[365] Instants

Saveur d’autrefois

Je les vois ensemble l’un avec l’autre pour la première fois. Il s’est assis dans un fauteuil, elle s’est accroupie devant lui, son dos s’appuie sur ses jambes et lui laisse négligemment une main reposer sur son épaule. Un contact comme par inadvertance mais qui devient parfois caresse. Elle porte une robe largement décolletée, des petits souliers plats à pois et le charme de sa jeunesse. Lui est mince, habillé tout en noir et – je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser – sa tenue alliée à sa fine moustache m’évoquent Don Diego de la Vega ! Ils ne se croisent pas si souvent, cet homme et son amante (il faudrait dire sa maîtresse, mais je préfère tellement le mot amante), et j’imagine bien l’effort que cela représente pour eux de « se tenir ». Ils s’échappent d’ailleurs une minute pour s’embrasser dans la cuisine. Trouvent un peu plus tard un subterfuge pour s’éclipser tous les deux et puiser, probablement, dans cette parenthèse, matière à leur donner la patience d’attendre plus paisiblement la fin de la soirée.
Ces deux-là s’aiment, à n’en pas douter. Je ne sais pas de quel amour, mais le fil que leurs corps tissent, qui les noue l’un contre l’autre, ce fil-là je le reconnais. Je me suis souvenu de ces soirées avec mes amies et elle où je ne pouvais pas ne pas l’embrasser. Je me suis dit que cette chemise et ce pantalon noirs, j’ai pu en faire aussi ma tenue quand l’infidélité me donnait les ailes que j’ai fini par rogner.

Un homme assis sur le lit d'une chambre d'hôtel regarde une femme nue se présentant devant lui, ne portant que des chaussures à talons (une photo d'Helmut Newton)
(suite…)

[362] Les chansons d’amour

Vu tout récemment ce film pourtant sorti depuis quelques semaines. Il faut dire que les programmes ne sont pas extrèmement enthousiasmant. J’ai très envie de voir Persepolis dont j’ai entendu grand bien, mais ma compagne l’a déjà vu. D’autres films qui nous auraient tentés ne passaient que dans une salle, le mardi à 15h30, ce genre. Bref, notre choix se porte sur le film de Christophe Honoré qui a plutôt bonne presse. Ça commence par un générique qui, tout en plantant le décor dans un Paris réduit (tout se passe dans le quart Nord-Est parisien, Bastille, rue des Petites Ecuries, boulevard de Strasbourg, Château d’eau… d’autres rues que je n’ai pas identifiée, plus quelques incursions à Montparnasse mais pas au générique) fait l’original en n’affichant en énorme le nom des intervenants du film. Oui, juste le nom, dans une police du genre Arial Black, 2930 pt, sans le prénom ni la fonction. Ça fait un peu pose, je trouve, mais c’est original. Ça a même un petit côté rigolo quand on arrive à la liste des fonds d’investissement qui ont financé le film.
Découpé en trois parties (le départ, l’absence, le retour), le film est centré sur le personnage d’Ismaël (Louis Garrel, qui provoque sur moi un léger effet répulsif mais qui n’atteind pas l’intensité de celui déclenché par Romain Duris, qui a aussi joué dans Dix-sept fois Cécile Cassard du même Honoré, faut croire que c’est un effet qui plaît à d’autres) autour duquel gravitent des filles et des garçons. Au début, deux filles. À la fin, un garçon. Ma chère mère, que j’ai eu au téléphone juste après la séance, m’a dit qu’elle trouvait qu’on voyait que c’était un film d’homosexuel, les femmes étant, selon elle, peu mises en valeurs. Je reconnais que sur deux points, elle n’a pas tort : d’abord, effectivement, l’Ismaël finit par échanger (légèrement contraint, certes) deux barils de filles par un baril de garçon et le vit très bien. Ensuite, parce que la scène d’amour entre les deux garçons est filmée plus sensuellement que les scènes hétéros. Mais le réalisateur reste très très chaste dans tout le film et vous n’apercevrez guère plus qu’un bout de sein ou un torse (si on peut y voir une unité de mesure : je n’ai pas bandé une seconde). Les chansons d'amourMa mère disait aussi qu’il avait réussi à rendre Chiara Mastroianni vilaine, ce à quoi j’ai rétorqué qu’elle n’était pas si jolie que ça (enfin, en tout cas c’est mon avis). En revanche, la petite Clothilde Hesme est vraiment… whaouuu… craquante. C’est drôle parce que M*** m’a dit à son sujet qu’elle lui avait fait penser à Laurence Cote, autre actrice qui me fait de l’effet pour conclure que décidément j’étais toujours sensible aux mêmes physiques.
Ceci est une réponse à un commentaire que j’ai eu à propos de mon attirance pour Juliette Binoche. Qu’est-ce que je lui trouve ? Juste le fait qu’elle réponde à mon canon de beauté au féminin. Alors amie lectrice (oui, sur ce coup là, ami lecteur, tu ne peux rien pour moi), si tu ressembles à Juliette Binoche ou Laurence Cote ou Clothilde Hesme ou Kristin Scott Thomas ou Demi Moore dans Ghost ou Louise Brooks, sache que tu n’as même pas besoin d’être drôle ou intelligente pour me rendre fou de toi (c’est drôlement flatteur non ?).
Revenons-en au film.
Donc, dans les chansons d’amour, il y a de l’amour (maladroit, hésitant, fragile, inégal) et il y a des chansons. Tout plein de chanson signées Alex Beaupin et je dois dire qu’elles sont, pour la grande majorité d’entre elles, vraiment chouettes et bien écrites. Touchantes, malines, affutées, elles font fredonner aux personnages la difficulté de trouver l’équilibre amoureux (pour moi c’est définitivement le sujet du film, cette impuissance généralisée à trouver entre deux [ou trois] amants un équilibre des sentiments et des attentes, quand l’un veut plus que ce que l’autre veut ou arrive à donner).
J’ai eu du plaisir dans cette balade parisienne, le plaisir de ces décors familiers, celui de l’émotion portée par le film et peu importe si Christophe Honoré le conclut par un plaidoyer pro d’homo.
Recommandé.

[360] The magnificent seven

Puisque Dame m’a trèèèèèèèèèèèèèès aimablement passé le flambeau, je m’y colle.

Et oui, c’est une nouvelle chaîne de burpeur. Celui qui a inventé celle-là ne s’est pas trop cassé le ciboulot : il s’agit d’avouer 7 choses sur moi, et de passer le relais à 7 autres personnes.

Bon. Une des particularité de Dame est d’être stoïque face à l’adversité et de ne jamais se départir de son humour. Tâchons d’en faire de même et d’accepter la mission sans sourciller.

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Aveu number one

Vers mes 18 ans, j’ai vu une fille que j’ai trouvé drôlement mignonne dans un film de Jacques Doillon, La vie de famille, et je me suis dit : « oh la, faut que je note son nom au générique, à celle-là ». Et je l’ai noté, et j’ai rigolé in petto en trouvant que ça ressemblait à binocle.
 
Aveu number two

J‘ai cherché le numéro de téléphone de Juliette Binoche dans l’annuaire électronique (c’était le Minitel, à l’époque) et il y en avait une à Paris. À l’époque, elle n’était pas encore très connue et je me suis dit que j’avais une chance que son numéro soit le bon. J’ai relevé aussi son adresse.

 

Aveu number three

J‘ai appelé, un soir, sur ce numéro, et j’ai cru entendre comme une fête, ou un dîner. La voix qui a décroché ne ressemblait pas à Juliette. Je ne sais même plus si j’avais prévu de dire quelque chose, je crois que j’ai bafouillé que j’avais fait une erreur et j’ai lamentablement raccroché.

 

Aveu number four

Tandis que j’étais en vacances en Grèce, j’ai envoyé une carte postale à Juliette Binoche, à l’adresse que j’avais relevée. Je ne sais plus ce que disait cette carte, en tout cas je n’ai pas eu de réponse et il faut dire que je n’avais probablement pas laissé mon adresse. [Aveu numéro 4 bis : je répète en connaissance de cause un aveu que j’avais déjà fait en réponse à une autre chaîne. Manquerais-je d’imagination ?]

 

Aveu number five

En vacances en Turquie, j’ai aperçu en kiosque un numéro de je-ne-sais-pas quel magazine local qui faisait sa couverture sur Juliette Binoche. Il m’avait semblé que c’était un magazine vaguement olé-olé. Je me suis dit que je l’achèterais plus tard et, comme il se doit, je n’ai jamais retrouvé un exemplaire. Regrets éternels.

 

Aveu number six

Je n’ai même pas vu tous les films de Binoche. Tu parles d’un fan. Par exemple, je n’ai pas vu Un tour de manège. Pas vu non plus le plus récent et plus grand public Chocolat.

 

Aveu number seven

J‘ai eu deux lettres publiées au courrier des lecteurs de feu le magazine 7 à Paris. Dans une de celles-ci, il s’agissait de mettre ses j’aime/j’aime pas. Devinez qui j’avais mis dans mes j’aime. À propos de magazine, j’ai longtemps conservé différents titres dont elle faisait la couverture. Un exemplaire de l’Étudiant où elle était vraiment ravissante, avec une ombrelle, une des plus émouvantes photos d’elle à mes yeux, et un exemplaire d’Horoscope Magazine ou Astres Magazine, enfin un truc comme ça quoi. Ouais, je sais, c’est grave.

 

₪ ₪ ₪ ₪ ₪ 

Je passe le flambeau à :

 

Juliette Binoche

 

 

Celenee

 

 

Agatha (ah ben on voit mieux le jaune, maintenant, non ?)

 

 

Madeleine

 

 

Miss K’tastrof

 

 

Volubilis

 

(Sex & ) Cie 

 

[357] In gin(o) veritas

On ne saurait reprocher aux Indiens d’avoir un français déplorable et une orthographe hasardeuse (en tant qu’ingénieur informaticien on pourrait leur reprocher de nous faire de la concurrence avec l’off-shore mais là n’est pas mon propos), en revanche, et cette photo le prouve, grande est leur sagesse.
 
Bombay Sapphire
Je reformule pour ceux qui ne comprennent pas bien l’Indou :
« Bombe est Sapheere »
 

PS1 : On notera que la photo dans le médaillon n’est absolument pas ressemblante.

PS2 : Je tiens à préciser que j’ai pris cette photographie au péril de ma vie. Je déambulais tranquillement dans les rayons du supermarché quand j’aperçus la bouteille. Immédiatement, je sors mon téléphone Leica (je blague hélas…) pour vous rapporter cette image, photo-reporter de l’extrême que je suis, quand un grand vigile noir (oui c’est une tautologie) se précipite sur moi en m’annonçant qu’il est interdit de prendre des photos. Au lieu de lui répondre que j’étais seulement en train de passer un coup de fil avec mon téléphone, je lui demande pourquoi c’est interdit, question à laquelle il répond comme un enfant « parce ce que » alors je lui dis que ça n’est pas une explication, que je ne fais pas de l’espionnage industriel et je prends mon cliché, et lui fait demi-tour sans doute avec la conscience d’avoir fait un peu son travail (cet incident a dû être son événement de la matinée) tout en se disant que plus de fermeté n’en valait sans doute pas la chandelle.

PS3 : Ça n’a aucun rapport mais je profite de cette note pour faire un point rapide sur le 5000e commentaire (hum ça se précise, ça chauffe, mais je n’en dis pas plus : j’avais pris un peu d’avance exprès pour que les gens aient le temps de s’exprimer sur les récompenses possibles). Alors justement, voici la liste que j’ai tentée exhaustive des propositions. Vous pouvez en faire de nouvelles. Le(la) gagnant(e) devra faire son choix et je m’engage à l’honorer dans la limite de ce qui me sera concrètement possible.

  • Ysé : Une cure en thalasso [hors budget], un voyage à Honolulu [hors budget], un dîner à la Tour d’argent.
  • Cali Rise : Une pipe en nacre, Une guêpière et tout l’attirail qui va avec [à préciser], Un livre sur La sodomie.
  • Cassiopée : Un téléphone portable pour son mari [pfff] [NB : Nokia N95 hors budget !]
  • Sapheere : Une sodomie les yeux dans les yeux (euh, non, c’est pas ce que tu as demandé ?)
  • L&L : un bout d’essai avec une ceinture magique au frais.
  • Agatha : un déjeuner ou un dîner en tête à tête en tout bien tout honneur qui croustille.
  • lapetitebrune : un œuf vibrant radiocommandé.

Allez, il n’est pas trop tard pour vos propositions !

[356] Dans le dos

Jobdating
Je suis tombé sur cette publicité étrange dans le magazine À nous Paris, rubrique emploi, et j’avoue qu’elle m’a laissé circonspect. Je ne la comprends pas.
Je vous lis le truc parce que ce n’est pas clair :
Vous ne manquez pas de charme…
… mais pour nous,
ce sont vos qualités humaines
qui comptent le plus.
 
Alors j’aimerais bien savoir comment, dans l’esprit tordu du publicitaire qui a pondu cette annonce, l’image est censée illustrée le propos.
 
Auquel des trois personnages la publicité s’adresse-t-elle ?
  • au mec perfide ?
  • à la fille cocue ?
  • à la fille fourbe ?
L’annonce correspondant à des postes d’hôtes et d’hôtesses, les trois hypothèses restent en lices. Bon, on peut supposer que le hôtes est purement formel, pour rester conforme à la loi qui interdit la discrimination sexuelle à l’embauche, mais il resterait encore deux options.
Dans tous les cas, moi je ne vois pas trop de quelles qualités humaines il est question ? La duperie ? L’hypocrisie ? La duplicité ? La naïveté ? La grossièreté ?
Remarquez aussi la jolie étiquette dans laquelle est écrit ce texte. On dirait un truc de conte de fée.
 
La classe !