Je ne sais pas pour toi mais moi il y a un truc qui m’intéresse, c’est le statut de nos amants. Toi, tu as vécu une situation où tu t’es un peu brûlé les ailes, avec J***, moi je suis en plein dans une histoire où je risque de me prendre le mur à un moment ou à un autre. Tout ça parce qu’à un moment, on est tombé amoureux alors que ça n’était pas prévu. Avec tout ce qu’on vient de se dire, quel statut on peut leur donner à nos amants ?

J — Tu veux que je te raconte comment ça se passe quand on se brûle les ailes ???

A — Non ! je sais très bien ce qui m’attend !!! (rires)

J — En fait, pour le statut, je ne pose pas ça de manière statique. Ça a été le fruit d’une évolution. Avant J***, j’avais eu à chaque fois des amantes mariées que je voyais une fois tous les 15 jours et à qui ça convenait très bien. Et c’était des relations équilibrées, on s’apportait la même chose. Avec J***, il y a eu la conjonction de 2 facteurs : d’abord le fait qu’elle soit célibataire donc très disponible et ensuite, c’était l’un des meilleurs coups que j’ai connus, une entente sexuelle très forte (qui n’était pas que sexuelle). Nous avions les même envies. Ou nous étions réceptifs tous les deux aux envies de l’autre… Donc je suis passé d’un système où j’avais des amantes mariées que je voyais peu à une amante célibataire que je voyais plusieurs fois par semaine et pas uniquement pour baiser, c’est devenu un couple « bis » (et un couple « baise »)…

A — Ok, c’est exactement la situation dans laquelle je suis, sauf qu’il est tout aussi marié que moi, tout aussi relativement disponible que moi… et tout aussi relativement « bien »  dans son couple officiel que moi…

J — Quelle est ta crainte ?

A — Pas une crainte, une interrogation : elle est simple. Soit je choisis qu’il n’y a pas de paradis et je profite pleinement de ce bonheur parallèle là. Soit je me dis que non… le paradis existe et je quitte tout pour lui… avec le bémol… qu’il n’est pas décidé, lui, à tout quitter.

J — Tu en as déjà discuté avec lui ?

A — Oui, j’ai fini par lâcher après de longs mois que j’étais prête à aller plus loin, lui, a pris peur… malgré les déclarations d’amour qu’il avait faites lui jusque là, le contrat pour lui était clair et non négociable, quand il l’est devenu pour moi, négociable, il a pris peur.. Il y a eu un flottement puis on a continué sur le contrat de départ. La question devient : ça me convient, ok… Mais est ce qu’on doit se contenter de ça ? Est-ce que c’est ça l’imperfection de la vie ?

J — Quand tu parlais du statut de nos amants, tu voulais dire le fait que nos amant(e)s conservent ce statut de manière irrévocable, sans devenir autre chose ?

A — Pas seulement, c’est : on va chercher quelque chose, on le trouve, toi auprès de J***, moi auprès de C***…so what ?

J — J*** et moi, ce n’était pas stable, ça a claqué au bout de cinq mois, parce qu’elle était célibataire.

A — Oui mais ce n’était pas stable, certes, mais tu as trouvé auprès d’elle en quelque sorte la femme que tu cherches ?

J — Je n’ai pas eu le temps de me poser la question avec J*** mais elle aurait pu survenir. Avec M***, ensuite, j’ai vu qu’il y avait pas mal de choses qui nous unissaient, le tableau n’était pas parfait, mais je voulais me convaincre que ça pouvait être la femme avec qui je poursuivrais ma vie… Je voulais sortir du statu quo avec mon couple, et finalement j’y suis arrivé puisque j’ai démarré cette thérapie de couple. J’ai du mal à raisonner en terme de statut, c’est une dynamique : mes histoires adultères se sont insérées dans mon histoire de couple, il y a des phases, des périodes…

A — Mais si tu retrouves J*** demain, avec le même statut que toi, donc sans le déséquilibre affectif …Quid ? Quelle place pour l’histoire de ton couple, quelle place pour elle ? Ce que je me demande, c’est si l’on est capable d’avoir cet équilibre dont on parlait plus haut, entre conjoint et amants ? D’ailleurs une question : trompais-tu J*** ?

ÊTRE FIDÈLE … À SES AMANTS

J — Non.

A — L’aurais-tu trompée ? Avec une amante de passage ?

J — Non, c’est la première fois que je n’avais plus du tout envie d’autre chose, je ne regardais plus les filles dans les rues… Je ne peux pas te dire que ç’aurait été le cas dans la durée, mais j’avais trop à vivre avec elle pour me disperser ailleurs.

A — Alors que moi, je sais maintenant que je serai toujours infidèle, clairement, même si j’étais officiellement avec C***.

J — Est-ce que ce n’est pas qu’une question de disponibilité ?

A — Non, c’est qu’il me semble aujourd’hui que l’infidélité (cachée et anecdotique) peut être absolument sans conséquence. Je n’ai pas envie d’un autre, je ne cherche pas un autre, mais si une occasion se présente qui me tente, je n’y renonce pas au nom de la fidélité.

J — Je crois que J*** m’avait posé cette question et j’avais dû répondre que non.

A — Moi je n’ai pas envie d’être fondamentalement infidèle à C*** pour être infidèle, mais je n’imagine plus une vie où il me serait impossible de baiser juste par contrat posé.

J — L’infidélité doit être nourrie par un désir et J*** absorbait tout mon désir donc la question ne se posait pas, elle absorbait aussi le désir que j’avais pour ma femme. J’étais vraiment tombe amoureux. Mais je ne crois pas que l’éternité existe, cette fidélité était inscrite dans un moment.

A — Mais moi aussi je suis vraiment amoureuse, mais je ne conçois clairement plus l’amour comme je le concevais, la fidélité n’est plus du tout un élément du puzzle amoureux. Alors peut-être faut il relativiser ça par le fait que nous avons parfois des activités « libertines » échangistes entre autre… même si elles s’inscrivent complètement dans notre couple « bis ». Ce qui est drôle, c’est que toi tu démarres ta vie de couple avec la notion d’infidélité possible, alors que je démarre la mienne avec une notion très forte de nécessité absolue de la fidélité et 15 ans après devant un nouvel objet amoureux, toi tu reviens à l’idée d’une fidélité, alors que moi je ne la conçois plus.

J — Non non non, pour moi il y a le conjoncturel et le structurel, à ce moment là je dis que je n’ai pas besoin d’infidélité j’ai l’impression de ne pas avoir changé là-dessus, je dis qu’avec J*** je n’avais pas envie d’être infidèle mais c’est du temporel.

A — Oui mais tu me réponds à ça : « j’étais amoureux ! »… Alors être vraiment tombé amoureux au sens « comme avec J*** », est-ce que ça exclut l’infidélité ???

J — Je dis que l’infidélité n’est pas une nécessité.

A — Pour moi, il y a 15 ans : être amoureux = être fidèle. Pour toi désormais, être amoureux peut signifier être fidèle au moins conjoncturellement alors que pour moi plus du tout. Donc ça signifie concrètement que je peux être amoureuse mais ne pas renoncer à un bon coup qui se présente… Même si j’ai une entente sexuelle incroyable avec C***. Ça ne comprend pas le renoncement.

J — Je suis d’accord

A — Et je ne me sens pas moins amoureuse pour autant, c’est ça qui est nouveau pour moi ; l’envie d’autres hommes ne diminue pas mon sentiment amoureux (et pourtant dans le genre raide dingue de C***, tu peux y aller !!!).

ET LES ENFANTS DANS TOUT ÇA ? ET LE CONJOINT ?

J — Je voulais revenir sur un point : dans l’hypothèse d’une vie maritale correcte et d’une vie adultère parallèle épanouissante, j’ai aussi un frein à un changement de cet « équilibre » dont nous n’avons pas parlé, ce sont les enfants.

A — Ah oui, notre responsabilité par rapport aux enfants…. Ça pose question pour moi et c’est ce qui verrouille aussi chez C***.

J — On verra dans dix ans, les miens seront plus grands..

A — Le problème… c’est que les miens sont déjà grands… So…

J — À une époque, je m’imaginais qu’avec J*** on pourrait de nouveau être ensemble dans 10 ans, quand elle aura vécu son chemin et que pour moi la question des enfants ne se poserait plus si fortement. Mais ça pose plusieurs questions, notamment, quand j’aurai 50 ans, est-ce que j’aurai toujours un tel appétit sexuel ?

A — Et puis est-ce qu’on voudra renoncer au bout de 25 ans (quand nous aurons 50 ans, cela fera plus de 25 ans qu’on vivra avec nos conjoints) à une histoire belle malgré tout, construite. Tu aimes ta femme, j’aime mon mari, à notre façon.

J — Si je l’aime toujours, si l’amour est toujours là, il n’y a pas de raison de renoncer. Je pense que l’année dernière, si je n’avais pas eu d’enfants, j’aurais envisagé la séparation. Mais si je n’avais pas eu d’enfants, la question se serait posée plus vite aussi, probablement. Mais une nouvelle question m’agite désormais. Je suis dans une nouvelle perspective qui est de continuer à consolider mon couple, la thérapie a permis qu’on fasse tous les deux des efforts pour que les choses se passent mieux.
Donc la question c’est : est-ce que j’arriverai à atteindre un état ou mon besoin de sexualité adultère soit réduit ? Pour l’instant, j’ai plusieurs relations adultères en me disant qu’ainsi, j’aurai moins de risque à tomber amoureux et j’annonce également à mes partenaires que mon couple est une priorité, parce que je fais un pari sur son avenir. Les progrès existent, mais sont tellement lents que j’ai tout de même renoncé à être fidèle au bout de 4 mois seulement de thérapie.

A — C’est un pari que je fais aussi… Est ce que j’y crois vraiment ? Je ne suis pas sûre…

J — Quel pari fais-tu ?

A — Je fais le pari de retrouver un jour dans mon couple le côté « amoureux »… Que le temps fera son effet…

J — Ah !.. Je n’ai pas l’impression que tu sois axée sur ton couple en ce moment. Qu’est ce que tu fais concrètement pour ton couple officiel ?

A — Je RESTE, c’est déjà énorme, et je fais gaffe à ce qu’il ne casse pas à cause de mes relations adultères.

J — Une petite question clé : est-il au courant ?

A — Absolument pas, d’aucune liaison, il se pose des questions, il m’interroge mais je suis très très très prudente… Je crois sincèrement qu’on se fait attraper quand on veut se faire attraper.

J — Et lui, est-il fidèle ?

A — Il ne l’a pas toujours été. Il a eu, à l’époque de sa crise, une aventure que j’ai découverte, un coup, un « one shot »… depuis, rien, de façon quasi certaine,, lui est retombé très amoureux de moi de façon absolue, il attend qu’il m’arrive pareil, que je retombe très amoureuse de lui.

J — Il est bon dissimulateur alors ???!!!

A — Non ! Nous serions les premiers à déceler les signes, tu ne crois pas ?

J — Oui mais lui a eu une aventure.

A — Oui, one shot, une fois.

J — Moi, j’ai voulu me faire attraper, mais elle ne voulait pas voir.

A — Oui, je crois qu’il ne veut pas voir effectivement mais je ne lui donne aucun moyen de le détromper, alors que ça fait deux ans que je baise deux fois par semaine voire plus voire à plusieurs voire plusieurs fois… Mon mari, sa seule aventure, il a laissé la boite de capotes dans son sac…Moi ça ne m’est jamais arrivé alors que j’ai pris bien plus de risques… Il y a une réalité de l’acte manqué je pense. Le jour où je cesserai d’être vigilante sera le jour où je cesserai de donner une chance à mon couple.

J — Pour moi, il y a clairement une période où je voulais que les choses changent, j’étais prêt à me faire « gauler » pour ça. Elles ont changé, mais je ne me suis pas fait attraper.

A — Régulièrement, mon mari me demande si j’ai un amant… et je dis NON !!!

J — Nous avons eu une discussion au début de notre couple à propos de la fidélité et nous nous étions dit que le contrat, en cas d’infidélité, était : silence total.

A — Je crois que nous pourrions survivre à l’existence de l’infidélité de part et d’autre, mais je trouve que c’est déjà tellement dur d’essayer de construire voir de reconstruire son couple en l’état, que ce serait encore plus dur avec une infidélité connue. Ça n’apporterait rien. Je ne crois pas aux nouveau couples : ensemble pour les enfants mais avec amant « officiel ».

J — J’y crois mais c’est difficile, parce que potentiellement trop déséquilibré : il faut trouver hors de son couple des partenaires qui acceptent ces règles du jeu. Et dans la durée !

A — C’est déjà dur à deux, alors à plusieurs…

J — Tu n’es déjà plus à deux…

COUPLE ET ÉCHANGISME

A — Question sur l’échangisme : est-il possible dans le cadre du couple officiel ?

J — Déjà, « échangisme », il faut recadrer par rapport à ma fantasmatique autours de ça. J’ai commencé par être dépucelé par un couple et j’ai vécu pas mal de trios, c’est pour moi une manière de vivre ma bisexualité même si elle est très modérée, c’est comme ça que j’ai envie de la vivre. Et un autre truc qui me fait fantasmer c’est le quatuor où tout le monde serai bi et un autre fantasme c’est la partouze, mais mon expérience, faible, en club échangiste n’est absolument pas magique. La recherche que je peux avoir, c’est de me retrouver avec un couple ou avec un autre homme une autre femme plutôt que l’échangisme classique.

A — Ta femme a conscience de ta bisexualité latente ?

J — Pas trop, elle l’occulte, de même que mes envies anales, elle les occulte aussi, elle ne les prend pas en compte.

A — Je ne fais plus aucun amalgame entre homosexualité ou bisexualité et plaisir anal de l’homme. Mais je pense que c’est une notion très difficile à appréhender pour une femme, à chaque fois que j’ai pu en parler avec des amies femmes, j’ai toujours été devant un mur d’incompréhension… Pour elles, souvent, « envie anales = pédé ».

J — Je crois que ma femme est dégoûtée par tout ce qui sexualité à plus de deux, elle refuse ça. Par exemple, elle considère triste que je me sois « abaissé » à me faire dépuceler en trio, triste parce que sans amour.

A — Donc pour elle « trio = sans amour », mais vous avez évoqué la chose chez le thérapeute.

J — Elle a effectivement là-dessus un vrai blocage, donc rien que pour vivre ça, je sais que je vais continuer à avoir des histoires ailleurs.

A — Moi j’ai essayé de faire avancer mon mari sur l’idée de sortir en club, faire l’amour à plusieurs, explorer de nouveaux territoires sexuels… Et autant ça l’excite énormément dans l’idée, autant il dit clairement qu’il croit qu’il ne le supporterait pas. Il dit « j’adorerais “t’offrir” et te voir avec d’autres hommes, ça m’exciterait beaucoup, mais je ne crois pas que je le supporterais », ça reste à l’état de fantasme pour lui. Et je me demande si c’est envisageable dans le cadre d’un couple qui a eu pendant 15 ou 20 ans une sexualité plus classique.

J — Avec C***, tu l’envisages. C’est juste une question d’histoire du couple, en fait ? Moi je ne suis pas ferme sur cette hypothèse-là.

A — Je crois effectivement que c’est en rapport avec l’histoire du couple. Mais c’est une position sur laquelle j’ai changé dernièrement avant mon histoire avec C***. Je pensais que ça ne pouvait s’inscrire que dans le cadre d’histoires purement sexuelles. Alors que je crois aujourd’hui que c’est totalement compatible avec une histoire amoureuse.
Tu racontes dans une de tes notes que tu as des accessoires, comment s’est passé l’acquisition de ses accessoires ?

TOYS STORY

J — Au départ, ma femme m’avait demandé de lui acheter des boules de geisha, j’ai donc fait une commande groupée boules de geisha pour elle et aneros pour moi,

A — Elle savait que tu allais commander pour toi aussi ? Tu lui en as parlé avant ?

J — Non.

A — Comment ça s’est passé ?

J — En réalité, on ne l’a utilisé qu’une seule fois à deux.

A — Mais quand elle a découvert ta commande ? Quelle réaction a-t-elle eu ?

J — On va dire « ouverte », elle n’a pas été choquée..

A — Excitée ?

J — Non plus !

A — Merde, fait chier, elle est bête ! (Rires)

J — Dernièrement, j’ai fait des petites courses en solitaire. J’ai acheté un vibro pour elle et des choses pour moi (et pour une amante). J’ai acheté un chapelet et un plug anal. Le vibro, je lui ai offert et elle a joué avec et elle était contente de ce cadeau.

A — Elle l’utilise toute seule tu crois ?

J — Non, elle ne l’a pas emporté en vacances en tous cas…

A — Elle ne sait pas ce qu’elle perd !!! Moi, j’ai travaillé mon mari plus d’un an pour qu’il m’offre un « coffret cadeau »… Ça a duré un an, d’allusions puis de demandes claires… pour obtenir au bout de plus d’un an, pour la Saint-Valentin, mon coffret cadeau !!!!

A — Que contenait-il ?

A — Il y avait tout ! Vibro, boules de geisha, chapelet, et on joue encore très souvent ensemble… et il sait, parce que je m’arrange pour qu’il le sache, que je joue souvent toute seule…. Mais ça n’a pas été évident dans sa tête de passer le pas. Pour lui, c’était un grand pas à faire, même si nous avions eu une sexualité plutôt débridée et épanouissante au début de notre relation.

J — Qu’est ce qui n’était pas évident ? Que son sexe ne pourrait pas suffire ?

A — Non plutôt l’idée que c’est « dépravé »… Ce ne sont pas forcement pour lui des jeux de couples. Les autres, oui, sa chère épouse, mère de ses chers enfants… c’est plus dur, c’est la même chose que pour ses fantasmes…

LORSQUE L’ENFANT PARAÎT

J — Est-ce que tu as observé une modification de votre sexualité à partir de la naissance des enfants ?

A — Oui et principalement de mon fait. Je n’ai plus eu de libido pendant quasiment 3 ans… 3 ans à partir du deuxième…trop comblée, suffisamment comblée sensuellement par mes enfants… Et vous ? À partir de la naissance des enfants ?

J — Moi, je n’ai pas senti de différences notables entre avant et après les enfants, ma femme a très bien récupéré physiquement de ses grossesses… (comprenne qui veut !) (rires) En revanche, quand nous avons eu nos premières discussions de couple, quand j’avançais que, pour moi, nous n’avions pas une sexualité suffisante, elle mettait en avant les enfants comme raison de son manque de disponibilité pour moi.

A — Je crois que les hommes n’ont pas conscience de la façon dont la maternité nous remplit sensuellement aussi, tu comprends ?

J — Je n’en ai pas conscience, en effet.

A — Les hommes comprennent souvent que ça nous modifie d’être mère cérébralement, voire physiquement… mais c’est aussi un tel apport d’amour, même physique, le corps à corps avec un nourrisson nous nourrit d’une façon incroyable et peut (dans mon cas en tous cas) prendre la place de la nécessité d’autres corps à corps… Alors il y a le nourrisson, l’allaitement, et ensuite les premières années extrêmement câlines des enfants. C’est très difficile de défusionner. Ça également, j’ai mis 3 ans à le faire, et c’est clairement mon mari qui m’a poussé à le faire, sinon j’aurais continué la fusion plus longtemps encore je pense…

J — Moi aussi je fais des câlins à mes enfants !!

A — Oui mais les débuts sont « sensuels » avec un nourrisson.

J — Ma femme n’a pas allaité.

A — Moi si, j’ai allaité.

J — Je crois que ma femme a du mal à vivre son propre corps comme élément sensuel, qui peut expliquer notre sexualité un peu décevante, et qui fait que selon moi elle n’a pas voulu allaiter.

* * * * *

La discussion aurait pu continuer longtemps encore, mais nous fumes pris d’une…

GROSSE FATIGUE !!!

[376] « Lady » comme en dedans

Je suis donc allé hier soir, Parc de la Villette, voir sur écran géant dans une salle où la clim’ était réglée à fond (la prochaine fois, prévoir un duvet) le film de Pascal Ferran « Lady Chatterley ». Film catégorie « intello », film difficile, film long (2h40) et comme beaucoup de films longs, film lent. Film ayant reçu une excellente critique, un succès en salle limité mais plus grand que ceux généralement connus par les films de cette catégorie. Film ayant reçu 5 Césars (dont meilleur film, meilleur actrice) ainsi que le prix des auditeurs de l’émission de France Inter Le Masque et la Plume… Film dont on m’avait dit le meilleur (sensuel, magnifique film d’amour, nature filmée avec génie) et le pire (« c’est chiant ! »).
Elle est belle !
DU TITRE  ► Arrêtons-nous un moment sur le titre. Quand on dit, en France, Lady Chatterley, tout le monde pense à  L’amant de… puisque c’est le titre du roman de D.H. Lawrence. Conforme au titre original Lady Chatterley’s lover. Pascale Ferran précise (notamment au générique) qu’elle s’est basée, pour son adaptation, sur une nouvelle et plus moderne traduction de l’œuvre originale, nouvelle traduction parue sous le titre Lady Chatterley et l’homme des bois, plaçant ainsi la place (symbolique) de l’amant moins prépondérante (Chatterley reste la seule nommément désignée, Parkin passant, lui, du statut d’amant à celui d’ours). Pascale Ferran, quant à elle, réduit le titre au simple Lady Chatterley qui dit bien autour de quel personnage unique le film sera articulé. DE LA NATURE ► La communion (à venir) des corps est indissociable de leur relation avec la nature. L’émotion de Lady Chatterley nait d’abord de cette nature paisible mais vivante. L’éclosion des jonquilles déclenche l’éclosion de son désir. L’éclosion des perdreaux précède immédiatement le premier contact charnel entre Chatterley et Parkin. Cette nature, vibrante, est particulièrement bien filmée. Des plans fixes, surtout, quelques panoramiques. Ça n’est pas du Microcosmos, ni du Ushuaïa, il y a un parti pris esthétisant mais sans lourdeur. C’est comme le fond d’un tableau. Le peintre s’est appliqué, les personnages prendront place dans ce décor. DE L’ÉROTISME ► Je me souviens avoir, adolescent, parcouru L’amant de Lady Chatterley à la recherche de passages érotiques pour nourrir ma frénésie masturbatoire. Je me souviens avoir été grandement déçu, de ne pas avoir eu grand chose à me mettre sous la dent. Je me souviens d’un roman champêtre où les ébats n’exploraient pas les chapitres les plus complexes du Kamasutra. Finalement, le film de Ferran, même s’il ne se base pas sur la même traduction, est assez conforme à mon souvenir. De la nature, et des scènes de cul très soft. La différence, c’est que je ne regardais pas ce film pour m’exciter, et que j’étais donc plus réceptif sur ce qui est finalement un lent apprentissage  de la sensualité. Le premier ébat des deux amants est brut, bref. Constance Chatterley aura, envers son amant, une patience qui n’aurait guère plus cours de nos jours. On voit donc les rapports se succéder, chacun gravissant un degré dans le plaisir et la jouissance partagés. Lentement, les corps s’apprivoisent, se dénudent, se révèlent. On sent la Lady enfin dégagée de la gangue de sa « condition » lorsqu’elle court, nue, sous la pluie (enfin, pas totalement nue, vêtue de ses seules bottines mais je vous parlerai de mon fétichisme des chaussures ultérieurement). DES ACTEURS ► Je ne saurais passer sous silence l’émotion provoquée sur l’homme (pas de(s) bois !) que je suis par Marina Hands. Mâchoire nette, bouche magnifiquement dessinée, regard noir, sourcils dense, sa beauté ne m’a pas laissé indifférent. Jean-Louis Coulloc’h est également taillé pour le rôle du garde-chasse un peu rude et taciturne. Hippolyte Girardot campe pour sa part le rôle du mari handicapé. Leur jeu à tous ne sonne pas toujours très naturel (c’est variable au cours du film, j’ai trouvé). Des petits accents rohmeriens qui ne sont pas pour me déplaire. Sans doute est-ce partiellement dû à l’action qui se place au début du siècle dernier, le côté « film en costume et dialogue idem ». La scène finale, j’ai eu du mal à y croire. Un peu dommage. Mais cela ne ternit pas l’impression générale de délicatesse qui caractérise cette œuvre sensible. MON VERDICT ► À voir, donc, dans le calme, en prenant le temps de rentrer dans le rythme, lent, du film.

[375] Gazon maudit

Re-mise à jour du programme avec vos re-recommandations.
Une sortie programmée ce mardi 31 juillet au soir ! On en profite !!!

Ah, on va bien voir si la météo s’obstine, mais pour l’instant, la malédiction de ce gazon porte sur son humidité. Oui, je vous vois venir, lecteurs lubriques, gazon = foufoune, humide = qui mouille. Mais pas du tout. Aussi bien une chatte trempée, c’est signe d’un été joyeux, aussi bien une pelouse détrempée, c’est bon pour la pousse mais pas très commode pour poser ses fesses et profiter du CINÉMA EN PLEIN AIR À LA VILLETTE.

Voici en résumé le programme pour 2007 avec quelques propositions pour les Parisiens (de passage ou non) qui voudraient partager un bout de plaid avec moi, avec le saucisson et les chips, le gazpacho et les fraises, car le ciné en plein air se double automatiquement d’un pique-nique.

Pour information, vous trouverez le programme officiel et plus détaillé ici

 

Date Titre Realisateur
Année
Mon commentaire
M 17/07 Gosford Park Robert Altman
2001
Recommandé par K²
M 18/07 La Splendeur Des Amberson
(The Magnificient Ambersons)
Orson Welles
1941
Recommandé par K²
J 19/07 La Cérémonie Claude Chabrol
1995
Recommandé par Sinziana (moi je l’ai vu et j’ai pas trop envie de le revoir)
V 20/07 Volver Pedro Almodóvar
2006
Glaces Ben&Jerry’s à volonté. Probablement une séance blindée. J’y serais allé volontiers mais je serai en déplacement ce jour-là.
S 21/07 Douches Froides Antony Cordier
2005
 
D 22/07 L’enfance Nue Maurice Pialat
1968
 
L 23/07 Affreux, Sales Et Méchants
(Brutti Sporchi E Cavitti)
Ettore Scola
1976
Chaudement recommandé par Sinziana
M 25/07 The Servant Joseph Losey
1963
Recommandé par Six.
J 26/07 My Beautiful Laundrette Stephen Frears
1985
 
V 27/07 Les Vestiges Du Jour
(The Remains Of The Day)
James Ivory
1993
Recommandé par Agatha (qui est une meuf, ce qui va dans le sens de Sinziana)
S 28/07 Tess Roman Polanski
1935
 recommandé par piccolofio
D 29/07 Pretty Woman Garry Marshall
1990
Bof
M 31/07 Lady Chatterley Pascale Ferran
2006
Éventail offert avec la location de transat. Très envie de voir ! (Pas trop recommandé par piccolofio ni Agatha)
M 01/08 Ève (all About Eve) Joseph L. Mankiewicz
1950
Un énooorme classique que je n’ai PAS ENCORE VU ! Je compte bien rattraper ça. (Recommandé par K²)
J 02/08 Historias Minimas Carlos Sorin
2003
Sortie organisée par secondflore et K’ta et piccolofio ?
V 03/08 La Folle Ingénue (Cluny Brown) Ernst Lubitsch
1946
 
S 04/08 Les Glaneurs Et La Glaneuse Agnès Varda
2000
Du 4 au 19, CUI quitte Paris pour d’autres cieux. Amusez-vous sans moi ! Piccolofio va aller revoir ce film !
D 05/08 Les Raisins De La Colère
(The Grapes Of Warth)
John Ford
1940
J’ai souvenir de m’être mortellement ennuyé devant ce film à la télé. Déprimant.
M 07/08 La Baronne De Minuit (Midnight) Mitchell Leisen
1939
 
M 08/08 L’orphelin D’anyang
(Anyangde Guer)
Wang Chao
2001
 
J 09/08 La Ville Est Tranquille Robert Guédiguian
2000
J’ai jamais vu de Guédiguian, mais c’est un réalisateur pour lequel j’ai un a priori négatif.
V 10/08 Noblesse Oblige
(Kind Hearts And Coronets)
Robert Hamer
1949
Une excellente comédie que je vous recommande (ainsi que K²)
S 11/08 Le Roi Et L’oiseau Paul Grimault
1979
Un bon souvenir d’enfance. Allez-y avec vos gnards, dès 4 ans.
D 12/08 Bamako Abderrahmane Sissako
2006
Sortie organisée par secondflore. Recommandé par Piccolofio.
M 14/08 Madame Bovary Vincente Minnelli
1949
 
M 15/08 Mon Homme Godfrey Gregory La Cava
1936
 
J 16/08 De Bruit Et De Fureur Jean-Claude Brisseau
1987
 
V 17/08 L’homme Sans Passé
(mies Vailla Menneisyyttä)
Aki Kaurismäki
2002
Recommandé par Sinziana malgré la fin qui ne correspond pas à son système de valeur
S 18/08 Indiscrétions (the Philadelphia Story) Georges Cukor
1940
Recommandé par K²
D 19/08 Match Point Woody Allen
2004
Un petit Woody Allen à voir (mais que je n’irai pas re-voir) (mais déconseillé par Sinziana alors…)
M 21/08 Accatone Pier Paolo Pasolini
1961
Pourquoi pas
M 22/08 Géant (giant) George Stevens
1956
Recommandé par cassiopée
J 23/08 Sweet Sixteen Ken Loach
2002
Ken Loach, on admire mais ça me déprime
V 24/08 Nobody Knows (int. -12 Ans) Kore-Eda Hirokazu
2004
Vous faites ce que vous voulez mais à partir du 24 moi je serai à Rock-en-Seine (gazon piétiné)
S 25/08 Marie-Antoinette Sofia Coppola
2006
Pas mal mais pas le Coppola du siècle. J’en avais fait une critique ici.
D 26/08 Million Dollar Baby Clint Eastwood
2004
À voir si vous ne l’avez pas vu ! (également recommandé par Agatha)

Légende :

Grisé CUI absent de Paris
Jaune CUI compte y aller
Gras Recommandé par CUI
Rouge Recommandé par les amis de CUI

Les pourquoi pas correspondent à des films sur lesquels j’ai un a priori positif, mais sans plus. Disons que pour ces films, ainsi que pour tous ceux que je n’ai pas spécialement sortis du lot, je suis ouvert à vos conseils, suggestions, propositions ! N’hésitez pas. Je ne détiens pas la vérité absolue.