[547] World Wild Web

Vous ne sentez pas comme un parfum dans l’air ? C’est le printemps !
Je suis un ours qui sort de sa caverne après hibernation. J’ai faim et je cherche de la femelle en chaleur. Où sont-elles, bon sang, celles qui écrivent les textes qui font fondre mes fusibles ? Celles qui me laissent espérer en un monde meilleur, un monde de désir qui s’exprime au lieu de s’enfouir, un monde où Madame rêve n’est pas seulement une (formidable, soit dit en passant) chanson de Bashung mais aussi une ligne éditoriale.

La burposphère fonctionne avec des cycles, ou des vagues. Les uns après les autres, les burpams de celles que je lisais ont fermé, se sont mis en veille, ont viré de ligne éditoriale. Et ici-même, les pointes de cul se sont faites moins piquantes, les billets plus rares…

C’est le printemps et je me réveille. Je suis un ours qui sort de sa caverne, mais un ours moderne avec Internet alors clic ! clic ! clic ! Je me promène et si je ne trouve pas tout de suite des femmes, je trouverai d’abord des hommes, et quand je les aurai trouvés, ceux-là qui n’ont pas laissé leur flair en veilleuse, je recliquerai et ils changeront de sexe. (suite…)

[544] Lolita (VVF 3)

Suite aux conseils avisés de Mlle Dusk, notre héros passe, en famille, une semaine au Vacanciel de Saint-Georges-de-Didonnes. Instantanés.

Sempé, les vacances du petit NicolasJe suis seul dans la cabine hammam dont est doté le VVF (c’est pas le Club Med, mais c’est pas non plus le camping 2 étoiles du Puy-en-Gelée) quand débarque une horde d’ados. Généralement, ils préfèrent le jacuzzi, mais celui-ci déborde peut-être déjà plein à ras bords d’autres agités. Adieu quiétude et méditation. Tandis que mes pores évacuent une saine sueur, mes oreilles s’emplissent de caquetages sans intérêt. Puisque le niveau des conversations ne mobilisera pas mon cerveau, je m’occupe en matant. Dans la catégorie marmousets, j’ai deux échantillons représentatifs : le beau gosse, brun ténébreux à qui tout doit réussir (le genre que je devais jalousement haïr au même âge) – une des filles de l’assemblée lui dira même « tu me fais penser au mec d’une publicité pour un parfum », si c’est pas un putain de compliment déguisé voire involontaire ?! – et le gringalet un peu maigrichon, cheveux trop courts en brosse, à qui on donnerait un ordinateur sans confession – tu seras Meeticien, mon fils !

Côté tendrons (majoritaires), c’était plus varié. Ça allait de la donzelle fine et gracile à la rondouillette disgracieuse plus des spécimens intermédiaires. La plus jolie (selon les canons habituellement en vigueur à notre époque) se tenait à l’angle opposé du mien dans la cabine -donc, techniquement, face à moi. Elle planta à quelques occasions ses yeux dans les miens, souriait d’un impeccable sourire Colgate. Désirable mais trop jeune ; je me suis dit qu’elle ferait sans doute une bien belle pouliche dans quelques années, rendant fous quelques hommes au passage. (suite…)

[543] Allumeuse !

allumette
Elle est allongée sur son canapé. Je me suis glissé entre ses cuisses, ma langue et mes lèvres toutes entières à leur proie attachées. Mes mains caressent, s’accrochent à son corps, deviennent prolongation de ma bouche pour étendre son baiser vorace. Ses cuisses se referment ; ma tête, prisonnière de cet étau vibrant, cherche son souffle. Mon regard remonte son corps jusqu’à sa tête. Je vois sa bouche entrouverte, ses yeux qui disent la crainte de s’abandonner. Et sa chevelure de flamme… Sa chevelure de flamme !


Illustration : Allumette enflammée – Sebastian Ritter – Licence Creative Commons ShareAlike 2.5

[541] Les randonneurs (VVF 2)

Suite aux conseils avisés de Mlle Dusk, notre héros passe, en famille, une semaine au Vacanciel de Saint-Georges-de-Didonnes. Instantanés.

Sempé : Grands RêvesDans les VVF, F oblige, il n’y a que des familles (donc : des adultes entourés de gnards). Une autre de leur spécialité, c’est d’être localisés dans nos belles campagnes de France. Choisissez votre VVF et retrouvez-vous à quelques kilomètres des gorges du Truc, du lac de Bidule ou du pic de Chose. Pour découvrir ces endroits splendides dans une nature encore sauvage (ben ouais, la plupart des touristes ne sont pas assez masos pour passer des vacances à la campagne : ils vont à la mer ou à la montagne, où le béton les attend), rien ne vaut une bonne randonnée avec son accompagnateur. Il ne manquera pas de vous parler des vertus des plantes bordant les sentiers. Frottez le suc de celle-ci sur votre verrue et (on dit que) celle-ci disparaîtra ! Passez vous les feuilles de celle-là, après les avoir mâchouillées, sur vos piqûres d’insectes et (il paraît que) la douleur s’en ira. Mangez les feuilles de cette autre, vous verrez, c’est bon ! (Personne n’a une barre chocolatée ?)

Les guides de randonnées savent aussi agrémenter les trajets de contes, récits, légendes, rumeurs nés dans le décor que nous piétinons d’un pas allègre.

Cette semaine, c’était gratiné :
« On dit que dans ce village vivait un ermite, vêtu de peaux de bêtes et vivant de braconnage. Cette randonnée s’appelle d’ailleurs le circuit des ermites. » Boudiou ! j’en étais tout ému. (La prochaine fois, penser à embarquer mon baladeur MP3)


Illustration : Sempé